I HAVE A DREAM

I have a dream, expliqua Benjamin Franklin à son ami Tom Payne en remontant ses lunettes qui glissaient sur le bout de son nez. Un jour, ce pays sera libre, peuplé d’hommes libres sous un ciel sans orages et on n’aura plus besoin de paratonnerres.
I have a dream, ajouta Abraham Lincoln en prêtant le serment de président : aucun homme ne portera plus de chaînes sur cette terre.
I have a dream, cria Nat Turner à la tête de ses hommes. Je veux que les Noirs sachent lire, écrire et porter le fusil pour bannir enfin l’esclavage.
I have a dream, martela le président Wilson en envoyant l’armée américaine dans les tranchées où Anglais et Français se faisaient hacher menu par les Teutons. Finissons cette boucherie pour qu’un gouvernement mondial établisse la paix dans le monde et sur tous les hommes.
I have a dream, s’écria le président Roosevelt en jetant sur l’Europe et le Pacifique ses troupes multicolores. Un jour, la haine sera effacée de cette terre.
I have a dream, rugit Louis Amstrong. Un jour, les musiciens de jazz ne joueront plus seulement dans des clubs réservés aux Noirs et leurs disques seront achetés par les Blancs, ce qui fit bien rire Ella Fitzgerald, qui lui proposa de reprendre « Moonligt in Vermont » plutôt que de dire des bêtises.
I have a dream, rêva Sidney Poitier. Un jour, les acteurs noirs embrasseront les actrices blanches sans que le Ku-Klux Klan ne brûle les cinémas.
I have a dream, s’écrièrent les deux premiers étudiants noirs qui franchirent la tête haute mais la frousse au ventre la porte de l’Université d’Alabama le 11 juin 1963, Vivian Malone et James Hood, encadrés par la Garde nationale, le Marshal fédéral et le procureur de l’état sous les huées de la foule et du sinistre gouverneur Wallace.
I have a dream, soupira Rosa Parks, fatiguée de rester debout, qui décida de s’avancer vers l’avant du bus et de s’asseoir sur un siège réservé aux Blancs.
I have a dream, murmura John Fitzgerald Kennedy en regardant une Noire en train de danser une rumba endiablée devant lui.
I have a dream, proclamèrent Smith et Carlos en octobre 1968 en levant le poing ganté sur le podium de Mexico pendant que retentissait l’hymne américain avant d’être d’être exclus à vie des Jeux Olympiques.
I have a dream, déclama Martin Luther King, juste avant d’être abattu.
I have a dream, rigola Spike Lee. Un jour, les majors companies se battront pour que je tourne des films dans leurs studios.
I have a dream, affirma Toni Morrison, la première femme noire à recevoir le prix Nobel, en octobre 1993.
I have a dream, affirma G.W. Bush en nommant Colin Powell puis Condoleeza Rice, secrétaires d’état.
I have a dream, conclut Barak Obama juste au moment où la planète changeait de sens.

Alain Berenboom
www.berenboom.com