ARTERES BOUCHEES

On a beau mettre du cœur à l’ouvrage, c’est l’embouteillage permanent. N’essayez plus de rouler à Bruxelles. Danger, détournement, dit-on joliment chez nous. Depuis un siècle, nos édiles successifs ont pour politique de déchirer la ville et de la défoncer. Pour qu’elle soit plus belle, prétendent-ils, pensant surtout à laisser dans la pierre la seule trace de leur passage.
Mais ça bouge et ça détourne partout, en ces temps agités. Embouteillage à Washington. Bush fait sa malle alors qu’Obama déballe déjà la sienne. Et Condo, qui n’a cessé de promener sa valise autour de la planète, se demande où la poser désormais.
C’est à Bruxelles, entre quelques palissades, que le président tchèque, M. Klaus, se prépare à déballer lui aussi ses petites affaires. Après tout ce qu’il a déballé sur l’Europe, on aurait pu penser qu’il allait sauter son tour et laisser jouer le président français, si heureux de venir manger des wafels en faisant sourire ce bon Barroso (fait-il autre chose que sourire, ce brave homme ?). Mais non, il veut s’embouteiller à Bruxelles, cet homme-là. Venant du pays de Kafka, où se sentirait-il plus à l’aise que chez nous ?
Pendant ce temps, le président Sarkozy s’agite et bouchonne plus encore que les Bourses. Il croit sauver le monde. Il sauve qui peut. Résultat : les entreprises s’effondrent autant que les investisseurs.
A propos de bourse vide, monsieur De Gucht liquide son bas de laine : depuis que Fortis est devenue française, détenir des actions du groupe n’est plus politiquement correct – ne cherchez pas ailleurs, mauvais esprits, la raison du nettoyage en catastrophe de ses tiroirs.
Les Michel, eux aussi, sont pris dans ce carrousel. Quand monsieur Le fils part au Congo, monsieur Le père en revient, et réciproquement. De quoi donner le tournis au président Kabila, lui-même fils de son père. Pendant ce temps, les troupes du « gouvernement démocratique », que nous avons été si fiers de mettre en place, fuient, pillent, violent. Des milliers de citoyens, à qui on a promis la paix et la prospérité dès qu’ils auraient voté, sont chassés de chez eux, lancés sur les routes, empilés dans des camps, sans rien, sinon le bon sourire des messieurs Michel – clic ! clic ! et puis s’en vont. L’urne de vote est devenue urne funéraire. Pas de quoi être fiers, messieurs.
Déclaration de Mr De Gucht, notre ministre des affaires étrangères, très préoccupé de la situation au Congo : « Personnellement, ce que je vis est terrible, et je ne souhaite pas ça à mon meilleur ennemi ». Petit concours : à propos de quoi, le ministre fait-il cette déclaration ? De ses titres Fortis, oui. Vous avez gagné…

Alain Berenboom
www.berenboom.com