CARAMBA !

« Caramba ! Encoure ouné fois trop à droite ! »

Ramon, le lanceur de couteaux maladroit de « L’Oreille cassée » devra virer de bord dans les nouvelles éditions de Tintin ! Après avoir été décimés par des dictatures militaires d’extrême droite, les peuples sud-américains sont désormais le jouet de dirigeants qui se prétendent de gauche. Les massacres ne sont plus justifiés par la lutte contre les communistes mais pour assurer le bonheur de leurs ouailles.

Autre différence de taille : lorsque les militaires au front bas se sont emparés du pouvoir en Argentine, au Brésil, au Chili ou en Uruguay, ils l’ont fait brutalement, bêtement, par ces bons vieux coups d’état qui ont fait le délice de tant de BD et de films hollywoodiens. Le général Alcazar chassait le général Tapioca qui à son tour renvoyait Alcazar au music-hall.

De nos jours, c’est beaucoup plus subtil. Les despotes se déguisent en présidents élus et sortent des urnes, oints du doux parfum de la volonté démocratique de leurs citoyens.

Jamais les généraux Videla, Pinochet ou le maréchal brésilien Castello Branco n’auraient eu l’idée saugrenue de demander aux électeurs de ratifier leur pouvoir absolu par un bulletin de vote.

Quelle évolution perverse a-t-elle transformé les isoloirs en pavois pour confier aux tyrans le droit d’être des bourreaux ?

Voyez Daniel Ortega. Après avoir dirigé la résistance au dictateur Somoza (et passé plusieurs années en prison), il s’est gentiment fait élire président il y a une dizaine d’années. Bilan, des centaines de morts dans les rues de Managua et des autres villes du Nicaragua. Suivant l’exemple d’Hugo Chavez au Venezuela et de son sinistre successeur, Nicolàs Maduro, qui proclament également bien haut qu’ils sont soutenus par la majorité de la population.

Et que se passe-t-il donc au Brésil où tous les présidents, depuis que le pays est redevenu une démocratie, passent à la trappe judiciaire les uns après les autres ?

Exercer la fonction suprême à Brasilia rend-elle fou ? Dilma Roussef écartée pour avoir « maquillé les comptes publics », Lula, emprisonné pour corruption et leur ennemi, l’actuel président Michel Temer, poursuivi lui aussi pour corruption, ont tous été élus démocratiquement. Et les Brésiliens de se demander aujourd’hui si Lula da Silva roulait pour les pauvres ou s’il les roulait dans la farine ? Car si on doute sérieusement de la sagesse des urnes, peut-on encore faire confiance aux magistrats désignés par ces mêmes autorités ?

En Europe, on a hélas peu de leçons à donner : Orban, Salvini, Kaczynski, Poutine ont été élus.

Ce qui nous sauve peut-être en Belgique de ces terribles dérives c’est que chez nous, l’élu n’a de toute façon aucun pouvoir sur rien ni personne. Mais est-ce tout-à-fait rassurant ?

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QUI DEBLATERE CONTRE BLATTER ?

Est-ce vraiment un hasard si la FIFA est bombardée par un pays où le foot n’est pas le sport-roi ? Ni l’Europe, ni l’Amérique latine n’ont jamais vraiment voulu gratter le fond des placards du football. Les dirigeants de leurs fédérations, les plus gâtées de la planète, gardaient pendue au-dessus de leurs bureaux la photo dédicacée de M. Blatter même s’ils ricanaient aux repas de famille en se chuchotant, un peu envieux, le montant des enveloppes qui circulaient sous la table pendant que défilaient les plats et les discours.

Avec l’affaire Lance Amstrong, déjà, les Etats-Unis avaient désossé les pratiques de notre autre sport favori, le cyclisme, alors qu’Italiens, Français, Espagnols se cassaient les dents quand ils ne fermaient pas les yeux sur les écarts de la petite reine.

Cette fois, il est temps de changer radicalement les règles du jeu si l’on veut éviter que les spectateurs, dégoûtés, ferment leurs télés à l’heure du Mondial. Et surtout, horreur suprême, que les sponsors se tournent vers d’autres spectacles, moins pourris, la balle pelote (jadis très populaire chez nous) ou le rugby.

Le rugby, justement, peut inspirer qui veut régénérer le foot. A cause de la forme du ballon.

La roue des vélos est ronde et le ballon de foot aussi. Ce ne peut être une simple coïncidence que la forme circulaire soit la caractéristique de ces deux sports maudits. Après une étude approfondie, des spécialistes sont arrivés à la conclusion que la rondeur de la balle a une influence sur la fluidité de la circulation de l’argent noir. Obligeons donc les footballeurs à se servir désormais d’un ballon ovale.

Autre modification fondamentale. Jusqu’ici, le foot voit s’affronter onze jeunes gens en short contre onze Allemands. C’est dépassé, tout ça, la guerre est finie depuis longtemps et l’Allemagne a perdu. Il faut en tirer les conséquences. D’abord, l’égalité des sexes est devenue une règle fondamentale. Faisons donc sauter ces barrières sexistes et imposons des équipes mixtes, ce qui évitera, soi-dit en passant, aux équipiers de la joueuse qui vient de marquer de se grimper dessus. D’autre part, pour équilibrer les chances, mieux vaut laisser le nombre de joueurs aléatoire, selon les adversaires. Si le Luxembourg rencontre Saint-Marin, on peut comprendre que chaque équipe aligne le même nombre de joueurs. En revanche, si le Grand-Duché doit affronter le Brésil, il devrait être autorisé à étoffer son équipe. Avec quarante-cinq joueurs, dont quarante quatre en défense, la partie se déroulera certainement de façon plus équitable pour nos pauvres voisins. Et plus ouverte pour les parieurs.

Comme le disait dans une magnifique formule Le Guépard de Lampedusa, il faut que tout change pour que rien ne change…

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LES DIABLES PRESQU’ A POINT

Fallait-il vraiment annoncer la réforme des pensions juste au moment où les Diables rouges entamaient leur coupe du monde  ? Et l’on s’étonne qu’ils aient paru si déconcentrés lors de leur premier match contre l’Algérie  ?
Avec le nouveau et diabolique système à points, que recevront les pauvres Diables à l’heure de la retraite  ? Un point égale une année. Si un fonctionnaire des postes (ça existe encore  ?) peut espérer rester quarante ans au moins à son poste, si un dentiste peut arracher des dents jusqu’à la fin de sa vie, même placé dans une seniorie, pour un sportif, calculer sa retraite par rapport au nombre d’années d’activités, c’est le condamner à vivre ses dernières années comme un SDF. Vous rendez-vous compte du choc dans les vestiaires juste avant de descendre sur le terrain quand Marc Wilmots leur a lu le rapport des experts  ?
Puisque je ne suis pas le seul à protester contre ces propositions, profitons du débat que le parlement tout frais va entamer dès qu’on aura eu l’idée de le réunir pour sophistiquer le système.
Si le mécanisme des points est confirmé, pourquoi le lier seulement au nombre d’années de boulot  ? De l’imagination, que diable  ! La valeur du point devrait être fonction du travail exercé par le pensionné. Pour un footballeur, elle serait calculée, par exemple, sur base du nombre de goals marqués dans sa carrière  ; pour le gardien, on retiendra le nombre de goals qu’il a réussi à arrêter. Le dentiste, selon le nombre de dents qu’il a arrachées (un demi-point pour les dents de lait pour limiter les abus). Le juge, selon le nombre de délinquants qu’il a envoyés en taule. L’écrivain sur le tirage de ses livres. Pour le journaliste, on retiendra le nombre de clics sur ses articles. Et pour les tricoteuses, un point à l’endroit, un point à l’envers. Où ça les mènera les pauvres  ?
On pourra aussi s’inspirer du permis de conduire à points pour pénaliser un certain nombre de retraités qui ne méritent vraiment pas de terminer leur vie aux frais du contribuable. Lorsque M. Mittal se présentera à l’office des pensions, on lui fera remarquer que la fermeture brutale de ses usines lui a suffisamment rempli les poches pour lui faire perdre l’ensemble des points auxquels il avait droit. Même traitement pour Maurice. Lippens et les autres dirigeants de la Fortis. On pourrait également suggérer dans la foulée un système de pensions à points négatifs. Qui obligerait certains à verser au fond des pensions, une pension négative en fonction du nombre de travailleurs qu’ils ont mis à la porte.
Pour les pensions, c’est comme pour le football, tout vient à point à qui sait attendre.

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