DOCTEUR FOLAMOUR

   Guidé par une vision politique qui fait l’admiration de ses fans, Donald Trump avait déchiré en 2018 l’accord conclu par son prédécesseur avec l’Iran pour contenir les velléités nucléaires de la république des mollahs. Résultat, à son retour à la Maison Blanche, le leader éclairé doit constater que l’Iran a progressé à pas de géant dans ses investissements et est sur le point d’entrer en possession de l’arme atomique, si elle ne l’a déjà. Voilà Trump II obligé de rattraper les gaffes à gogo de Trump I en envoyant fissa ses diplomates négocier avec Téhéran on ne sait trop quoi puisque les mollahs, on s’en doute, ne lâcheront pas la proie atomique pour l’ombre américaine. 

Le président génial se consolera en revoyant le meilleur film de Stanley Kubrick « Docteur Folamour ou Comment j’ai appris à ne plus m’en faire et à aimer la bombe ». Qui se termine dans un énorme nuage en forme de champignon.

Bah ! On se consolera en songeant que le Pakistan, l’Inde, la Chine, la Russie, la Corée du Nord et sans doute Israël possèdent aussi leur bombinette pleine de champignons. Une de plus, une de moins… 

Quand on s’aperçoit des ravages occasionnés par la catastrophe de Tchernobyl puis celle de Fukushima dont les effets vont s’étendre pendant des siècles, on se demande comment de beaux esprits peuvent dissocier en matière de risque nucléaire bombe et centrale. 

L’un est militaire l’autre civil ? Dites ça aux Ukrainiens, dont la centrale de Zaporijjia a été touchée à plusieurs reprises par des tirs de l’armée russe et qui doit ressembler après trois ans de guerre à un décor du film Brazil. 

La Belgique a voté en janvier 2003 la fin de l’énergie nucléaire pour la fourniture de l’électricité mais les dissensions politiques à la belge n’ont cessé de remettre en cause cet engagement fixé en 2025. On y est. En guise de cadeau d’anniversaire, voilà que la Chambre a voté en commission la fin de la fin du nucléaire… 

Autrement dit, elle déchire la loi de sortie du nucléaire votée en 2003 comme Trump a déchiré l’accord sur le nucléaire iranien en 2018. Alors que l’Autriche, l’Allemagne, l’Italie par exemple ne sont pas revenus sur leur décision de bannir le nucléaire civil. Mais, selon un bon dicton bien de chez nous « faire et défaire c’est encore travailler ».  

Aucun risque, nous assurent les esprits brillants qui nous dirigent. Qui peut craindre un tsunami à Doel ou à Tihange ? D’accord mais à Tchernobyl, c’est une bête défaillance des machines qui a fait exploser le bazar. Comme quelques années plus tôt aux Etats-Unis à Three Mile Island où on a échappé par miracle à un désastre aussi dévastateur qu’en URSS et au Japon. 

Est-ce une coïncidence si la mise à la poubelle de la loi de 2003 se fait au moment où on décide de ranger au placard la lutte contre le dérèglement climatique pour privilégier le retour aux investissements militaires ?

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L’ ÂGE DE GLACE

On nous parlait tant du réchauffement climatique qu’on avait failli par y croire. Mais Trump et Poutine viennent de nous prouver qu’on avait tort d’écouter les Cassandre. On ne vogue pas vers les douces chaleurs tropicales; on replonge dans l’âge glaciaire. Alep, c’est l’âge des cavernes, avant que les hommes ne se mettent à couvrir les grottes de dessins, premières marques de la civilisation. La Syrie, c’est le mammifère avant Lascaux. Avant le développement du cerveau.

Seule consolation : si les glaces reviennent, on va échapper à la guerre froide. Russes et Américains sont d’accord pour se faire des tongkus à la mode soviétique de jadis. A cette époque, les chefs des deux grandes puissances avaient installé un téléphone rouge entre leurs capitales pour éviter tout malentendu.

« Allo ? Excusez-moi, tovaritch, je préfère vous avertir. Un pilote militaire américain devenu fou va jeter une bombe nucléaire sur Moscou et je ne suis pas capable de l’arrêter.

– Merci de m’avoir appelé, camarade Président. Mais j’ai vu le film « Docteur Folamour » et je sais que vous aimez plaisan… Oh ! Mon Dieu ! »

Cette fois, Trump a fait mieux. Il a nommé à ses côtés, à la tête des Affaires étrangères, Rex Tillerson, un représentant personnel du président russe qui pourra lui dire, chaque fois qu’il aura une décision à prendre, si elle convient ou non au président Vlad. Mieux vaut prendre les devants que d’essuyer les dégâts après coup dans une désagréable conversation téléphonique qui vous donne mal à l’estomac et vous gâche votre soirée au coin du feu.

« Dites-moi, mon cher Rex, que pensez-vous de ça : les Estoniens me supplient d’envoyer une des petites brigades de l’OTAN vagabonder sur les plages de la Baltique, du côté de Tallinn ?

– Vlad ne sera pas content, président. Pas content du tout. Si nos soldats ont des fourmis dans les jambes et rêvent du bord de mer, pourquoi ne pas leur proposer un séjour dans une île du Pacifique ? Il y fait beaucoup plus chaud.

– Justement, Rex. Avec la montée des océans, ne risquent-ils pas d’avoir bientôt de l’eau jusqu’aux épaules ?

–  Mais, avec votre arrivée à la Maison blanche, monsieur le Président, la planète a arrêté de se réchauffer.

– Bon sang ! C’est vrai ! Où avais-je la tête ? »

Le bon Rex n’aura d’ailleurs pas d’autre activité que d’assurer la liaison entre Moscou et Washington. Dans un souci de simplification qui rend la politique beaucoup plus compréhensible aux Américains moyens, le président élu a décidé de se partager les tâches avec son homologue russe. A lui la politique intérieure. A Poutine, la politique extérieure. S’il n’y a plus qu’un seul maître du monde, comment pourrait-il encore y avoir des conflits ? Alléluia !

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