MAIS QUE DIABLE FAIT LA POLICE ?

   Non loin de la Colonne du Congrès aux pieds de laquelle repose le soldat inconnu, on peut visiter un autre cimetière, le commissariat de police de la rue Royale. Trois morts, la dernière, une dame interpelée en état d’ébriété et flanquée en cellule par la police d’Ixelles (plutôt qu’à l’hôpital) alors qu’elle avait été trouvée manifestement ivre (peut-être aussi victime d’autres produits) tenant des propos incohérents sur la voie publique. Sourour A. a connu le sort de deux autres détenus de ce commissariat devant lequel il faudrait aussi installer une flamme éternelle. Est-ce une coïncidence que la Colonne du Congrès soit l’œuvre de Joseph Poelaert, l’architecte du Palais de Justice, édifice dont l’état de dégradation avancée sinon la ruine annoncée, apparaît comme une image cruelle mais moins caricaturale qu’il n’y paraît de l’état de notre justice ? 

Autre coïncidence, la rédaction du Soir ne se trouve pas loin de là, sur la même artère. Or, le 18 janvier 2007, l’imposante sculpture représentant la Liberté de la Presse a été arrachée de la Colonne du Congrès et projetée en bas de son socle…

Sur le site du commissariat de police, se trouve un document (tout cela est parfaitement vrai) intitulé « (In)satisfait de nos services ? » suivi d’un formulaire de plainte. Suit un « formulaire de félicitations ». « Satisfait de nos services ? Vous pouvez l’exprimer ici… »

   Reste-t-il au fils de Madame Sourour A. un autre recours que de remplir ce protocole venu si à-propos ? Car, à notre connaissance, des deux autres décès récents et tout aussi inexplicables de personnes enfermées dans une cellule de ce commissariat, on ne connait aucune réaction des autorités, ni conclusions des enquêtes qui ont dû être menées. 

  On ajoutera que des caméras étaient placées dans la cellule. On peut donc savoir exactement ce qui s’y est passé. Mais on pouvait surtout le voir en temps réel pendant cette nuit tragique où Madame Sourour A. se serait donné la mort. La mort en direct. Si cette dame était dans l’état que l’on a décrit, on attendait des préposés à la surveillance qu’ils soient particulièrement attentifs, qu’ils interviennent immédiatement. Mais non. Regardaient-ils un autre programme sur leur écran ? Déjà lors d’un des précédents décès, il a fallu aux policiers 9 heures avant de découvrir le corps d’un homme lui aussi décédé dans la cellule maudite ! 

Nous qui nous flattons de vivre dans un état de droit, où les règles de la démocratie sont garanties, on suppose que la police est soumise à des prescriptions qui garantissent qu’elle protège les citoyens au lieu de les écraser et qu’elle n’abuse pas de ses pouvoirs. 

  Il y a quelque chose de pourri au Royaume… 

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