A RECULONS

Chaque année, on se disait : chouette, la fin des vacances ! On était heureux de se retrouver enfin dans une ville embouteillée pleine de gens énervés et ronchons au lieu d’errer dans une capitale morte. De revoir la pluie en attendant la neige, loin de ce soleil brûlant qui, telle une piqure de rappel, nous murmurait désagréablement que le climat allait changer si l’on négligeait de remplacer les ampoules de l’appartement pour sauver la planète. De faire la queue à la banque derrière dix autres clients venus eux aussi vider leurs comptes d’épargne pour rembourser à Mr Neckerman tout ce qui n’était pas prévu dans son all inclusive, de payer les innombrables frais scolaires réclamés par le lycée en échange d’un enseignement soi-disant gratuit, de financer les achats compulsifs de toute la famille sur internet, de se demander si le flic n’a pas, par erreur, ajouté deux zéros au montant de l’amende qu’on avait omis d’acquitter juste avant de partir en vacances en espérant que la machine l’ait effacée à notre retour comme elle le fait régulièrement avec nos travaux quand on veut les enregistrer à la fin de la journée avant de quitter le bureau.

Cette année, c’est différent. Au lieu de fêter le retour au boulot, à l’école, aux emmerdes, tout le monde semble vouloir pousser sur la pédale du frein, revenir en arrière, éviter à tout prix cette bonne rentrée jadis si pleine de promesses.

Où est ce bon temps d’avant les révolutions arabes ? gémissent Obama et les autres dirigeants occidentaux, où un dictateur faisait bon ordre dans son royaume à coup de matraques et de prison. On pouvait détourner les yeux sans ce bête sentiment de gêne que provoquent maintenant ces maladroits de dirigeants syriens et égyptiens.

Où est ce bon temps où les partis au pouvoir n’hésitaient pas à se taper dessus quand se profilaient les prochaines élections, assurés qu’une fois les urnes vidées, les mêmes se retrouveraient paisiblement au gouvernement ? Les voilà à présent obligés de partir en vacances ensemble et de danser la bamba en se tenant par les épaules, de peur de se retrouver au chômage comme tant de leurs électeurs dès l’été prochain.

Où est ce bon temps où les services publics étaient dirigés par des fonctionnaires compétents, payés selon le barème, qui ne considéraient pas leurs produits comme des têtes de gondole chez Lidl à liquider au plus vite ?

Seule constante, rassurante pour le consommateur, les instituteurs sont toujours aussi mal payés. C’est pourtant eux, les seuls héros de la rentrée.

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DROIT DEVANT SOI

Après le trou noir de 2012, l’année nouvelle annonce des lendemains qui chantent, venus des étoiles. 2013 sera un bon cru s’il faut se baser sur les dernières nouvelles de la semaine : après l’appel du roi à plus de solidarité entre les Belges, le Standard a décidé de s’exiler en France. La glorieuse équipe liégeoise n’écrasera plus de sa mâle autorité la division 1. Débarrassés des Sclessinois, Anderlecht ou Zult peuvent espérer prendre enfin la tête du championnat belge. Tandis que le PSG a intérêt à s’acheter quelques champions s’il veut résister à la terrible squadra roûche. Seul le Trésor français se montre satisfait. Il pourra compenser les départs des Depardieu et autres Arnault en se vengeant sur les joueurs ex-Belges, obligés de s’établir Outre-quiévrain et d’y payer leurs impôts.

Une idée pour LVMH : sponsorisez le Standard bleu-blanc-roûche ! Façon intelligente de démontrer et de consolider le lien indéfectible entre les deux pays, un groupe français et son chef, futur Belge.

Libéré de ses bêtes festivités footballistiques, le stade de Sclessin pourrait devenir enfin le centre du monde en se reconvertissant en spatiodrome. Lieu idéal, vu sa forme audacieuse, pour accueillir les premières machines d’extra-terrestres annoncées pour très bientôt. Pas de raison de laisser ça aussi aux Flamands. Déjà qu’ils nous ont pris le jardin botanique !

On trouvera bien un peu d’argent au fond des poches du plan Marshall 2.0 afin de réaliser les quelques travaux nécessaires pour convertir le stade et surtout pour organiser la somptueuse réception de nos amis lointains, un super-cocktail comme seuls les Wallons savent le faire.

L’arrivée de nos cousins des étoiles n’aura pas seulement un effet bénéfique sur le sud de notre pays. S’ils survivent au pèkèt et au boulet sauce chasseur, les petits hommes verts (un bon signe, ça pour le sauvetage de la planète à moins que cela ne soit l’indice inquiétant d’une mauvaise digestion) vont nous aider à résoudre toutes ces misérables crises dont nous sommes manifestement incapables de nous dépatouiller.

Un Martien à la tête de la Chine, cela ne nous changera sans doute pas beaucoup. Mais une jolie et séduisante Vénusienne au Kremlin, une sorte de Pussy Riot des étoiles, peut bouleverser notre vision de l’empire de l’est. Autant qu’un solide et jovial Jupitérien à la place des Saturniens qui pilotent actuellement le triste attelage européen.

Vu la façon dont tous ces braves gens ont géré l’année qui se meurt, il faut bien le renfort des habitants des autres planètes pour cesser enfin de foncer droit dans le mur. C’était déjà un de leur prédécesseur, le Petit Prince de Saint-Exupéry qui disait : « Droit devant soi on ne peut pas aller bien loin. »

Meilleurs vœux !

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