METTRE LE TERME A TOUT CA

chronique

Monsieur le procureur du Roi,

J’ai l’honneur de déposer plainte du chef de harcèlement, de calomnie et de toutes ces sortes de choses que je partage avec Paris Hilton et Caroline de Monaco. Ce qui prouve, soi-dit en passant, que je ne me montre pas systématiquement critique de la législation fédérale, quoiqu’on dise.

Fort de mes 800.000 voix de préférence (soit quarante fois la population de Poperinge) et d’une standing ovation au congrès de mon parti, malgré mon humilité naturelle, j’ai cédé à la pression amicale de mes amis politiques et accepté de devenir le premier citoyen de notre pays. Or, depuis le jour où monsieur le Roi m’a confié la mission de former le nouveau gouvernement, une campagne de harcèlement et de diffamation s’est développée contre moi. En voilà assez !

Tout a commencé par la déformation de mes propos, puis de mon veston. Pour la circonstance, j’avais acheté une belle veste brune qui allait bien avec ma cravate de même couleur et avec mon teint. Eh bien, à peine avais-je pénétré dans la salle de conférence de Val Duchesse que mes collègues se précipitaient vers moi, me touchaient le bras en me faisant un clin d’œil (on va y arriver, tu sais, BHV ne vaut pas une messe, etc, enfin tous ces propos encourageants qui rendent le départ quotidien au boulot moins pesant). Mais je me suis vite rendu compte que tout ça c’était juste pour chiffonner mon tissu. Puisque vous me demandez des noms, je dois avouer que Madame Joëlle M. s’est montrée particulièrement acharnée à me froisser.

A sa suite, la presse francophone s’est acharnée sur moi. Mes efforts ont été ridiculisés, mes propositions moquées. Et monsieur le Roi a fini par me donner mon C4 sans même un certificat de recommandation. J’ai serré les dents. Mais, voilà que mes coreligionnaires s’y mettent à leur tour. Et je découvre que je suis devenu la tête de Turc de ma communauté et même de mon parti ! On me présente comme psycho-rigide, alors qu’il suffit de passer un dimanche avec moi au stade de Sclessin avec les Rouches pour découvrir ma nature joviale. Comme un intellectuel prétentieux, moi qui ne suis qu’un agriculteur (ce n’est pas mon seul trait commun avec José Happart.) Comme manquant d’humour moi qui ait longuement appris à faire rire en regardant des soirées entières les vidéos des meetings de Philippe Moureaux que tout le monde trouve pourtant si amusant. Monsieur l’explorateur, un fourbe, dépèce mes propositions, monsieur le démineur, un jaloux, fait éclater mon projet institutionnel, monsieur le ministre des finances, un dikke nek, joue au vizir à la place du vizir et madame M se pavane dans tous les journaux du monde comme la sauveuse du pays. Jeanne d’arc face à ses juges. Paysan oui mais pas Cauchon.

Je vous présente, monsieur le procureur du roi, etc…

Pour le plaignant,

Alain Berenboom

www.berenboom.com