ADIEU INGRATE PATRIE

chronique
Cher Monsieur Chirac,

Je comprends votre amertume, vous qui avez tout donné à votre pays, vos meilleures années à l’état, vos meilleurs amis à la justice, et même Nicolas Sarkozy à la présidence (lui, si vous aviez pu le donner à la Libye, vous l’auriez fait même sans les infirmières en retour). Vous avez même donné à la France les juges qui aujourd’hui vous mordent la main (et le reste).
« Ingrate patrie, tu n’auras pas mes os ! » Cette noble parole de Scipion l’Africain, vous pourriez la faire vôtre. Dans un mouvement d’orgueil, je vous sais capable de réagir avec grandeur. De faire une fois de plus un coup qui épatera tout le monde. Qui réduira les effets d’annonces de votre successeur à des discours de fins de banquet. Eh bien oui, monsieur le Président. Osez ! Brûlez votre passeport devant l’Elysée ! Et quittez la France ! Direction : la Belgique.
Bien que nous nous marchions un peu sur les pieds ces temps-ci, une petite place vient justement de se libérer. Un certain Jean-Philippe Smet, dit Johnny, ayant renoncé à son souhait de s’installer en Belgique pour partir à Monaco a en effet décidé de rester en France pour s’établir en Suisse (vous me suivez ?) Bref, n’hésitez pas à monter dans notre pays de cocagne. Où vos malheurs paraissent incompréhensibles. Quoi ? Vous êtes poursuivi pour avoir donné du travail à des gens ? Chez nous, vous récolteriez en récompense 800.000 voix de préférence (au moins). On vous critique parce que vos employés communaux travaillaient aussi pour un parti politique ? Mais dans quel pays viviez-vous où des travailleurs qui se dévouent et prennent le temps de militer sont considérés comme des délinquants ? A Charleroi, où on manque un peu de main d’œuvre ces temps-ci, on se débrouillera pour vous trouver un job pépère qui correspond tout à fait à votre culture d’entreprise.
Avec votre expérience et vos talents, on pourrait aussi vous accueillir dans la capitale. Justement, on cherche désespérément un grand sage pour raccommoder les restes. Je vois bien un homme comme vous apaiser nos tensions. Vous qui avez tout promis à tout le monde et son contraire, vous qui avez séduit à la fois les grands patrons et une partie de la gauche avec la fracture sociale, vous parviendrez sans peine à apparaître comme le meilleur défenseur des francophones grâce à votre passé et un héros flamand si vous terminez votre discours par un très gaullien « Leve vrij Vlaanderen ! »
Jacques Chirac premier ministre de Belgique, quelle allure ! Quel symbole pour l’Europe !
On se réjouit déjà du jour où vous recevrez en grande pompe votre voisin, le président Sarkozy en visite officielle. A moins que, poussé comme vous par l’exil, il soit obligé de vous demander un permis de séjour…

Alain Berenboom
www.berenboom.com