L’ETRANGE VOYAGE DE C.P.

L’étrange voyage de M. Puidgemont alimentera encore bien des spéculations.

Que diable le président de l’éphémère république catalane est-il venu faire à Bruxelles pendant que la paëlla commençait à carboniser à Barcelone ?

Selon les uns, intoxiqué par son ami Théo Francken, il croyait débarquer en star dans la capitale de la république flamande et il se retrouvait à Zaventem au milieu de la foule des touristes revenus de la Costa Brava en charter Neckermann.

Selon les autres, il était venu refaçonner sa choucroute avant de passer chez les juges madrilènes, sur la foi d’un ami qui lui avait vanté l’art des coiffeurs belges. Après s’être rendu compte qu’il est difficile de passer dans les media pour un héros, type Che Guevara, ou un martyr sur le modèle de Jésus Christ, sans une barbe virile et surtout avec un nid d’oiseau sur la tête.

Quelle déception, il n’a trouvé dans la capitale belge ni Théo ni figaro.

D’une façon comme d’une autre, ce déplacement a paru absurde. Vu de Barcelone, le président auto-proclamé a donné l’impression de déserter sa république mort-née et d’abandonner ses compatriotes et ses militants à leur mélancolie. De l’autre, il a bousculé le pauvre Charles Michel qui se voyait déjà obligé par son plus puissant partenaire de délivrer un statut de réfugié politique à l’homme le plus honni des Castillans.

Carles Puidgemont a surtout montré une étourderie et une impréparation qui doivent faire grincer bien des dents à la N-VA car l’avortement de la république catalane sous les ricanements de toutes les chancelleries du monde et au grand soulagement des gouvernements européens augure mal de la déclaration d’indépendance de la Flandre.

Le visage du chevalier C.P. à la triste figure n’ornera pas les T-shirts des ados révoltés à Noël. Celui de son challenger Mariano Rajoy non plus qui aura eu la peau de son pathétique adversaire grâce à la violence de ses forces de l’ordre et son intransigeance hautaine, balayant d’un revers de la main toute tentative de négociation et niant les revendications de la moitié des Catalans. Prenant le risque d’une réaction violente plus tard. Bel exemple de cette gestion politique au jour le jour qui est décidément le propre de notre époque.

Toute cette affaire paraît vraiment insensée d’un côté comme de l’autre. George Orwell, l’auteur génial de 1984, qui a combattu dans les dernières années de la guerre civile en Catalogne, a raconté cette terrible expérience dans un récit au titre très actuel, « La Catalogne libre ».  Dans sa dédicace liminaire, il cite ces proverbes bibliques : « Ne réponds pas à l’insensé selon sa folie, de peur de lui ressembler toi-même. Réponds à l’insensé selon sa folie afin qu’il ne s’imagine pas être sage. »

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