Beaucoup de concitoyens ont été surpris par les déclarations musclées de Laurette Onkelinx lors de l’accession de Mgr Léonard à l’archevêché de Bruxelles-Malines. Sa nomination pourrait « remettre en cause le compromis belge », a-t-elle proclamé. Ajoutant que le prélat « avait souvent remis en cause des décisions prises par le parlement belge. »
Protestations, étonnement même dans les rangs laïcs devant la virulence de ces critiques. Bien vite, on s’est rendu compte de la méprise : le diable avait fait fourcher la langue de notre Laurette ; ça arrive, en période de soldes. Ce n’est pas Mgr Léonard qu’elle visait, Dieu nous en garde, mais Michel Daerden et son fiston.
Reprenez les déclarations de Laurette. En remplaçant le nom du cardinal par celui du sinistre des pensions, tout s’éclaire. Elles sont infiniment moins surprenantes. A force pour la gauche wallonne de couvrir des opérations financières discutables de quelques-unes de ses vedettes, le compromis belge bat de l’aile. Qui peut le contester ?
Quand le cabinet de reviseur de Daerden junior, audit (et facture) une centaine de services publics ou autres associations dépendant du gouvernement wallon sur décision du papa, le ver n’est pas seulement dans le nez ; il est aussi dans le fruit.
Si les faits sont avérés, le ministre remet aussi en cause les décisions du parlement belge, la législation sur les marchés publics et celle sur les conflits d’intérêt. Et plus seulement la loi Vandervelde sur l’alcool.
Mais, nous demandera-t-on, à quoi joue Michel Daerden ? Pourquoi écorne-t-il une fois de plus l’image du socialisme wallon qui n’en avait pas vraiment besoin ?
Tout ça, c’est la faute au point G.
Le point G, c’est celui où la gauche prend du plaisir. Depuis le temps que les socialistes désemparés le cherche ce fameux point de déséquilibre, il ne faut pas s’étonner qu’ils se soient égarés. Confondant parfois le point avec le poing. Et le plaisir de tous avec la satisfaction de quelques-uns.
La Wallonie n’est pas seule à souffrir de ce mal: en Flandre comme dans le reste de l’Europe, la gauche patine en pleine confusion, incapable de retrouver le glamour dont elle a bénéficié si longtemps. Et pour cause, les scientifiques viennent de le découvrir après des années d’enquête et de fausses promesses, le point G n’existe pas. Tout simplement.
A l’annonce de l’événement, on comprend la confusion de Michel Daerden, qui fut un des plus hardis explorateurs de la question. On explique mieux l’étrange langage qu’il a tenu au Sénat. Puisque le point G ne signifie plus rien pour la gauche, il faut lui donner un nouveau contenu. Daerden a réussi. Désormais, on sait que G signifie guignol.
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