LA BELGIQUE CONTRE DSK

Qui peut dire à l’heure actuelle si D.S.K. est un agresseur violent, un type au comportement aberrant, un cinglé ou la victime d’une machination? Une seule chose est sûre : depuis la chute des tours du W.T.C. à Manhattan, celle de D.S.K. à quelques pas de là est l’info du siècle.
On ne parle que de « ça », on ne regarde que « ça ».
Oubliées l’élimination réussie de Oussama Ben Laden, celle imminente paraît-il de Mouammar Kadhafi. Effacés le tremblement de terre et le tsunami au Japon, l’effondrement de la centrale nucléaire de Fukushima et l’irradiation de ses travailleurs plus ou moins forcés. Enterrés aussi les abominables massacres quotidiens des peuples syriens et yéménites par leurs dirigeants, sous le regard gêné de la communauté internationale.
D’une certaine façon, on respire. Ces dernières semaines, l’histoire s’était accélérée. Où que l’on tournât les yeux, la planète n’était plus qu’explosions, désastres naturels, révolutions, massacres, bouleversements politiques. Des événements nouveaux, qu’on ne parvenait pas à expliquer, à gérer, à juger, des révolutions inattendues dont on ne savait si elles apportaient un peu d’espoir à leurs populations ou si elles les enfonçaient un peu plus dans l’ombre, des guerres bizarres menées en notre nom mais guère contrôlées par nos représentants démocratiques et dont on n’était pas certain de comprendre les enjeux ni de déchiffrer les protagonistes.
Ouf ! Grâce à D.S.K., le rideau est tiré sur toutes ces énigmes, tous ces défis. Avec cette bonne vieille histoire de cul entre soubrette et vieux monsieur riche, on retrouve ses marques et ses certitudes. Ah ! Cette « chair » tradition française du côté de Feydeau. Au théâtre ce soir ! C’est tellement rassurant !
Tous les dirigeants politiques du monde se sont sentis soulagés. Merci D.S.K. ! Cette affaire leur apporte un répit bien mérité que la sortie d’une nouvelle saison de « Lost » n’avait pas réussi à leur offrir.
Tous ? Non. Avec un courage et une imagination qui ont fait la réputation de notre classe politique, les héros qui peuplent nos parlements ont refusé le diktat des medias. Seuls face au reste du monde, ils ont contre-attaqué et réussi à faire plus fort que les scénaristes qui pilotent D.S.K., plus original que ses conseils en communication et plus créatif même que ses avocats.
La même semaine, ils nous ont annoncé, tenez-vous bien, un – presque – premier ministre wallon et la prise en considération par à peu près tous les députés flamands de la proposition de loi déposée par l’extrême droite sur l’amnistie des collaborateurs belges des nazis.
Là, ils ont frappé fort. Il paraît qu’au fond de sa cellule, D.S.K. a murmuré : « Chapeau ! »
Et reconnu sa défaite.

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