DONALD 1er, LE ROI VERT

    Lorsqu’il était enfant, le petit Donald Trump a dû jouer au Monopoly comme vous et moi. Si vous vous en souvenez, les pions s’arrêtent dans les principales rues commerçantes du pays, aux gares, à la compagnie des eaux et à la centrale électrique. Ils risquent même la prison. Mais jamais ils ne mènent les joueurs dans le moindre espace vert. Ni parc, ni bois, ni forêt. Seul le plateau du jeu est vert, ce qui est aussi trompeur que la couleur d’emballage de certains produits qui veulent attirer le chaland alors qu’ils ne sont pas bio.  

   Or, comme l’a écrit le psychologue américain F. Dodson « tout se joue avant six ans ». Ce qui explique sans doute que Donald Trump, qui a passé sans difficultés du stade oral au stade anal, n’ait jamais réussi à passer au stade environnemental. D’où son obsession chaque fois qu’il revient au pouvoir à déchirer aussitôt l’Accord de Paris et à considérer l’écologie comme une maladie honteuse qu’il faut combattre avec au moins autant d’énergie que l’égalité entre les citoyens, les règles contre les discriminations et les politiques de diversité et d’inclusion.

    Dans la même veine, si l’on ose dire, il relance l’exploitation du charbon et les forages tous azimuts dans des zones protégées. Et barre l’entrée aux Etats-Unis des produits du reste du monde avec des taxes prohibitives. 

   Paradoxalement, cette rage taxatoire peut faire de Trump le président qui aura le plus œuvré pour la diminution des émissions de CO2, principal responsable du réchauffement climatique. Le commerce international représente environ 30 % des émissions de CO2. La guerre commerciale qu’il a déclenchée aura comme effet une contraction importante du commerce mondial et du transport des biens autour de la planète ainsi que la faillite de nombreuses entreprises industrielles. Ce qui pourrait valoir au 47ème président américain le prochain Prix Goldman (équivalent du Nobel pour l’environnement), ce qui sera un choc pour lui qui rêve plutôt du Nobel de la Paix – un prix qu’il est prêt à partager avec Vladimir Poutine, s’il le faut. 

 Quelques-unes des plus grandes découvertes sont le fruit du hasard. Archimède qui formule son théorème en prenant son bain, la naissance du télégraphe par Oersted tenant à la main un fil de cuivre réuni à une pile de Volta, la découverte de la pénicilline par Alexander Fleming, résultat de la contamination accidentelle d’une boîte de champignons ou le Viagra qui était étudié pour soigner des affections cardio-vasculaires ou la loi de la gravitation universelle formulée par Newton après avoir reçu une pomme sur le crâne pendant qu’il faisait la sieste sous un pommier. 

  Pourquoi alors s’étonner que le hasard va conduire Donald Trump à devenir un des plus grands héros de l’environnement et un sauveur de la planète ?   

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LES FOURCHES ENTRE LES DENTS

  On comprend que les paysans bruxellois soient les seuls de toute l’Europe à ne pas avoir manifesté cette semaine. Cherchez sur les sites officiels de la Région de Bruxelles-Capitale sur lesquels les ministres affichent fièrement leurs bouilles souriantes et leurs innombrables compétences. Aucun ne se vante d’avoir l’agriculture dans son portefeuille. Surtout pas ! Dès lors qu’il n’y a pas de ministre en charge, inutile pour les agriculteurs d’aller manifester sous ses fenêtres !  

Après une enquête policière, j’ai découvert que c’était Alain Maron qui exerçait cette fonction. Ce que son cabinet, tout surpris de la question, a confirmé mais après une ou deux heures d’hésitation. 

On se rappelle pourtant que M. Maron a eu le projet il y a quelque temps d’acheter des terres agricoles en Brabant flamand et wallon. Avec pour but de « préserver la biodiversité et une agriculture locale qui pourrait nourrir une partie de la population bruxelloise ». Devant le tollé, il avait rangé son projet et l’agriculture en général au placard. 

Ce qui lui a évité de voir les paysans qu’il y aurait installé réclamer moins de contraintes écologiques et plus de produits phytosanitaires. 

En France, c’est facile, une seule adresse pour les manifestants, l’hôtel Matignon. Mais chez nous, quel est l’interlocuteur du monde agricole ? Il y a au moins quatre ministres officiellement compétents mais sans compétence réelle puisque l’essentiel de la politique agricole est commun à toute l’Union et géré par la Commission européenne. Aussi responsable du Pacte vert, l’ambitieux dessein de l’Europe en matière d’environnement contesté par une partie des agriculteurs. 

Preuve que les ministres nationaux n’ont guère de levier : ils répètent qu’ils sont d’accord avec les paysans et prêts à adopter toutes les mesures (y compris contradictoires) réclamées par des agriculteurs dont les préoccupations sont souvent antinomiques vu les différences entre eux (petites propriétés-grands domaines industriels, céréaliers-éleveurs). Si nos excellences se montrent si enthousiastes à voter tout ce que les agriculteurs réclament, on peut se demander pourquoi ils ont attendu que les tracteurs descendent dans les rues pour les adopter.  

On peut entendre le ras-le-bol des campagnes, les pressions insupportables des grandes surfaces, la paperasserie, les revenus lamentables de certains. On peut aussi accuser l’avidité des consommateurs qui exigent des prix dérisoires pour tomates et pommes de terre tout en dépensant sans compter pour la tech et la téléphonie. 

Mais il faut se garder de dire oui à toutes les revendications (surtout en matière d’environnement) les yeux fermés. « Une agriculture qui ne peut produire sans détruire porte en elle les germes de sa propre destruction » écrivait Pierre Rabhi.        

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SCHILD EN VRIEND

   A présent que la gauche et la droite ont disparu (même à la SNCF et dans le métro parisien où l’on est de gauche puisqu’on fait la grève et de droite car on défend des privilèges exorbitants), on a remplacé les bons vieux slogans militants (« bande de fascistes ») par les expressions politiquement correctes (« Les gilets jaunes avec nous ! »)

  On ne dit plus vacances de Noël mais d’hiver, droits de l’homme mais droits humains, Ramadan en péril mais jeûne en danger, bourgmestre socialiste compromis avec l’extrême droite turque mais homme politique bruxellois issu de la diversité.

  « Tintin au Congo » ne convient plus aux enfants, à réserver aux adultes avertis, doit être versé dans « l’enfer » des bibliothèques, avec quelques centaines d’autres classiques où l’on peut repérer des expressions racistes ou pires (au hasard, Dickens, Simenon, Agatha Christie, Wagner, Céline, Kipling, etc, sans compter évidemment la Bible et le Coran). 

 On doit pratiquer l’« écriture inclusive » car mieux vaut rendre un texte incompréhensible que laisser deviner qu’un mâle blanc tient la plume.  

L’usage du mot « Noir » est déconseillé. Mais, pourquoi l’expression « Black » est-elle branchée ?  

Etrangement, on n’a jamais repoussé Gabriel Matzneff dans l’enfer des bibliothèques ni le personnage dans une cellule. Peut-être parce qu’il ne faisait  pas vraiment de la littérature mais qu’il avait des amis respectables. Salut les copains ! 

Être pédophile n’était pas politiquement incorrect mais la censure, si. Reste que l’on peut s’étonner que personne n’ait pris la défense des enfants dont il a abusés publiquement, certainement pas la justice. Ni son éditeur qui, on le suppose, ne perdait pas son temps à lire son ennuyeux journal. 

 Le plus difficile ces temps-ci c’est le politiquement incorrect vert. Après les incendies en Australie et les prévisions apocalyptiques du GIEC, fini de rigoler avec le climat, l’écologie. Pas question de se moquer de mesures parfois mesquines ou ridicules si elles sont prises au nom du sauvetage de la planète.

 Peut-être qu’on ne sauvera pas les ours blancs ni les koalas, à cause des sceptiques et des cyniques, mais on défendra jusqu’au bout, même quand on aura les pieds dans l’eau et les vêtements en feu, l’obligation de dire « schild en vriend » avec le bon accent. Politiquement correct jusqu’à l’apocalypse…  

Mais il y a encore des bonnes nouvelles. Cette semaine un geste fort venu de Grande-Bretagne. La reine elle-même accepte de briser les chaînes qui l’unissent à son petit-fils favori, Harry, en l’autorisant à vivre ses rêves loin du royal cérémonial. 

Malgré les risques d’initiatives politiquement incorrects du gamin, qui n’en est pas à une incartade près. 

Sacrée Elizabeth II. Elle nous ravira toujours ! 

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