Le Plan « L’enfant »

Se souvient-on encore du plan Rosetta, lancé avec tambours et trompettes dans la foulée de la première palme d’or des frères Dardenne par la toujours sémillante ministre Onkelinckx ? La nouvelle récompense cannoise des frères les plus célèbres de Wallonie et environs semble avoir une nouvelle fois inspiré nos politiciens, même si l’on peut s’étonner que sa mise en œuvre se soit faite dans une telle discrétion. Quel ministre en est responsable ? Mystère. Quelle administration est chargée de son contrôle ? On ne sait. Qui a même jamais entendu parler du plan « L’Enfant » ? Pourtant, nous pouvons l’affirmer : le plan existe; il est appliqué. Et surtout, ses premiers résultats sont tout à fait remarquables.
Je ne sais si l’on a jamais fait le bilan du plan Rosetta (le ministre qui inaugure ce genre d’initiatives change prudemment de casquette lorsque temps est venu d’en mesurer les effets) mais le plan « L’Enfant » bat tous les records : en quelques semaines, il a permis de mettre au travail ou d’améliorer la condition de nombreux travailleurs dont le sort était incertain. De plus, il s’applique à tous les niveaux de pouvoir, fédéral, régional et même communal.
Hélas, amis chômeurs, ne vous réjouissez pas trop vite. Les conditions d’accès au plan « L’Enfant » sont en effet très strictes (sans doute pour satisfaire aux critères sournois de la commission européenne sur les subventions publiques). Il n’est donc ouvert qu’à un nombre limité de candidats : seuls des fils ou filles de politiciens confirmés peuvent bénéficier du plan « L’Enfant ». Ne protestez pas. Le rapport d’une commission de psychiatres confirme en effet que le pourcentage d’échec est particulièrement élevé chez les enfants dont les parents sont trop brillants. Il est donc normal que ces mesures leur soient réservées: à terme, c’est autant d’argent épargné pour la sécurité sociale. Freya van den Bossche, Laurette Onkelinckx, Peter Vanvelthoven ont obtenu, grâce au plan, de petits boulots au gouvernement fédéral. Et, voyez, ils ne s’en tirent pas plus mal que les autres. Mathot, Michel, Ducarme, Lutgen, Wathelet en Wallonie font eux aussi des étincelles. Quant au fils de Michel Daerden, il est parvenu (pour reprendre le mot favori du président di Rupo) à contrôler à peu près tous les organismes publics dépendant de son cher papa sans violer ni la loi ni la déontologie. Une tête, ce gars-là. Un exemple pour les Wallons ! Comme on le voit des résultats de notre enquête, le plan « L’Enfant » est déjà une réussite. Et il a un bel avenir, vu le nombre d’élus qui siègent dans les innombrables assemblées qui font la gloire de notre beau pays.

Alain Berenboom

Paru dans LE SOIR