Depuis quelque temps, la mode est d’oublier la canicule en plongeant dans les eaux glacées de Scandinavie. Glacées et glauques. Henning Mankell et Stieg Larsson (la trilogie du Millenium), pour une fois vedettes méritées du box office, nous ont convaincus que le modèle suédois, si souvent mis en vitrine par nos politiciens, cachait dans son arrière-cour néo-fascistes en liberté, égoïsme d’une société qui a peur de perdre ses acquis et mépris des étrangers. Ca vous rappelle quelque chose ?
Ajoutez-y le Norvégien Gunnar Staalesen (éd. Gaïa), dont le dernier opus, « L’écriture sur le mur » est excellent. Une radiographie frissonnante de la « bonne société » de Bergen (rien à voir avec Mons, n’en déplaise aux néerlandophones).
A ce propos, certains Belges auront peut-être la curiosité de feuilleter le nouveau thriller hennuyer, intitulé sobrement « La note » d’Elio Di Rupo. Hélas, si les éléments de l’intrigue ont été habilement semés tout au long des pages, le dénouement est tout à fait improbable. Certes, le héros a emprunté quelques éléments de la panoplie de Sherlock Holmès : il lit dans la boue laissée par ses prédécesseurs et pratique l’art du déguisement. Mais le méchant n’est pas puni et le crime reste inexpliqué. Croisons les doigts pour que l’auteur ne finisse pas avec son plus redoutable ennemi, au fond de la cascade de Coo, tels Holmès et Moriarty disparaissant ensemble dans le gouffre de Reichenbach.
Je me demande s’il ne vaut pas mieux laisser La Note en attendant ses redoutables clones, La Note-le retour, et les Enfants de la Note. Plutôt emporter Le Droit au Retour du romancier hollandais Léon De Winter (éd. du Seuil).
Ecrit avec la verve et le rythme d’un écrivain américain, Le Droit au Retour commence dans un futur plus ou moins proche dans un Israël réduit à une peau de chagrin. Un personnage, autrefois un brillant prof d’université revit sa vie défaite depuis que son fils a été enlevé une vingtaine d’années plus tôt alors qu’il vivait dans la banlieue d’une ville américaine.
Rien de sinistre pourtant dans ce récit mais un portrait décapant, ironique et profond de notre époque.
Curieuse coïncidence : dans Arrêtez-moi là ! de Ian Levinson – et non d’Elio Di Rupo- (éd. Liana Levi), il est aussi question d’enlèvement d’enfant. C’est même ce qui conduit le narrateur, un chauffeur de taxi sympa et miteux, en prison. C’est lui qu’on soupçonne du crime.
Le récit de cette erreur judiciaire devrait ravir tous ceux que le feuilleton DSK commence à fatiguer. Rodomontades du procureur, avocat acharné, etc. L’humour en plus.
L’humour, c’est ce qui manque le plus depuis un an dans la saga belgica, qu’on la lise en latin ou en esperanto.
www.berenboom.com