CHAUD DEVANT

chronique
Vous l’avez entendu comme moi : il paraît que la planète se réchauffe. C’est à cause des échéances électorales. On n’aurait plus d’élections que la Terre tournerait tranquillement entre les quatre saisons. Mais qui souhaite un régime aussi glacé ? C’est chouette les élections : le seul moment où l’on peut rêver à quoi ressemblerait notre vie si les politiciens tenaient leurs promesses. Donc, promis, demain la Terre sera sauvée si nous votons dans le bon sens.
En France, Ségolène Royal promet de mettre en pratique le programme de Nicolas Hulot (car elle tient plus encore à TF1 qu’à la Hollande). En Belgique, le PS se documente à toute vitesse sur la question : comment faire entrer les petits oiseaux dans le plan Marshall ? Même que Dédé Flahaut, comme toujours le premier sur la balle, a mobilisé la Force aérienne pour voir le film de Al Gore, Bible désormais des hommes politiques belges. C’est vrai qu’il y a de belles images, de la musique taraboumboum comme dans les westerns et surtout qu’on comprend le texte. Ce qui change agréablement des rapports de l’ONU, des ONG ou encore des Ecolos qui, ayant déjà sacrifié quelques forêts pour imprimer leur méga-programme, ont renoncé, dans un geste éthique, à imprimer sa traduction dans une langue compréhensible. Pour ne pas être en reste, Didier Reynders profite lui aussi de la vague verte pour augmenter sournoisement les impôts : des éco-taxes, ce ne sont pas des taxes qui étranglent les contribuables mais un cadeau des citoyens à la planète.
C’est à l’heure où l’écologie devient le mainstream que les écologistes semblent avoir perdu la pêche. Etrange paradoxe. Même le magazine Elle s’y met. Entre des pages de pubs pour des sacs en crocos et des rivières de diamants (des produits naturels) et une fille nue en couverture (pour protester sans doute contre le travail des enfants qui permet à l’industrie textile « française » d’accumuler les profits), le numéro de la semaine nous présente les stars convertis à la cause écologique : Di Caprio ne jure que par la Prius de Toyota ; même qu’il a acheté 4 véhicules pour sa famille ! Quant à la somptueuse Darryl Hannah –un modèle pour le réchauffement naturel des mâles-, elle ne roule plus qu’à l’huile de friture. Bien sûr, je sens la fritte quand je descends de voiture, reconnaît-elle mais sauver la planète mérite un tel sacrifice. Puisque le plan Marshall est à la recherche d’idées nouvelles, en voilà une à notre portée : transformer toutes nos stations d’essence en fritkot. L’énergie belge pour sauver la planète, ça vaut bien tous les discours. Avec mayonnaise ou pickles ?

Alain Berenboom
www.berenboom.com