Allez, les filles !

chronique
2007, l’année des femmes au pouvoir ? Les media s’excitent. Les hommes tremblent. Les parieurs s’affolent. Pourtant, dans certains pays exotiques -et machistes, les femmes flirtent avec les plus hautes fonctions depuis longtemps : sans remonter à la reine de Sabbat, souvenons-nous des dames Gandhi, Bhutto ou Meir – en oubliant madame Thatcher, reine de fer d’un univers improbable genre cauchemar d’Alice au pays des Merveilles.
Les nouvelles patronnes du monde vont-elles changer la planète ? On l’espère. Elle en a besoin et vite ! Mais les mauvaises langues –mâles- feront remarquer que l’arrivée d’une femme aux affaires n’a pas toujours eu la vertu apaisante et régénératrice attendue. Après avoir élu une femme, les Indiens se sont tournés pour la première fois vers des nationalistes religieux, le Sri Lanka a plongé dans la guerre civile, le Pakistan n’a plus connu que des dictateurs militaires et a fabriqué les Talibans, les Turcs ont balayé les laïques pour faire venir un parti islamique. Sans parler du Rwanda qui a plongé dans le cauchemar après l’assassinat de l’héroïque Agathe Uwilingiyimana.
Des propos cyniques ? Ils cachent pourtant une vérité : les hommes exigent des dames qui les gouvernent des qualités qu’ils ne demandent pas aux messieurs. Outre les compétences politiques, la poigne et l’habileté, il faut aussi qu’elles soient flamboyantes, chefs-coq, mères poules et épouses exemplaires. Et même qu’elle soient sobres- un Michel Daerden femelle ne ferait jamais le carton du triste clown que le monde nous envie. En échange de quoi, les mecs sont prêts à les appeler familièrement par leur prénom. Sego est le diminutif d’un prénom, Sarko, d’un nom, subtile différence.
De Bush, nous nous contenterions qu’il retire ses troupes d’Irak. De Hillary Clinton, nous voulons aussi qu’elle transforme la Russie et la Chine en démocraties paisibles, qu’elle supprime la pauvreté aux Etats-Unis (et dans le monde, pourquoi mégoter ?), qu’elle arrête le réchauffement de la planète, qu’elle affiche le sourire de Marilyn et le tempérament de son cher Bill.
Chiche ! N’est-ce pas parce que nous nous sommes contentés de peu depuis la chute du mur de Berlin que la planète hoquète aux mains des tristes sires qui nous dirigent?
Notre vœu pour 2007 ? Que les femmes s’accrochent et qu’elles fassent définitivement mentir l’adage de feu Van den Boeynants qui disait à peu près : en politique, si les dégoûtés s’en vont, ne resteront plus que les dégoûtants. Allez, les filles !

Alain Berenboom
www.berenboom.com