UBU BOIRA…

Le constat fait froid dans le dos : ni l’ONU ni les Etats-Unis n’ont trouvé le moyen d’empêcher le leader bien aimé respecté Kim Jong-un de lancer ses jouets à la tête de tous ceux qui passent à sa portée après l’heure où les enfants normaux font dodo.

Quant aux Russes et aux Chinois, ils se font tout petits, un exercice difficile mais les spécialistes de la contorsion ne manquent pas aux cirques de Moscou comme de Pékin.

C’est donc aux Européens une fois encore de trouver la parade. En puisant dans leur intarissable sac à malices. Comment amadouer le Grand Successeur (le titre qui avait été donné au p’tit Kim 3 à la mort de son père) ?

Le mieux serait de jouer sur ses passions. Jusqu’ici, on lui en connaît deux. Les parcs d’attraction et les meurtres en famille. Deux loisirs qui peuvent très bien se combiner.

Ainsi, on pourrait proposer à notre Ubu décoré un week-end gratuit à Walibi rien que pour lui et les trois vieux clowns qui l’entourent sur les photos. Accès à toutes les attractions : pour la partie internationale, montagnes russes et Challenge of Tutankhamon. On lui offrira aussi Palais du Génie (repeint à son effigie) et Tapis volant. S’il sort vivant de toutes ces  horreurs, reste le grand final : un lâcher dans la jungle de ses frères, cousins et oncles, où Kim 3 junior pourra déployer ses talents de tireur. Une belle chasse à l’homme pendant laquelle notre Grand Nemrod pourra abattre avec son superbe fusil belge tous les Jong qui passeront à sa portée.

Après cette hécatombe, on voit déjà l’immense sourire, petites dents au vent, qui se peindra sur sa bonne grosse bouille d’enfant gâté, le pied sur les cadavres, l’arme encore fumante, tel le président Théodore Roosevelt à l’issue d’un safari fameux en Afrique de l’est où il avait abattu plus de cinq cents bêtes. Ce qui reste de la famille du leader bien aimé respecté n’est malheureusement plus aussi nombreuse pour qu’il égale un tel score. Mais l’apaisement qui suivra nous donnera du répit pendant un moment. Comme on l’a vu lorsqu’il a eu la peau de son oncle puis de son frère.

Cette contribution de la Wallonie à l’apaisement des tensions dans le sud est asiatique pourrait  aussi permettre à la nouvelle équipe qui a pris le pouvoir à la région de prétendre au  Prix Nobel de la Paix. On dit merci, qui ? Merci, M. Lutgen !

www.berenboom.com

Ps : Lisez « Dissidences »  de Hannah Michell (éditions les Escales). Sous couvert d’espionnage, ce beau roman donne une image surprenante des rapports entre les habitants des deux Corée. De la méfiance des sudistes à l’égard des dissidents du Nord qui au péril de leur vie ont réussi à passer la frontière. Une tension cruelle et autrement plus aigüe qu’entre Belges du nord et du sud…

RYANISATION

Les accros à l’actualité ont été servis ces derniers jours. Ils ont eu droit au show brutal du grand sultan d’Istanbul, aux nouvelles barbaries aveugles de l’ophtalmo sanguinaire de Damas et à la découverte du rôle des grandes oreilles d’Obama, le côté sombre de l’administration fédérale américaine. Tout cela aurait suffi à secouer les plus cyniques d’entre nous. Mais le plus terrible est venu de chez nous, du Brabant wallon. Où Walibi a instauré le ticket bling-bling. Payez plus pour entrez plus vite.

C’est ça, l’info dramatique de la semaine. Car, on le devine, Walibi n’en restera pas là. Inspiré par l’exemple de son voisin carolo, Ryan Air, le parc concocte déjà d’autres « nouveaux services », pour utiliser son vocabulaire délicat. Les enfants obèses ? Ticket à prix gonflé. Les handicapés ? Double tarif. Supplément si la maman ne porte pas un sac de dimension standard, s’il est trop lourd ou s’il contient de la bouffe et des boissons pour les petits. Tarif spécial pour l’utilisation des toilettes luxe, nettoyées après chaque passage. Photo de papa et des lardons devant le Tuf Tuf Club ou le Palais du Génie ? On passe à la caisse pour les droits d’auteur de Walibi. Sans compter des pénalités pour celles qui arpentent le beau macadam du parc en talon aiguille, pour les enfants qui jettent distraitement leur trognon de pomme dans l’herbe. Amendes encore pour les fumeurs, les enrhumés, les cracheurs et les blagueurs – car on ne rit pas à Walibi.

Coïncidence, on a appris cette semaine la privatisation des nouvelles prisons du royaume. On a oublié de le préciser mais les prisons de demain, ce n’est pas seulement un concept architectural inédit. C’est aussi un régime carcéral nouveau, sauce Ryan Air-Walibi.

La prison à plusieurs vitesses, c’est la meilleure façon de préparer les détenus à ce qui les attend une fois leur peine purgée. Avec l’idée très éducative qu’un prisonnier VIP sortant d’une prison quatre étoiles reviendra dans la société avec l’idée qu’une vie quatre étoiles nécessite des tickets « priorité ». Comme il l’aura appris sur le tas en prison.

Dans les nouvelles prisons, on pourra tout acheter. Double tarif pour éviter de faire la file à la douche ou au réfectoire. Tarif spécial pour dormir seul dans la cellule. Ticket super spécial pour dormir avec le gardien ou sa fille – pas de discrimination dans les prisons belges.

Et, pourquoi s’arrêter en si bon chemin ? Ceux qui emmèneront leurs enfants serrer la pince de Saint Nicolas auront intérêt à être cousus d’or. Comme ceux qui attendent le bus ou le métro pour monter les premiers ou avoir droit à un siège réservé. Et, l’an prochain, on proposera des tickets pour voter N-VA avant les autres.

Voilà ce qu’on a trouvé de mieux-jusqu’ici- pour sortir de la crise.

www.berenboom.com