OH! OH! OH! CAUSE TOUJOURS!

En France, les candidats à la présidence portent des noms qui se terminent par « on » : Fillion, Macron, Mélenchon. En Wallonie, les petits chefs sont choisis dans les familles dont la syllabe finale est un « o » : Mathot, Moreau, Housiaux. Prenez soin d’écrire « O » en majuscule comme dans zérO, le nombre de zéros dépendant de la place qu’occupe le « o » dans la toile d’araignée que les ooo ont tissée autour des intercommunales.

Négligence de leur part, ils ont laissé un type dont le nom se termine par « ain » mettre le nez dans leurs affaires, le prenant sans doute pour un nain. Ils auraient dû se méfier de ce monsieur Halin, échevin des finances de la petite commune d’Olne. Surtout que son presque homonyme français a écrit le scénario de quelques films dont le titre aurait pu leur mettre la puce à l’oreille : « Carrefour du crime », « Métier de fous », « Millionnaires d’un Jour », « Treize à table », des titres qui semblent tous raconter la saga Publifin. Ajoutons-y « C’est pas parce qu’on a rien à dire qu’il faut fermer sa gueule » qui annonçait la qualité des débats au parlement wallon et le contenu du discours du ministre Furlan. Lorsqu’ils examinent les traités internationaux, les occupants du Grognon peuvent jouer à dépasser le PTB sur sa gauche. Mais pas quand ils se penchent sur leurs « propres » petites affaires.

A propos, le Halain scénariste a aussi signé la série « Fantômas » (tirée des livres d’un autre homonyme, Marcel Allain).

 Allongeant son ombre immense(…) / Quel est ce spectre aux yeux gris / Qui surgit dans le silence ? / Fantômas, serait-ce toi / Qui te dresses sur les toits ? chantait Robert Desnos.

Tout était donc écrit : un terrible justicier se préparait à fondre sur la cité ardente. Et ils ne l’ont pas vu venir. Dommage qu’une intercommunale spécialisée dans les medias et les télécommunications compte si peu de cinéphiles dans ses dirigeants…

Revenons à l’échevin Halin. On est tout de même surpris de la méfiance qu’il a affiché à l’égard de Publifin. Alors que le site de la grande intercommunale liégeoise affiche une page intitulée « Nos Valeurs », énumérées et définies ainsi : notre « Ethique » « consiste à travailler dans la stricte observance de certains principes ou valeurs, tels que le respect de la loi, l’intégrité, la transparence, le respect des autres, l’équité et la loyauté. » Et « L’intérêt général » est pour elle « un état d’esprit qui vise à dépasser les particularismes pour les intégrer dans la dimension du « bien commun» (sic).

On ne peut pas dire que ceux qui gèrent ce site soient réactifs. Cette page n’a pas été mise à jour depuis les derniers événements. Comme si les patrons de Publifin se rappelaient un autre film : « Cause toujours ! »

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LE HOLLANDAIS VOLANT

La crise bancaire, un an après. G20, F.M.I., tous ceux qui ont une responsabilité dans la gestion des affaires publiques s’attellent au redressement économique et financier. Oubliant les dégâts que laissera la crise sur les gens, leurs comportements, leur imaginaire, leur conception du monde.
Même si l’époque que nous vivons ne peut être comparée aux années d’apocalypse qui ont suivi 1929 (raccourci facile dont certains media ont abusé), elles ont en commun de remettre en cause certains fondements de la société. De bousculer les valeurs. Et de laisser le citoyen moralement désemparé. Les dégâts touchent nos institutions les plus stables qui ressemblent de plus en plus au Hollandais volant, ce vaisseau fantôme qui errait sur les océans avant de disparaître dans les profondeurs mystérieuses de la mer des Sargasses. La justice belge, par exemple, balayée par les hoquets du procès Fortis. Les yeux bandés, Thémis, descendue du sommet du temple babylonien où l’avait collée Léopold II, fauche aveuglément de son épée tout ce qui l’entoure : hauts magistrats, avocats, jusqu’au président de la chambre flamande de la cour de cassation, dont on a toujours salué la rigueur et l’intégrité.
Ne dirait-on pas que ce climat d’égarement pèse même sur des querelles éthiques comme celles du port du voile ?
L’opposition des uns de voir notre société « submergée » par des valeurs qu’ils ne partagent pas. L’affirmation des autres de leur différence, de leurs « racines ». L’attachement des uns à l’importance des acquis de la société occidentale laïque. Et des autres à des emblèmes religieux qui les rassurent. Dans ces échanges d’arguments, on lit surtout la peur des uns et des autres. Encore un signe de la crise.
Quant aux responsables de ce chaos, qu’en pensent-ils ?
Le retour de l’ancien patron de Fortis, Maurice Lippens, fait plaisir à voir. Après avoir quitté le navire dès que la tempête s’est levée, il est parti se reposer sur la terre ferme abandonnant son navire, le Belgo-Hollandais volant, qui aurait coulé à pic sans les efforts du gouvernement pour en reprendre le gouvernail (pour une fois que l’on peut lancer une bouée à nos ministres, ne faisons pas la fine bouche !) Et lui de proclamer quel bon capitaine il a été, mille millions de mille sabords ! A part une petite faute de communication », reconnaît-il du bout des lèvres : lorsque le bateau a commencé à sombrer, il a oublié de crier : « Sauve qui peut ! Le vin et le pastis d’abord ! » Préférant laisser l’orchestre jouer pendant qu’il filait à l’anglaise.
Le G20 proclame des règles vertueuses, Mr Lippens défend sa propre vertu dans les journaux. Mais les marins le savent : c’et la solidarité entre les hommes qui fait avancer le bateau ; pas le chacun pour soi.

Alain Berenboom
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