COP, COP, HOURRAH !

   Il est facile de se plaindre des chauffeurs du TEC Charleroi, éternellement en grève. Au lieu de reconnaître que ces travailleurs (si on ose dire) en font plus pour le climat que les quelques milliers de jeunes qui défilent régulièrement dans les rues de Bruxelles en criant « Chauds, chauds, chauds ! On est plus chauds que la planète » (avant, pour certains, de reprendre la voiture de papa et de rejoindre la villa familiale dans le Brabant wallon). 

Des dizaines de bus immobilisés, des manifestants qui se chauffent devant des braseros plutôt que dans des locaux ou des véhicules conditionnés, bravo les gars ! S’il y avait un Nobel de l’environnement (une suggestion, ça), vous seriez sur les rangs. 

Ajoutez à l’effort de lutte des travailleurs du TEC contre le réchauffement climatique celui de leurs clients, qui attendent désespérément leur bus, et qui affichent donc eux aussi un bilan carbone proche de zéro. Allez les TEC ! Ou plutôt, continuez de ne pas y aller ! 

La marche à pied, il n’y a rien de mieux pour votre santé et celle de la planète…

Autrement plus efficace que de prendre l’avion et de traverser la planète afin de participer à la COP 27 sur les bords de la mer Rouge à Charm el-Cheikh. 

Il est étrange que le Poutine local, le président Fattah al-Sissi, n’ait pas rebaptisé cette fiesta où vont se presser sur la plage avec champagne et petits fours (froids) tous les ardents défenseurs de l’environnement. Car COP signifie flic ce qui est une dénomination plutôt inquiétante sinon provocatrice s’agissant d’un des pays du monde qui bafoue le plus les droits de l’homme.   

On déconseillera à nos jeunes manifestants de mettre le pied en Egypte. Les discussions sur les mesures à prendre pour ralentir le dérèglement climatique se tiennent à huis-clos, entre invités soigneusement triés sur le volet. Surtout pas dans la rue, meilleur moyen là-bas de passer le reste de ses jours à l’ombre. 

A l’heure où, dans la foulée de la pandémie, se sont multipliées les réunions virtuelles, n’est-il pas singulier que les défenseurs de l’environnement se croient obligés de se déplacer par milliers en avion pour s’agglutiner dans des salles de congrès et des hôtels où l’air conditionné est poussé à fond, sous des lampions de luna-park ? Et tout ça sous la « protection » de milliers de flics locaux. 

Toute cette mise en scène hollywoodienne pour protéger notre pauvre planète ! Elle a bon dos… Car, quand on s’interroge sur la mise en place des mesures adoptées par les COP précédentes, on peut se demander pourquoi en réunir une nouvelle tant que les actions décidées lors des précédentes rencontres sont restées largement lettre morte. Sauf pour prendre des vacances pas très bien méritées…

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ELOGE DE LA LENTEUR

La Pâque juive célèbre la longue traversée du désert du Sinaï par le peuple juif qui s’est défait de ses chaînes pour rejoindre la terre promise après un désagréable séjour comme esclaves en Egypte.
Quarante ans qu’ils ont erré au milieu des sables alors qu’aujourd’hui, en bus, de Charm el-Cheik à Tel Aviv, le voyage dure environ 10 heures par la route 90. Avec restauration aux étapes et musique de votre choix dans les écouteurs. Où l’on voit la supériorité du GPS sur la Bible et de la technologie moderne sur les vieux papiers.
Pour mettre tant d’années à parcourir ces quelques centaines de kilomètres, Moïse a dû tourner en rond comme égaré dans un labyrinthe et pas un peu. N’est-il pas étonnant que personne parmi les voyageurs qui le suivaient ne se soit rendu compte que leur guide était absolument nul ? Quel charisme devait avoir ce chef pour éviter la moindre rébellion. Vous me direz qu’à voir la longueur de certains règnes récents, ceux des présidents algérien et soudanais par exemple, on s’aperçoit que même au vingt et unième siècle, on peut mener les citoyens en bateau et à la dérive pendant longtemps.
Et Dieu, que faisait-il pendant tout ce temps ? Il n’aurait pas pu donner un petit coup de mains à ce troupeau en détresse qui ne cessait de le célébrer ? Une fois débarrassé des tables de la loi, Il a abandonné son peuple à son triste sort aussi sec et coupé la ligne. Considérant qu’il avait de la lecture pour les longues soirées d’hiver dans le désert. C’est fou que, tout au long de l’Histoire, Il soit systématiquement occupé ailleurs quand on a besoin de Lui.
D’un autre côté, qu’aurait gagné au change le peuple élu si Moïse avait eu le sens de l’orientation ? S’il avait débarqué à bon port quelques jours après que la troupe ait quitté les terres du pharaon plutôt que quarante ans plus tard ? Dans ce cas, personne n’aurait parlé de cette épopée, jamais elle ne serait devenue un mythe. Elle n’aurait pas été le ciment de plusieurs civilisations. Inspiré penseurs, artistes, philosophes.
A son arrivée en Canaan, Moïse aurait été remplacé par un jeune ambitieux comme l’a été Churchill, désavoué par les électeurs une fois la guerre gagnée. Les Tables de la loi auraient été vite oubliées dans un coin. Et personne n’aurait entendu parler de la Bible ! Un bouquin qui reste un tel best-seller tant de milliers d’années après avoir été écrit, dites-moi si ça ne valait pas quarante ans d’errance ?
De plus, personne n’aurait songé à fêter ce voyage dément. Il n’y aurait jamais eu ni Pâque ni Pâques, pas d’œufs en chocolat, pas de congés scolaires pour célébrer cette errance survenue il y a près de trois mille cinq cents ans.
Comme quoi, la lenteur parfois, ça a du bon !

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