AND THE WINNER IS …

La saison des prix littéraires coïncide curieusement avec la chute des feuilles. Façon de souligner la disparition de la lecture ? Allons ! Malgré Twitter et Facebook, pas encore en course pour les récompenses, le livre garde la cote.

A preuve, les awards décernés cette semaine.

Le prix « Trois Chambres à Manhattan» au président Obama. Il avait déjà perdu les deux premières. Voilà qu’il vient de perdre cette semaine la dernière, celle que son parti contrôlait encore.

Le prix « Au-dessous du Volcan » à Charles Michel qui ne sait plus trop que faire pour échapper à l’éruption sociale. Si la lave finit par l’emporter, restera peut-être de son gouvernement bizarre un Pompéi que visiteront les prochaines générations.

Le prix « Les Mains sales » à Théo Francken dont les mauvaises fréquentations peuvent avoir des conséquences sur sa santé (et la nôtre).

Le prix « Au cœur des ténèbres » à Bart De Wever dont les intentions cachées sont de moins en moins lisibles mais de plus en plus inquiétantes.

Le prix « Cent ans de solitude » à François Hollande, déjà lauréat du prix « La Saison des Pluies » l’année passée.

Le prix « Dix petits nègres » à Matteo Renzi qui aura réussi à éliminer un à un tous les acteurs de la politique italienne des vingt dernières années. On l’incitera cependant à ne pas céder à l’euphorie en lui rappelant qu’à la fin du roman, l’assassin meurt aussi…

Le prix « Les âmes mortes » à Didier Reynders et à Elke Sleurs, un prix réservé aux fossoyeurs chargés de la tâche redoutable de mettre en terre la culture et la science belges, tout ce qui restait de l’âme de notre pays. Vu le nombre de cadavres qui attendent à la morgue, certains ont proposé de scinder ce prix et de le rebaptiser « De Sang Froid ».

Le prix « Autant en emporte le vent » à l’ensemble de la classe politique pour appliquer après chaque élection les mesures qu’elle combattait avant.

Le prix « Vingt ans après » à Nicolas Sarkozy pour l’encourager à se re-re-représenter en 2027 après ses échecs de 2012, 2017 et 2022. Sa vengeance assouvie, il aura droit au prix « Le comte de Monte-Cristo ».

Le prix «Hurlevent » à Laurette Onkelinkx pour saluer son bel organe. Mais avec l’automne, qu’elle se méfie des coups de froid…

Le prix « Pour qui sonne le glas » à Angela Merkel, si fière de la puissance allemande, et dont l’économie paye cette fois les mesures d’étranglement qu’elle a imposées à ses partenaires européens.

Le prix « A la recherche du temps perdu » à Jean-Claude Juncker qui en aura bien besoin pour sauver ce qu’il reste du projet européen. Mais sa Madeleine a peut-être déjà atteint la date de péremption.

Le prix « Crime et châtiment » à Vladimir Poutine. Cette année, il n’a reçu que la moitié du prix. La seconde partie attendra l’an prochain, si tout va bien. Sinon, on le rebaptisera le prix « Crime et Crime ».

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UNE HISTOIRE A DORMIR DEBOUT

C’est évidemment un président français, V. Giscard d’Estaing, qui a imaginé le G 6. Au pays du discours-roi, les causeurs raflent toujours la mise. C’était donc une idée de génie de transformer les principaux chefs d’état en maîtres du monde par la seule vertu du verbe.

Ces grandes messes annuelles n’ont pas pour fonction d’améliorer l’économie, la finance, le commerce mondial, la fiscalité, le chômage, sujets habituels à l’ordre du jour, mais comme dans les comices agricoles célébrés jadis par Alphonse Daudet et le maire de Champignac, c’est de parler haut.

Les chefs d’état se réunissent rituellement pour que toutes les caméras soient braquées sur eux, que leurs paroles soient recueillies comme vérités, guides, baumes, permettant et promettant de panser les plaies universelles. Panser c’est penser. Tout est mis en scène pour qu’ils apparaissent comme les guérisseurs du monde puisqu’ils détiennent la puissance du mot.

Le premier sommet du G6 s’était réuni peu après la crise pétrolière de 1973, le séisme qui a fissuré l’optimisme tranquille des Trente Glorieuses. Pendant trente ans, les hommes politiques avaient pu se reposer sur une croissance sans hoquets. Mais, dès la fin de la guerre du Kippour, ils ont dû changer de stratégie. Devenir les parleurs universels, faute d’un autre outil pour redresser, colmater ce qui commençait à faire eau de toute part.

Le « truc » a connu un immense succès. Tous les dirigeants de la planète ont joué des coudes pour faire partie du club. Aujourd’hui, ils sont 20 à Saint Pétersbourg à brandir leur carte de membre pour avoir droit aux micros. Je suis le maître du monde, dit Poutine, puisque G 20 invités les plus prestigieux de la terre à mes pieds. G 20 promesses non tenues, songent Obama, Mitchell ou Hollande mais peu importe puisque, devant les caméras, je donne toujours l’impression d’être le boss.

Qui se rappelle encore des grands serments des années passées sur la coordination des politiques économiques, la surveillance de la finance, et blabla et blabla ?

Qui se souviendra, lorsque la Syrie ne sera plus qu’une tache blême, des grands discours rooseveltiens sur « attention à ne pas dépasser la ligne rouge », « nous ne laisserons pas assassiner impunément » et autres « ne défiez pas le monde » ?

Sans remonter aux calendes nazies, on a pu massacrer tranquille au Cambodge ou au Rwanda et combien d’années a-t-il fallu avant que l’on vienne ramasser les morceaux en Bosnie ?

Assad peut gazer sa population puis ses voisins, s’ils ne restent pas dans les clous. L’Iran construire pépère sa bombe atomique. Tout le monde peut faire ce qu’il veut pourvu que les dirigeants du monde sourient sur la photo pour illustrer les futurs livres d’histoire (à dormir debout).

 

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BELGIUM : ONE POINT

Barack : Que lisez-vous Hillary ? Vous vous plongez dans les langues exotiques ?
Hillary : Le néerlandais pour les nuls. J’ai du mal…
Barack : Le néerlandais ? Dans quel pays du Moyen Orient parle-t-on ce sabir ?
Hillary : En Belgique, voyons ! Il paraît que c’est la langue des gens les plus intelligents du monde. Regardez à la télé « De slimste mens ter Wereld ». Donc je m’y mets.
Barack : OK. C’est un jeu ? Qu’est-ce qu’on gagne ?
Hillary : Premier prix : la direction d’un pays en plein micmac.
Barack : Ah ? C’est un politicien qui a décroché la palme?
Hillary : Non, un acteur comique.
Barack : Amaï ! Pas étonnant que les Belges n’aient pas encore de premier ministre ! Si la crise continue, envoyons-leur quelques députés irakiens comme consultants.
Hillary : Dire qu’en Egypte et en Tunisie, il n’a fallu que quelques jours pour changer de chefs d’état et de gouvernement.
Barack : Depuis que j’ai encouragé les foules arabes, je sens que j’ai la baraka. Si j’intervenais à la télé belge ?
Hillary : La télé belge ? Quelle télé belge ? Elles sont flamandes ou françaises et font tout pour s’ignorer quand elles n’accentuent pas le fossé entre leurs téléspectateurs. Parlez à la télé francophone, les Flamands défileront en criant US, go home ! Si vous choisissez la télé néerlandophone, ce sont les Wallons qui vont appeler l’armée française à la rescousse ! Un vrai casse-tête ce pays. En comparaison, le conflit israélo-palestinien est une sinécure ; on connaît le mode d’emploi. En Belgique, quand un joueur avance son pion, il en profite pour changer les règles du jeu. Ca craint !
Barack : Et où vont-ils comme ça ?
Hillary : Cahin-caha vers la partition du pays.
Barack (qui scrute la mappemonde du bureau ovale avec une loupe) : Il est pourtant si petit que je ne parviens pas à le retrouver sur la carte.
Hillary : Pas étonnant que le village des Schtroumfs ait été inventé par Peyo, un auteur belge. On a cru que c’était un univers de fantaisie. Mais ce Peyo était en dessous de la réalité : sur ce territoire minuscule ils veulent deux royaumes encore plus minuscules si ce scénario catastrophe se réalise, peut-être trois, voire quatre.
Barack (inquiet) : Et où ira l’Otan si le pays implose ?
Hillary : Laissez-moi réfléchir. Notre quartier général est situé à Bruxelles, une région à majorité francophone, enclavé en territoire flamand, qui pourrait devenir une ville-état, rattachée à Washington D.C. Vous me suivez ?
Barack : Alors, on déménage ? Podverdeke, Hillary ! Vous n’avez pas un dico bruxellois ? Si je dois me frotter à tous ces super-castars, il ne faut pas que j’ai l’air d’une klett ! Michèle ! Komme ke zien ! Fais la valise ! On s’installe à Bruxelles !

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