SAINT NICOLAS, REVIENS ! ILS SONT DEVENUS FOIS !

Depuis Halloween (pourquoi diable nous a-t-on collé une fiesta supplémentaire ?), les obligations de faire la bombe se succèdent à un rythme de plus en plus hystérique. Faut-il que nous soyons de parfaits moutons ou déjà des robots préprogrammés pour passer en quelques jours de l’effroi après les attentats de Paris à la paralysie sous l’alerte niveau 4 à Bruxelles puis, sans transition, à la course effrénée aux cadeaux, sapins enrubannés et fêtes de bureaux avant les folles parties de la Saint Sylvestre ?

Décidément, avec une bonne communication de masse du genre enfoncez-vous ça dans la tête, on fait de nous de parfaits chiens de Pavlov qui bavent sur un simple signal d’angoisse ou de plaisir. Un week-end, on nous convint de se terrer au fond de nos appartements en mangeant nos réserves de biscuits, les enfants coincés dans leur chambre, et le suivant on nous pousse à envahir les rues pour dévaliser les magasins en traînant la marmaille derrière nous et à nous éclater dans les lieux publics.

Il y a plusieurs façons de faire face à ces jours frénétiques. Le plus simple est de suivre le mouvement et de faire tout bêtement la chasse aux cadeaux. Je recommande en cette fin d’année 2015 les grands classiques adaptés à l’air du temps.

Tenez, revoilà sur le marché, un Pinocchio en forme de premier ministre dont le nez s’allonge au fil de ses déclarations. Les magasins fermés pendant le niveau 4 ? Je ne comprends pas les commerçants. Pourquoi ont-ils baissé le rideau de fer ? Je n’y suis pour rien. Ou quelques jours plus tard, lors de la COP 21: « Nous avons des engagements très clairs sur le plan international. Les Belges sont parmi les plus ambitieux dans le monde  (en matière d’environnement) ».

On recommande aussi le matériel de camping préconisé par Théo Francken qui, devant la réticence des réfugiés à se loger au WTC s’était écrié : « Ils préfèrent sans doute les tentes trop confortables du parc Maximilien ».

Revient aussi à la mode la boîte de premiers soins, grâce à Elio Di Rupo, avec son excellent slogan : « J’ai le cœur qui saigne quand je pense à ces femmes et ces jeunes qui vont être exclus (du chômage)».

Il y a ceux qui préfèrent fuir vers des lieux exotiques. Mais où se poser cette année ? A part la côte belge et Molenbeek, la plupart des destinations sont potentiellement dangereuses et les voyages lointains des provocations aux conclusions de la conférence des Nations-Unies sur l’environnement dont les lampions viennent à peine de s’éteindre.

Reste le plus doux, un bon livre au fond du canapé, un verre de vin à la main, en attendant que cette année horrible s’efface devant l’arrivée de 2016, une grande et belle page blanche…

www.berenboom.com

SAINT NICOLAS, REVIENS ! ILS SONT DEVENUS FOIS !

Depuis Halloween (pourquoi diable nous a-t-on collé une fiesta supplémentaire ?), les obligations de faire la bombe se succèdent à un rythme de plus en plus hystérique. Faut-il que nous soyons de parfaits moutons ou déjà des robots préprogrammés pour passer en quelques jours de l’effroi après les attentats de Paris à la paralysie sous l’alerte niveau 4 à Bruxelles puis, sans transition, à la course effrénée aux cadeaux, sapins enrubannés et fêtes de bureaux avant les folles parties de la Saint Sylvestre ?

Décidément, avec une bonne communication de masse du genre enfoncez-vous ça dans la tête, on fait de nous de parfaits chiens de Pavlov qui bavent sur un simple signal d’angoisse ou de plaisir. Un week-end, on nous convint de se terrer au fond de nos appartements en mangeant nos réserves de biscuits, les enfants coincés dans leur chambre, et le suivant on nous pousse à envahir les rues pour dévaliser les magasins en traînant la marmaille derrière nous et à nous éclater dans les lieux publics.

Il y a plusieurs façons de faire face à ces jours frénétiques. Le plus simple est de suivre le mouvement et de faire tout bêtement la chasse aux cadeaux. Je recommande en cette fin d’année 2015 les grands classiques adaptés à l’air du temps.

Tenez, revoilà sur le marché, un Pinocchio en forme de premier ministre dont le nez s’allonge au fil de ses déclarations. Les magasins fermés pendant le niveau 4 ? Je ne comprends pas les commerçants. Pourquoi ont-ils baissé le rideau de fer ? Je n’y suis pour rien. Ou quelques jours plus tard, lors de la COP 21: « Nous avons des engagements très clairs sur le plan international. Les Belges sont parmi les plus ambitieux dans le monde  (en matière d’environnement) ».

On recommande aussi le matériel de camping préconisé par Théo Francken qui, devant la réticence des réfugiés à se loger au WTC s’était écrié : « Ils préfèrent sans doute les tentes trop confortables du parc Maximilien ».

Revient aussi à la mode la boîte de premiers soins, grâce à Elio Di Rupo, avec son excellent slogan : « J’ai le cœur qui saigne quand je pense à ces femmes et ces jeunes qui vont être exclus (du chômage)».

Il y a ceux qui préfèrent fuir vers des lieux exotiques. Mais où se poser cette année ? A part la côte belge et Molenbeek, la plupart des destinations sont potentiellement dangereuses et les voyages lointains des provocations aux conclusions de la conférence des Nations-Unies sur l’environnement dont les lampions viennent à peine de s’éteindre.

Reste le plus doux, un bon livre au fond du canapé, un verre de vin à la main, en attendant que cette année horrible s’efface devant l’arrivée de 2016, une grande et belle page blanche…

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NIVEAU 4

Le haut niveau est un jeu, a dit un jour Jean-Claude Killy. Il ne pensait sans doute pas au niveau 4 car à cette hauteur, l’esprit ludique semble hélas s’évaporer. Quoique…

Samedi, mon fleuriste se demande ce qu’il doit faire voyant tous les commerces de la place, fermer les uns après les autres et des commandos en armes arpenter d’un air inquiet le petit centre commercial du quartier, où un mini-Carrefour paraît à leurs yeux une cible potentielle, choisie avec soin quelque part en Syrie. Il téléphone au numéro spécial ouvert pour l’occasion. Taper 1, taper 3, etc. Finalement, une aimable dame répond. Puis-je rester ouvert ? demande-t-il. Déconcertée, la téléphoniste le dirige vers le 112 où le pompier de service se demande pourquoi diable il appelle les urgences puis le transfère à son tour cette fois à la police communale. Après beaucoup d’hésitations, au bout du fil un agent lui répond qu’il ne sait pas. Avant de retéléphoner une dizaine de minutes plus tard pour préciser qu’aucune instruction particulière n’a été donnée à la police pour les fleuristes. Qu’il « prenne ses responsabilités ».  J’aime cette formule qui signifie dans le chef de celui qui la prononce que lui est incapable de les prendre.

Carrefour, Delhaize fermés, mais à géométrie variable également. La superette, fermée à la demande d’une patrouille en armes qui pointe son nez dans le magasin, bourgmestre en tête, rouvre une demi-heure plus tard quand les hommes sont partis ailleurs assurer la sécurité de la population et la paix des familles.

En revanche, la fermeture des cinémas, métros, musées, restaurants, bistrots et théâtres sonne comme un glas. Rideau ! Là, on ne rit plus. Yvan Mayeur a fait remarquer que les islamistes avaient atteint leur but. Bruxelles commençait à ressembler à une de leurs villes.

Même pendant la guerre, trams, théâtres, bistrots, cinémas sont restés ouverts. On ne les évacuait que lorsque commençaient les bombardements. A la sirène de fin d’alerte, tout ce petit monde sortait des abris et se remettait à manger, boire, circuler et se bousculer dans les salles obscures ou les cabarets. Le « principe de précaution » n’avait pas encore été inventé par les hommes politiques.

L’angoisse de mes parents dans ce Bruxelles occupé, je le raconte dans un livre « Mr Optimiste » que Christine Delmotte vient d’adapter au théâtre de la Place des Martyrs. La première, vendredi 13 novembre, a commencé comme une fête et s’est terminé, une fois sortis de la salle, en découvrant le cauchemar qui se déroulait en direct à Paris. Maudits smartphones ! Une semaine plus tard, les théâtres de Bruxelles étaient obligés de fermer. Faire taire un Mr Optimiste, quel inquiétant symbole. Pourtant, lorsque les représentations ont repris mercredi dernier, la salle était pleine. Pratiquement pas d’annulation. Même les élèves d’un lycée de la capitale sont venus. Un beau doigt d’honneur. L’honneur sauvé d’une ville qui retrouve son appétit de vivre et veut rester debout, civilisée et vivante.

Alain Berenboom