ENCYCLOPEDIE

DICTIONNAIRE des PERSONNAGES des ŒUVRES et des LIEUX  D’ALAIN BERENBOOM

Les personnages des romans d’Alain BERENBOOM par ordre alphabétique, les lieux où se dérou­lent ses romans, tout autour de la planète, et quelques thèmes.

AFRIQUE : le narrateur de La Position du missionnaire roux est chargé de la division lait en poudre, départe­ment Afrique, chez Nestlé. Mais, comme il le dit dès la première ligne du roman « Je hais l’Afrique« . Il s’est promis de ne jamais y mettre les pieds jusqu’à ce que le détourne­ment de l’avion Genève-Rome dans lequel il voyage l’oblige à parcourir tout le continent, de Kigali à Accra. 

  

Extrait :

  L’Afrique s’est répandue dans la carlingue avec sa chaleur moite, son odeur, son grouillement et ses microbes. Je sens qu’elle se glisse en moi. Déjà, la peau me gratte et se couvre de pustules. Il faut que cet avion s’en aille d’ici, et vite, avant qu’elle n’atteigne mon cerveau et ne me cloue au sol – ce sol maudit! (La Position du missionnaire roux)

Retour en Afrique avec Le Roi du Congo. Dans cette deuxième aventure de Michel Van Loo (après Périls en ce Royaume), le détective privé bruxellois part dans le Congo belge de 1948. Entre Kinshasa et le Katanga, s’il enquête sur un trafic d’uranium, il découvre surtout la société coloniale et les dessous de la guerre froide et de la course aux armements nucléaires. Avec l’aide de son amie Anne mais surtout de trois nains, Pim, Pam, Poum, de Baptiste et du redoutable Kwanga, qui lutte pour l’indépendance.  

Empereur ALEXIS COMNENE (La Jérusalem captive) : Basileus de Constantinople pendant la première croisa­de. Habile politicien qui se sert de Godefroi de Bouillon et de ses hommes pour reprendre subtilement pied au Moyen Orient. 

ALLEMAGNE (La Jérusalem captive): pendant sa traversée par la croisade de Godefroi de Bouillon, apparaissent Arno et sa bande et se déroulent les premiers pogromes.

L’ALLUMEE : v. Kathelyne.

Anne Van SOEST : cette délicieuse shampouineuse travaille dans le salon de coiffure de Fédérico dans la commune bruxelloise de Schaerbeek. Au-dessus du salon, se trouve le bureau du détective privé Michel Van Loo, son petit ami. Indispensable pour qu’il mène ses enquêtes (plus ou moins) à bien (Périls en ce Royaume, Le Roi du Congo, La Recette du Pigeon à l’Italienne, Van Loo disparaît). Elle est kidnappée par la propre cliente de Michel Van Loo dans La Fortune Gutmeyer en Israël. Elle devient la narratrice dans Van Loo disparaît quand le détective privé semble être devenu fantôme. 

ANVERS : le grand port flamand n’est pas seulement le cadre du Lion noir. C’est surtout un des personnages-clé du livre, un Anvers inquiétant, phagocyté par l’extrême droite.

Extrait :

   « Anvers est une ville de désespérés. Tant de réfugiés ont échoué ici, arrêtés par la mer, l’épuise­ment, le découragement. Ceux qui n’ont pas été capables de gagner l’Amérique, qui n’ont pas osé ou qui étaient trop fatigués sont restés à cultiver leur amertume et à préparer le terrain pour l’extrême droite. Savez-vous qu’elle a failli prendre le contrôle de la ville aux dernières élections?

    Perplexe, Fred jeta un coup d’œil à travers les vastes baies du restaurant. D’un côté, le fleuve paisible, traversé par des péniches ripolinées, de l’autre, un quai en pierre du siècle dernier fraîche­ment restauré, bordé d’immeubles somptueux de l’époque coloniale et de quelques bâtiments high tech d’archi­tectes à la mode. Parlait-il de la même ville? » (Le Lion noir). 

ARNO (La Jérusalem captive): chef d’une bande d’hooli­gans hirsutes qui rejoint la première croisade pendant la traversée de l’Allema­gne, bien décidée à semer le désordre et la mort. Massacres de juifs en Allemagne, d’Arabes en Orient, Arno et ses sbires préfigurent les milices fascistes. 

       Extrait : 

  Lorsque Bertrand Marie ouvre les yeux, un doux soleil illumine la plaine d’un vert tendre. Son cœur se met à battre comme s’il tentait de l’arracher à un cauchemar. Le soleil est partout sauf sur lui. On dirait que la nuit s’attarde au-dessus de sa couvertu­re. L’ombre malsaine qui l’écarte des autres est un homme. Un homme d’une stature aussi impressionnante que Godefroi mais c’est bien là leur seule ressemblance. Les cheveux hirsutes, le visage déchiré de cicatrices, les yeux noir saillant sous d’épaisses paupières plissées, il dégage une telle impression de brutalité sauvage que nul ne peut hésiter devant les taches brunâtres qui salissent son vêtement de laine grossiè­re, c’est du sang. Bertrand Marie ferme les yeux puis les rouvre très lentement. Il respire un bon coup mais le cauchemar plane toujours au-dessus de sa tête.   

   « On veut voir le Roi ! On a des choses à lui dire ! » Bertrand Marie se redresse. Frankenstein lui a parlé ? 

– Le Roi ? Quel Roi ? balbutie-t-il.

– Tu lui diras qu’Arno et les Hommes sont arrivés.

– Attendez, je…

   Mais l’autre déjà s’est éloigné, d’un pas bougon. Encore tremblant, Bertrand Marie le suit des yeux. Le grand escogriffe se dirige vers la forêt toute proche. A la hauteur des premiers arbres, il s’arrête, et presse ses pouces contre sa bouche entrouverte. En sort un cri étrange, entre le sifflement du serpent et le rugissement de l’orang-outang en rut. L’activité du camp s’immobilise aussitôt. Tous les regards se tournent inquiets vers la forêt. Pendant quelques minutes, il ne se passe rien. Rien d’autre à voir qu’Arno, les bras ballants, les yeux mi-clos comme endormi. Bientôt, le feuillage tremble. Un être surgit de l’ombre, puis un autre, et un autre encore, gris, grouillant comme des rats. Des êtres humains, ça? Le crâne rasé rougi ou les cheveux coupés de façon à former une croix au sommet du crâne, parfois une bague dans le nez, couverts de peaux ou de hardes en loques, ils se groupent en un clin d’œil autour d’Arno dans un ordre et un silence impressionnants et, à son signal, se mettent en route, droit sur la tente de Godefroi. L’état de grâce de la croisade aura duré sept jours. L’ivresse du pouvoir tourne de plus en plus vite à la gueule de bois. Les temps modernes ont commencé.

   Nul ne sait d’où ils viennent et pourquoi ils veulent être du voyage. Un soir, près de Trèves, la troupe s’est endormie encore fraîche, la tête pleine de rêve de gloire dans une Jérusa­lem de paillet­tes façon Cécil B. De Mille. A peine troublée par des paysans venus raconter que le camp est dressé au-dessus d’un cimetière préhistorique. Façon sans doute de l’éloigner de leurs champs et de préserver leurs récoltes. Le matin suivant, elle se réveille au milieu des Hommes. A partir de ce moment, rien ne se passe plus comme avant. Des bagarres, des coups de poing, des gueules écrasées, rien de cela n’avait manqué bien sûr dans cette bande hétéro­clite qui a ramassé ce qui traînait dans tous les coins d’Europe. Mais, depuis que les Hommes les ont rejoints, les coups de poing ne mettent plus fin aux bagarres et les gueules écrasées le restent à jamais. Quand une de ces brutes s’approche, on serre les dents et on baisse la tête. Et on obéit s’il commande. Quelle langue parlent-ils ? Peu importe. Ils s’expri­ment par onomatopées mais tout le monde en saisit le sens rien qu’en regardant leurs yeux. Quand ils s’agenouillent avec les autres pour prier, aucun son ne franchit leurs lèvres. Leur bouche reste ouverte, noire, sans fond. Ils marchent en jetant des regards furieux autour d’eux, prêts à défendre leur peau à chaque instant. Parfois, ils surgissent derrière un homme et, sans raison, lui font sauter les dents ou le nez en poussant un cri guttural. Ces intermèdes ont d’abord paru rigolos. Dans cette marche monotone, une bonne paire de baffes apportait un souffle d’air frais. Peu à peu, on a cessé de rire de leurs coups de gueule. Une étrange tension s’est abattue sur la troupe que n’apai­sent ni les prières, ni la fatigue, ni la nuit. Personne ne se moque plus de ceux qui tombent entre leurs mains, personne ne se glisse plus la nuit vers les filles. Bechada lui-même n’a plus le cœur à la drague. Jusqu’à ce qu’Arno disparaisse avec sa meute, aussi soudainement qu’il était apparu (La Jérusalem captive).

AUBERGE ESPAGNOLE : titre d’une courte pièce de théâtre publiée dans le recueil « L’Auberge espagnole et autres histoires belges » (éditions Le Grand Miroir). Créée dans le cadre du festival « Les Estivales » durant l’été 2000 dans la salle des pas perdus du palais de justice de Bruxelles pour la célébration de Bruxelles capitale culturelle de l’Europe. C’est une satire piquante de la justice belge, épinglant au passage les « dysfonctionnements » de l’affaire Dutroux et la mort de Semira Adamu, une réfugiée nigériane tuée par la gendarmerie à l’occasion de son rapatriement. 

AUSCHWITZ : le camp de la mort est au cœur du Pique-nique des Hollandaises. L’Auschwitz dans la Pologne d’aujourd’hui avec son village qui refuse de savoir ce qui s’est passé dans le camp tout proche, malgré la présence de Madame Manicewicz, la seule Juive revenue vivre dans le village après la guerre. 

  Bokma, homme d’affaires hollandais, avec l’aide d’un fonctionnaire polonais, Sadi Benerian, tentent de « privatiser » le camp et d’en faire une attraction pour touristes, entraînant malgré lui Van Loo, attaché culturel belge à Varsovie. 

AVION – AEROPORT : beaucoup d’avions et d’aéroport dans une œuvre où les personnages parcourent le monde d’aujourd’hui. Dans La Position du Missionnaire roux, bien sûr qui se déroule de la première à (presque) la dernière ligne dans un avion, détourné par des pirates de l’air. Mais aussi dans le Pique-nique des Hollandaises, où l’aéroport sert de cadre au dénouement ou dans Escale (nouvelle publiée dans le recueil L’Auberge espagnole), qui se déroule dans la zone transit d’un aéroport. La gendarme, Anne-Marie, un des principaux personnages de la pièce de théâtre L’Auberge espagnole, travaille à l’aéroport où elle est chargée des étrangers en séjour illégal. C’est aussi à l’aéroport de Bruxelles-National que se dénoue l’intrigue de Clandestine entre Bruxelles et Israël.   

BANGEMANN (Le Lion noir) : commissaire de police à Anvers. Ami de Christian Metzinger et représentant de la nouvelle politique de la police. Chargé de l’enquête sur la mort de Daniel Metzinger, il montre un plus grand empressement à accueillir les belles femmes dans son bureau qu’à mener son enquête au point que Fred le soupçonne de sabotage et de liens avec l’extrême droite.

BAUDOUIN 1er (Le Lion noir) : le roi des Belges est devenu un fantôme et il erre sur les bords du fleuve qui traverse le monde des morts.   

Son sosie est un des trois nains dans Le Roi du Congo.

Professeur BEIDEKKER (La Jérusalem captive): un des mandarins du Collège royal d’Histoire de Bruxelles. C’est lui qui accueille Fred Malgudi, venu d’Ukraine avec un manus­crit précieux sur la première croisade et qui fait tout pour s’en emparer et le publier à son nom. Dispose d’un bataillon de jeunes collaboratrices (les « têtes chercheuses ») dont la Durauborg. 

BEIGELBROT : Avocat renommé et membre du conseil de l’Ordre des avocats de Bruxelles dans Périls en ce Royaume. Son fils, Yann, qui l’accuse de collaborer avec les Nazis, part en Angleterre poursuivre la lutte dans la RAF. A son retour, son père est mort, abattu comme otage. Entré dans le cabinet du ministre des Affaires étrangères, il disparaît. Sa mère et sa sœur Madeleine engagent Michel Van Loo pour le retrouver.   

BEILIS (Michaël) : v. Le Rêve de Harry. 

BELGIQUE : (voyez aussi Bruxelles).

Après avoir beaucoup voyagé dans ses quatre premiers romans, A. Berenboom est revenu en Belgique pour Le Lion noir. Le Goût amer de l’Amérique se déroule aussi en Belgique. Auparavant, il avait emmené ses lecteurs en Afrique (La Position du Missionnaire roux), en Chine (La Table de riz), en Hollande et en Pologne (le Pique-nique des Hollandaises) et d’Ukraine à Bruxelles et de Bruxelles à Jérusalem sur les traces de la première croisade (La Jérusalem captive). 

Le Lion noir se passe à Anvers au début de ce siècle dans un climat angoissant et fantastique, pendant que s’installe l’extrême droite aux commandes de la métropole. Dans ses textes et nouvelles, A. Berenboom a souvent pris Bruxelles (V. ce mot) pour cadre de ses récits. Il a aussi abordé la justice belge avec L’Auberge espagnole (v. ce mot).

Avec Périls en ce Royaume, il inaugure une série policière historique dont le héros, Michel Van Loo, est un détective privé bruxellois. La première enquête, Périls en ce Royaume, se déroule à Bruxelles en 1947 en pleine affaire royale. La seconde au Congo belge (Le Roi du Congo), la troisième, La Recette du Pigeon à l’Italienne, à Liège en 1949. Suivront La Fortune Gutmeyer (qui emmène le détective Van Loo en Israël), L’Espion perd la boule à l’Expo 58 de Bruxelles et Van Loo disparaît au fond de la campagne du Hainaut.

Dans Périls en ce Royaume, Van Loo explique la Belgique ainsi :

« En rentrant chez moi, je songeai à la complexité de notre petit pays. Vu de loin, un paradis sur Terre, patrie du chocolat, du fromage et de la démocratie : la Suisse, mais avec sept cents bières différentes en prime. En réalité, un chaudron en ébullition où un apprenti sorcier tentait de mélanger des ingrédients qui n’étaient pas destinés à se mêler et réagissaient violemment pour éviter la fusion. Pourtant, dans le passé, des Belges avaient déjà réussi bien des miracles et associé d’autres éléments dont personne n’aurait pensé qu’ils puissent s’allier et bonifier ensemble. La gueuze et la grenadine, par exemple. N’était-ce pas un signe ? »

Le rêve de Harry est obsédé par le projet de rouvrir un cinéma à Bruxelles. Dans Clandestine, le destin d’une réfugiée russe à Bruxelles en 2005 plonge dans la politique belge à l’égard des étrangers.  

Dans « Ecrivain belge » (dans le recueil L’Auberge espagnole), il s’interroge sur sa « belgitude ».

Extrait :   

 Il paraît que je suis un écrivain de la communauté française de Belgique (c’est ainsi qu’on dénomme la culture chez nous). Je parie que pas un seul libraire n’est jamais parvenu à caser cette étiquette sur le rangement sans empiéter sur le rayon voisin. Et Dieu sait avec qui mes livres sont alors confon­dus. D’après l’ordre al­phabéti­que, je dois être mêlé aux Coréens ou aux Cubains. A moins que, pour éviter les confusions, ce bon libraire n’ait choisi une abréviation qui rende mon espèce définitivement in­compréhensible : « écrivains Co.fran.bel. » ou « francs belg. ». Peut-être « commu.be. », qui présente le risque d’être pris pour un communiste bul­gare (dont le rayon ne doit pas être plus imposant).

   Je suis né en Belgique, j’aurais donc pu être écrivain belge, ç’aurait été tellement simple. Mais voilà, la catégorie n’existe plus. A peine avais-je commencé à publier que, crac, la Belgique était supprimée. Fallait être Wallon ou Flamand… Moi qui suis né à Schaer­beek, j’aurais volontiers revendiqué le statut d’écrivain bruxellois. Mais il paraît que cette appellation n’a pas été retenue trop bâtarde pour être sérieuse. Ecrivain juif alors ? Non, politiquement incorrect, me dit-on. Quant à mes origines, elles embrouillent tout. Mon père est né à Makow et ma mère à Vilno. Qui a jamais entendu parler d’un écrivain lituano-polonais écrivant en français de Bruxelles ? Peu d’espoir que le libraire s’y retrouve davantage… 

   De mes parents, je tiens mon amour pour Bruxelles et mon goût pour les frontières floues. De mon oncle aussi. Mon oncle est né comme ma mère à Vilno, d’où il s’est enfui pour Berlin à cause de la menace bolchévi­que puis pour Bruxelles devant la menace allemande puis pour Nice devant l’invasion nazie puis pour Montevideo quand les Italiens se sont emparés de Nice, puis pour la France à nouveau quand les mouvements communistes ont commencé à fleurir en Amérique latine. A peine s’était-il installé que des ministres communis­tes entraient dans le gouver­nement français. J’aurais dû choisir, m’a-t-il avoué ce jour-là, de retourner en Belgique où la situation politique est tellement plus sûre. De mon oncle, je tiens mon excellent flair politique (¼) 

   

BENERIAN, Sadi (Le Pique-nique des Hollandaises) : fonctionnaire au ministère polonais de la culture. Dans la Pologne hâtivement privatisée de l’après communisme, il imagine des formules nouvelles pour financer la politique culturelle. Avec l’homme d’affaires hollan­dais Bokma, il se propose de faire d’Auschwitz un lieu d’attraction touristique.  

BENNY (Le Lion noir) : mari de Fred, héroïne du Lion noir. Juif égyptien, il est obsédé par l’Holocauste que sa famille n’a pas vécu. Macho autoritaire et arrogant, il poursuit Fred qui l’a quitté tout au long du Lion noir. 

BERTRAND-MARIE : principal personnage de la partie « croisade » de La Jérusalem captive. Jeune Juif caché devenu aide d’un bourreau célèbre (le père Busweisser dit le père Cause-Cause), il lance malgré lui Godefroi de Bouillon sur la route des croisades et la délivrance de Jérusalem. Et l’accompagne, assistant malgré lui aux pogroms et à l’anéantissement des Juifs d’Allemagne puis du Moyen Orient.

BIEDERMAN, Cyrille : L’avocat bruxellois est le narrateur de Clandestine. A travers le destin d’une jeune Russe qui a fui Moscou, Iulia, Le roman retrace la Russie de la fin de l’URSS et les années Eltsine et le début de la présidence Poutine. L’avocat Biederman a une maman, une vieille juive russe qui loge Iulia et qui parle de son amour de la Russie éternelle. 

BOHEMOND (La Jérusalem captive) : duc de Tarente, baron de la première croisade. 

BOKMA (Le Pique-nique des Hollandaises) : homme d’affai­res hollandais qui accompagne Van Loo, l’attaché culturel de Belgique à Varsovie, avec l’idée de faire du business dans ce « nouveau Far West » qu’est la Pologne d’après le communisme. S’intéresse au projet de transformer Auschwitz en une attraction touristique. Il est flanqué de trois sémillantes et redoutables jeunes Hollandaises, dont miss Biceps, qu’il lance dans les bras de Zladek pour favoriser son entreprise. 

BOUILLON (La Jérusalem captive) : à l’occasion de la visite du bourreau itinérant, Godefroi rencontre Bertrand-Marie et décide de lancer la première croisa­de. 

  

Extrait :

  « Au moment où Godefroi pénètre dans ses états, personne ne pense à quitter son château, son village, sa misère. Et ceux qui habitent Bouillon, moins que quiconque. Fiers qu’ils sont de leur cité et de l’immense château qui la surplombe. Et pour­tant… Vous avez déjà vu à quoi ressemble Bouillon depuis que la Belgique a avalé la Basse Lotharingie ? Le trou du cul du monde ! Un château sinistre à moitié en ruines, rongé par des herbes tristes, quelques friteries dont l’odeur empuantit jusqu’au chemin de ronde et des boutiques de souvenirs. A l’époque, les friteries et les boutiques n’étaient peut-être pas encore installées (quoiqu’elles aient l’air d’ori­gine) et tout le monde convoitait la triste forte­resse » (La Jérusalem captive). 

BRANDON (La Jérusalem captive) : éditeur. Il travaille assidûment avec la commission européenne dont il pompe les subventions. L’amitié d’un fonctionnaire européen, Julian Winter, pour sa charmante collaboratrice, Sophie, n’y est pas pour rien. 

BRUNO (Le Lion noir) : ancien flic anversois (et solide alcoolo) qui aide l’héroïne du Lion noir, Fred, dans son enquête sur les traces de l’assassin de Daniel Metzin­ger. C’est lui qui met Fred en rapport avec le docteur Tagenbush et sa machine à remonter dans le royaume des morts. Flamand nationaliste et libertaire, il combat les fascistes mais fraye avec certains de ses représen­tants. 

BRUXELLES : Dans La Jérusalem Captive, le siège du Collège royal d’Histoire où enseigne Fred Malgudi quand il arrive d’Ukraine est à Bruxelles, capitale de l’Europe. C’est la fascination pour l’Europe (et ses subventions) qui va attirer Malgudi à la commission européenne, dont il espère l’aide pour publier son précieux manuscrit sur la première croisade.

C’est aussi à Bruxelles que se déroule Le Goût amer de l’Amérique, où se mêle au portrait d’une bande de jeunes Bruxellois d’aujourd’hui (Georges Malgudi et ses petits boulots, sa petite amie Louisa et son ami Ahmed) la nostalgie d’une époque révolue, celle où Bruxelles rêvait de Hollywood. 

Le Bruxelles de l’après-guerre sert de cadre à la première enquête de Michel Van Loo, détective privé à Schaerbeek mais le Bruxelles de l’après-guerre (le roman se passe en 1947) est surtout le principal personnage de ce polar. On retrouve Bruxelles dans toutes les enquêtes de Michel Van Loo. Dans L’Espion perd la boule, c’est l’Expo 58 qui est au cœur de l’intrigue. Dans Van Loo disparaît, le détective fait des aller et retour entre le village de Wallonie où il mène son enquête et Bruxelles. 

Bruxelles est aussi le décor et le cœur de Monsieur Optimiste qui raconte comment les parents du narrateur venus de l’est sont devenus de purs Bruxellois. 

Le Rêve de Harry (voir le titre) se déroule à Bruxelles comme Clandestine (v. aussi le titre).

Beaucoup de nouvelles d’A. Berenboom se déroulent à Bruxelles, notamment Véra à Vélo (dans Bruxelles, du noir dans la blanche, éd. Autrement), Bloum à la Bourse (dans Bloum à Bruxelles, éd. Castor astral), Milou chez les Juifs (dans le recueil de onze aventures de Tintin, Drôles de Plumes, éd. Moulinsart), La Fille du Super 8 (éd. Le Grand Miroir), ainsi que plusieurs histoires du recueil L’Auberge espagnole et autres histoires belges (éd. Le Grand Miroir) : Pharmacie Hubert B, Jours de campagne, l’Auberge espagnole, Escale.  

Père BUSWEISSER (La Jérusalem captive) : bourreau itinérant, notamment utilisé par Godefroi de Bouillon. Surnommé le père « cause-cause » pour son habileté à faire parler les suspects, il est très efficacement secondé par Bertrand-Marie qui imagine des machines nouvelles pour suppléer les défaillances dues à son âge. Avec Bertrand-Marie, il se retrouve entraîné sur la route de Jérusalem dans le sillage de la première croisade. 

CAFMEYER, Stanislaw (Le pique-nique des Hollandaises): peintre polonais bougon, vivant mal sa double vie de peintre et de comptable mais surtout son aspiration d’artiste sans cesse contrecar­rée par son activité de faussaire (de génie). Il a produit notamment quelques-uns des tableaux attribués au peintre romantique polonais Bieniakonski et surtout au grand Vermeer.

   

    Extrait :

    « A huit heures du soir, l’atelier de Stanislaw Cafmeyer s’illuminait comme un arbre de Noël. Cette débauche de lumière était le seul luxe que s’offrait le peintre. La nuit, il avait l’impression de vivre en arystokratka dans son palais. Deux pièces délabrées au sommet d’un escalier pourri, des auréoles d’humidité sur les murs gris, une plomberie déficiente mais des lampes partout: sur les meubles, sur les murs, par terre, un amas hétéroclite de lampadaires, tous allumés. C’est ainsi qu’il imaginait la vie de châ­teau. » (Le Pique-nique des Hollandaises)

CASANE : employé d’Ignazio Silone, l’entrepreneur-colombophile qui consulte Van Loo dans La Recette du Pigeon à l’Italienne. Fat, cynique, dragueur, il va accompagner Michel Van Loo, engagé par son patron pour élucider la mort de son plus beau pigeon avant de se faire abattre dans le colombier de son patron. 

Père CAUSE CAUSE : surnom du père BUSWEISSER.

CELINE (La Position du Missionnaire roux) : épouse fantasque et capricieuse du narrateur de La Position, qui dirige le département lait en poudre de Nestlé en Suisse. Elle le quitte pour suivre Jim Pète-sec, le missionnaire roux, dans ses combats contre la politique des multinationales en Afrique.

CHINE : La Table de riz se déroule dans et autour d’une école de cinéma d’une grande ville chinoise à la fin des années quatre-vingt. V. aussi HONG KONG.

CINEMA : le cinéma est une des sources importantes d’inspiration d’Alain Berenboom. Mais aussi de nostalgie. Ses romans truffés de références au cinéma et plusieurs films servent de moteur aux intrigues. Citons notamment « Avanti » de Billy Wilder et « Drôle de drame » de Carné et Prévert dans La position du Missionnaire roux, La grande illusion de Renoir dans Le Lion noir. 

La table de riz se passe dans une école de cinéma chinoise (où Orson Welles vient donner un cours hilarant), L’Homme qui écrivait la vie de Jimmy Stewart évoque la carrière et les films du célèbre acteur américain. 

La Fille du Super 8 explore les étranges films amateurs tournés par le père du narrateur, Simon.  

Dans Le Rêve de Harry, en guise de clin d’œil chaque chapitre (il y en a quarante-trois) est nommé du titre d’un film. Un cinéma mythique de Bruxelles, le Crystal Palace, est l’enjeu de l’intrigue.   

CLANDESTINE : Son titre de travail était « Quand ma mère aimait les Russes » mais l’éditrice a préféré CLANDESTINE, ce qui révèle l’hésitation que peut avoir le lecteur entre les deux femmes du roman, la mère du personnage principal, Madame Biederman, de Iulia, une jeune Russe, étrangère qui erre sans papiers à Bruxelles. 

Le roman nous plonge dans la Russie (et la Belgique) de 2005. Poutine a été réélu président quelques mois auparavant. Au début du roman, l’avocat Biederman, reçoit Iulia, qui vient de s’échapper d’un centre de détention pour étrangers. D’où elle devait être expulsée vers Moscou. Il la loge dans l’appartement de sa mère, une ex-communiste au tempérament bien trempé mais qui perd peu à peu la tête. 

Iulia raconte qu’elle a grandi à Gorki, travaillé à Dresde pour le KGB avec Poutine. Avant d’être envoyée à Téhéran. De retour à Moscou du temps d’Eltsine, elle se serait fait piéger dans un scandale politique via une sextape, une mise en scène orchestrée par Poutine pour compromettre le procureur général de Russie (fait authentique). Le livre retrace les pérégrinations de Iulia en Russie, pourchassée par les services de Poutine et en Belgique, à la recherche désespérée d’un sauf-conduit pour échapper aux griffes russes. 

COMMISSION EUROPEENNE : le fonctionnement kafkaïen et pervers de la commission européenne est au cœur de La Jérusalem captive.

CONSTANTINOPLE (La Jérusalem captive) : l’une des haltes importantes de la première croisade dans le roman La Jérusalem captive. 

DESCHANEL, Marcus :  Le narrateur d’HONG KONG BLUES est un écrivain dont la carrière bat de l’aile, un journaliste dans un quotidien régional du Nord, qui est envoyé par son éditeur écrire un Carnet de Voyages. Sa vie personnelle est bouleversée par sa séparation avec sa compagne, Kathryne, qui a emporté leur petite fille, Gabrielle. A Hong Kong, la police l’empêche de quitter l’île et confisque son passeport. S’ensuit une longue errance à découvrir la ville et ses mystères tout en essayant de la quitter.  

DIBOUK :  dans la tradition juive, le dibouk est une âme qui prend possession d’un vivant, qu’il faut alors libérer par un exorcisme. La nouvelle intitulée « Refus d’éditer » (paru dans le numéro de printemps 2005 de la Nouvelle Revue française, Gallimard) est sous-titrée « La souffrance du dibouk ». C’est l’histoire d’un écrivain qui croit que le refus de son manuscrit par son éditeur, Goldman-Lévi, tient à une cabale¼

DRÔLE DE PLUMES : recueil de onze aventures de Tintin écrites par onze écrivains belges de langues française et néerlandaise et publiées à l’occasion de l’anniversaire des 70 ans du roi des Belges, Albert II, et des 75 ans de Tintin. Dans sa contribution, « Milou chez les Juifs », A. Berenboom entraîne Tintin et Milou dans l’immédiate après-guerre à la rencontre des Juifs et du judaïsme par une visite dans la grande synagogue de Bruxelles.

Le livre est paru en néerlandais et est traduit en espagnol.

EDITEURS : Les trois premiers romans d’Alain Berenboom ont été édités par les éditions Le Cri (Bruxelles). La Jérusalem captive par les éditions Verticales (Paris), Le Lion Noir par Flammarion (Paris). Le Goût amer de l’Amérique est édité par les ed. Bernard Pascuito comme les deux premières enquêtes de Michel Van Loo. Ensuite tous les romans d’A. Berenboom sont édités par les éditions Genèse tant en grand format qu’en poche (collection Poche belge)

EXPO 58 : La cinquième enquête de Michel Van Loo, détective privé, (L’Espion perd la Boule) se déroule en 1958 pendant le chantier de l’Expo. Façon aussi de montrer comment la Belgique a basculé cette année-là vers la modernité et l’ouverture au monde en devenant une plaque tournante des relations internationales. 

EXTRÊME DROITE – FASCISME : L’apocalypse provoquée par le fascisme et la montée nouvelle de l’extrême droite sont des thèmes récurrents de l’œuvre d’A. Berenboom. Le Pique-Nique des Hollandaises évoque l’oubli de l’holocauste, balayé par la société de consommation, Le Lion noir la montée de l’extrême droite à Anvers et à Bruxelles dans sa nouvelle Jours de campagne (dans le recueil L’Auberge espagnole) et dans la Fille du super 8, le « recyclage » des nazis après la guerre. Dans Périls en ce Royaume, qui se déroule à Bruxelles en 1947, les blessures de la guerre sont le fil rouge de l’histoire, de la persécution des Juifs à la collaboration avec les nazis (qu’on retrouve aussi en filigranes dans sa nouvelle Milou chez les Juifs). 

FEDERICO : Venu de Brindisi, où il a combattu les fascistes pendant la guerre, Federico Simoni s’est établi coiffeur à Schaerbeek (« L’art du cheveu »). Au-dessus de son salon, se trouve le bureau de détective de Michel Van Loo avec qui il partage le téléphone… et sa shampouineuse, Anne. L’aide de Federico et de ses deux amis syndicalistes communistes, les frères Motta, est bien nécessaire pour permettre à Michel Van Loo de mener à bonne fin ses enquêtes dans Périls en ce Royaume puis dans La Recette du Pigeon à l’Italienne. On les retrouve dans Van Loo disparaît venu à la rescousse du détective en bien mauvaise posture.  

FEMMES : Les femmes sont au cœur des romans d’Alain Berenboom. Quand elles ne sont pas les principales protagonistes (La Table de Riz, Le Lion noir, Clandestine), elles sont les personnages essentiels de la plupart de ses livres. 

Même si beaucoup de narrateurs des romans d’A. Berenboom (qui recourt souvent au « je ») sont des hommes, ce sont les femmes qui occupent le rôle principal ou qui mènent l’intrigue. Des femmes au caractère trempé, dissimulé sous une douceur apparente, ce qui contraste avec les personnages masculins, généralement des anti-héros, un peu maladroits et perdus dans la vie. Telle Céline, l’épouse du narrateur de La Position du Missionnaire roux qui le quitte pour un missionnaire. Outre les trois Hollandaises du titre du Pique-Nique des Hollandaises, c’est Melle Manicewicz qui explique les errements du personnage principal. 

Dans Monsieur Optimiste, la mère du narrateur a au moins autant d’importance que son père malgré le titre du livre. La rencontre de Michaël Beilis avec Camille explique pourquoi Michaël décide de réaliser Le Rêve de Harry. Dans Clandestine, le narrateur, l’avocat Cyrille Biederman, est balloté entre les deux femmes du roman, sa mère et sa cliente, la jeune Russe Iulia, toutes deux de sacrés caractères. 

Enfin, Anne, la fiancée de Michel Van Loo est aussi indispensable au détective privé que Watson à Sherlock Holmes. Sauf que les rôles sont inversés, la plus fûtée c’est Anne et le plus godiche, Michel Van Loo… 

FRED (Le Lion noir) : elle s’appelle Frédérique mais veut qu’on l’appelle Fred. Consultante audiovisuelle française, elle rencontre à Anvers à l’occasion d’un colloque Daniel Metzinger, qui se fait tuer sous ses yeux puis qui réapparaît sous ses yeux sous forme de fantôme. Revenue à Anvers, elle tente de comprendre qui l’a abattu et surtout de reprendre contact avec lui. Avec l’aide notamment de Bruno et du docteur Tagenbush.

Après un mariage malheureux avec Benny, elle ne veut plus que des relations physiques, violentes et fugaces avec les hommes, jusqu’à sa rencontre avec Daniel Metzinger. 

Frère GASPARD (La Jérusalem captive) : redoutable et dangereux confesseur de Godefroi de Bouillon, dont il est le principal conseiller tout au long de la croisa­de. 

GODEFROI DE BOUILLON (La Jérusalem captive) : duc de Lotharingie, il se morfond dans ses tristes Etats, rêvant de Jésus et de gloire. En entendant Bertrand-Marie lui parler de Jérusalem, il le prend pour un envoyé de Dieu et lance la première croisade. Au milieu des luttes sournoises entre les autres barons, il en devient le chef, malgré lui et malgré (ou grâce à) ses inapti­tudes. Peut-être parce qu’il est le seul multi­lingue. Quoique sa façon de s’exprimer ne soit pas très lumineuse.

  Extrait :

  « Reuxreux de te revoir, Bertrand-Marie, murmure Godefroi, sinistre. J’ai quelque chose de pénib’ à te confier…Je peux te causer lerbement, s’pa? Tu es un fidèle? Voilà: j’ai la culotte qui gonfle… » (La Jérusalem captive).

GOOSSENS, Jean : patron des services secrets belges dans Expo 58 : L’Espion perd la Boule, la cinquième aventure de Michel Van Loo

GORDIMER, Ralph : auteur malheureux d’un manuscrit intitulé « L’Homme qui prenait le Messie pour une lanterne » refusé par l’éditeur Goldman-Lévi dans « Refus d’éditer ou La Souffrance du Dibbouk » (Nouvelle Revue française, NRF, printemps 2005, éd. Gallimard); 

GRAND NOIR (La Position du Missionnaire roux) : passager voisin du narrateur lorsque l’avion dans lequel ils se trouvent est détourné par des pirates en direction de l’Afrique. Malgré la peur repoussante du narrateur pour l’Afrique et les Africains, il est obligé de partager ses multiples aventures avec le grand Noir (qui se révèle être Ecossais et s’appeler sir Charles).

GRUBANSKI (La Fortune Gutmeyer) : David est diamantaire à Anvers. C’est lui qui convertit la Fortune Gutmeyer en diamants à Genève. Son frère Abel dirige une yeshiva à Jérusalem, accueille Gutmeyer (qui s’y réfugie sous le nom de rabbin Feldman) et encaisse au passage de quoi renflouer son école rabbinique. 

GUTMEYER Arnold L. (docteur) : ce médecin de renom vivait à Prague avant la guerre avant d’être emmené comme la plupart des Juifs tchèques dans le camp de Terezin où il va disparaître, ainsi que son épouse, emportée par le typhus. Mais, il réapparaît inexplicablement en 1953, en allant vider son compte en banque suisse puis disparaît à nouveau pour s’établir, semble-t-il en Israël. Où Michel Van Loo tente de retrouver sa piste pour compte de sa fille, Irène, devenue de Terrenoir par son mariage avec un diplomate français (La Fortune Gutmeyer, 2015). En réalité, elle s’appelait Teresa Hynek. 

Il existe une autre Gutmeyer, Shoshana, dite Shosha, née Singer la seconde épouse du docteur G. (petit clin d’œil à un des meilleurs romans de I.B. Singer) dont il a fait connaissance dans le camp de Terezin et qu’il a épousée en 1945 à Vienne.

Un de ses collègues pragois se fait aussi appeler Gutmeyer en revenant du camp de Terezin après la guerre d’abord en Tchécoslovaquie puis en Israël (où il adopte le nom d’Aaron Levine).

Tout le monde change de nom dans ce livre : en Israël, le Dr Gutmeyer est devenu le rabbin Feldman. Tandis que Michel Van Loo voyage sous le nom de Gutmeyer !

HARRY : v. Rêve de Harry. 

­HELENA VAN KEMPEN (Le Lion noir) : collaboratrice de Daniel Metzinger à Anvers, elle reprend son agence de consul­tant audiovisuel après sa mort. 

HONG KONG : le territoire-ville-île de Hong Kong est à la fois le lieu où se déroule le roman HONG KONG BLUES (publié en 2017) mais se révèle aussi le principal personnage du livre.

Le narrateur, l’écrivain Marcus Deschanel, la décrit d’emblée : 

« Il n’y a rien à voir sur les quais de Hong Kong. Rien qu’un long rideau d’immeubles de verre et de métal qui renvoie l’éclat du soleil et vous aveugle comme les Ray-Ban des policiers. Que sont devenus les bars louches où de sombres Chinois échangeaient des paquets douteux avec des marins venus de pays qui n’existent plus ? Les bouges où des matelots descendus de bateaux crasseux battant pavillon improbable venaient s’enivrer d’alcools forts mélangés à du poivre et des épices ? Et les bordels au luxe tapageur où des créatures aux yeux bridés bouleversaient votre vie avant de vous transformer en épaves ? Peut-être que ceux qui ont agité sous notre nez ces mondes mystérieux et ces femmes fatales nous ont menés en bateau. Que tous ces clichés sont le fruit de l’imagination de quelques décorateurs farfelus venus tout droit de leurs shtetls polonais pour bâtir cette Asie d’opérette dans les studios parisiens d’avant-guerre. Ne cherchez pas sur les quais de Hong Kong. Vous ne trouverez même pas une cafétéria. Au prix du m2, la limonade serait impayable. »

La vie à Hong Kong, l’angoisse devant la mainmise de la Chine continentale, le caractère des insulaires, tout cela sert de toile de fond à la fiction à laquelle se mêle la réalité de l’actualité politique. 

HUBERT : travaille comme aide-pharmacien place des Bienfaiteurs à Schaerbeek. Le voisin du détective privé Michel Van Loo est aussi le « sage » qui aide son ami détective à comprendre la politique et notamment les conflits entre royalistes et républicains belges mais aussi entre socialistes, staliniens et trotskistes dans Périls en ce Royaume.  Dans La Recette du Pigeon à l’italienne, il est à la fois son guide et sa conscience. Immigré polonais, il lui explique la mentalité et les règles de l’immigration… italienne.

Dans La Fortune Gutmeyer, il va accompagner Van Loo en Israël pour l’aider à retrouver le docteur Gutmeyer et à démasquer sa fille dans un Israël déjà en proie aux conflits et déchiré entre laïcs et religieux. 

Avec sa femme Rebeka, il a échappé aux persécutions contre les Juifs pendant la guerre. Il a fêté ce miracle en faisant un bébé qui joue un certain rôle dans la première enquête de Van Loo. Hubert est le sage dans la bande de pieds nickelés qui entoure le détective Michel Van Loo. Et la mémoire de l’histoire. 

Le personnage est inspiré directement du père de l’auteur, comme on le comprend à la lecture de Monsieur Optimiste. 

ITALIE : dans sa jeunesse, le narrateur de La Position du Missionnaire roux parcourt l’Italie avec son ami B. Ramponi. Plus tard, avec sa femme Céline, il vit une intense nuit d’amour en Sicile face à l’Etna. Mais, une fois lancé dans les affaires et surtout après la trahison de Céline, il rejette le raffinement et la civilisa­tion auquel son ami l’a initié.  

« Décidément, l’Italie est restée ce triste appendice de l’Europe, comme un morceau qui se serait détaché par erreur de l’Afrique pour se coller accidentellement à notre continent (La Position du missionnaire roux)

L’Italie réapparaît par bouffées dans d’autres romans, dans Le Goût amer de l’Amérique où Georges et Louisa font un voyage à Rome alors que Louisa part seule dans une mystérieuse séance de photos dans les Pouilles. 

Fédérico, le coiffeur, l’un des principaux protagonistes de Périls en ce Royaume, vient lui aussi des Pouilles, de Brindisi, où il a fait le coup de feu contre les fascistes pendant la guerre. 

La Recette du Pigeon à l’Italienne, emmène le détective Michel Van Loo à enquêter dans les milieux des travailleurs immigrés venus d’Italie en Wallonie. Il fera le voyage dans les Pouilles pour tenter d’élucider l’enquête dont il est chargé par un entrepreneur venu de Bari. 

JERUSALEM : La capitale du roi David et le siège du Temple (détruit par les Romains) est devenu une ville mythique, une ville-graal, pour les Juifs en exil (qui l’évoquent dans la prière qui clôture la fête de Paque : « l’an prochain à Jérusalem » qui et dans la prière quotidienne qui bénit la construction de Jérusalem et appelle au retour des exilés.) 

Pas étonnant que cette image de Jérusalem revienne dans plusieurs livres de Berenboom, pétri de culture juive de l’exil par son père (mais non de religion). Dans La Jérusalem captive, Bertrand Marie entraîne Godefroi de Bouillon et la première croisade vers la ville sainte (mais il n’y pénétrera pas sinon de façon mystique). Michel Van Loo, accompagné du père de l’auteur (le pharmacien Hubert) se retrouve dans la capitale du nouvel état d’Israël (nous sommes en 1953) dans La Fortune Gutmeyer.  Mais on est loin de l’image de la ville mythique :

« Vue du ciel, je ne sais pas, mais vue de près, Jérusalem ne ressemblait guère à l’image de la métropole mythique, cœur des civilisations, mère des trois grandes religions. Elle ne ressemblait même pas aux cartes postales de la ville en vente dans les kiosques. La capitale de l’État hébreu, avec ses petits immeubles quelconques en béton, me rappelait plutôt une bourgade de province belge, l’église gothique et la bière en moins, le soleil et le bruit en plus.

« Bon Dieu ! Où est passée la Jérusalem de la Bible ? »

On retrouve aussi Jérusalem comme cadre d’une des dix stations du Messie revenu sur Terre dans « Messie malgré tout ! »

JIM PETE SEC (La Position du Missionnaire roux) : c’est le missionnaire roux. A la tête d’un groupe d’adversai­res des multinationales, il lance le charity business en Afrique pour combattre les campagnes de vente de lait en poudre de Nestlé. Il séduit Céline, l’épouse du narrateur du roman, qui dirige précisément de départe­ment lait en poudre.

JUDAISME-JUIFS :  Né de parents juifs laïques immigrés en Belgique (sa mère est née à Vilno, à l’époque ruse, devenue dans son enfance polonaise, aujourd’hui Vilnius, et son père à Maków, près de Varsovie), A. Berenboom a beaucoup exploré le monde des juifs et du judaïsme. Traçant de lui l’auto-portrait d’un Juif qui n’a jamais pratiqué, qui ne croit pas en Dieu mais qui est tenaillé par le judaïsme, ses traditions, sa culture et son histoire tragique mais unique. 

Ces questions sont notamment au cœur de La Jérusalem captive et du Pique-nique des Hollandaises mais elles affleurent aussi dans La Position du Missionnaire roux et dans Le Lion noir. Ainsi que dans plusieurs textes et nouvelles, notamment dans Ecrivain belge et Pharmacie Hubert B. (dans le recueil L’Auberge espagnole) et surtout dans La Fille du Super 8 (éd. Le Grand Miroir) mais aussi dans Refus d’Editer ou la Souffrance du Dibbouk (paru dans la Nouvelle revue française) ou dans L’âne, le messie et le journaliste (paru dans la revue Marginales). Mais aussi dans Milou chez les Juifs (v. Drôles de Plumes).

La guerre, la persécution des Juifs est au aussi au cœur de la première enquête de Michel Van Loo, détective à Bruxelles (Périls en ce Royaume). Puis de La Fortune Gutmeyer, où Michel Van Loo part enquêter en Israël, en compagnie du pharmacien Hubert, à la recherche d’un notable juif tchèque, le docteur Gutmeyer, que tout le monde croit disparu dans le camp de Terezin.

La persécution des Juifs, l’exil sont aussi au cœur de Monsieur Optimiste, le récit où Berenboom reconstitue la vie de ses parents venus en Belgique peu avant la guerre. Il revient sur sa tradition familiale en le dissimulant sous la fiction dans Le Rêve de Harry et dans Clandestine avec le portrait d’une mère juive communiste d’origine russe. 

KATHELYNE dite l’Allumée (La Jérusalem captive) : accusée de sorcelle­rie, elle est torturée par le père Busweisser et Bertrand-Marie qui en tombe amoureux. Pour la sauver, il la présente à Godefroi de Bouillon comme une envoyée de Dieu.

KEYKEBISCH (le père) : curé d’Ignazio Silone et de sa sœur Lucia, très lié à l’importation de main d’œuvre italienne en Wallonie (dans La recette du Pigeon à l’Italienne). 

KINKULU : Localité congolaise sur le lac Tanganyika.

Extrait :

De loin, le lac Tanganyika ressemblait à la mer. De près, pas moyen de confondre Kinkulu avec Knokke-le-Zoute. Ni casino, ni digue de mer, ni gaufres au chantilly. Pas de cuistax non plus. Et pas l’ombre d’une terrasse où siroter une gueuze avec un doigt de grenadine en contemplant les baigneuses en bikini. Qui aurait envie de faire la planche dans les eaux boueuses et sales du grand lac sur lesquelles flottaient des objets indéfinissables, bouts de bois, immondices ou caïmans, à perte de vue ? Oncle Martin arrêta son taxi devant un vieux bâtiment en bois à la peinture écaillée. Une très discrète inscription indiquait « chambres à louer » pour le cas improbable où un touriste égaré insisterait vraiment pour se loger.

Le cœur de l’enquête que mène Michel Van Loo au Congo belge dans Le Roi du Congo se trouve à Kinkulu, notamment à la Sokamine, entreprise de transport que dirige Van Zeeland et où travaillaient Baudouin M’Bandu, le cousin du docteur Kwanga (v. ce nom) et Josse Rassinfosse, que recherche désespérément Van Loo. 

KWANG SI FAN (La Table de riz) : directeur de l’école de cinéma où se déroule le roman. Cinéaste connu dans les années cinquante (il a dirigé l’actrice Nina Yang), il a subi un long exil avant de revenir au cinéma. Il a mis au point une méthode « révolu­tion­naire » (et économi­que) pour organi­ser des tournages de films sans pellicules mais où le contrôle corporel (le taijiquan) et les arts martiaux occupent une place importante.

Docteur Edouard KWANGA : leader indépendantiste congolais qui se bat dans Le Roi du Congo pour l’indépendance de son pays. Entré dans la clandestinité, les autorités belges le soupçonnent de collaborer avec les Soviétiques pour leur livrer l’uranium du Katanga.   

LAI JUE (La Table de riz) : professeur d’histoire de la culture à l’école de cinéma où se déroule l’action de La Table de riz. Il a jadis fréquenté l’académie des beaux-arts avec Nai, le père Nai Minh Ho. 

LE PIQUE NIQUE DES HOLLANDAISES : Le roman se déroule en Pologne au moment où le pays tourne la page du communisme. Un diplomate belge est obligé à la suite d’une série de quiproquos de convoyer en Hollande le cercueil d’une rescapée juive de la guerre qui vivait dans le village voisin du camp d’Auschwitz. Il retourne en Pologne accompagné d’un redoutable homme d’affaires, Bokma, qui a senti le profit qu’il peut tirer d’un pays qui aspire au capitalisme et suivi de ses trois amies hollandaises.  

Le roman (publié en 1993) décrit la chute du régime communiste, le désarroi de sa population qui ne connaît pas encore les règles du jeu du système capitaliste mais aspire aux valeurs (et aux richesses) occidentales. Tandis que le souvenir du camp de concentration d’Auschwitz et la destruction de la communauté juive pendant la seconde guerre s’efface peu à peu.  

Alain Berenboom retourne avec ce roman dans le pays où sont nés ses parents. Une exploration symbolique et imaginaire. Dont l’humour permet de tamponner les blessures familiales profondes. 

Le livre a été traduit en néerlandais sous le titre Hollandse Meiden aux éditions Goossens et Manteau.  

LE RÊVE DE HARRY : Michaël Beilis, la quarantaine, patron d’une agence immobilière qui bat de l’aile se voit confier la vente d’un grand cinéma abandonné, la salle mythique de son enfance, Le Crystal Palace. Ce qui va lui permettre, espère-t-il, à la fois d’éblouir Camille, une jeune femme qu’il vient de rencontrer, et d’égaler son oncle, Harry, son modèle depuis l’enfance. Harry, qui a travaillé dans le cinéma à Berlin jusqu’à l’arrivée d’Hitler avant de venir à Bruxelles et d’exploiter des cinémas de quartier puis de partir en Uruguay.   

Harry, dont le destin suit de près celui du véritable grand-oncle de A. Berenboom (le frère de sa mère), Harry Beilis. 

LISONE (Ignazio) : Dans La Recette du Pigeon à l’Italienne, Lisone qui est lui-même un immigré italien (originaire de Bari), a monté une entreprise fructueuse d’importation de main d’œuvre italienne pour alimenter les mines de charbon wallonnes. Il vit près de Liège avec Lucia, sa sœur, son double, dans une villa fortifiée, le Castel del Monte, où il a logé son colombier. Passionné de pigeons, il les prépare aux plus prestigieux concours mais les utilise aussi pour passer ses messages.

Le nom du personnage est un hommage au grand romancier italien, auteur notamment de « Une Poignée de mûres ». 

LUMUMBA : le mythique héros de l’indépendance congolaise n’est pas mort. Il a même accompagné Mandela en détention. C’est ce que nous apprend une uchronie intitulée Le Nègre de Mandela (publiée dans la revue 24h01, 2014 ainsi que dans l’ouvrage collectif Privé de Liberté, pas de génie aux éditions La Pensée et les Hommes).  

MALGUDI, Fred (La Jérusalem captive): Jeune historien, ancien aspirant de l’Académie des sciences de Kiev, venu à Bruxelles comme refuznik, il a emporté d’Ukrai­ne, un manuscrit précieux qui révèle les dessous sur les origines de la première croisade. Accueilli par le professeur Beidekker au presti­gieux Collège royal d’Histoire, il se rend compte très vite que ses collègues veulent s’approprier son manuscrit pour en retirer seuls les honneurs de le publier.

  Empêtré entre deux femmes, la Durauborg, sa collègue au Collège, et Sophie, son éditrice, Malgudi essaye tant bien que mal de comprendre les règles de fonctionnement universitaires où il enseigne et celles de la commission européenne qui subventionne sa publica­tion. 

Le nom est un hommage à la petite ville où se déroulent la plupart des romans de l’auteur indien R.K. Narayan. 

MALGUDI, Georges : héros de Le Goût amer de l’Amérique. En pleine atmosphère anti-américaine, il se lance dans la biographie idéalisée de l’acteur James Stewart, avec l’aide de son grand-père, qui lui a donné l’amour de Hollywood (et du genièvre). 

Melle MANICEWICZ (Le Pique-nique des Hollandaises): jolie peintre juive polonaise. Séduit par son charme -et ses délicieuses fesses- Van Loo, attaché culturel de Belgique en Pologne se lance dans d’assez peu catholi­ques aventures. C’est pour elle qu’il transpor­tera un cadavre de Varsovie à Nimègue.

Oncle MAX (La Jérusalem captive) : oncle de Fred Malgudi qui l’accueille à Bruxelles quand il fuit l’Ukraine. Dirige les Conserves royales du Nord (fournisseur de la Cour) où il s’obstine à tenter de faire entrer son neveu. 

Baudouin M’BANDU : Michel Van Loo fait par hasard sa connaissance sur le pont du bateau qui l’emmène d’Anvers à Matadi au Congo belge au début du Roi du Congo. Mais il meurt peu avant la fin de la traversée.

Extrait :

Je contemplai le visage du Noir. Quand je l’avais connu, je n’avais pas réussi à lui donner un âge. A présent, les traits sereins, les yeux fermés, je me rendis compte de sa beauté et de sa prestance. Quelques heures plus tôt, il m’avait posé une question qui me trottait encore dans la tête : « Dites-moi, bwana, Jésus porte une barbe, n’est-ce pas ? Ainsi que ses apôtres. Est-ce une façon de souligner qu’ils sont les maîtres et qu’ils sont blancs ? » 

   Il avait ajouté : « Alors, pourquoi vos champions cyclistes ne portent-ils jamais de barbes ? » Dans la foulée, il me fit observer que les chefs de la révolution bolchevique affichaient fièrement moustaches et, souvent, barbes. Les poils semblaient beaucoup le préoccuper. Une façon de parler des Blancs ? De leurs pouvoirs ?  Ou une façon d’aborder un sujet plus profond par le petit bout de la lorgnette ? 

Cousin du docteur Kwanga, l’ombre de M’Bandu (qui aurait dû être le premier Noir maillot jaune du Tour de France) flotte tout a long de l’enquête menée par Van Loo au Katanga, particulièrement à la Sokamine, l’entreprise où il travaillait sur les bords du lac Tanganyika, près du village de Kinkulu. 

MEHR, Erica (La Table de riz) : cinéaste française en visite en Chine. Elle donne cours à l’école de cinéma pour Nai Minh Ho et ses camarades.

MESSIE : Le messie revient sur terre en 2011. C’est le vieil homme juché sur un âne qui, d’après l’Ancien Testament, va apporter aux Juifs la paix et réveiller les morts. Mais à son arrivée, personne ne semble prêt ni désireux d’entendre son message (« Messie malgré tout », aux éditions Genèse, 2011).  

METZINGER, Daniel (Le lion noir) : consultant audiovi­suel flamand. Il aime se dire « cosmopolite » et célèbre l’ouverture du port d’Anvers sur le monde. Il fait la connaissance de Fred à un colloque à Anvers, l’invite à dîner et se fait abattre pendant qu’il lui parle de la Flandre d’aujourd’hui. Puis, il réapparaît sous forme de fantôme et entraîne Fred à enquêter sur sa mort. 

METZINGER, Christian (Le Lion noir) : frère de Daniel, médecin. Nationaliste flamand, ami du commissaire Bangemann, il reprend l’agence de consultant de son frère pour essayer de la revendre au patron de Fred, monsieur de Polschmidt. Il s’étonne de l’intérêt de Fred pour la montée fasciste à Anvers et la décourage d’enquêter sur la mort de son frère.  

Miss BICEPS (Le Pique-nique des Hollandaises): l’une des trois sculpturales Hollandaises qui accompagne Bokma à la conquête de la Pologne. Elle y épouse Zladek. 

MISSIONNAIRE ROUX : v. Jim Pète-sec.

MONSIEUR OPTIMISTE : dans le récit qui porte ce nom (paru en 2013 aux éditions Genèse, prix Rossel), Alain Berenboom raconte le destin de ses parents, son père Chaïm, venu de Pologne étudier la pharmacie à Liège dans les années trente et sa mère, Rebecca, venue de Vilno en 1939 à Bruxelles. Comment ils ont traversé les épreuves de l’installation en Belgique malgré les appels de la famille restée en Pologne, la guerre et la reconstruction après la Libération et la découverte de la disparition de l’essentiel de leur famille. Et le destin qu’ils ont voulu tracer à leur enfant unique. 

Ce récit a été traduit en allemand aux éditions Graf et en néerlandais aux éditions De Bezige Bij.

Une adaptation théâtrale a été réalisée en 2015 par Christine Delmotte au Théâtre des Martyrs à Bruxelles. 

MOTTA : deux frères syndicalistes, qui n’hésitent pas à faire le coup de poing, pourvu que cela ne heurte pas leurs convictions communistes. On les retrouve dans la petite équipe qui aide Michel Van Loo dans Périls en ce Royaume puis dans La Recette du Pigeon à l’Italienne ainsi que dans Van Loo disparaît. 

DAG MÖBERG (La Position du missionnaire roux) : caméraman de télé, pris en otage et abattu par les pirates de l’air qui ont détourné l’avion dans lequel se déroule l’action du roman. 

NAI MINH HO, dite Miss (LA TABLE DE RIZ) : héroïne principale du roman. Etudiante en cinéma comme ses meilleurs amis, la jolie Sun Tian hua dite « bouche cousue », Wang Ho, « l’Américain », Song Q. « le Confes­seur » et Li Ming, « l’efféminé ». Ils sont la première génération de l’après Mao, fascinés par le cinéma américain, l’esquisse de la liberté (vite étouffée) et l’amour.

NAI (La Table de riz) : père de Nai Minh Ho. Peintre célèbre (notamment de nus, imités des maîtres des années vingt) et surtout d’oiseaux. Il a été jadis peintre d’affiche de cinéma, décorateur de cinéma (renommé pour fabriquer des accessoires imitant à la perfection la réalité), ce qui lui a permis de rencon­trer l’actrice Nina Yang. Devenu depuis réparateur de montres et cuisinier de génie. 

NESTLE (La Position du missionnaire roux) : le narrateur y travaille au siège suisse pour le département lait en poudre, spécialité l’Afrique. Jim Pète-sec dénonce sa politique en Afrique.  

NIMEGUE (Le Pique-nique des Hollandaises) : c’est au cimetière juif de Nimègue que Van Loo va enterrer le cadavre qu’il accompagne depuis Varsovie. 

Extrait :

  « Le cimetière juif de Nimègue n’est qu’une petite butte herbeuse, séparée de la route par un muret branlant. Seul un oeil attentif pourrait distinguer sur les quelques pierres informes mangées par l’humidité le signe que jadis elles ont été taillées, ici le reste d’une inscription, là une veine dans la pierre qui forme une lettre hébraïque ou un morceau de l’étoile de David » (Le Pique-nique des Hollandaises).

NOUVELLES : Trois recueils de nouvelles d’A. Berenboom ont été publiés, L’Auberge espagnole et autres histoires belges (éditions du Grand Miroir, 2001), Le Maître du Savon (éditions Le Cri, 2009) et Messie malgré tout ! (éditions Genèse, 2011). Il faut citer aussi une nouvelle-feuilleton, La Fille du Super 8 (Le Grand Miroir, 2003, édition numérique aux éditions Genèse).

Des nouvelles d’A. Berenboom ont été publiés dans plusieurs ouvrages collectifs, notamment Drôles de Plumes (éd. Moulinsart, 2003), Succès damnés (Ed. Luce Wilquin, 1997), Bloum à Bruxelles (éd. Castor Astral, 2000), Du Noir dans la Blanche, (ed. Autrement, 2001), Escales littéraires à Cluj (ed. de l’université de Cluj-Napoca, 2015), Sans état d’âme (ed. du Cerisier, 2003). 

On trouvera aussi plusieurs nouvelles d’A. Berenboom dans la revue Marginales ainsi que dans la Nouvelle Revue française, L’Ingénu, rue Saint Ambroise, In’Hui, La Revue générale, Alice, etc. 

Le Maître du Savon a été traduit en espagnol aux ed. Dedalus. 

PATRICIA : On ne connaîtra jamais le nom, même pas le vrai prénom (chinois) de cette jeune et jolie dame qui prend en charge Marcus Deschanel, bloqué à Hong Kong parce que la police le soupçonne d’être mêlé à un crime et lui confisque son passeport (dans HONG KONG BLUES). Elle se fait passer pour policière mais elle est journaliste. Elle aide Deschanel à travailler pour son journal (en compagnie de Yun-fat) mais elle disparaît mystérieusement. 

PIM, PAM, POUM: Ce trio de pygmées anime joyeusement la deuxième enquête de Michel Van Loo, Le Roi du Congo.

Extrait :

« L’Afrique, je croyais la connaître : j’avais dévoré les aventures de Tintin au Congo. Mais les trois Noirs assis devant moi eurent vite fait de me détromper. Où étaient passés les braves garçons en pagne, souriants et respectueux qui s’inclinaient devant le petit reporter belge et son chien en l’appelant humblement bwana ? Depuis qu’ils avaient mis les pieds dans mon bureau, ces trois gaillards n’arrêtaient pas d’échanger des remarques désobligeantes en contemplant mon local d’un air consterné et quand j’ouvrais la bouche, au lieu de m’écouter, ils s’interrogeaient ouvertement sur mes capacités de détective privé. Non, missié, ces gars-là ne ressemblaient en rien aux bons nèg’ de Tintin ! Oh, non ! Hergé avait-il trompé ses lecteurs ou ne connaissait-il rien aux nains ? Car – ai-je oublié de le préciser ? – mes Noirs étaient des nains. Trois nains bavards et arrogants. Surtout le troisième, une femme, semble-t-il, mais je n’oserais le jurer. »

Oscar, Marie-Dominique et le bigleux (sosie du prince héritier Baudouin) sont baptisés Pim, Pam, Poum par Fédérico, le coiffeur ami de Van Loo en souvenir d’une bande dessinée américaine d’avant-guerre. 

Envoyé par un agent belge des services secrets, Van Tieghem, chercher l’aide de Van Loo, ils vont enquêter à ses côtés au Congo belge dans un climat de dispute permanente.   

Leur oncle (c’est du moins ce qu’ils prétendent), Oncle Martin, va servir de chauffeur à Van Loo. 

PIQUE NIQUE DES HOLLANDAISES : v. Le PIQUE NIQUE DES HOLLANDAISES. 

PLUSZ (Le Pique-nique des Hollandaises) : immense forêt quelque part en Pologne dans laquelle s’égare et se perd Van Loo avec Benerian. C’est dans cette forêt que se trouve le monument au « chien inconnu », le seul Polonais à avoir sauvé des Juifs pendant la deuxième guerre mondiale. 

Josse RASSINFOSSE : cet homme d’affaires belge établi au Congo belge disparaît peu après la visite que lui rend Michel Van Loo dans Le Roi du Congo. D’Elisabethville à Kinkulu, il va le rechercher car il détint la clé de son enquête sur le trafic d’uranium au Katanga dans l’immédiate après-guerre. 

RAYMOND, Comte de Toulouse (La Jérusalem captive): un des principaux barons de la première croisade, raffiné et ambitieux, soupçonné par ses rivaux de mœurs peu orthodoxes.

RÊVE DE HARRY : v. Le Rêve de Harry.

RITA PAUWELS : belle Eurasienne, épouse de Pauwels qui, avec son associé Doutremont, possède une importante société de transport au Katanga dans Le Roi du Congo. Elle tire les ficelles de la vie très perverse de son mari mais aussi du trafic d’uranium organisé au profit des Russes dans le Congo belge de l’après-guerre où enquête Michel Van Loo.

ROBERT DE FLANDRE (La Jérusalem captive) : baron de la croisade, sombre et dévoré par un mysticisme violent.

RUSSIE : Sert de cadre mais est aussi un personnage de Clandestine, un roman qui se déroule en 2005 et raconte la Russie de la fin de l’URSS jusqu’à la seconde présidence Poutine. 

SCHAERBEEK : c’est dans cette commune populaire et grouillante de Bruxelles que vit et travaille Michel Van Loo, le détective privé et ses amis, le coiffeur Fédérico (dont le salon est dans la même maison que son bureau), le pharmacien Hubert, sa femme et son bébé, dont la pharmacie est place des Bienfaiteurs, où se trouve aussi le principal café de Van Loo, renommé pour sa gueuze grenadine.   

SIMEONE : le pigeon d’Ignazio Lisone, magnifique bête de concours, tué dans sa cage (La Recette du Pigeon à l’Italienne). 

SIMON : Le narrateur de La Fille du Super 8 (éditions Le Grand Miroir) découvre que son père a laissé une collection de films 8 mm tournés dans les années cinquante qui évoque des lieux bizarres et des personnages inquiétants. Il essaye de reconstituer la vraie histoire de son père à partir de ces images. 

SIR CHARLES (La Position du Missionnaire roux) : voir le Grand Noir. 

SOPHIE (La Jérusalem Captive): travaille pour l’éditeur Brandon. Elle négocie avec J. Winter l’octroi de subventions européennes pour l’édition du manuscrit de Fred Malgudi. 

SONG Q. ou QIAONIAN (La Table de riz): dit le confes­seur. Etudiant en cinéma d’une solennité un peu ampoulée, sévère à l’égard des « influences étrangères ». Son père est haut gradé dans la police. 

Jimmy STEWART : le comédien américain est au cœur du Goût amer de l’Amérique. 

Georges Malgudi entreprend la biographie de J. Stewart (confondant sa vie et celle des personnages qu’il a personnifiés à l’écran), influencé par son grand-père, vieux fan du cinéma hollywoodien des années quarante et cinquante. Il espère ainsi comprendre pourquoi l’Amérique d’aujourd’hui a perdu sa magie. 

Dr STROTH, Jurgen (La Position du Missionnaire roux): supérieur hiérarchique du narrateur chez Nestlé, ce Suisse fier de l’être déteste les étrangers, le désordre, les femmes qui discutent, etc.

SUN TIANHUA (La Table de riz) dite Bouche-cousue : jolie étudiante en cinéma, amie de Nai Minh Ho. Il lui arrive de poser comme modèle. 

SYRIE Le chaos de la situation politique en Syrie ne date pas d’aujourd’hui. Comme on le voit dans Expo 58 : L’Espion perd la boule, la cinquième enquête de Michel Van Loo. 

Dr TAGENBUSH (Le Lion noir): le « masseur de l’âme » vit à Anvers. Avec un vieil ordinateur, il réussirait, s’il faut en croire Bruno, à transporter ses patients dans le monde des fantômes. Fred s’y essaye pour essayer de rejoindre Daniel Metzinger. 

TANCREDE (La Jérusalem captive): ambitieux baron de la première croisade, chef des Normands, prince de Sicile. Il essaye de vaincre les Arabes avant Godefroi pour lui ravir le leadership de la croisade.

Mademoiselle TAPMAN : est la collaboratrice de J. Goossens, patron des services secrets belges, dans Expo 58 : L’Espion perd la boule, cinquième enquête de Michel Van Loo. Elle s’exprime dans un sabir bruxellois à couper au couteau. 

TEREZIN : le ghetto où est enfermé une grande partie de la communauté juive de Tchécoslovaquie est au centre de l’intrigue de La Fortune Gutmeyer.

TINTIN ET MILOU : Bercé par les albums d’Hergé, grand admirateur de son œuvre, il a souvent dit que ses personnages tenaient d’Hergé le regard belge que Tintin porte sur le monde.

Berenboom a eu l’occasion d’écrire une aventure de Tintin « Milou chez les Juifs », une des nouvelles du recueil collectif « Drôles de plumes » publié pour les 70 ans du roi Albert et des 75 ans de Tintin…

 

TONGERLOO : le représentant au Congo belge de la Compagnie d’assurances La Celtic confie à Van Loo une mission qui l’emmène à parcourir la colonie belge de Léopoldville au Katanga (Le Roi du Congo).  On le retrouve au siège de la compagnie, à Anvers, dans La Fortune Gutmeyer. C’est lui qui a recommandé le nom de Michel Van Loo aux époux de Terrenoir, à la recherche d’un détective privé. Mais, il va confier à Van Loo une enquête parallèle car, lui aussi, se méfie des de Terrenoir. 

TULLE : Marcus Deschanel (dans HONG KONG BLUES) trouve dans le libraire du chef lieu de la Corrèze le seul fan de son dernier roman « Une hirondelle ne fait pas le printemps ». Lors d’une rencontre publique, Deschanel se fait agresser par une lectrice, Melle Droixhe, qui l’accuse de plagiat. 

VAN LOO (La Table de riz et Le Pique-nique des Holland­aises) : attaché culturel de Belgique d’abord en Chine (La table de riz) puis en Pologne (Le pique-nique des Hollandaises). Van Loo a un rôle secondaire dans la Table de riz. Il y accompagne Erica Mehr, une cinéaste occidentale en visite en Chine, tout en déployant une activité trouble (il trafique des oeuvres d’art). Il devient ensuite le princi­pal person­nage du Pique-nique. Venu dans la Pologne récemment libéra­lisée avec le projet d’organi­ser un festival du cinéma belge, il se laisse entraîner par son homologue polonais, Sadi Benerian qui veut rentabiliser le site d’Auschwitz et en faire une attraction touristique.

VAN LOO, Michel : détective privé à Bruxelles dans l’immédiat après-guerre. Son bureau est situé au-dessus du salon de coiffure Federico où travaille sa fiancée, Anne, dont l’aide se révèle toujours décisive.

Dans sa première enquête, Périls en ce Royaume, qui se déroule en 1947, il est chargé de deux énigmes qui vont se rejoindre. La fille d’un avocat renommé abattu par les Allemands le charge de retrouver son frère disparu. Par ailleurs, une dame, qui a fait sa fortune au marché noir pendant la guerre et racheté des biens juifs, est cambriolée. Au cours de son enquête, Van Loo, aidé d’Anne, de Federico et de ses gros bras, les frères Motta ainsi que de son ami pharmacien Hubert, va parcourir la Belgique de l’époque, déchirée par la question royale et les luttes au sein de la gauche entre staliniens et trotskistes. 

Dans sa deuxième aventure, Le Roi du Congo, Michel Van Loo est appelé au Congo belge en 1948. Aidé par Pim, Pam, Poum, trois nains et son amie Anne, il va être confronté à un mystérieux opposant politique katangais qui lutte pour l’indépendance du Congo, Kwanga, mais aussi à un trafic d’uranium organisé par les Soviétiques pour alimenter leur toute nouvelle bombe atomique. 

Sa troisième enquête, La Recette du Pigeon à l’Italienne, le conduit dans le milieu des mineurs et de ceux qui les emmènent en Belgique par trains entiers. 

Dans La Fortune Gutmeyer (paru en 2015), qui se déroule en 1953, il doit partir en Israël sous un faux nom en compagnie de son ami, le pharmacien Hubert (héros de Monsieur Optimiste), à la recherche d’un mystérieux médecin, le docteur Gutmeyer, qui a disparu pendant la guerre et qui semble être réapparu au nez et à la barbe de son héritière, la très séduisante Irène de Terrenoir.

Expo 58 : L’espion perd la boule (paru en 2018) transforme Michel Van Loo détective en un espion au service des services secrets belges pendant la mise sur pied de la célèbre exposition universelle. 

Dans Van Loo disparaît (paru en 2021), le détective privé doit enquêter au château de Haine-Saint-Sorlain, un petit bourg du Hainaut, consulté par le propriétaire, Charles de Bodegné qui croit que son château est hanté. 

Toutes les enquêtes de Michel Van Loo sont publiés aux éditions Genèse (y compris en version téléchargeable et les trois premières rééditées dans la collection Poche belge).

Trois enquêtes de Michel Van Loo ont été traduits en roumain aux éditions Crime Scene Press. 

La Fortune Gutmeyer a été traduit en tchèque aux éditions Argo. 

VAN SOEST, Anne : voyez Anne.

VAN TIEGHEM, Jacques et Louise : Policier à Bruxelles, il fait la connaissance de Michel Van Loo et d’Anne sur les bords du lac du Bois de la Cambre à Bruxelles. Plus tard, il est nommé à la Sûreté au Congo belge où il fait venir le détective par l’intermédiaire de ses agents (les pygmées Pim, Pam, Poum). Pour enquêter sur des vols mystérieux qui sont liés aux grandes manœuvres des Russes pour s’emparer de l’uranium du Katanga. 

VARSOVIE (Le Pique-nique des Hollandaises): Van Loo y est attaché culturel de Belgique. C’est là qu’il rencontre Sadi Benerian et Melle Manicewicz. 

C’est aussi la ville d’où le père du narrateur a émigré vers la Belgique peu avant la guerre (Monsieur Optimiste) mais où est restée la plus grande partie de sa famille, d’abord à Makow, petite ville non loin de Varsovie, avant d’être enfermée dans le ghetto de la capitale polonaise.

VELO : Vera, jeune réfugiée russe parcourt les rues de Bruxelles sur son vélo avant d’être engagée pour ses talents de cycliste pour pratiquer son sport dans des conditions très étranges (dans Véra à Vélo, nouvelle publiée dans le recueil Bruxelles, du noir dans la blanche, éditions Autrement). 

WINTER, Julian (La Jérusalem captive) : fonctionnaire européen. Intéressé par le projet de Fred Malgudi de publier un manuscrit qui raconte les dessous de la première croisade, il entraîne le héros de la Jérusalem dans les dédales et les arcanes tordues de la Commission européenne.

YUN-FAT : photographe dans un journal de Hong Kong, chargé par son rédacteur en chef d’accompagner Marcus Deschanel dans la réalisation d’une enquête destinée à reconstituer et à expliquer le meurtre d’une jeune manucure dans lequel la police pense Deschanel impliqué.  Tous deux vont sympathiser et Yun-fat va aider Deschanel à survivre dans la ville-île tentaculaire où il se croit perdu.   

ZLADEK (Le Pique-nique des Hollandaises) : propriétaire de terrains à Auschwitz convoités par Bokma, qui lui fait épouser miss Biceps. 

ZUTPHEN (Le Pique-nique des Hollandaises) : trou perdu quelque part au centre de la Hollande où s’égare Van Loo.

CE DICO A ETE REALISE PAR ELSA COLPIN AVEC LA COLLABORATION DE THOMAS DORIAN