DADOU RON RON RON

Silvio (au médecin): Ma gueule ? Qu’est-ce qu’elle a ma gueule ?
Johnny : Dis donc, mon gars, profite pas de ce que j’ai le disque cassé pour me voler mes chansons. Mon chirurgien a essayé ; ça ne lui a pas profité. L’est dans la chambre d’à côté.
Silvio (au médecin) : Si vous pouviez éviter de m’enlever ma vraie dent… (A Johnny) : Ah ! Johnny, ne crains rien. Moi, je respecte les artistes. A peu près tous les artistes. Pas Nanni Moretti, c’est vrai. Pas Roberto Benigni. Pas Adriano Celentano, le « Johnny italien » qu’ils disaient de lui.
Johnny : Tu sais, à l’époque, moi, on m’appelait « l’Elvis français »…
Silvio : Ces gens ne sont pas des artistes. Mais des politiciens, je veux dire des gens médiocres, des envieux. Un artiste n’a pas le droit de se moquer de ceux que le peuple a appelés à leur tête. C’est ce qu’on appelle le devoir de réserve. Je me propose de l’inscrire dans la Constitution.
Johnny : Comme l’interdiction des minarets ?
Silvio : Non, ça c’est en Suisse. A chaque pays, ses petites lois pittoresques. Mais la loi, c’est la loi.
Johnny : J’suis d’accord avec toi. Tu penses bien que j’ vais pas me mettre les Suisses à dos ! Que dirait Laetitia si je l’oblige à déménager dans un pays là oùsque faut payer des impôts ?
Moi, tu vois, je respecte les tas de droits. Regarde Sarkozy. C’est pas moi qui vais le critiquer. Touche pas à mon pote !
Silvio : Ah, bon ? Tou défend même sa campagne pour l’identité française ?
Johnny : Ho ! C’est pas parce que j’suis Belge, amoureux de la musique américaine et citoyen suisse que j’suis pas un vrai Français. Tu me suis ?
Silvio : Bravo ! Pour sceller notre amitié, j’ai oune idée fabuleuse. Puisque tou as abandonné ta petite tournée franco-belge, viens donner ton dernier concert dans le stade de l’A.C. Milan. Oune fête spectaculaire. Hollywood et Cinecitta réunis ! Dis oui et serre la main d’un grand fou !
Johnny : Comment ça le dernier concert ? Pour toi, je ne sais pas, mais pour moi, la vie va commencer.
Silvio (rigolant) : A lire les sondages, pour moi aussi ! Si j’avais su plus tôt qu’il suffit de recevoir dans la gueule pour redevenir l’idole des jeuuunes, j’aurais demandé à Fini ou à Bossi de me faire une grosse tête la veille de chaque élection.
Johnny : Normal, Silvio. Le public veut des légennnndes. A toi, je peux le confier. J’prépare en douce une nouvelle dernière tournée qui va faire un malheur. Quand l’ange de la mort plane au-dessus de la scène, le diable remplit le tiroir-caisse.
Silvio : Je peux réutiliser ta formule ?
Johnny : Ouais. Elle est de mon producteur, Jean-Claude Camus. Même que je me demande pourquoi mon pote Sarkozy a dit qu’il veut mettre ses cendres au Panthéon. Tu crois qu’il essaye de me le piquer ?

Alain Berenboom
www.berenboom.com