HALLOWEEN…

 Mesdames et Messieurs les ministres,

  Encore un Codeco pour rien ! Même pas une petite surprise, une pensée pour moi, malgré l’arrivée de ma fête, Halloween. Vos recommandations Covid, c’est juste de la frime pour m’empêcher de survivre, moi comte Dracula (on ne respecte plus l’aristocratie dans votre triste pays). 

Je suis de plus en plus désolé et furieux des décisions que vous prenez depuis près de deux ans sous prétexte de cette petite pandémie. De grâce, n’exagérez pas ! Moi, qui habite depuis plus de cinq cents ans dans un château mal isolé, surtout l’hiver, j’en ai vu passer des maladies, épidémies, pandémies. Vous croyez qu’elles m’ont empêché de survivre et de mordiller amoureusement, siècle après siècle, les jolies gorges blanches qui avaient la gentillesse de se glisser sous mes dents ? Malgré la peste, le choléra, la variole qui se sont abattus régulièrement sur l’Europe. Vous vous imaginez peut-être que ces vilains virus étaient moins virulents que votre bêbête chinoise ? Vous n’avez pas comme moi le souvenir vivace de ces époques où les grandes pestes ont ravagé Londres pendant cent ans, Moscou, Toulouse, Marseille. Et même, à un jet de pierres de chez moi, Timisoara et Bucarest. Et je ne vous parle pas de la variole qui a notamment emporté la reine Ulrika de Suède quelques jours après une soirée délicieuse en tête-à-tête ou plutôt en dents à cou. Son sang, le très rare groupe sanguin B-, avait la saveur des plus grands crus, mais je préfère rester discret pour ne pas découvrir la couronne. 

Or, que nous imposez-vous depuis si longtemps ? Le Covid-pass, d’accord, je m’en fiche. Mais le masque, la distanciation sociale ? Comment voulez-vous que je survive, si je dois continuer à voiler mes pauvres chicots et me tenir à 1,5 m. de toutes les nuques ; de toutes les gorges du royaume ? Pendant quelques jours, au début du mois, j’ai brûlé un cierge pour votre président, M. Jambon, je me suis même retenu de l’embrasser. Grâce à lui, j’ai espéré me rattraper sur les cols flamands, des beaux et longs cous que je salivais déjà de tâter. Mais las ! Voilà déjà les restrictions de retour. 

Sans hémoglobine, mes canines commencent à battre la campagne. J’ai dû, honte suprême, demander à une dentiste (masquée ! nom de Dieu, masquée !) de me les refixer. 

Bon sang, ne pourriez-vous prévoir une exception pour les vampires ? Après tout, les serveurs de restaurant et de bistrot sont dispensés de se vacciner, comme le personnel hospitalier, alors pourquoi ne pas m’autoriser à dévoiler la mâchoire devant des jeunes filles (consentantes, bien sûr), elles aussi démasquées pour l’occasion ? Sinon, je vous entends déjà gémir sur la fin du dernier survivant de ma race. Comme vous versez des larmes de crocodiles sur la disparition des Dodos et des rhinocéros blancs.         

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VIVE LES VACANCES!

   Après plus de deux mois de farniente, à quoi rêvons-nous ? Aux vacances…

  Comment ? A nouveau tout arrêter, se laisser flotter, ne rien faire alors que tout le monde gémit, se plaint du confinement, de l’interdiction de bouger ? Non, merci ! On a déjà vu toutes les séries, réécouté cent fois l’intégrale de Michel Sardou, appris par cœur les sketches de Jean-Marie Bigard, sans pouvoir les partager avec les copains au bistrot du coin, entendu jusqu’à la nausée les spécialistes nous expliquer sur toutes les chaînes qu’ils ne savent rien et son contraire, on a usé tous les prétextes pour battre les enfants pendant qu’ils sont chauds, applaudi sur le pas de la porte – notre seule activité sportive de la journée-, nettoyé la maison matin, midi et soir avec de la vodka à 65°. Basta ! On a épuisé tout ce qu’on peut faire quand on ne peut rien faire. Alors, de grâce, laissez-nous retourner au boulot plutôt qu’à Saint-Tropez ! 

C’est un point de vue. Il y en a un autre : les vacances n’ont rien à voir avec le confinement. Elles en sont même l’exact contraire. Les voyages touristiques vont complètement vous changer des arrêts domiciliaires. 

On ne part pas au loin pour faire la crêpe sur une plage, c’est interdit. Les discothèques, fermées. Oubliez la drague, la danse, les baisers. La piscine ? Qui a envie de faire des heures de file pour plonger, chacun à son tour pendant sept minutes, et nager avec un masque sur le nez, interdiction de se sécher au soleil et obligation de passer sous une douche hydro-alcoolique ? 

Non, ce qui attire dans les vacances, ce ne sont pas les vacances mais le voyage. L’important n’est pas d’arriver mais de partir. 

D’abord, il y a l’aéroport. Des files jusque dehors avec les distances sociales. Des barrières partout pour faire respecter les gestes barrières. Puis l’attente debout –les fauteuils sont condamnés. 

A l’embarquement, on retrouve ce qui nous a tant manqué dans la solitude de notre appartement, le bonheur de se retrouver à piétiner ensemble. Oublier enfin la formule de Sartre, dont on nous a rabâché les oreilles, « l’enfer, c’est les autres». Non, on veut voir les autres, les côtoyer et se rassurer parce qu’ils vivent le même enfer que nous ! 

La suite de l’expédition se passe aussi mal qu’au départ : masque sur le visage, odeur de désinfectant dans la cabine, hôtesses confinées dans leur réduit. A l’arrivée, rebelote. On sort de l’avion un à un à l’appel de son nom, même procédure pour récupérer les bagages. Faisons le compte, pour une heure et demie de vol deux heures et demie d’attente avant d’embarquer, deux heures et demie pour sortir de l’aérogare. Sous le regard des indigènes qui vous regardent débouler chez eux avec autant d’empathie que si vous débarquiez de Libye par la mer… 

Vive les vacances !

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