QUI EST JOB?

Beaucoup d’observateurs ont été surpris d’entendre le premier ministre, lors de sa déclaration de politique générale d’octobre, se mettre soudain à psalmodier une nouvelle fois cette mystérieuse incantation « Jobs, Jobs, Jobs ».

Depuis, le débat fait rage entre commentateurs : quelle est la signification de ce cri surgi des profondeurs de l’amer Michel ? Le principal intéressé se tait. Comme tout sage – du vieux chef sioux au Dalaï-lama -, il nous contemple du haut de son nuage et refuse de nous donner la clé de son message.

Pour les uns, notre Premier invoquait les mânes de Jobs. Steve Jobs, débarqué depuis peu parmi les dieux de l’Olympe. Et qui pourrait lui donner un petit coup de pouce en faisant descendre sur notre pays les principaux acteurs du Nasdaq (de préférence avant le dimanche 26 mai 2019).

Pour les autres, MR Michel a voulu faire référence au Livre de Job, l’un des plus importants de l’Ancien Testament (son personnage principal est célébré à la fois par Juifs, Chrétiens et Musulmans qui le rangent tous parmi les prophètes).

Dans la bible, Job est un type sur qui tombent tous les malheurs : ses enfants sont tués, ses biens saisis, d’épouvantables maladies le ravagent, etc. A chaque nouvelle catastrophe, ses trois amis et sa femme tentent de le convaincre de laisser tomber Dieu. Il ne t’a apporté que des désastres, n’a jamais entendu tes prières, se fout de ta gueule. Chaque fois que tu as invoqué Son nom, Il t’a encore un peu plus enfoncé ta tête dans la gadoue.

Ouf ! A la fin de l’histoire, tout s’arrange. Ayant survécu à ces épreuves, Job retrouve la fortune et même dix mouflets (ce qui est présenté comme un cadeau !)

Selon certains exégètes, c’est à ce Job, anti-héros biblique, que notre Premier faisait allusion. Face aux catastrophes qui s’accumulent, attentats, chômage, scandales politico-financiers, Théo de plus en plus Francken, Mon mot d’ordre, dit-il, est de résister, garder le sourire et vous faire croire en un avenir radieux. Au lieu de Me critiquer et de vouloir Ma peau (oui, il arrive que Charles se prenne pour le Tout Puissant; d’après les médecins, cela vaut mieux que de se prendre pour Napoléon), prenez exemple sur ce brave Job qui a toujours cru en Moi, tel le libraire Walter -son attrape-voix pendant la campagne électorale.

Il y a enfin ceux qui soulignent la répétition de ce mot « job » dans l’incantation michellienne. Si le job désigne le boulot, l’anaphore suggère que Michel est désormais favorable au partage du temps de travail. Pour un job, trois titulaires. Façon pour lui de piocher à gauche après avoir fait le plein à droite.

On s’attend à ce qu’il mette lui-même cette idée en pratique en partageant son poste de premier ministre avec deux autres camarades. Raoul Hedebouw et Zuhal Demir (un casting de rêve…)

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LA COULEUR DU DIABLE

Vous imaginez ce que diraient les Français si leur équipe de foot avait terminé première du classement FIFA ? Nous, on se contente de ricaner. Et on chipote. Premiers au monde ? Ouais, ouais, ouais. Alors que les Djabs n’ont rencontré ni le Brésil, ni l’Allemagne, ni l’Angleterre.  Premiers footballeurs de la planète alors que le Standard est en train de basculer en deuxième division ?

Cessez de vous rabaisser ! Pensez à ce que François Hollande, lui, aurait fait de ce challenge ? A son discours triomphant. Platini a peut-être tapé dans la caisse, le chômage a peut-être une fois de plus augmenté, les Syriens viennent peut-être chez nous en rangs serrés. Mais, attendez ! Oubliez les immigrés et Marine Le Pen et les impôts et les pauvres puisqu’on est les meilleurs au monde ! Et dans la foulée, les Français seraient dans la rue, à faire la fête, à remonter les Champs Elysées, à porter leur équipe en triomphe.

En Belgique, non. On dirait que nous sommes honteux de porter le numéro uno. Même que Charles Michel n’a pas eu un mot pour eux dans son discours sur l’état de l’union (enfin, l’union…)

Remarquez, il n’a pas eu un mot non plus pour l’environnement, pas la moindre allusion à la grande messe de décembre à Paris de son ami Hollande. Et pas un mot pour nos artistes qui portent si haut le drapeau de la Belgique. Rien sur Stromae, notre Eddy Merckx du vingt et unième siècle. Aux Etats-Unis, on s’enflamme pour « Formidable ». Pas pour « Jobs, jobs, jobs”.

Quelle formule idiote d’ailleurs, que lui a soufflé son porte-parole, son petit génie, sa tête de turc… Ne s’est-il pas aperçu que le président Hollande, toujours lui, se plante depuis le début de son quinquennat en promettant l’inversion de la courbe du chômage ? Des emplois, c’est ça le programme de Charles Michel ? Alors, il est brûlé. D’ailleurs, le bon peuple n’attend pas de ses dirigeants qu’ils leur fournissent des emplois. Il a compris depuis longtemps qu’ils n’ont pas de baguette magique. Qu’ils pratiquent l’incantation, pas l’action. Si l’état supprime des milliers de postes dans la fonction publique, qu’il efface les services publics sans état d’âme, pourquoi les patrons privés engageraient-ils à sa place ?

L’An II risque d’être difficile pour Charles Michel. Qu’il se souvienne que l’an II a été la pire période de la révolution française. Qu’il se méfie de Bart De Wever-Robespierre, qu’il songe à Danton guillotiné, à la guerre civile en Vendée. Il suffit de peu de choses, de rien, juste une étincelle, pour que la grogne se transforme en pavés.

Le gouvernement a donc intérêt, faute de mieux, à investir dans les Diables rouges. Laurette l’a compris avant lui. Sauf que le rouge fait tache tant pour Michel Uno que pour Bart 1er.   Alors,  Diables bleus ou Jaunes et Noirs ? Wachten en zien…

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