LE BOSS DU BAAS DE DAMAS

Il paraît que la Tunisie s’est déclarée prête à accueillir le président Assad dès que le boss du Baas aura réussi à boucler ses valises.

La nouvelle rassurera tous ceux qui voyaient avec inquiétude la plus européenne des républiques arabes se tourner vers l’islam politique dès qu’on a eu l’idée candide de donner aux citoyens tunisiens un vrai droit de vote. Quelle calamité tout de même que la démocratie ! Avec Ben Ali, vu de loin, le pays ressemblait plus ou moins au nôtre. En tout cas, il ne semblait pas plus mal géré que la ville de Charleroi, avant qu’une bête presse dite libre n’y mette le bordel. Mais, depuis les résultats des premières élections, c’est l’angoisse. Que vont faire les partis islamistes dont le triomphe a surpris tous les stratèges européens, qui croyaient que la Tunisie allait ressembler au Luxembourg ou au Danemark ? Les femmes voilées, confinées à la maison, la charia, la bière belge interdite de séjour, même les hommes savent burqa ?

L’arrivée du président syrien rassurera les capitales occidentales : quel soulagement ! Assad est un véritable laïc, un défenseur des femmes (en tout cas de la sienne, une avocate d’affaires, cheveux au vent, habillée à Paris et non dans les souks d’Arabie saoudite), qui a compris comment ne pas mélanger démocratie et désordre. On peut compter sur lui pour remettre un peu de bon sens républicain dans la patrie d’Hannibal.

Surtout qu’Assad s’est converti, lui aussi, aux valeurs de chez nous. Il vient de faire approuver par référendum une nouvelle constitution, dont le texte célèbre les vertus des élections et annonce la fin du parti unique, le Baas.

 « Nous pensons très certainement qu’une nouvelle Constitution qui va mettre un terme à la domination d’un seul parti en Syrie est un pas en avant », a souligné le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, un spécialiste des élections libres.

Seuls seront exclus, les partis fondés sur des bases religieuses, confessionnelles ou raciales : quel exemple pour l’Egypte ou les autres pays arabes qui ont eux aussi l’idée saugrenue d’organiser des élections pour emmener les barbus au pouvoir.

La nouvelle constitution déclare aussi (sans rire) : « La liberté est un droit sacré » et « l’Etat garantit aux citoyens, qui sont égaux, leur liberté personnelle et préserve leur dignité et sécurité ».

Ce texte interpelle. La liberté, la dignité, la sécurité. N’est-ce pas ce que demandent les habitants de Homs ?

Au lieu de tirer à l’aveugle sur les vaillantes forces de l’ordre, venues installer les isoloirs, n’auraient-ils pas mieux fait de demander aux juges syriens de faire respecter la nouvelle loi ?

Les juges… Quels juges ?

 

 

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