NAPOLEON TÊTE A CLAQUES

  Selon un sondage récent dans les asiles psychiatriques de France et de Belgique, un fou sur quatre se prend pour Napoléon. En revanche, pas un seul ne prétend être Jean-Luc Dehaene, Angela Merkel ou Charles Michel – même pas le général de Gaulle. Quelles conclusions en tirer ? 

Que les chefs d’état arrivés au pouvoir par la force et qui ont régné par le sang sont plus aimés que ceux qui doivent leur position à une élection démocratique ? 

Les chefs de guerre qui ont ravagé l’Europe, conduit des campagnes cruelles et sauvages, semé la mort et la désolation, balayé soldats et civils comme les pions d’un échiquier, ont laissé plus de traces dans l’histoire, tels Hitler ou Staline (qui sont aussi les chouchous des malades mentaux), que les gouvernants sages qui ont assuré à leurs citoyens pendant leur règne calme et prospérité. Joe Biden, si tu continues comme ça, tu risques une page blanche dans les livres d’histoire !  

Autre explication au succès de Napoléon auprès des fous : peut-être sont-ils fascinés par son Code civil, le principal tribut de l’empereur au droit (un succès dans toute l’Europe), aujourd’hui encore la pierre angulaire de notre droit privé. 

On admire l’empereur pour son Code. On s’extasie sur sa pérennité, la pertinence de ses règles en oubliant que le texte d’origine, tel que l’a promulgué Napoléon en 1804, est aujourd’hui illisible, inacceptable. Car un grand nombre de ses dispositions sont politiquement incorrectes et même hautement inflammables. Notamment toutes celles relatives à la femme. 

Soumission au mari, statut comparable à celui des enfants mineurs, etc. Un texte plus touchy que « Dix petits nègres », « Tintin au Congo », « Le Fanatisme de Mahomet » de Voltaire ou « La divine Comédie » réunis. Mais, s’agissant de fous, n’est-ce pas justement le côté politiquement incorrect de l’empereur qui les impressionne ? On peut comprendre qu’en découvrant que les textes de leur empereur chéri aient été tellement transformés, modifiés, retournés, ils se mettent dans un état qui les conduise tout droit à la camisole de force. 

Ils ont beau crier aux infirmiers : « Libérez-moi ! Je suis Napoléon, votre empereur ! », rien à faire. De toute façon, qu’avez-vous encore à dire après Waterloo ?  

Et la défaite de Bonaparte se poursuit. Voilà que son Code, morne code, va à présent interdire la fessée et les claques. Bonaparte et Sade, son contemporain, doivent se retourner dans leur tombe. Tout fout le camp !      

PS : Est-ce une coïncidence si le meilleur accusateur (et le premier) de Mao et de sa révolution culturelle, notre compatriote Simon Leys, se soit intéressé à Napoléon ? A qui il consacre son seul roman « La Mort de Napoléon » (Espace Nord). 

HOMO ERECTUS ET MADAME

Est-ce une coïncidence ? C’est le jour où l’on célèbre la femme qu’on inaugure un refuge pour hommes battus. En plus, voilà qu’on annonce l’interdiction de la fessée. Que de mauvais coups contre les féministes !

Tant que l’homme dominait la société, il pouvait s’acquitter de son devoir. En rentrant le soir après le travail, juste avant la soupe et le journal télévisé, donner une bonne fessée à son épouse – on appelait ça un petit câlin. Il a suffi que la femme soit déclarée l’égale de l’homme pour que crac !, la fessée soit supprimée, déclarée hors la loi. Juste au moment où, après des siècles de domination, la femme, rentrant de son boulot, allait enfin pouvoir se payer une bonne tranche, déculotter son mari et hop ! petit câlin.

Est-il possible que les femmes parlementaires, qui réclament à corps et à cris la « tirette », aient accepté sans sourciller de ne plus avoir le droit d’ouvrir celle de leur copain ? Pour les distraits, la tirette est l’alternance hommes-femmes sur les listes électorales et non, hélas, quelque jeu ludique entre élus consentants. En politique d’ailleurs, on ne rit pas beaucoup. Depuis deux cents ans, les défaites se succèdent à Waterloo. L’arrivée enfin d’une femme à la tête de la commune va-t-elle rompre la malédiction ? On lui souhaite bonne chance tout en évitant de l’accueillir dans ses nouvelles fonctions en lui lançant le mot de Cambronne.

L’égalité entre les sexes est aussi mise à mal par les dernières découvertes paléontologiques.

Vous croyiez comme moi qu’en découvrant Lucy, on avait enfin exhumé le corps d’Eve, la mère de l’humanité ? Encore raté ! Cette pauvre femme n’était qu’une Australopithèque (comme disait le capitaine Haddock), une race pas assez chic pour figurer dans notre glorieux arbre généalogique. Le premier humain, désolé mesdames, reste ce bon vieil homo erectus. Erectus évidemment…

Sauf à imaginer qu’à une époque reculée, Lucy eut pu être elle-même vaginus et erectus à la fois (après tout, l’escargot est hermaphrodite ; pourquoi pas l’australopithèque ?), dans notre race dominante, rien à faire – pour le moment -, c’est le mâle une fois de plus qui emporte le morceau.

Je vous vois venir : et monsieur Thatcher ? Et monsieur Maggie De Block ? Et monsieur Angela Merkel ? Et alors, connaissez-vous leur vie privée ? Devant les caméras, d’accord, elles roulent des mécaniques. Mais, quand leurs maris poussent la porte du domicile conjugal, après le turbin, savez-vous qui fait quoi avant la soupe et le journal télévisé ? Et, des deux, qui a le plus gros salaire, monsieur ou madame ?

Il y a encore du chemin, mesdames, je le crains. Et aussi quelques livres saints (seins ?) à réécrire pour remettre Lucy et Eve à la place qu’elles méritent…

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