BIJOUX DE FAMILLE

Cette fois, annonce le gouvernement d’une voix spectrale, on n’a vraiment plus de sous. On doit vendre les « bijoux de famille ».

Bon sang ! Les bijoux de famille ! On en a encore ? Mais, à quoi ressemblent-ils ? Et qui en voudra ?

Dans un de ses romans, Diderot désignait ainsi des anneaux magiques possédant le pouvoir de faire parler la partie la plus intime des femmes (« Les Bijoux indiscrets »).

La proposition de les vendre laisse donc un peu perplexe même si on ne doute pas de la bonne volonté des dames de notre gouvernement de se sacrifier corps et biens pour sauver le pays. Laurette, Joëlle et Maggie ne le répètent-elles pas à l’envi ? Mais, si notre nouveau ministre des finances n’a rien trouvé de mieux pour boucler le budget, on comprend mieux la lenteur et la difficulté du dernier conclave gouvernemental.

L’égalité entre hommes et femmes voudrait que, dans ce cas, les mâles du gouvernement fassent à leur tour un effort. Et abandonnent eux aussi aux caisses de l’état leurs précieux bijoux de famille. Sans entrer dans le détail, est-ce que ça rapporte gros ? On en doute.

Sacrifice pour sacrifice, vaudrait mieux qu’ils prennent exemple sur leurs collègues français. Ne viennent-ils pas de demander à leur ministre du budget, M. Cahuzac, de renflouer le déficit en transférant le montant de ses comptes exotiques vers ceux du ministère des finances ? Voilà une bonne idée ! Ne pourrait-on s’en inspirer en décidant de ne nommer ministres que ceux qui acceptent d’abandonner un montant substantiel de leur capital pour le bien commun ?

Bien sûr, cela obligera à créer des ministères nombreux et variés. Mais notre pays a toujours fait preuve d’une grande imagination. Rien qu’en fabriquant des ministres fédéraux chargés des relations avec les ministres régionaux et communautaires pour chacune de leurs compétences (le ministre des affaires étrangères n’a-t-il pas ouvert la voie en nommant des représentants fédéraux économiques chargés de dédoubler leurs collègues régionaux ?), on pourra facilement fabriquer une vingtaine de portefeuilles. Des ministères des réformes, on peut aussi en créer autant qu’on en a besoin : chargé des réformes structurelles, des questions endémiques, de la réforme des réformes, de la révision des réformes précédentes. En échange de ces fonctions de haut niveau, ces nouvelles excellences offriront au pays des dons généreux qui permettront de préserver les bijoux de famille de leurs collègues.

De plus, cette rentrée d’argent est « structurelle » comme dit M. Di Rupo, tout fier d’avoir appris un nouveau mot et qui le répète sans cesse de peur de l’oublier. Un bâtiment, des participations dans une banque ou une entreprise, une fois que l’état les a vendus, c’est fini. En revanche, des postes, on peut en créer jusqu’à la fin de la crise – ou de la Belgique.

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UN COACH A MALONNES

Depuis qu’elles se sont mises en tête d’accueillir des brebis égarées, on imagine que, comme toute entreprise moderne, les sœurs clarisses de Malonne ont réfléchi à leur communication. On n’accueille pas un prêtre pédophile puis la criminelle la plus détestée du royaume et environs sans le renfort de consultants de haut vol. Hélas pour elles, les bonnes sœurs ont cru bon (et surtout bon marché) d’embaucher Mgr Léonard comme coach plutôt qu’Elio Di Rupo. On voit le résultat. En la matière, il ne faut pas faire de petites économies.

Il serait temps que ces braves dames se ressaisissent d’autant que le résultat de leur geste charitable tourne à la catastrophe et pas seulement pour elle. Pour madame Martin, aussi, elle qui a cru se servir des clarisses pour retrouver la liberté et qui se retrouve aujourd’hui plus prisonnière que jamais et avec plus de flics autour d’elle qu’elle n’avait de gardiens dans sa prison.

Avec l’aide du Seigneur, il n’est pas trop tard pour que les filles de sainte Claire reprennent la situation en mains. Elio, trop occupé ces jours-ci à rappeler au monde en général et à Mons en particulier son rôle dans l’histoire de l’humanité, risque d’être indisponible. Inutile de compter sur l’autre grand maître communicateur du royaume. Bart De Wever a déjà ses pauvres. Faudra donc qu’elles cherchent à l’étranger.

Peut-être pourrait-on leur suggérer le patriarche russe Kyrill 1er. Depuis que son poulain, Vladimir Poutine, s’est fait élire par la grâce du saint esprit et que les trois méchantes Pussy Riot sont reléguées dans un camp de travail, il devrait disposer d’un peu de loisirs. Sa grande expérience de la gestion des rapports entre église et politique pourrait être très utile à l’église belge et à ses institutions car plus rien ne va plus depuis que les sociaux chrétiens du nord et du sud ont sombré.

En quelques mois d’efforts et beaucoup de prières, le patriarche Kyrill 1er pourrait placer Mgr Léonard à la tête de l’état et ceux qui conspuent madame Martin et ses hôtesses en Sibérie. En contrepartie, on peut s’attendre à ce qu’il demande aux clarisses d’accueillir les Pussy Riot à Malonne, pour débarrasser son ami Poutine d’une très sérieuse épine. Pourquoi pas ? Plus on est de folles…

Le seul petit défaut de l’ami Kyrill est son prix. Il aime l’argent plus encore que la maffia russe. Mais madame Martin pourrait peut-être faire à son tour un geste charitable en offrant l’héritage de feue sa mère au patriarche ? Elle a d’ailleurs tout à gagner. Nulle doute que les Pussy Riot, venues la rejoindre, auront beaucoup plus à lui apprendre sur l’humanité et le respect des autres qu’une bête méditation solitaire…

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ELIO, FAIS-MOI UN DESSEIN!

Le nouveau premier ministre, qui est aussi le premier patron de gauche du pays depuis des lunes a posé d’emblée deux actes symboliques.

Abandonnant sa fonction de président du parti, il a adoubé comme nouveau boss un certain Thierry G. Thierry who ?

En nommant cet apparent brave homme, Elio Di Rupo a-t-il voulu relancer la gauche en Wallonie ?

S’il faut en croire son propre site, l’activité de député de Thierry Giet a été la suivante : une proposition de loi visant à déclarer valables certains contrats de jeux de hasard, une autre pour modifier la loi relative aux décimes additionnels sur les amendes pénales. Et une proposition de modification de l’arrêté royal portant règlement général sur la police de la circulation routière et de l’usage de la voie publique en ce qui concerne les capitaines de route encadrant les groupes de cyclistes et de motocyclistes.

Oula, camarades ! Lénine, Vandervelde, tremblez dans vos cercueils rouges ! La gauche du vingt et unième siècle se profile à l’horizon du boulevard de l’empereur…

Tout aussi à gauche, la déclaration inaugurale de M. Di Rupo à la Chambre ? Disons qu’on  peut qualifier de gauche trrrès prudente ce résumé consciencieux de l’accord ficelé par l’étrange majorité à géométrie variable qui va nous gouverner. Là où on attendait le souffle de l’histoire, quelques idées nouvelles pour la société de demain ou au moins un peu d’oxygène pour les mois à venir, on a eu droit à un exercice destiné à prouver les qualités de chimiste du docteur Di Rupo : quand on mélange du bleu et de l’orange avec une pincée de vert, absorbée avant la fin de l’opération, ça ne fait jamais du rouge du moins sur cette planète.

Voilà le résultat d’une plongée en apesanteur depuis près de deux ans d’un être humain autour d’une table dont il reste plus grand-chose sinon la langue de bois.

Des promesses ? me direz-vous mais il n’y a pas un sou en caisse. Certes, on n’attend plus les « demain, on rasera gratis » de Bart De Wever ou « avec moi, moins de taxes » de Didier Reynders. Mais un dessein, genre la « nouvelle frontière » de Kennedy qui nous avait promis la Lune.

Justement, la découverte deux jours avant la déclaration gouvernementale d’une nouvelle planète habitable, une espèce de double de la Terre deux fois et demi plus grande, aurait pu booster son discours.

S’inspirant du « Petit Prince » de Saint-Exupéry, il aurait pu nous faire rêver. Nous laisser entrevoir qu’avec Elio 1er, nous découvrirons à quoi ressemble la Belgique sur Kepler-22, le BHV local, la forme des gaufres et le montant des pensions deux fois et demi plus épaisses à 600 années-lumière de chez nous.

Allez, Elio, fais-nous un dessein !

 

 

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LA SOLITUDE DU CHRONIQUEUR DE FOND

Cette semaine, côté chroniqueur, ça ne rime pas mais ça rame. J’ai tourné ma plume sept fois autour de la page vierge sans parvenir à la poser. Fumée noire ou fumée blanche ? Chaque jour, chaque heure, l’oreille collée au transistor, j’ai tenté de suivre l’humeur sans cesse changeante des négociateurs octogonaux, incapable de subodorer l’issue du conclave. Elio 1er sera-t-il sacré pape ou renvoyé dans son archevêché perdu ? Est-ce un signe ? Cette semaine sort justement sur les écrans « Habemus papam » le nouveau film de Nanni Moretti. Mais, peut-on se fier à la fiction ?

La météo des discussions semble aussi variable et imprévisible que les scores des Diables rouges. « On a fait quelques progrès mais faut encore beaucoup travailler » déclare Georges Leekens. De quoi parle-t-il ?

Les visages des participants ne nous éclairent pas davantage. On a beau les guetter. Essayer de gratter le petit sourire figé qu’ils tirent pour la photo, bonne chance pour deviner le nom de  celui qui décrochera la floche à l’instant où s’arrêtera le carrousel. Elio Di Rupo ? Charles Michel ? Wouter Beke ? Ou le Formateur devra-t-il céder la main au Dépeceur, Bart De Wever ?

Devant les caméras, le plus expressif est Jean-Michel Javaux. Mais, est-ce la note du Formatorissimo qui lui donne cet air farouchement grognon ou la publication d’une vieille dépêche de l’ambassadeur des Etats-Unis, racontant leur entretien, soigneusement re-mitonnée dans les arrières-cuisines du P.T.B. avec l’aide, pour arroser le tout de vinaigre, du maître queux Josy Dubié ?

Quant au sourire de Joëlle Milquet, on l’attribuera à l’haleine radicale du sanglier bastognard, enfin rentré dans l’enclos, plutôt qu’à la scission de B.H.V.

Depuis le temps qu’on les paye pour nous gouverner, on est tenté de dire aux principaux dirigeants du pays, « Assez ! Vous êtes usés ! Laissez la place à une nouvelle génération, plus fraîche, plus souple, plus imaginative, bande de vieux croûtons ! »

Sauf que cette nouvelle génération, justement, c’est eux ! Charles Michel a trente-six ans comme Caroline Genez et Wouter Beke trente-sept. Pourtant, on a l’impression qu’ils sont déjà blanchis sous le harnais. Amortis. Vidés. Au point que la présidente du sp.a est à la veille de prendre sa pré-pré-retraite, suivant de peu l’égérie du C.D.&V., Inge Vervotte (trente-cinq ans). Qui nous a fabriqué ces baby politiques plus fragiles que le Val Saint Lambert ?

A tous ces jeunes vieux, qui ont peur de leur ombre, on a envie de rappeler la devise d’un premier ministre socialiste de jadis, Achille Van Acker : « J’agis d’abord, je réfléchis ensuite ! »

 

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