POURQUOI VOTER ?

  Je sais pourquoi vous n’irez pas voter. Les communales, ça ne sert à rien, les jeux sont faits, le programme des candidats, c’est du vent, ils ont déjà promis tout ça la dernière fois et la fois d’avant et leurs pères ou mères qui dirigeaient jadis la commune s’y étaient engagés avant eux. Sur les affiches, toujours les mêmes têtes. Même les nouveaux sont des clones des anciens, le sourire sournois y compris. Et surtout, pas un, pas un, qui soit un peu sexy. Ah ! Si George Clooney se présentait chez nous, à Jehay-Bodegnée… Mais non, il s’attarde bêtement sur les bords du lac de Côme alors qu’il lui suffirait d’apparaître dans n’importe quelle commune belge, le plus petit trou perdu de Wallonie ou de Flandrepour que la campagne électorale en soit bouleversée. Clooney, dix-septième sur la liste Samen ou Hollywood op Schelde dans l’arrondissement de Steenokkerzeelet tout le monde aura oublié la N-VA ! Mais non ! Il préfère sa maison battue par les vents près de Laglio à un bon feu de bois dans une maison communale cosy de chez nous…

Malgré l’absence de Clooney, laissez-moi vous prouver que vous avez tort de jeter votre convocation à la poubelle (attention ! uniquement en sac jaune !) Voici, au hasard, quelques bonnes raisons de vous déplacer dimanche.

  • Désormais, la loi électorale en Wallonie se base sur le taux de pénétration pour appliquer ou non le cumul des mandats. Et vous voudriez rater ça, le grand frisson de la pénétration ?

  • Votre commune a adopté le vote électronique et la machine contient certainement quelques jeux vidéo sanglants que vous ne connaissez pas. L’imagination des politiques en la matière est imbattable.

  • Sans votre voix, Obama risque d’être battu par le sinistre Romney.

  • Allez voter pour éviter un nouveau coup de Trafalgar de Bart De Wever. Si le redoutable Bart échoue à Anvers, il a déjà prévu en secret une position de repli à Jehay-Bodegnée. Une fois élu bourgmestre par ses quelques amis, parce que vous et vos voisins avez préféré vous abstenir, il proclamera aussitôt l’indépendance de sa commune, prélude à celle de la Wallonie, ce qui rendra automatiquement la Flandre indépendante. Vous me suivez ? Ca s’appelle prendre à revers.

  • Pour permettre aux bourgmestres empêchés de ne pas devenir bourgmestres. De quoi aurait l’air par exemple le premier ministre s’il ne recueille que sa seule voix à Mons ? Un tel camouflet l’obligera à démissionner du gouvernement. Il n’aura plus alors que le maïorat pour assurer ses fins de mois alors que le point essentiel de son programme, c’était d’être élu justement pour qu’on l’empêche de devoir gérer Mons.

  • Vous pouvez enfin aller voter pour dire non aux grandes gueules qui vous agacent depuis six ans…

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LA DEUXIEME VIE DE NICOLAS S.

Et si d’aventure Nicolas Sarkozy n’était pas réélu président ce dimanche ?

Pendant la campagne, il avait annoncé la couleur : si je ne suis plus président, je laisse tomber la politique, a-t-il lancé crânement. Comme on dit : retenez-moi ou je fais un malheur ! Mais si, malgré cette terrible menace, un C4 en bonne et due forme l’attendait lundi matin dans sa boîte aux lettres, que ferait Sarkozy ?

Ayant reculé l’âge de la pension, pas question pour lui de prendre une retraite dorée aux côtés de ses prédécesseurs, Giscard et Chirac. De se retrouver coincé entre deux pépés, égrenant le souvenir de leurs meilleurs mauvais coups, les pieds dans des charentaises made in China. Pour entendre Chirac lui répéter qu’il aurait mieux fait de voter comme lui, Hollande dès le premier tour ? Non merci ! Plutôt purger bébé !

Guilia. Son bébé. Voilà justement de quoi l’occuper dès lundi pendant que Carla reprendra la route, guitare en bandoulière. Carla Bruni en première partie de Mick Jagger ? Une star italienne en vedette américaine pour sauver les finances d’un mari ex-hongrois ! Belle leçon pour tous ces Français grognons toujours à se plaindre des méfaits des immigrés-tous-chômeurs.

Mais, langer bébé, est-ce un vrai travail pour Nicolas Sarkozy. Tel qu’on le connaît, il lui faut deux, trois, dix boulots pour apaiser son hyperactivité. Son slogan travailler plus pour gagner plus est destiné à ses électeurs. Lui, ce qu’il aime, c’est travailler plus pour travailler plus.

Un conseil : pourquoi ne viendrait-il pas en Belgique ? Chez nous, il se sentira comme un poisson dans l’eau. En compagnie de beaucoup de ses meilleurs amis, fuyant les impôts républicains.

Maintenant que notre loi admet la double nationalité, Sarkozy peut même devenir belge. Et rêver à une carrière politique. Sarkozy et Bruni pourraient faire un tabac dans un pays bien plus ouvert que la France au cosmopolitisme.

A la tête de la N-WA (la new walloon allianz), je le vois bien proposer à ses nouveaux concitoyens de transformer la région wallonne en un carrefour entre le monde anglo-saxon et le monde germanique. Obama, Merkel, ce sont mes amis, rappellera-t-il dans sa campagne. J’ai aussi quelques amis riches qui seront trop heureux de créer des sociétés dans votre terre de cocagne où, plus une entreprise est puissante, moins elle paye d’impôt. Tremblez, Di Rupo, Michel et autre De Wever. Avec Sarkozy, vous risquez d’être balayés. Et de devoir immigrer à votre tour. En Hollande ?

 

 

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QUAND LA FRANCE SE MET AU VERT

A quoi ressemblera la France quand, à la surprise générale, monsieur Cheminade aura été élu président ?

Lorsqu’il a annoncé dans sa première allocution télévisée l’inauguration de l’ambassade de Mars sur l’esplanade des Invalides, tout le monde a rigolé. Un peu moins quand un vaisseau en forme de soucoupe s’est posé à côté du tombeau de Napoléon. Plus du tout quand un millier de petits hommes verts ont débarqué en poussant des glapissements.

Puis, l’émotion retombée, les premières critiques ont commencé à s’élever.

L’ancien président Sarkozy a exigé la destitution de son successeur pour violation des lois sur l’immigration. « Dégage, pôv’ vert ! » s’est-il écrié quand un Martien est venu protester sous ses fenêtres.

Les évacuer mais comment ? Airbus a dû reconnaître que la technologie française, pourtant la plus avancée du monde, ne permettait pas d’assurer sans risques pour la santé (des accompagnateurs français) leur rapatriement sur la planète rouge. Alors, les reconduire à la frontière de l’Europe ? D’après les conventions internationales, la France étant le premier pays d’accueil, on ne pouvait les renvoyer. Le premier ministre, Jean-Luc Mélenchon, a bien suggéré d’abolir les conventions internationales qui portaient « atteinte à la cause du peuple français », le parlement restait divisé sur la question.

Les représentants du culte sont aussi entrés dans la danse le jour où il a fallu enterrer un Martien écrasé par un autobus touristique. Juifs et Musulmans ont refusé de céder un pouce de leur carré aux petits hommes verts ; déjà que leurs pauvres morts doivent se pousser pour trouver une petite place. Les catholiques ont invoqué le refus du pape, lequel a dit que le fils de Dieu n’est pas mort pour les petits hommes verts. Et les cimetières publics ont aussi refusé de l’accueillir en invoquant la loi de 1881 qui réserve les sépultures municipales laïques aux êtres humains. Pas humains, les Martiens ? La ligue des Droits de l’Homme est montée au créneau en rappelant de sinistres précédents. Ce que certains avaient osé dire des Noirs allait-il se répéter avec les verts ? Les Ecolos aussi ont défilé aux cris de « nous sommes tous des petits hommes verts ! »

Le pays risquait la guerre civile lorsque le chef des Martiens eut la bonne idée de signaler enfin la raison de leur présence en France. S’ils étaient venus au pays du président Cheminade, c’était pour acheter des armes et des centrales nucléaires. Aussitôt, les querelles s’apaisèrent comme par miracle. A l’unanimité, le parlement les fit citoyens d’honneur de la république. Et l’on offrit même au petit homme une photo dédicacée de Carla Bruni, à laquelle il tenait tant.

 

 

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KRIS CHEZ SAINT OBAMA

Ah ! La tête de ce pauvre Kris Peeters ! Il fait vraiment pitié.
Tout avait pourtant bien commencé. Dès qu’il a appris qu’une mission économique belge se rendait à Washington, notre ministre-président s’est empressé d’annoncer qu’il serait du voyage. Bouleversant son agenda. Annulant sa participation à la foire aux boudins-compote de Puurs, déplaçant sa conférence sur la suppression des impôts pour les patrons flamands après l’indépendance de sa région (un projet d’inspiration grecque). Et il est parti aux Etats-Unis, aussi ému que les immigrants dans le film de Charlot lorsque, du pont de leur bateau, ils aperçoivent pour la première fois la statue de la Liberté.
Le but d Kris n’était évidemment pas de jouer le faire-valoir du prins Filip. Non, Kris avait un rêve, être le premier dirigeant flamand à serrer la pince du président Obama, comme il avait serré celle de Saint Nicolas quand il était petit. La photo immortaliserait pour l’Histoire – et les électeurs de Puurs – le face-à-face entre les deux hommes politiques les plus puissants de la terre.
Mais sur place, quelle douche froide ! Aux yeux des Yankees, le président de la Flandre n’a que rang de gouverneur, ce qui veut dire à peu près technicien de surface.
Les collaborateurs de notre pauvre président ont eu beau expliquer que, chez nous, personne n’est plus puissant que Lui. Même pas le prins Filip. Rien à faire. Pour les Américains, le protocole est aussi sacré et intouchable que la sécurité.
Voilà donc ce pauvre Kris, obligé de poser tout seul sur la photo devant la Maison Blanche comme n’importe quel touriste de l’Iowa avant de croquer son hamburger dans son coin. Pourvu qu’il n’ait pas abusé des frites et des friandises, sinon, au retour, ses électeurs risquent de le confondre avec Bart De Wever.
Mais j’y pense, voilà peut-être une confusion qui lui convient ?
Depuis que son ancien mentor en politique, Yves Leterme, « Mr Cinq Minutes de Courage Politique », a changé de répertoire et abandonné ses slogans nationalistes et anti francophones pour devenir le Flamand préféré du sud du pays, Kris Peeters s’est avisé qu’il pouvait récupérer les restes. Il n’y a pas de petites économies, comme disait toujours son papa. Au fond des armoires de son prédécesseur, il a retrouvé quelques bouts de discours inédits, des formules qui n’avaient pas encore servi et qu’il a un peu rafraîchis. Et hop ! Le tour était joué !
Mais lorsqu’il sera nommé premier ministre, ne vous en faites pas. Il oubliera lui aussi les bêtes phrases qui font 800.000 voix, il deviendra à son tour le chouchou des Wallons. Et il ira enfin chercher son petit cadeau au pied du trône du président Obama.

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LA NUIT DES LONGS COUTEAUX

Demain matin, on vote. Et demain soir ? On s’étripe.
Une fois les assesseurs rassasiés et les urnes bourrées (à moins que ce ne soit le contraire), sonne l’heure des comptes. Des règlements de compte. En coulisses et après le spectacle.
Car on assistera d’abord au ballet des vaincus qui, la bouche en cul de poule, proclameront tous leur satisfaction, la mine candide: « Je ne m’attendais pas à ce que mon parti résiste aussi bien » ou « Regardez, nous avons même progressé dans le canton de Thuin ».
Ceux qui auront vraiment pris un coup de boule s’écrieront encore : « Les sondages nous prédisaient un cataclysme; or, voyez, c’est juste une légère brise ». N’oublions pas non plus la formule : « Soyons clairs (!) En ces temps difficiles, c’est encore un miracle d’avoir reçu une telle confiance des électeurs que je remercie ».
Mais les spots éteints et les journalistes disparus, commencera la nuit des longs couteaux. Ceux qui auront mené leurs partis à la défaite seront impitoyablement condamnés à la décapitation. Adieu, monde cruel ! Il n’y a pas de pitié en politique. Il n’y a que des vainqueurs et des morts. Si on s’étonne parfois du retour d’une ancienne gloire, on en parle comme d’un revenant. Dont la tentative de reprendre pied dans le monde des vivants est vouée à l’échec. On a vu le sort de Jean-Luc Dehaene quand il a osé agiter son suaire. Le Belge sortant du tombeau ? C’est de l’histoire ancienne.
On imagine que les plus jeunes, déjà promis aux gémonies, s’accrocheront au bois de l’échafaud. Marianne Thyssen ou Alexander De Croo auront beau jeu de plaider qu’ils viennent à peine d’arriver et que leurs prédécesseurs leur avaient savonné la planche. Bénéficieront-ils du sursis ? Ce n’est pas sûr. On ne fait plus comme jadis de vieux os en politique. C’est comme sur les routes, on y meurt de plus en plus jeune. Qui se rappelle encore du sémillant Steve Steyvaert, qui n’a fait qu’un petit tour avant de disparaître ? De Maria Arena tué dans sa douche ? Ou de Daniel Ducarme que la décision de changer le nom du parti (le PD) a suffi à ébranler…
Le sort du vainqueur est-il plus enviable ? Le soir même, c’est l’euphorie. Champagne (pour la boisson, on n’hésite pas à choisir le français) ! Mais, le bref moment de gloire passé, c’est déjà fini. Obligé de se mettre aux affaires, le vainqueur ne peut gérer que la déception de ses électeurs pour les promesses qu’il n’a pu tenir et celle de ses proches pour les postes qu’il ne peut leur offrir.
Il se souviendra alors de l’avertissement lancé un jour par le francophone V. Horta à son collègue (et ennemi) flamand H. Van de Velde : « Prenez garde. Un jour, on est vedette. Le lendemain, cuvette de cabinet »…

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APOCALYPSE NOW

Chaque semaine, on se dit que le pire est derrière nous et la semaine suivante est pire encore. A peine se manifeste un signe d’espoir que crac ! une nouvelle tuile nous tombe sur la tête. Mais que fait donc le scénariste de cet épouvantable feuilleton ? A-t-il oublié qu’une des règles de tout raconteur d’histoires est d’alterner les scènes de drame et les moments de respiration, un sourire entre deux morts ? Sans oublier l’happy end. Mais l’actualité ressemble désormais à un « Derrick », glauque, désespéré, sans suspens – et sans pétrole. On a l’impression d’être condamné à vivre en Allemagne de l’est jusqu’à la fin des temps sans même un mur derrière lequel rêver que le paradis est à portée de la main.
Tenez, à peine était-on débarrassé d’Yves Leterme que l’on nous annonce que la N.-V.A. caracole en tête des sondages. Vous imaginez la prochaine législature ? Bart De Wever en premier ministre. Avec Modrikamen aux Finances, Jean-Marie Dedecker à la Justice et Michel Daerden à la Santé publique ou pire, aux Pensions. Il ne nous restera plus qu’à nous réfugier en Grèce.
En Grèce où l’euro est en train de transformer la monnaie unique européenne en drachme national.
Comme si nos malheurs politico-économiques ne suffisaient pas à attirer l’attention des spectateurs et leurs larmes, le scénariste a imaginé de faire aussi gronder les éléments. Sous l’influence de cette mode redoutable des effets spéciaux. Avec un volcan dont les déjections paralysent la planète. Les réserves pétrolières du golfe du Mexique qui explosent et dévastent les côtes du sud des Etats-Unis. Le gaz qui se répand à Liège. La terre qui tremble au Chili ou à Haïti. Ne manque plus que la scission de B.H.V. pour que les humains rendent définitivement les armes et s’effacent de la planète comme jadis les dinosaures.
Heureusement, quelques signes permettent d’espérer que le printemps finira par émerger de ce chaos. En juin, le roi se rend au Congo. Y a-t-il une image plus rassurante, une meilleure preuve de l’existence de la Belgique que celle-là ? Albert à Kinshasa, c’est le retour de Bwana Kitoko, de Tintin arpentant le monde pour sauver nos amis et terrasser les mauvais. L’image du temps béni des boîtes de biscuits Delacre et de l’odeur du chocolat Côte d’or sur les quais de la gare du Midi.
Le seul problème c’est que notre fichue constitution a prévu que le roi ne peut jamais se déplacer sans une cohorte de ministres. Et quinze jours après les élections, qui c’est qui écrira le discours royal ? Bart De Wever ? Michel Daerden? Mischa Modrikamen? Ce jour-là, on rêve d’un bon gros nuage de poussières…

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LE PRESIDENT PERSE

… Et personne pour plaindre le président Mahmoud Ahmadinejad ?
Adversaires politiques, étudiants, femmes, tous, se prétendant victimes de son élection, crient et défilent. Et lui, alors ? N’est-il pas la première, la seule victime de ce tsunami qui balaye Téhéran, ébranle son pouvoir, son autorité, sa réputation ? Faut reconnaître qu’il était un peu naïf ce pauvre Mahmoud. Pourquoi organiser des élections ? Son principal concurrent, Hussein Mussavi aurait pu lui souffler que ça n’apporte que des ennuis. Premier ministre pendant près de neuf ans sous la présidence du boss, Ali Khamenei (devenu depuis guide suprême), il sait mieux que tout le monde que la démocratie iranienne ne fonctionne que quand on ne s’en sert pas. C’est sans doute ce qui surprend le plus Ahmadinejad : dans le scénario, il était écrit : Mussavi se couche dès la première reprise. Une fois les urnes dépouillées (on veut dire : dépouillées des bulletins qui portent son nom), il reconnaît la victoire du président en place et crie : vive Mahmoud ! Au lieu de quoi, le traître proteste !
Décidément, tout part en eau de boudin. D’abord cette mauvaise querelle qu’on lui fait sur l’holocauste. Sur son ignorance des détails de la seconde guerre mondiale. Avec son diplôme en ingenerie des transports publics, il sait tout ou presque sur les trams. Qu’on l’interroge sur la STIB, soit. Mais comment pourrait-il savoir ce que les Allemands ont fait aux Juifs le siècle passé ?
Son autre dada, ce sont les femmes. Toutes des perverses, des impudentes qu’il faut mettre au pas car, comme le dit le prophète, quand le tchador, les souris dansent. Dans sa grande générosité, il leur a pourtant laissé le droit de vote (auquel s’était opposé sagement son héros, l’imam Khomeyni). Résultat, elles le narguent et réclament sa tête.
Et la bombe atomique ? Encore un reproche incompréhensible. Combien de fois doit-il jurer sur le Coran et tous les prophètes que l’énergie nucléaire iranienne ne servira qu’à faire tourner les carrousels et les machines à fabriquer la barbe à papa ? Rien d’autre. Mahmoud est le protecteur de la jeunesse. Mais personne ne le croit. On lui cherche des poux. On lui promet l’apocalypse. Pendant ce temps, Coréens, Israéliens, Indiens, Pakistanais peuvent jouer tranquilles avec leurs bombes. Même les Américains ne protestent que mollement. Preuve que tout est seulement prétexte pour le discréditer.
Seule solution, élargir sa majorité. Mais, avec les Ecolos, sa bombinette est à l’eau. Les socialistes alors ? Il a assez de problèmes comme ça sans José Happart, les amis de l’aéroport de Charleroi et les autres. Reste le MR. Mais mouvement réformateur, ça ne fait pas seulement peur en Wallonie. A Téhéran aussi.

Alain Berenboom
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MENUS PLAISIRS

MENUS PLAISIRS

Trente-cinq secondes : c’est la durée moyenne que l’électeur flamand a passé dimanche dernier dans l’isoloir (selon Het Laatste Nieuws). Quel gâchis ! Voter à la sauvette au lieu de profiter de ce moment exceptionnel où, tel l’empereur romain, le citoyen a le droit de lever ou de baisser le pouce, de sauver le joueur ou l’envoyer aux lions. Les femmes ont mieux saisi l’importance de ce fugace instant de bonheur. Elles sont restées en moyenne cinquante-six secondes devant leur bulletin, douze secondes de plus que leurs mâles. Et une habitante de Serskamp, plus de quatorze minutes. En voilà une qui connaît la signification du mot plezier.
Ce qui rappelle que l’essentiel de l’amour, ce sont les préliminaires. Ah ! Le bon temps de l’introuvable orange bleue. Le temps béni où la Belgique a connu le bonheur de vivre sans gouvernement pendant plusieurs mois. Grâce en soit rendue à des négociateurs, grands spécialistes de la question, qui, pour prolonger notre jouissance, se sont livrés à d’interminables danses du ventre et caresses préalables sans jamais consommer, au point de sucrer de leur agenda le moment fatal de la noce.
Supplication à nos dirigeants actuels : faites comme eux, et pour ceux qui étaient de l’aventure, remettez le couvert ! Tout pour rendre à nouveau le mariage impossible. Réveille-toi, madame Non !
Bart, reviens ! Essaye à nouveau de les rendre fous !
Quelques conseils pour rendre l’affaire inextricable.
Aux socialistes : proposer la présidence de la Wallonie à Michel Daerden ou à José Happart.
Aux libéraux : annoncer d’emblée la construction d’une nouvelle centrale nucléaire.
Aux verts, légaliser le cannabis et la coke et établir des accises sur les téléphones portables.
Si ces arguments sont insuffisants pour bloquer les négociations, abordez la question du voile. La pagaille est déjà annoncée depuis qu’une représentante du parti humaniste a décidé de siéger voilée à l’assemblée régionale bruxelloise. Comment refuser l’entrée du voile dans les écoles si l’exemple vient d’en haut ? Bonne chance avec les ailes laïques des partenaires et les syndicats d’enseignants.
Enfin, pour savonner la planche, n’oubliez pas de vous entourer d’ « experts » tous plus aptes les uns que les autres à rendre les choses catastrophiques : quelques noms circulent. Lippens et Frédéric Daerden pour aider les négociateurs à dépatouiller les comptes de la région et organiser les flux bancaires des organismes régionaux. Donfut pour fournir des rapports savants sur le fonctionnement des intercommunales et leur dépolitisation.
Et si, par malheur, les partis finissent par se marier, restera à dissoudre les chambres et à remettre ça aux fédérales.

Alain Berenboom
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TENUE DE SOIREE

Depuis deux ans que je l’attendais. Enfin, le revoilà, ce grand moment d’émotion et de plaisir, d’intelligence et de civilisation : la soirée électorale.
De civilisation ? oui. Car, dans une soirée électorale, on ne s’insulte pas, on ne se dispute pas, on se respecte. Philippe Moureaux est prié de remballer ses démons s’il veut passer devant les caméras; il lui est même interdit d’insulter ses propres troupes. Didier Reynders fréquente soudain les infréquentables. Les ecolos la jouent pepsodent avec qui leur fait des mamours. Et Joëlle Milquet insiste qu’on la maquille avec le sourire du Joker pour éviter que la caméra ne saisisse à son insu le moment où elle lira les résultats.
Pour un soir, on est co-pains !
Tout le monde est heu-reux !
Ils ont tous gagné !
Celui qui n’est pas le premier parti de Wallonie est néanmoins le premier si l’on ajoute à ses résultats ceux qu’il aurait eus dans le cas où.. et si on avait comptabilisé…
Celui qui est premier est triomphant : ne lui avait-on pas promis l’apocalypse ? Bien sûr, ses résultats sont en chute libre par rapport aux précédentes élections régionales et européennes. Mais qui compte ainsi ? Pour une comparaison sérieuse, il faut faire la moyenne entre les dernières élections fédérales, les élections communales et l’âge moyen de la population. Ce qui permet de conclure que le parti a sérieusement augmenté son taux de pénétration.
Bien sûr, pour gâcher la fête de nos stars, la télé nous sort ses spécialistes, des coupeurs de cheveux en quatre, qui relèvent qu’à cause de la séparation de la commune de Jehay-Bodegnée en deux entités, rattachées respectivement à Amay et à Verlaine, arrondissement de Huy, province de Liège, dix bureaux dépouillés sur soixante, les sondages à la sortie des urnes indiquent l’effondrement de … Tout le monde s’en moque de vos analyses. Ce qu’on veut, c’est du sang ! Joëlle foudroyant Didjé qui vient d’assassiner Elio, sous le regard bon enfant de Jean-mi. Au lieu de quoi, que nous offrent les radios et les télés ? Leurs visages souriants, leurs remerciements à leurs cher-z électeurs qui nous ont apporté leurs…, leur triomphe modeste. Et leurs déclarations, prononcées d’une voix mécanique, comme si la machine déjà les lâchait.
« Alors, président, comme vous l’aviez promis, pas d’impôts ?
– Je ne parle pas avec des slogans. Moi, j’agis. Nous aurons un comportement responsable.
« Pendant la campagne, vous avez jeté des exclusives contre certains partis. Toujours d’actualité ce soir ?
– Nous devons rester humbles devant l’ampleur de la tâche qui nous attend. En période de crise, on sauve d’abord les meubles, pas les présidents de parti.
Vivement la suite, avec les fédérales. Je m’en lèche déjà les babines !

Alain Berenboom
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