EINSTEIN, REVEILLE-TOI, ILS SONT DEVENUS FOUS !

  On savait que le Belge a une brique dans le ventre. Mais pas de cette dimension. La Flandre veut construire en mer du Nord une « autoroute de drones ». Ne me demandez pas la signification de cette entreprise. Est-ce une rampe de lancement pour permettre à l’armée belge d’envahir la Grande Bretagne ? 

C’est ce que je pensais jusqu’à ce que je lise une interview du CIO de Skyes, le gestionnaire du trafic aérien (dans La Libre Belgique) qui déclare que le système permettra « même de livrer des pizzas ». On comprend mieux l’utilité d’un investissement de cette importance.  

  Pendant ce temps, on se propose d’investir en Wallonie un milliard et demi dans la construction d’un gigantesque tunnel qui permettra d’observer l’espace grâce à un télescope géant baptisé Einstein (oui, il faut aller en dessous pour regarder au-delà). 

 Tunnel, aussi long que celui sous la Manche, qui sera financé par le budget fédéral, affirme le secrétaire d’état Thomas Dermine, pour autant que les Flamands marquent leur accord, ce qui nécessitera de prolonger le fameux tunnel pour le faire aboutir dans les Fourons, c’est-à-dire en Flandre. Je vous assure, c’est vrai ! Ce n’est pas un poisson d’avril !  

 Pendant ce temps, le délégué aux droits de l’enfant sonne l’alarme dans son rapport annuel sur la situation catastrophique de milliers d’enfants de notre pays dont une partie vit déjà sans abri et pas mal d’autres le deviendront à leur la majorité. Il n’y a pas assez de structure pour les accueillir, pas de logements, pas de personnel. Rien. Juste un bilan dramatique. Qui s’ajoute au nombre de plus en plus élevé de SDF qui guettent l’arrivée de l’hiver, dont ces demandeurs d’asile qui errent dans Bruxelles, à cause des budgets étriqués (dixit Nicole de Moor, qui manifestement ne bénéficie pas des mêmes largesses que son collègue Dermine). Ironie de l’histoire et lien imprévu entre ces deux actualités : Albert Einstein s’est réfugié en Belgique, fuyant le régime nazi. A l’époque, accueilli par le gouvernement, logé pendant plusieurs mois au Coq. Autre temps, autres mœurs, autres politiques.  

 Evidemment, on pourrait loger tous ces mineurs à la dérive, ainsi que les demandeurs d’asile, dans le fameux tunnel Einstein. D’abord, ils y seraient au chaud. Vu le prix qu’on est prêt à débourser pour sa construction, ouvrir quelques centaines de chambres (le tunnel s’étendra sur plusieurs kilomètres) ne devrait pas faire exploser le budget déjà pharaonique. D’une pierre deux coups, les enfants ainsi pris en charge pourront passer la journée l’œil vissée au télescope et observer l’univers tranquille. Et les demandeurs d’asile rêver à un monde plus serein que celui qu’ils ont fui et même celui où ils ont échoué.  

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ADIEU MONDE CRUEL !

  Une enquête vient d’être ouverte en France après l’effacement des comptes en crypto-monnaie des fonds confiés par des investisseurs à un gestionnaire de fortune. Une seconde a suffi pour que toutes les économies de leurs clients disparaissent dans un grand trou noir. 

   Le GIEC annonce un avenir post-apocalyptique pour ceux qui peuplent notre pauvre planète bleue, qui va, selon ces experts, changer de couleur : demain, la Terre sera la nouvelle planète rouge. Mais nous serons peu nombreux à assister à la disparition de toute vie actuelle, promettent les joyeux drilles du GIEC, imprégnés manifestement des textes bibliques. A la veille des vacances, on se retiendra donc de chanter : « les cahiers au feu et les profs au milieu » !  

   Le point commun entre ces deux infos : l’effacement. Voilà donc la pire menace qui plane sur notre époque, nos civilisations. 

   La disparition des supports physiques, papier ou film, met en danger la conservation de la mémoire. Même les archives papier sont systématiquement détruites après avoir été numérisées. 

 Or, qu’un « bug » informatique bloque d’un coup la toile et hop ! tout redevient page blanche. Un auteur de science-fiction nous racontera un jour les avatars d’un groupe de hackers maladroits, des Pieds Nickelés de l’ère informatique, qui auront poussé sur le mauvais bouton ou créé d’épouvantables virus informatiques qui, échappant à leur contrôle, dévoreront toutes les données sur leur passage. 

Les profs d’histoire du futur passeront directement de l’enseignement du vingtième siècle à celui du vingt deuxième siècle, expliquant à leurs étudiants que ce qui s’est passé pendant cette grande parenthèse reste un mystère aussi profond que la disparition des dinosaures ou l’état de l’univers avant le Big Bang. 

   Tout ce qu’on écrit, filme, lois, décisions, la naissance et la mort, tout est gravé sur des disques durs, stocké dans le cloud. Un coup de vent et tout disparaît…

Le mouvement est d’autant plus irrésistible -sinon irréversible- que l’effacement de la mémoire s’inscrit dans l’air du temps. Il n’est pas seulement un risque technique. On s’est mis à vivre dans le moment présent, sans passé, sans futur. La mémoire de l’histoire et des histoires est passée de mode. 

Ce qui se reflète dans le succès des réseaux sociaux : la photo, le commentaire sont déjà oubliés quelques heures plus tard. Seules l’image ou le propos choquants subsistent un peu avant de se perdre sous d’autres propos scandaleux bien vite oubliés eux aussi. Tout ce qui a été posté redevient poussières. 

Si jadis on collectionnait les livres, les disques, les films, on ne collectionnera jamais les données. 

« La distinction entre le passé, le présent et le futur n’est qu’une illusion, aussi tenace soit-elle » disait Einstein. Donc, soyons fous et bonnes vacances !

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ELIO, JEAN-MARC ET LE ROBOT

     Pour former des gouvernements en Belgique, l’intelligence n’étant pas au pouvoir, pourquoi ne pas convier l’intelligence artificielle ? 

  Un robot c’est rapide, propre et sans état d’âme. 

   Un ministre IA dont les décisions seront approuvées par un groupe de robots placé dans les assemblées parlementaires quelque part au dessus de l’hémicycle, voilà qui devrait éviter les coups de sang, les claquements de porte et les Tweets intempestifs qui font sauter les gouvernements aussi facilement et bruyamment que les bouchons de champagne.

  Il faudra évidemment programmer les robots à agir pour le bien des citoyens, pour l’intérêt général. C’est ce qui fera la différence entre les robots et cette mystérieuse société civile pressée par les Ecolos d’aider Verts et Rouges à bâtir une majorité sans majorité. Et à étayer le bazar quand l’édifice sera sur le point de s’écrouler sous les coups des oppositions. 

  Le problème avec le projet de Jean-Marc Nollet et son coquelicot, c’est qu’il y a autant de représentants de la société civile et d’intérêts particuliers qu’il y a d’associations, d’organisations et de citoyens. Chaque civil pense à lui et non à la société ! 

  Un robot, lui, n’a pas de passé, pas de passif, pas d’amour ni de haine plus ou moins cachés. Il n’aime pas Charleroi plus que Liège ou le contraire et n’a pas besoin de favoriser plus Bastogne que Jehay-Bodegné. Son disque dur sera soigneusement nettoyé lorsqu’il entrera au gouvernement. Un représentant idéal de la société civile sans mémoire, sans attaches, sans amis. 

  Autre différence entre le coquelicot et le robot : pendant sa courte vie, cette fleur fragile ne nécessite aucun entretien. Alors que, dans la société informatique, tout bouge sans cesse. Les mises à jour sont permanentes. Et gare aux bugs ! Si en plein conseil des ministres, le ministre déclare brusquement « 404 not found », le gouvernement est bloqué jusqu’à l’arrivée du technicien. Pour peu qu’il vienne de Chine, la Wallonie risque de rester aux abonnés absents un certain temps…

   Reste à savoir qui va programmer les robots wallons. 

  Pas un Wallon. L’engin doit rester neutre. 

   Un Flamand ? Trop risqué : il risque de décider de l’arrêt immédiat des transferts flamands. 

   Alors qui ? Trump ? Xi Jinping ? Ca risque de coûter cher au budget wallon ! 

  Décidément, devant la complexité du labyrinthe belge, il n’y a qu’Elio et Jean-Marc qui soient capables de faire la programmation. Mais qu’ils laissent aux robots la faculté de s’auto-détruire. Ils en auront peut-être bien besoin. 

  « J’aime à penser que la lune est là même si je ne la regarde pas », écrivait Albert Einstein. Qui sait si on peut en dire autant de la Belgique ? Quand vous reviendrez de vos vacances au loin, sera-t-elle toujours là ? Allez, bonnes vacances !

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