BELGIQUE : LE REVE

En France, on grince des dents. En Belgique, on ricane mais discrètement. Depuis que, sur les excellents conseils de son collègue Johnny Halliday, Bernard Arnault s’est avisé qu’il était Belge.

Contrairement à ce que prétendent quelques persifleurs folliculaires (bientôt sous les verrous), Bernard Arnault ne demande pas la naturalisation belge. Il est Belge !

Jamais entendu Arnault chanter les Filles du bord de mer ? Et avec l’accent, s.v.p. !

Voilà pourquoi il quitte la France. Ce n’est pas Hollande qui le chasse en Belgique. C’est son vrai pays qui l’appelle. Ecoutez-le compter, le plat pays qui est le mien. Tendez l’oreille. Il est des nôtres. Il sait compter en belche, Arnault. Septante millions d’euros. Combien ? Nonante millions d’euros. Ah ! C’est mieux !  Neuf cent nonante millions d’euros. Là, le compte est rond.

Mais neuf cent nonante millions pour qui ? pour quoi ? Que doit-il acheter pour prouver ses racines ?

Une usine de gaufres, comme son pote Albert Frère ? Ce serait un investissement tellement belge. Hélas, le business des gaufres, c’est fini depuis que son principal homme sandwich, Bart De Wever, a renoncé à se vendre en 3-D et qu’il fait l’apologie des salades et des carottes râpées.

Les banques, l’électricité, l’édition de BD ? Aux mains des Français. La bière ? Chez les Brésiliens. La sidérurgie ? Liquidée par les Indiens. GB-Carrefour ? Déjà dans son escarcelle.

Quoi ? Il n’y a rien, vraiment rien, à se mettre sous la dent dans ce pays ?

Si. Reste une entreprise dont la croissance est dix fois celle de la Chine. La N-VA.

Après la veuve Cliquot, pourquoi Arnault ne s’offrirait-il pas Jambon ? Aucune entreprise n’est plus rentable que celle-là ! Elle le sera encore davantage, boostée par le talent d’un entrepreneur aussi madré que Bernard Arnault. Bien sûr, l’alliance Arnault-De Wever obligera chacun des partenaires à mettre un peu d’eau dans son vin. Arnault devra quitter son magnifique refuge d’Uccle pour s’établir au-dessus d’une taverne du port d’Anvers et les pontes de la N-VA accepter d’être managés en français.

Un autre danger guette Arnault s’il dynamise encore la N-VA. On l’appelle le plan B.

Un virus sournois qui peut faire exploser tout son projet. Et qui se révélera d’autant plus actif que la N-VA sera puissante.

Le jour où elle aura pris le pouvoir, la Belgique explosera. Et tous les efforts du pauvre Bernard, seront réduits à néant. Là, il aura l’air malin avec son beau passeport sentant le plastic frais lorsque sa propre entreprise annoncera la fin du pays. Et qu’en écho, les anciens départements du sud retourneront à la France. Avec lui dans les bagages, évidemment …

www.berenboom.com

OFFRE D’EMPLOI

Un vent favorable a emmené sur notre bureau cette lettre adressée confidentiellement il y a deux jours par Dominique Strauss-Kahn à Bart De Wever.

 

« Cher Monsieur,

 

De mauvais esprits ont saboté la poursuite de ma carrière en France. Vous avez sans doute appris ma mauvaise fortune. Mon avenir étant définitivement  aussi prometteur que celui de mon camarade Michel Rocard, j’ai songé à entamer une nouvelle vie en Belgique.

Dois-je vous rappeler mes titres et qualités ? J’ai été ministre des finances en France, patron du FMI aux Etats Unis, ce qui m’a emmené à me promener dans le monde entier, les déplacements vers les contrées exotiques ne me font pas peur.

De plus, j’ai compris que votre pays n’a pas encore trouvé mon équivalent –si je puis le souligner modestement- le surhomme capable non pas tellement de redresser les finances publiques mais surtout de vendre les mesures d’austérité nécessaires à la population.

Faut-il encore le prouver ? Mes capacités de communicant sont incontestables et je crois inégalées. Où que je passe et quoique je fasse, mes actions sont plus médiatisées que même la naissance du bébé de Nicolas Sarkozy et de Carla Bruni. Y a-t-il un autre personnage dans l’Histoire dont on a raconté mondialement et pendant des mois dix bêtes minutes de tête à tête avec une femme de chambre guinéenne –un malentendu ?

C’est dire combien vont être populaires mes tête à tête avec votre futur premier ministre, Elio Di Rupo. C’est pourquoi je vous propose d’appuyer ma candidature au poste de ministre président de Flandre. (Ce titre magnifiquement ronflant correspond parfaitement à mon tempérament schizophrène et je suis sûr que ma femme appréciera, ce qui est pour moi l’essentiel).

Le seul hic de l’histoire, comme disait le capitaine Haddock (vous voyez ! Je connais déjà vos classiques !), c’est le néerlandais. On me reconnaît le don des langues mais, de là à la parler aussi bien que M. Di Rupo, pardon, je veux dire que M. Kris Peeters, il y a un pas. Mais plus ça va, plus j’apprends vite. J’ai assimilé l’anglais en quelques années, le guinéen en quelques minutes.

Or, dans une interview que vous venez d’accorder à Humo, je lis que votre femme à journée nigériane parle mieux le néerlandais que votre futur premier ministre.

N’y a-t-il pas là matière à un excellent deal entre nous, cher M. De Wever. Un deal win-win comme vous les aimez ? Pour aller droit au but, comme j’aime, vous me filez votre Nigériane, là tout de suite, et moi, je mets mes compétences et mon carnet d’adresses internationales à la disposition de votre belle région.

Avec ma force de frappe, vous pouvez compter sur moi pour que votre pays explose en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire.

 

www.berenboom.com