POLAR AU TEMPS DU VIRUS

On imagine déjà la littérature issue de l’épidémie et du confinement. Sombres histoires de familles, groupées autour du père qui a refusé l’hospitalisation et qui s’éteint doucement devant la télévision allumée, histoire de couples dont la détresse est exacerbée par le huis-clos, ou dans un genre plus aventureux, comment rejoindre son amant ou sa maîtresse de l’autre côté de la ville en déjouant les nombreux contrôles de police. 

Et à quoi ressemblera le polar à l’heure du corona ? 

Le commissaire Tillieux est obligé de rester chez lui, alors qu’il a besoin de l’ambiance du commissariat, l’odeur des clopes et du café bouilli. La réunion quotidienne se fait par Skype. La moitié de l’équipe est incapable de se brancher. L’autre s’occupe des enfants et des commissions. De toute façon, Tillieux n’entend rien: le jeune voisin, guitariste débutant, fait ses gammes d’un côté du palier. De l’autre, un bricoleur fou s’acharne sur sa perceuse électrique. 

   « Allo, chef ? Le corps d’une femme, Parc royal.

– J’arrive. Ne touchez à rien. 

 Devant le kiosque à musique, un corps apparemment sans vie, entouré de trois flics. En respectant la distance réglementaire, on n’aperçoit pas de traces de sang ou de coups. Le commissaire fait appel à un médecin qui explique qu’il ne consulte que par téléphone. « Envoyez-moi une photo » soupire-t-il devant l’insistance de Tillieux.

– Ca va vous permettre de prendre son pouls ? 

 Le toubib raccroche. Cinq autres font de même. Prenant son courage à une main, notre héros pose l’autre sur le cou de la jeune femme. Les policiers le félicitent mais reculent de dix mètres. Un cadavre plus un flic bientôt contaminé, c’est trop pour de simples figurants.

  Dans le sac de la dame, on a trouvé son adresse. Tillieux et ses deux adjoints, venus en trois voitures, sonnent chez ses voisins. Personne n’accepte d’ouvrir. « Instructions du gouvernement ! » grondent-ils. 

   Une femme finit par répondre à Tillieux en hurlant derrière sa porte fermée. 

   « Evelyne Bonnadieu ? Morte ? Ca ne m’étonne pas. J’avais déjà averti par lettre anonyme qu’elle était de moralité douteuse. Hier, je l’ai vue embrasser un homme dans l’escalier. Sur la bouche, monsieur le commissaire. Dégoûtant ! »

   Le roman tourne au thriller. On retrouve les jours suivants cinq autres corps de plus en plus mutilés dans les parcs fermés de la capitale. Mais comment mener l’enquête au temps du corona ? Les membres de la police scientifique sont aux abonnés absents. Les flics locaux indisponibles, ils patrouillent pour empêcher les promeneurs de s’asseoir dans les parcs. Personne n’ose toucher les corps, encore moins les vêtements couverts de sang. Les dossiers des éventuels suspects sont au fond des armoires de commissariats, inaccessibles, comme le palais de justice.  

  Le virus a aussi bouleversé l’art du polar… 

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ARTHUR, OU T’AS MIS LE CORPS ?

La vraie question que pose la liquidation d’Oussama Ben Laden est celle-ci : Bon Dieu ! Où est le corps ?
Inutile de dire que personne n’accorde foi à la version officielle. Le cadavre à la flotte pour empêcher ses groupies de se prosterner sur sa tombe. Allons ! Alors que des experts réussissent à remonter du fond de l’Atlantique les boîtes noires de l’Airbus A330 du vol Rio-Paris, on se doute que les membres du club Ben Laden n’auront de cesse de plonger toutes palmes dehors dans la mer d’Oman à la recherche de leur idole, facile à repérer grâce aux ondes de haine qu’il continue d’émettre.
Alors, où est le corps ?
La vérité est peut-être que les soldats d’élite l’ont tout simplement égaré dans le feu de l’action.
« Où c’est que tu as mis Oussama, Art ?
– M’enfin ! C’est toi qui devais t’en charger !
– Moi ? Je n’ai fait qu’obéir aux ordres du président. Il me dit de tirer, je tire. Il me dit de me tirer, je me tire !
– Alors, on a dû l’oublier sur la table ! 
– Fuck ! Le film ne sortira jamais ! On aurait l’air trop ridicule ! Et ma petite amie qui pensait que j’allais devenir une star ! Encore raté ! »
Ce ne sont évidemment pas les Pakistanais, déjà soupçonnés d’avoir caché le terroriste n°1, qui vont vendre la mèche. Dès que les Américains ont évacué les lieux en laissant leurs saletés derrière eux, ils ont nettoyé la villa à toute vitesse pour abriter un autre ami en fuite. Kadhafi, Bachar el-Assad ou encore Ali Abdullah Saleh. Les candidats locataires ne manquent pas dans le monde arabe en ce beau printemps.
Selon une autre hypothèse, la mort de Ben Laden est un leurre, comme l’était son existence. Il n’a pas non plus marché sur la Lune, ni dirigé des avions sur le World Trade Center et le Pentagone. Ses vidéos ont été fabriqués (pas très chers vu les décors miteux et la caméra hésitante) par un producteur fauché. Ben Laden est une farce, une création de la propagande américaine pour salir l’image des bons musulmans dans le monde. Un indice : a-t-on jamais vu quelqu’un qui s’efforce d’être pris au sérieux se promener avec une barbe pareille sinon dans les films des Monty Python ?
Reste une dernière hypothèse qui circule dans « les milieux généralement bien informés » : Ben Laden n’a pas été abattu. Emballé dans son drap de lit, il a été emporté aux Etats-Unis et enfermé dans une base secrète au fond d’une cellule avec Staline et Hitler.
On ressortira le trio le jour où un quatrième larron prétendra à son tour devenir le maître du monde. Avec le réchauffement de la planète et le réveil des volcans, on peut s’attendre malheureusement à une accélération des cervelles en fusion dans les mois qui viennent.

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