MIEUX VAUT PERE FOUETTARD QUE JAMAIS

On appelle ça une crise d’autorité. La méfiance des Français à l’égard de leur président est à l’image de celle de beaucoup de citoyens européens à l’égard de leurs dirigeants.

Quel est le principal reproche des Français à François Hollande ? Sa volonté de rechercher le consensus, qualifiée de mollesse et d’incapacité à décider. Leur modèle de chef, c’est un type qui tape sur la table, qui crie « je veux » devant les caméras, qui vitupère devant les petits caïds des quartiers sensibles et qui s’oppose violemment à « Bruxelles ». Comme aucun de ses adversaires de la droite démocratique ne leur paraît non plus capable d’endosser le costume de guide musclé de la nation, ils plébiscitent Marine Le Penn. C’est vrai que dans l’opposition, les Français cherchent vainement un clone de Nicolas Sarkozy, époque Kärscher. Ni François Fillon qui a fermé sa gueule devant toutes les outrances de son boss pendant cinq ans, ni Jean-François Coppée, éternel second couteau des séries d’avant soirée, ni Nathalie Kosciusko-Morizet qui semble une personne plus déplacée en dehors de Neuilly qu’une famille Rom et que la police de Manuel Valls risque d’expulser du territoire par mégarde.

Durant le règne de Sarkozy, les Français ont pourtant vu les résultats d’une politique soi-disant musclée. Mais, quelques mois plus tard, le moment de lucidité passé, ils sont à nouveau persuadés que seuls un homme ou mieux une femme providentiels va les sortir de la mélasse.

A leurs yeux, Marine n’est plus la fifille de Jean-Marie Le Penn, la descendante de la France de Pétain et des tortionnaires d’Algérie, mais une nouvelle Margaret Thatcher. Qu’ils demandent donc aux Anglais ce qui restait de la Grande Bretagne quand la dame de fer a commencé à rouiller.

Ce mythe qu’on vivra heureux, protégé par la ligne Maginot, a décidément la vie dure. C’est aussi l’illusion que vend la N-VA avec son nouveau-vieux programme. Est-ce vraiment un hasard si le fifils de Bart De Wever, le petit Jan Jambon, a lui aussi fricoté avec les nostalgiques de l’extrême droite ?

C’est dans cette atmosphère qu’a surgi la polémique sur le père Fouettard. Aussi, je pose la question : qui veut la peau du méchant dans le couple Saint Nicolas ? Est-ce un contre-feu maladroit allumé par les amis de Hollande et tous ceux qui s’inquiètent de la résistible ascension des boss gonflés aux hormones ? C’est une erreur politique – une de plus. Le duo Saint Nicolas-père Fouettard est exactement ce qu’attendent les enfants et surtout leurs parents, la promesse de cadeaux d’un côté et la certitude d’une solide raclée de l’autre. Hollande ne survivrait pas sans Vals (Royal aurait aussi fait l’affaire). De Wever sans Siegfried Bracke.

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