KARATE A TOUS LES ETAGES

L’enquête menée par votre quotidien favori et par la RTBF révèle que 70 % des Belges sont favorables à un pouvoir fort. Mais, que signifie un pouvoir fort ? Il est dommage que les enquêteurs n’aient pas approfondi la question. Et n’aient pas demandé aux sondés quel est leur modèle. Poutine ou Erdogan ? Hitler ou Staline ? Gengis Khan ou Godefroid de Bouillon ?

Jusqu’ici, les Belges n’ont jamais aimé les grandes gueules, les rouleurs de mécaniques, les stoeffers et les dikke nek. Même à l’époque où le fascisme triomphant séduisait une grande partie de l’Europe, Degrelle s’est dégonflé plus vite que son ombre. Aucun homme providentiel ni aucune dame de fer n’ont réussi à rassembler les Belges. Si de Gaulle était né en Belgique, il serait au mieux devenu bourgmestre et madame Thatcher ministre de la culture.

La même enquête révèle d’ailleurs que, de toute façon, une très grande majorité de citoyens ne font plus confiance aux hommes politiques, ni aux partis ni même aux institutions. Tout le monde est balayé avec la même énergie, le « gentil » Charles Michel comme le « méchant » Bart De Wever, notre nouveau Che Guevara, Paul Magnette, autant que cette caricature de militant anti-immigré aux relations sulfureuses, Théo Francken.

Si notre pays est sur le point de couler et que son sauvetage n’est plus aux mains de nos excellences, qui alors pour nous faire le bouche à bouche ?

Certains, comme David Van Reybrouck, sont partisans du tirage au sort de ceux qui vont voter les lois. Les parlementaires seraient désignés par une main innocente comme les super vainqueurs du Lotto (mais un peu moins bien payés). Ils font le pari que les cinq cent vingt trois parlementaires (fédéraux et régionaux confondus) sortis de l’urne ressembleraient au professeur « nobellisé » François Englert, aux frères Dardenne – peut-être aux frères Taloche – mais le hasard peut aussi nous octroyer cinq cent vingt-trois clones de Laurent Louis. Aux abris !

On comprend alors la préférence des citoyens pour un seul boss, un homme fort. Hélas, Superman et Batman sont déjà occupés ailleurs. De plus, ils ne parlent ni français ni néerlandais. Kim Jong-un s’amuse tellement avec ses gadgets atomiques made in Korea qu’il n’a pas de temps à consacrer à notre pauvre royaume. De plus, c’est un étranger, ce qui n’est pas du goût de nos sondés. Qui alors ?

Jean-Claude Van Damme, bien sûr ! Un super héros au chômage, un homme qui maîtrise parfaitement la politique puisqu’il est spécialiste des arts martiaux après s’être frotté à la danse classique (un mélange contre nature typiquement belge) et un défenseur des produits de notre terroir (il a joué dans le film « Mort subite »).

JCVD for president. Et fini le blues noir jaune rouge.

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EMBALLAGE CADEAU

Saint Nicolas nous étonnera toujours. Mais est-il vraiment prudent de lui confier le soin d’apporter les étrennes de nos chers enfants ? C’est une belle idée qu’il a eu d’emmailloter la centrale nucléaire de Tchernobyl dans un immense emballage cadeau et l’avoir déposée au pied d’un sapin éternellement vert (d’un vert inquiétant soi-dit en passant) avec la mention « à n’ouvrir que dans cent ans.» Mais les enfants ukrainiens de l’an 2116 comprendront-ils l’étiquette « attention ! fragile ! » collée sur le papier ? Et sauront-ils que faire de ce beau paquet venu d’un passé lointain ? Déjà qu’avec un château-fort en pièces détachées, on se prend la tête toute la soirée et toute la nuit pour décrypter le mode d’emploi en coréen avant de balancer le tout par la fenêtre avec le gosse en pleurs. Avec le dôme de confinement, le démontage par les petites mains de nos arrière-arrière-arrière petits enfants va être explosif.

L’idée de Saint Nicolas pourrait cependant connaître un certain succès en cette époque où il y a bien des choses qu’on a envie de glisser sous le tapis. En se disant que nos descendants auront peut-être plus d’imagination que nous pour régler les questions qui nous paraissent insolubles. Le nouveau président américain et la politique de cauchemar qu’il annonce ? Hop ! Sous cloche ! Poutine, Assad, coulés dans un bloc de béton. L’état islamique ? Enterré, de préférence pas trop loin de Tchernobyl. Avec quelques potentats corrompus, qui monopolisent éternellement le pouvoir.

On pourrait aussi dans la foulée glisser les centrales nucléaires belges sous cloche puisqu’on ne sait plus qu’en faire pour éviter qu’elles nous pètent à la gueule. Mais, dans cent ans, y aura-t-il encore quelqu’un dans le coin pour soulever le dôme et voir ce qui reste et dans quel état tout ce bazar a vieilli ? Une solution serait de mettre en même temps toute la Belgique sous cloche. Ce qui promet un bel amusement le siècle prochain aux occupants de la planète. Ils pourront transformer en parc d’attraction notre patrie, figée une fois pour toute en l’an 2016. Comme il sera pittoresque de retrouver nos six gouvernements toujours en état de marche, nos autoroutes éternellement saturées et nos vieux trains à une ère où autos et locos auront disparu depuis longtemps. Ce sera comme retrouver un morceau d’époque victorienne en visitant l’appartement de Sherlock Holmes au 221 B, Baker street. Restée accrochée à ses chères centrales, madame Marghem sera toujours là, bon pied, bon œil pour faire visiter ses antiques centrales, Charles Michel et Elio Di Rupo amuseront les enfants. Et Bart De Wever fera à la demande des touristes des discours dans une langue aussi oubliée qu’aujourd’hui l’araméen ou le sanskrit.

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TROUBLANT TROU NOIR

Quelle histoire pour un trou noir de quatre milliards et des poussières alors qu’en Arabie saoudite, le gouvernement cherche près de nonante milliards au fond des sables sans susciter la moindre protestation des chameaux. Evidemment, dans ce royaume, il suffit d’augmenter de quelques dollars le prix du baril de pétrole pour que ses habitants puissent à nouveau faire leur marché chez les joailliers de Genève après un petit détour par la F.N. de Herstal.

L’augmentation du prix du tonneau de bière ne risque pas d’entraîner les mêmes effets sur notre budget fédéral. Surtout que notre gouvernement n’a aucune prise sur le cours de la bière belge vu qu’elle est devenue brésilienne ni sur aucun de nos autres bijoux de famille qui, un à un, ont été dispersés aux quatre coins du monde.

La vraie différence entre l’Arabie et la Belgique tient à la qualité de la communication. Qui a jamais entendu un discours du premier wahhabite ? La moindre promesse de sa part ?

Nos dirigeants, eux, se croient obligés de jouer sans cesse les Matamore, de promettre le retour du printemps alors que l’automne vient de commencer. Lors de la mise en orbite du gouvernement kamikaze, pourquoi avoir annoncé que l’équilibre des finances publiques, c’était pour demain ? Que la droite faisait des économies là où les socialistes ne sont capables que de dépenser ? Blablabla. Ca a peut-être permis à Charles Michel de caracoler pendant quelques mois en tête du hit parade en Flandre, entre deux présentatrices de la télé flamande. Mais plus dure sera la chute.

Notre Micheleke ressemble soudain au pauvre président Hollande qui avait promis aux Français la diminution du chômage, la main sur le cœur (à gauche). Il avait même ajouté : si le chômage ne baisse pas, juré-craché, je ne me représenterai pas. L’a l’air malin maintenant.

Charles Michel a un peu plus de temps que lui pour sortir de ce pétrin mais pas beaucoup.

Conscient des prochaines échéances, il s’est mis en chasse. Lors de son voyage à New York, il s’est littéralement jeté sur George Clooney. Vous avez vu cette photo où la star essaye à toute force de s’arracher à l’étreinte de cet étrange barbu qu’il n’a jamais vu et qu’il prend pour un mendiant un peu collant ?

Quand il a appris le montant de la fortune de Brad Pitt, on comprend que notre Premier ait eu l’idée de taper son copain George. Mais était-ce vraiment le bon interlocuteur ?

On peut adorer l’acteur, peut-être le meilleur de sa génération (who else ?), et considérer qu’il est nettement moins doué en politique. L’indépendance du Sud-Soudan, c’était son œuvre. A côté de la guerre civile qui se déroule dans ce pays à peine né et déjà en état de mort clinique, les querelles entre Flamands et francophones sont d’aimables ketjesspel.

On ne vit peut-être pas si mal avec une petite ardoise…

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DEBOUT LES DAMNES, ETC

Goblet, reviens, ils sont devenus fous !

Depuis que Marc Goblet s’est retiré, tout va de travers: les patrons licencient à la pelle et les travailleurs, au lieu de se révolter, de défiler dans les rues de Charleroi sur les énormes engins flambant neufs qu’ils viennent de fabriquer, continuent d’aller tranquillos au turbin. Même les TEC n’ont pas connu un jour de grève. Même les TEC !

On pensait que la classe ouvrière n’avait plus que ses yeux pour pleurer et le mouchoir de Paul Magnette pour les essuyer jusqu’à l’annonce surprise de Charles Michel.

Je suis prêt, a-t-il annoncé la voix un peu tremblante tout de même, et le poing timidement levé, de reprendre le rôle du flamboyant leader syndical, après le refus cassant de Marie-Hélène Ska. La patronne de la CSC a déclaré en effet à propos de son ancien collègue, désolé, les mecs, un mâle pareil, il n’y qu’un autre mâle pour le remplacer. Imagine-t-on le Roi Lear jouée par une femme ?

Avec sa belle barbe, Charles Michel a donc senti que l’annonce de la fermeture de Caterpillar ouvrait une nouvelle page de son destin. Du ciel, une voix lui a murmuré à l’oreille : Charles, le moment est venu pour toi de changer de registre.

Fini les cocktails avec les patrons, où il est obligé de parler néerlandais pour tenir son rang face aux leaders de la N-VA, fini les voyages autour de la planète pour vanter en anglais les bienfaits des intérêts notionnels et de toutes nos autres turpitudes fiscales réservées aux capitaux lointains pour les attirer dans notre pays fatigué. Fini tout ça. Charles $ Michel est mort. Vive Charles camarade Michel !

Dans son nouvel habit, il peut crier haut et fort et en wallon sa solidarité avec le prolétariat. Debout les damnés de la terre wallonne ! Paul Magnette et Raoul Hedebouw en restent comme deux ronds de flancs, dépassés sur leur extrême gauche. Celui-là, ils ne l’avaient pas vu venir. Pas plus que son appel à faire « l’union sacrée » avec toutes les forces de Wallonie, entendez les socialistes pour « soutenir les travailleurs » contre l’abominable capitaliste américain. Tremblez, au fond de l’Illinois !

Pour un premier essai, franchement, c’est pas mal, mais pas encore tout à fait ça. Le vocabulaire est un peu pauvre, un peu plat, la voix ne porte pas très loin, certainement pas jusqu’aux Etats-Unis. On sent notre jeune Premier pas tout à fait à l’aise dans le costume, avec son foulard rouge trop neuf, un casque jaune tout juste sorti du stock américain et la photo de Raoul Hedebouw au mur.

Charles devrait peut-être potasser son Shakespeare pour monter en puissance. Dans « Le Roi Lear » justement, il trouvera une belle formule : « C’est un malheur du temps que les fous guident les aveugles ». A condition de préciser que le fou est américain et non pas le chef du gouvernement belge…

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UBER ALLES !

Merci madame la Poste ! Une fois de plus, en avance sur l’histoire.

Après avoir remplacé les facteurs par des livreurs de pizza et les buralistes par des caissières de Delhaize, voilà une nouvelle trouvaille pour remplir ses obligations de service public : faire livrer les colis par les citoyens eux-mêmes plutôt que par les facteurs. Ils coûtent chers, les facteurs, ils sont syndiqués et se plaignent sans arrêt.

L’Uberisation va remplacer désormais toutes ces bêtes règles du droit du travail qui rendent nos entreprises si peu compétitives. En utilisant les voisins ou les voisins de nos voisins des villes voisines, c’est juste un p’tit coup de mains entre amis. Plus de rémunération minimum, de retenues sociales et fiscales, de préavis impayables, de congés payés. Fini, toutes ces absurdités d’un autre temps.

Et, si le voisin est trop pris par le football pour rendre un petit service à la poste, jouer taxi ou remplacer la comptable, il enverra ses lardons. Quoi le travail des enfants ? Encore une invention des socialistes pour contrarier le développement de nos industries.

Le foot, parlons-en. Nos clubs ne sont plus en mesure d’assumer les salaires vertigineux de stars bling-bling aux pieds cousus d’or sans faire appel à la maffia russe ou aux cheiks arabes ? Il y a un autre moyen. Remplaçons-les par les supporters. Ils seront peut-être moins efficaces que les pros de l’équipe adverse mais ils seront beaucoup plus nombreux sur le terrain. Surtout, ils ne coûtent pas chers et ils ont plein de copains pour les encourager au lieu de passer leur temps à critiquer joueurs et coach.

Les gardiens de prison s’entêtent à se croiser les bras ? Remplaçons-les par les détenus eux-mêmes. Vous verrez quelle discipline ils feront régner à Lantin et à Andenne.

Les chauffeurs des TEC laissent leurs véhicules rouiller dans les dépôts ? Quelques camionneurs polonais sont tout prêts à les remplacer entre deux livraisons.

La politique aussi a tout à gagner à la culture Uber. Fatigués d’une classe politique empêtrée dans ses querelles byzantines et incapable de nous faire rêver, les citoyens prendront avantageusement la place de nos excellences démodées.

Un barbecue à la centrale de Doel pour profiter des fuites, c’est tout de même plus drôle, plus rentable et plus utile qu’un discours de madame Marghem.

Pour soulager les policiers et les soldats accablés de fatigue après des mois de corvées, les artistes de cirque sont prêts à les suppléer. Un dresseur de lions face à un terroriste, c’est autrement plus sûr qu’un pauvre trouffion. Autant qu’un prestidigitateur pour faire disparaître en deux tours un colis suspect. Et, pour contenir des manifestants hostiles, qui sera plus efficace, des flics ou des clowns ?

Reste Charles Michel, irremplaçable dans le rôle de l’équilibriste.

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LES ROBES RETROUSSENT LEURS MANCHES

Si tout le monde laisse tomber les bras, cheminots, gardiens de prisons, éboueurs et même Jacqueline Galant, pourquoi pas les magistrats ?

Imaginez les immenses palais de justice, aux longs couloirs sombres, aux plafonds perdus dans une nuit éternelle, tremblant sous l’effet de deux siècles de courants d’air, soudain vidés de toute présence humaine. Juges, procureurs, greffiers se croisant les bras devant les lourdes portes scellées pour l’éternité. A l’intérieur, ne resteraient que les araignées et les rats enfin libres de dévorer paisiblement les dossiers abandonnés dans les armoires qui ne ferment plus depuis longtemps.

Certains prêtent à notre premier ministre des pouvoirs magiques pour faire rouler les trains malgré les syndicats et même les bus des TEC que seuls quelques anciens se rappellent avoir vu parcourir jadis les campagnes wallonnes.

« C’est quoi les TEC, papy ? » demandent les enfants en voyant leur grand-père essuyer une larme au passage d’un mystérieux véhicule malodorant portant trois lettres rouges barrées d’une épaisse ligne jaune.

« Tu es trop jeune pour comprendre, petit », murmure l’aïeul.

Les grèves du printemps ont prouvé à ceux qui plaidaient pour la disparition des services publics qu’un état sans service public n’est plus qu’un pays en mauvais état.

Devant la statue de Themis, Charles Michel reste aveugle, les bras ballants. Ce qui oblige les magistrats à mettre les mains dans le cambouis. Heureusement, ils disposent de quelques ressources dans leur boîte à outils.

Dans les cellules surpeuplées, ils trouveront bien l’un ou l’autre hacker prêt à leur bricoler enfin un système informatique si puissant qu’il permettra d’explorer les données les plus secrètes de tous les suspects, ce qui épargnera les frais et la longueur des instructions.

Un droit d’entrée sera désormais réclamé à ceux qui entrent dans les salles d’audience, parties à la cause comme avocats, ce qui permettra d’acheter stylos à bille et cartouches d’imprimante et de couvrir les frais de nettoyage des robes et des bavettes.

Pour les impatients qui se plaignent de la lenteur de la justice, des tueurs ukrainiens et albanais seront mis à disposition, ce qui réglera en même temps un autre problème insoluble, l’encombrement des prisons.

Financés par le tax shelter, les cinéastes belges ont d’ores et déjà accepté de donner un coup de main aux magistrats en filmant les procès les plus spectaculaires qui seront vendus au profit de la caisse des pensions du personnel de la justice.

Certes, d’aussi audacieuses mesures nécessitent de profondes réformes des lois en vigueur mais le club des anarchistes a accepté avec enthousiasme de les réécrire gratis pro deo. Dieu merci, il reste des gens généreux.

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QU’EST-CE QU’ON ATTEND POUR ÊTRE HEUREUX ?

Plus de trains, plus de bus, plus de soleil et demain, quelle autre tuile ? Allons ! Pourquoi déprimer alors qu’il y a tant de raisons de se réjouir et pas seulement de l’arrivée de l’été ? Non, je ne parle pas des diables rouges, ça porte malheur. Mais de tous les bienfaits que nous apporte la situation chaotique de ces derniers jours.

Au niveau de la pollution d’abord. La paralysie des transports en commun va considérablement diminuer notre empreinte carbone. Et l’afflux des voitures sur les routes fondre peu à peu grâce à la faillite d’un grand nombre d’entreprises. En novembre prochain à Marrakech, la Belgique sera montrée en exemple lorsque Charles Michel montera à la tribune de la CUP 22. Une belle revanche sur l’humiliation subie à Paris en décembre dernier, lorsqu’il a dû expliquer que nous n’étions pas prêts car le ministre flamand de l’environnement n’avait pas bien compris le texte du ministre de l’environnement wallon, qui avait négligé de le soumettre à son collègue germanophone tandis que le ministre fédéral l’avait oublié sur un bout de table en dessous de son plateau repas.

Les grèves ont aussi eu un effet positif sur le développement de l’ingéniosité. Privés de trains, les étudiants ont en effet réussi à trouver des solutions alternatives comme le leur suggérait le patron de la FGTB, pour une fois bien inspiré, par exemple en piquant les Porsche Cayenne et les BMW Coupé qui défiguraient bêtement les rues d’Uccle de Gerpinnes ou de Lasne.

Les grèves ont également permis un développement inespéré de la solidarité entre Flamands et Wallons. Jusqu’ici, on sentait une résistance de l’opinion publique du sud du pays aux initiatives séparatistes d’une partie de nos compatriotes du nord. Cette fois, les Wallons seront tout à fait d’accord que la Flandre devienne indépendante pourvu que la Wallonie soit rattachée à la nouvelle république flamande et qu’elle bénéficie des services publics flamands.

Autre conséquence possible et heureuse de tous ces blocages, la chute du gouvernement. Tout le monde se rappelle avec nostalgie de ces cinq cent quarante et un jours de vacance(s) en 2010 et 2011, période bénie pendant laquelle tout roulait, tout tournait, tout fonctionnait normalement. Même Yves Leterme, jusque là le pire premier ministre belge, devenu un leader presque habile, une fois débarrassé de l’angoisse des conflits politiques et sociaux. Charles Michel devrait s’en inspirer. D’autant que, en cas de démission de son équipe, le record mondial établi et homologué à l’époque risque fort d’être battu. Ce qui lui garantit des années et des années de pouvoir sans grève et sans opposition et à nous les initiatives boiteuses et maladroites de ses ministres. Plus tout ira mal, mieux ça ira…

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EN VERT ET CONTRE TOUS

Hissez les couleurs, mille sabords ! De loin, « La terre est bleue comme une orange » (Paul Eluard). De près, elle scintille de mille couleurs depuis que « la lumière fut », des folles paillettes de la queue du paon à la peau kaléidoscope du caméléon. Il n’y a que chez les hommes que, côté couleur, ça grince un peu.

En entendant crier : V’là les roûches ! Ou Allez les Mauves et Blancs ! les uns se mettent à vociférer et les autres au garde-à-vous. Chacun dans son coin, chacun coincé dans sa couleur. Selon que la mariée s’habille en noir, en jaune ou en violet, l’histoire du couple sera différente. Dans la société homo soi-disant sapiens, la couleur vous colle à la peau. On a beau être riche et célèbre comme Michaël Jackson, changer de peau finit le plus souvent en tragédie.

L’arc-en-ciel, ça existe pourtant. On en rêve. Mais c’est loin, très loin. « Somewhere over the Rainbow » chantait Judy Garland pour échapper au « désordre sans espoir » de ce monde et voler jusqu’au pays d’Oz où « les soucis fondent comme du sorbet au citron ».

Mais, quand les syndicats crient « on est à l’os ! », ils ne célèbrent pas le Magicien. Pourtant, le gris souris des prisons wallonnes n’est pas une fatalité.

La preuve par l’Autriche dont le vert pomme a permis à ce qui reste de l’empire d’échapper au brun sinistre. En espérant que le noir Marine ne recouvre pas la France où le rouge peu à peu rose est devenu presque transparent. Reste comme toujours Angela Merkel dont la couleur extravagante des vestes, canari ou saumon, permet de garder le moral. En attendant de découvrir qui redonnera du Technicolor à l’Espagne.

Chez nous, dès sa mise en place, le gouvernement avait tenté de mêler les couleurs en annonçant fièrement la suédoise. Il s’est plutôt mêlé les pinceaux. Certains observateurs avaient prévenus : le mélange bleu orange avec le noir et jaune sentait bon le kamikaze…

Après deux ans de travaux, chaque couleur fout le camp de son côté. Les murs de la rue de la Loi ont repris l’aspect lépreux dans lequel Charles Michel les avaient trouvés.

Ceux qui rêvent du retour d’une bonne couche de rouge devraient prendre garde. Aux Etats-Unis, le rouge est la couleur des républicains de Donald Trump. C’est le bleu, la couleur des démocrates. Preuve qu’en matière de couleur, tout est relatif et trompeur. Une couleur peut en cacher une autre.

Avec l’Euro de foot, on s’attend à un feu d’artifices mais une fois encore les couleurs ne se mélangeront pas. Au contraire. Dans le sport, c’est chacun pour soi. Peut-on compter alors sur les manifestants qui remuent et bloquent Bruxelles et Paris ? Au lieu de se fâcher tout rouge, ils pourraient aller vérifier, du moins si les trains se remettent à rouler, la légende qui promet un pot d’or à tous ceux qui arrivent jusqu’au pied de l’arc-en-ciel.

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TU VEUX MA PHOTO ?

Alors qu’il manifestait selon son habitude contre les musulmans à Anvers à la tête de sa bande de braillards, Filip Dewinter a eu la surprise de voir soudain s’approcher de lui une souriante jeune femme voilée qui a pris devant lui un selfie épatant : tous deux comme détachés du monde. Loin des violences et des éructations. Pas tout à fait, cependant. Ils n’en étaient pas encore au tongkus. Sur la photo, lui gueule dans un porte-voix et elle le regarde, coquine et ironique. Mais ils se tiennent tout près l’un de l’autre. Prêts à se toucher ? Cela ouvre des pistes comme disent les syndicats des gardiens de prison. Pour dégager un peu les voies respiratoires, très encombrées depuis quelques mois par un souffle inquiétant. Comme si les attentats de Paris et de Bruxelles avaient fait sortir une violence malsaine jusque-là contenue.

En France, le déferlement de barbarie de jeunes casseurs transforment les manifestations contre le gouvernement et sa nouvelle loi sur le travail en un terrain de destructions massives et aveugles.

En Belgique, la violence d’un gouvernement indifférent ou inconscient des dégâts que va provoquer dans toute la société sa politique d’économies automatiques qui détruit la justice, désagrège les transports, signe l’évaporation des services publics et la fin des investissements publics, symbolisée par l’effondrement théâtral des tunnels routiers de Bruxelles. Mais la violence vient aussi de certains syndiqués, qui n’hésitent pas à provoquer des grèves nombrilistes sans même respecter le deuil après les attentats, ou d’agents pénitentiaires prêts pour obtenir leurs justes revendications à soumettre les détenus à un régime indigne et dégradant.

L’exemple donné par notre sympathique jeune Anversoise donne des idées. Mais on s’aperçoit aussitôt comme il est difficile à mettre en œuvre. Imaginons-nous un gardien de la prison d’Andenne se faisant photographier dans une cellule puante et surpeuplée avec un, deux, dix détenus hilares ? Charles Michel posant avec les patrons des trois syndicats de matons, clic, clac, devant sa salle de douches au 16 rue de la loi ? Raoul Hedebouw s’affichant, une passoire de spaghettis sur la tête à la place de son T-shirt à la gloire de Staline, bras dessus bras dessous avec Elio Di Rupo et Paul Magnette ?

La jeune photographe anversoise avait raison : coincer son adversaire, son ennemi dans une photo, c’est fermer la gueule du lion. C’est plus efficace encore, s’il faut en croire Michel Tournier qui disait que la photographie est une pratique d’envoûtement qui vise à s’assurer la possession de l’être photographié.

De quoi inspirer quelques personnalités en chute libre dans les derniers sondages…

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CHACUN CHERCHE SON CHAT

D’après IBM, le nouvel ordinateur quantique qu’il met au point renverra nos plus superbes Lap-Top à la casse. Un ami a essayé un jour de m’expliquer la théorie des quanta. J’en suis sorti émerveillé et terrifié, en tout cas pour ce que j’en avais vaguement saisi. Voyant ma mine ahurie, il a essayé d’imager sa leçon par le paradoxe du chat. Selon la théorie des quanta, un chat peut se trouver à la fois dans son panier et sur mes genoux dans la même pièce, énervé d’un côté parce que j’ai oublié les croquettes de Sa Seigneurie et en même temps somnolent et repu au creux de mon ventre.

On imagine les applications fabuleuses de ce nouvel ordinateur qui permettra de tenir une double comptabilité sans vous compromettre puisqu’elle sera initiée à votre insu de votre plein gré, d’établir une société à Bruxelles et à Panama (ah ça, il paraît que ça existe déjà), de gérer vos deux ménages, celui avec votre femme légitime et celui avec votre maîtresse, sans jamais vous tromper dans la date de leurs anniversaires ni dans les destinations de vacances promises à l’une et à l’autre. Plus fort encore, selon cette théorie magique, votre maîtresse sera le sosie de votre épouse même si elles gardent chacune son caractère. L’une vous cajole pendant que l’autre vous fait une scène.

La théorie des quanta permet aussi de prolonger la découverte que viennent d’annoncer des chercheurs liégeois. Deux exo-planètes ressemblant à notre bonne vieille terre tournent à un certain nombre de kilomètres de Molenbeek  autour d’un petit soleil pareil au nôtre ou à peu près.

D’après nos amis liégeois (Liège, c’est la Marseille de Belgique), il n’y a qu’un pas avant de conclure que ces mondes sont habités par des créatures vivantes. A quoi ressemblent-elles ? Petits hommes verts, monstres préhistoriques, pieuvres géantes et baveuses ? Oubliez ces fantasmes tirés de BD américaines des années cinquante. En vertu de la théorie des quanta, voilà ce que verront les premiers astronautes qui survoleront ces nouveaux mondes : la reproduction exacte du nôtre. Devant leurs yeux hagards, ils observeront des humains exactement semblables à eux, à leurs parents, à leurs enfants. Il y aura une ville de Liège, avec une gare Calatrava, une passerelle flambant neuve sur la Meuse, des boulets sauce lapin en veux-tu en voilà. Il y aura des Flamands et des Wallons. Poutine, Erdogan et Daesh aussi. Mais le comportement de chacun sera différent de leurs homologues terrestres s’il faut en croire le paradoxe du chat. Dans ce monde parallèle, les djihadiste seront doux comme des moines bouddhistes, Charles Michel le redoutable grand vizir de l’empire ottoman et Bart De Wever, bourgmestre de Bagdad. Sûr que là-bas, les choses tourneront mieux que dans notre monde inachevé…

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