CHER EMMANUEL / CHER CHARLES

Cher Emmanuel,

Ce petit mot pour saluer votre prestation de l’autre soir. Vous avez réussi en douze minutes à faire sauter les règles budgétaires européennes qui forment la base même de la monnaie unique et qui étranglent la plupart de vos voisins sans que vos petits déshérités ne vous en remercient. Au contraire. Ils prennent vos annonces pour la misérable aumône d’un fêtard à un SDF. Il ne vous reste plus qu’à quitter l’euro. C’est Madame Le Pen qui va en tirer une tête quand vous annoncerez que vous revenez au franc français !

Cher Charles,

Un conseil pour éviter la contagion dans votre beau pays: soignez vos Témoins de Jéhovah et autres membres de l’Armée du Salut. Ils ont beaucoup de points communs avec la Troupe des Gilets Jaunes de chez nous. Ils défilent en se lamentant sur leur sort, lancent des imprécations contre ceux qui détiennent le pouvoir sur terre tout en promettant un avenir meilleur grâce aux interventions de l’au-delà. Entre temps, ils mendient. C’est toujours ça de gagné (pour eux, pas pour moi). La seule différence entre ces groupes, c’est que les envoyés du Ciel sonnent poliment aux portes sans même encombrer les trottoirs alors que les miens bloquent les rues et démolissent les centres-villes. La France a peut-être eu tort de devenir un pays laïc.

Cher Emmanuel,

Je vous envie : vous n’êtes soutenu que par un seul parti (et encore, il est traversé de doutes), les media vous rejettent, la grande majorité de vos concitoyens vous conspuent mais personne ne peut vous obliger à rendre le pouvoir. Vous êtes solidement installé à l’Elysée jusqu’en 2022 alors que moi, j’ai le soutien de trois partis, la presse est plutôt sympathique, personne ne défile dans les rues pour me couper la tête et je me retrouve au tapis. Si vous pouviez me glisser le mode d’emploi ?

Cher Charles,

C’est moi au contraire qui vous envie. En France, quelques centaines de pauvres types bloquent çà-et-là des ronds-points et tout l’hexagone médiatique leur fait la fête en répercutant en direct permanent le moindre de leur borborygme alors que chez vous, plus de soixante mille citoyens défilent pour le climat sans que vous ne vous sentiez obligé même de respecter les engagements que vous avez pris lors de la COP 21 à Paris.
On dit que la source de tous mes maux vient de ce que je concentre trop de pouvoirs entre mes mains. Pour desserrer la pression, j’envisage de transférer une partie de mes compétences aux régions et de reconnaître leurs langues. Diviser pour régner vaut mieux que l’union fait la force.


Cher Emmanuel,

Prenez garde, malheureux ! Avec trois régions, trois communautés et je ne sais plus combien de gouvernements, chacun n’en fait qu’à sa tête (et se moque de la mienne).

Cher Charles,

Et si on appelait Angela à l’aide ?

Cher Emmanuel,

Plutôt Poutine !

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LA MELANCOLIE DE MR LOYAL

Et si, une fois de plus, le président Macron se trompait ? Si ce n’était pas l’augmentation des taxes sur le carburant, la stagnation du SMIC ou les « cadeaux aux riches » qui faisaient descendre les Français dans les rues ? Si l’explication était ailleurs ? Les Français ont quitté leurs salons et leurs écrans, tout simplement parce qu’ils s’emmerdent.
Les mêmes films et les mêmes séries à la télé, entrecoupées des mêmes bêtes pubs, les programmes stupides sur You Tube, recettes de cuisine, maquillage et ados filmant en temps réel leur quotidien banal à mourir. Assez ! Plus rien ne les amuse. Et surtout pas la politique qu’ils adoraient contempler quand elle ressemblait au théâtre de Guignol. Poum ! Pim ! Paf !
Depuis l’arrivée au pouvoir de la République en Marche, les affaires publiques sont devenues plus soporifiques qu’un bouquin de François Hollande. Le gouvernement est terne, l’opposition inexistante et le président ne parle pas ou du bout de ses lèvres gercées. Plus rien pour amuser les citoyens.
« Je vous ai compris » ou « Vive le Québec libre ! » du général de Gaulle avait une autre gueule ! Comme les débats Mitterrand-Chirac. Ou Georges Marchais insultant les journalistes en direct. On a aussi aimé Mitterrand s’expliquant sur ses curieuses amitiés avec des camarades de Pétain. Ou le « Casse-toi, pôv’ con ! » lancé par Sarkozy. Tout cela ne faisait pas avancer le schmilblick. Mais peu importe du moment que ça amusait la galerie.
Depuis que les cirques ne peuvent plus exhiber d’animaux vivants ni de monstres inquiétants et que les clowns ont pris leur retraite, il ne reste que des gilets jaunes pour faire l’animation et c’est nettement moins comique. Car ces figurants ignorent que l’image ne suffit pas. Pour soulever les foules, il faut aussi du texte, des dialogues bien construits et des punch-lines. Hélas pour eux, Michel Audiard est mort.
Le danger d’une révolte citoyenne guettait aussi la Belgique. On a vu çà et là quelques émules des gilets jaunes français se geler les petons sur les routes wallonnes. Heureusement, notre gouvernement autrement plus réactif que celui du président Macron a pris immédiatement le taureau par les cornes et organisé un grand spectacle pour éviter tout dérapage citoyen.
Faute d’autres accessoires, ils ont brandi ce qu’ils avaient sous la main, un Pacte de l’ONU sur les Migrations, le genre de textes internationaux qui n’intéresse personne et n’a de toute façon aucun effet pour faire semblant de se voler dans les plumes au grand bonheur des citoyens ébahis. Ose seulement aller chez les Marocains ! Bien sûr que je cours à Marrakech dare-dare ! Je refuse de te donner les pouvoirs ! M’en fiche, je les demande au Parlement ! Qu’est-ce qu’on s’amuse ! Ah , Macron, si tu avais le duo De Wever-Michel, tu serais sauvé !

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CLONER CLOONEY

Il n’y aura plus un seul demandeur d’asile en Belgique. Telle est la redoutable promesse faite à ses électeurs par Théo Francken, le secrétaire d’Etat à l’Asile. Et que fera-t-il alors que son job ne servira plus à rien ? Fera-t-il la file au CPAS ou réclamera-t-il le poste de premier ministre ?

Au passage, on se dit que si les élections deviennent le concours de « Qui c’est qui est le plus ignoble ? » la démocratie a intérêt à se réinventer et d’urgence.

Pour justifier son credo, Francken a trouvé un exemple à l’étranger, en Australie. A suivre ce « modèle », les grilles dorées de notre beau royaume seront fermées devant la foule des citoyens du monde – sauf quelques Chrétiens persécutés.

Qu’il songe cependant, avant de copier les kangourous pour mettre les électeurs dans sa poche, que les Australiens ont aussi inventé le boomerang…

Avec l’ami Théo, c’est toujours avis de tempête.

Plus d’étrangers chez nous, assure-t-il, c’est autant d’économies. Accueil, soins de santé, assistants sociaux, fonctionnaires, flics. C’est fou ce que ça coûte, mine de rien, un malheureux qui débarque dans la capitale de l’Europe.

En oubliant ce que ça rapporte une fois que, sa situation légalisée, il se met à travailler, cotiser, dépenser, payer des impôts. Et remplir les boulots de ce vieux pays à la pension…

Car, comment il va faire Théo pour remplacer ceux qui s’en vont ?

S’il ne veut pas d’étrangers, il devra se rabattre sur le modèle Dolly (du nom de cette brebis anglaise, le premier mammifère cloné) qu’il pourra aussi appeler, le modèle Zhong-Zhong & Hua-Hua, les deux singes clonés récemment par des savants chinois. L’ombre de Fu Manchu plane sur la patrie de Magritte…

Le clonage, voilà la seule solution pour lutter à la fois contre le vieillissement de la population et l’invasion des étrangers.

Mais à qui ressembleront ces clones de demain ? Au secrétaire d’Etat lui-même ? Vous imaginez un employeur obligé d’engager mille sosies de la star de Lubbeek. Et comment s’y retrouver s’ils ont la même tête et qu’ils portent le même nom ? Dans la salle de réunion, trente Théo identiques autour de la table. Même Charles Michel risque d’y perdre enfin la raison…

On pourrait évidemment multiplier les visages, fabriquer aussi des centaines de Liesbeth Homans pour assurer l’égalité entre hommes et femmes. Quelques Bart De Wever, dont on pourra varier les formats, selon que l’on aime sa silhouette ancienne ou actuelle, XXL ou S.

Mais le modèle Dolly présente aussi le danger de lasser les électeurs confrontés éternellement aux mêmes têtes surmultipliées.

Pour varier, faudra alors cloner George Clooney, Obama ou Michael Jordan.

Démonstration est faite : on n’en sort pas. On finira toujours par accueillir les étrangers …

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FINI DE RÊVER !

Un musicien est en train de jouer devant le public pendant qu’un autre artiste montre ses œuvres lorsqu’une horde de policiers débarque dans la salle, interrompt la séance, fait sortir les spectateurs, les mains sur la tête, et embarque quelques participants.

La scène se passe à Bruxelles. Pas à Téhéran. Ni à Kinshasa. Même pas à Damas.

Ce sont de vrais policiers, pas des provocateurs déguisés. Des « Feds » avec les braves pandores du bourgmestre de Bruxelles.

On nous a dit qu’il y avait des étrangers dans la salle, explique notre populaire ministre de l’intérieur. Certains d’entre eux pire que des étrangers : des réfugiés. Un statut intermédiaire entre l’homme de Neandertal et l’animal de (mauvaise) compagnie.

Mr Jambon qui connaît le pouvoir des mots a compris que sa fonction est de garder l’Intérieur à l’abri de toute influence extérieure. Oubliant que si l’on ferme les portes et les fenêtres, on meurt étouffé.

Les artistes ne sont pas au-dessus des lois. Mais quand ils sont en représentation, ils ne sont plus de simples individus, des quidams anonymes, ils nous apportent aux spectateurs qui se sont rassemblés une part d’âme. Ils ne sont ni Belges ni étrangers. Mais des passeurs de rêve, ce qui, autant que le pain, est indispensable à la survie de notre société.

La violence provoquée par le vice-premier ministre rappelle cette phrase redoutable lancée par le tsar aux Polonais après l’annexion du royaume par la Russie : « Fini de rêver ! »

Dans son superbe roman « Station Eleven » (édit. Rivages), Emily St John Mandel raconte l’histoire d’une troupe de théâtre ambulant circulant sur les routes américaines après une apocalypse et qui joue Shakespeare devant les survivants. « Survivre ne suffit pas », telle est leur devise.

On ne comprend pas pourquoi Jan Jambon s’en prend soudain aux immigrés, lui qui avait, dès sa prise de fonction, déclaré que « Les gens qui ont collaboré avec les Allemands avaient leurs raisons. » Une telle compréhension pour ceux qui avaient flirté avec les envahisseurs aurait dû rassurer tous ceux qui aujourd’hui accueillent des étrangers.

Mais, faisant preuve d’une irrationalité dont on accuse généralement les artistes, lui qui se montrait si humain avec les Allemands perd toute bienveillance lorsque nos visiteurs débarquent d’un autre coin de la planète.

Quelle mouche l’a piqué ? A-t-il agi sur conseil de son collègue Francken, qui a toujours raison depuis qu’il caracole dans les sondages ? Qu’il se rappelle de cette réplique de Molière : « Hélas, qu’avec facilité, on se laisse persuader par les personnes que l’on aime ! »

Charles Michel devrait en prendre de la graine la prochaine fois qu’il sortira de son silence embarrassé pour venir au secours des deux poids lourds de son gouvernement.

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BOUM!

En lisant le communiqué des quatre ministres de l’énergie, on a eu peur. Heureusement, notre cher Premier, coaché par son ami Bart (comme Trump par Steve Bannon), a remis nos bonnes centrales au milieu du village. Ouf !

Et, puisqu’on est reparti pour un siècle (sauf catastrophe), ne devrait-on pas parler de la répartition des centrales nucléaires sur le territoire ?

La Flandre et la Wallonie ont chacune la leur. Doel et Tihange. Et Bruxelles ? Pourquoi la région capitale n’aurait-elle pas à son tour une belle Westinghouse ?

Westinghouse… Cette marque résonne dans mes souvenirs avec un mélange de nostalgie et de jalousie. Ma maman avait convaincu mon père de lui offrir dans les années cinquante un beau frigo Westinghouse. Cette gigantesque machine a trôné dans sa minuscule cuisine pendant au moins vingt ans. Si elle avait dû choisir (genre : qu’emporteriez-vous sur une île déserte ?), elle n’aurait pas hésité une seconde. Elle le chérissait, le chouchoutait bien plus souvent que moi. Et son frigo le lui rendait bien. Jamais capricieux, jamais en panne malgré ses micro-fissures, toujours un peu froid mais serviable et aimant.

Ma mère n’a heureusement pas connu le rachat de la vénérable entreprise par les Japonais de Toshiba en 2006. Toshiba, le constructeur de deux des réacteurs de Fukushima.

Et, comme une catastrophe n’arrive jamais seule, voilà que Westinghouse est tombée en faillite il y a quelques mois. Depuis, ses curateurs essayent fébrilement de trouver un amateur pour racheter la boîte. N’est-ce pas une magnifique opportunité pour le gouvernement bruxellois ? Et qui tombe à pic.

L’occasion pour Rudi Vervoort et son gouvernement de bras cassés de faire oublier tous leurs bêtes déboires dans la gestion de la capitale (tunnels, stade, et autres détails).

La région wallonne avait donné l’exemple en reprenant avec la FN d’Herstal, le fleuron US des armes à feu, Browning. Le succès économique n’est peut-être pas évident mais quel succès médiatique. FN est l’entreprise préférée des membres de l’association américaine des armes, tels le tueur fou de Las Vegas ou l’officier américain qui a tué treize personnes sur une base de l’armée au Texas.

Que les contribuables bruxellois rachètent Westinghouse comme les contribuables wallons ont racheté Browning, avouez que, pour la prochaine campagne, ça en jette.

Pour une fois, ce sont les Flamands qui envieront la capitale. Doel date de 1974 alors qu’elle disposera d’une centrale flambant neuve. Qui battra un autre record de la centrale flamande : de toutes les centrales construites en Europe, Doel est celle qui est située dans la région la plus peuplée (neuf millions d’habitants dans un rayon de moins de cent kilomètres). Avec notre centrale de Molenbeek, d’Uccle ou de Saint-Josse, c’est plus de dix millions d’habitants qu’il faudra évacuer.

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L’ETRANGE VOYAGE DE C.P.

L’étrange voyage de M. Puidgemont alimentera encore bien des spéculations.

Que diable le président de l’éphémère république catalane est-il venu faire à Bruxelles pendant que la paëlla commençait à carboniser à Barcelone ?

Selon les uns, intoxiqué par son ami Théo Francken, il croyait débarquer en star dans la capitale de la république flamande et il se retrouvait à Zaventem au milieu de la foule des touristes revenus de la Costa Brava en charter Neckermann.

Selon les autres, il était venu refaçonner sa choucroute avant de passer chez les juges madrilènes, sur la foi d’un ami qui lui avait vanté l’art des coiffeurs belges. Après s’être rendu compte qu’il est difficile de passer dans les media pour un héros, type Che Guevara, ou un martyr sur le modèle de Jésus Christ, sans une barbe virile et surtout avec un nid d’oiseau sur la tête.

Quelle déception, il n’a trouvé dans la capitale belge ni Théo ni figaro.

D’une façon comme d’une autre, ce déplacement a paru absurde. Vu de Barcelone, le président auto-proclamé a donné l’impression de déserter sa république mort-née et d’abandonner ses compatriotes et ses militants à leur mélancolie. De l’autre, il a bousculé le pauvre Charles Michel qui se voyait déjà obligé par son plus puissant partenaire de délivrer un statut de réfugié politique à l’homme le plus honni des Castillans.

Carles Puidgemont a surtout montré une étourderie et une impréparation qui doivent faire grincer bien des dents à la N-VA car l’avortement de la république catalane sous les ricanements de toutes les chancelleries du monde et au grand soulagement des gouvernements européens augure mal de la déclaration d’indépendance de la Flandre.

Le visage du chevalier C.P. à la triste figure n’ornera pas les T-shirts des ados révoltés à Noël. Celui de son challenger Mariano Rajoy non plus qui aura eu la peau de son pathétique adversaire grâce à la violence de ses forces de l’ordre et son intransigeance hautaine, balayant d’un revers de la main toute tentative de négociation et niant les revendications de la moitié des Catalans. Prenant le risque d’une réaction violente plus tard. Bel exemple de cette gestion politique au jour le jour qui est décidément le propre de notre époque.

Toute cette affaire paraît vraiment insensée d’un côté comme de l’autre. George Orwell, l’auteur génial de 1984, qui a combattu dans les dernières années de la guerre civile en Catalogne, a raconté cette terrible expérience dans un récit au titre très actuel, « La Catalogne libre ».  Dans sa dédicace liminaire, il cite ces proverbes bibliques : « Ne réponds pas à l’insensé selon sa folie, de peur de lui ressembler toi-même. Réponds à l’insensé selon sa folie afin qu’il ne s’imagine pas être sage. »

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EN MÊME TEMPS

Pendant la campagne présidentielle, on s’est beaucoup moqué du tic d’Emmanuel Macron, truffant ses discours de « en même temps ». Qui trop embrasse mal étreint, prédisait-on. Il dit tout et son contraire ! Or, l’expression de Macron était peut-être tout simplement la traduction française de la formule qu’on enseigne dans les écoles de commerce et de gestion : privilégiez le « win-win ».

Le win-win est devenu le remède à tous nos maux, plus seulement dans la vente d’aspirateurs. En politique, Churchill avait galvanisé la population britannique face aux nazis en promettant « du sang et des larmes ». Depuis, cette méthode est passée de mode et détruit qui ose l’employer. On a vu le sort des politiciens grecs quand ils ont tenté de convaincre leurs citoyens de se serrer la ceinture et le reste avec un revolver (euro-allemand) sur la tempe. Balayés. Comme Gorbatchev avec sa « glasnost » lorsqu’il a voulu rendre le régime communiste transparent. En voyant à quoi ressemblait vraiment leur société et leur économie, les Russes l’ont immédiatement éliminé, lui et son parti.

De nos jours, il faut que l’électeur se sente gagnant pour que l’homme ou la femme politique le soit aussi. C’est ça le truc magique de Macron. Les riches vont être plus riches et vous, les pauvres, vous le deviendrez aussi grâce au ruissellement d’or d’en haut vers en bas.

Cette même théorie qu’il tente de fourguer maintenant aux Allemands. Plus de pouvoir aux autorités européennes, c’est « en même temps » plus de prospérité pour tous les pays de l’Union. Ce qu’on traduit à Berlin par : plus de taxes en Allemagne, plus d’argent allemand se perd dans les poches trouées des états du sud et de l’est de l’Union.

La formule du « en même temps » gagnant s’est mondialisée. En Birmanie, les dictateurs militaires ont réussi « en même temps » à glisser Aung San Suu Kyi au gouvernement et à poursuivre la répression cruelle des Rohyngias.

En Arabie saoudite, les femmes ont désormais le droit de conduire leur bagnole mais, en même temps, l’obligation de porter le niqab – la preuve va être assez vite apportée que les femmes tuent plus que les hommes au volant.

Chez nous, aussi le « en même temps » a été adopté par le gouvernement Michel. « Nous menons une politique migratoire ferme mais humaine » a déclaré le premier ministre devant un portrait de Théo Francken, entouré de bougies. « Humaine » parce que nous ouvrons nos parcs aux réfugiés. Et ferme puisque, avec l’arrivée de l’automne, nous les renvoyons dans les prisons du Soudan chauffées aux fers rouges.

Pourquoi Charles Michel n’appliquerait pas aussi cette règle à son secrétaire d’état ? Humain : il ne renvoie pas Théo en Flandre. Ferme : il intervertit ses fonctions avec celles de Pieter De Crem. Pieter qui ?

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L’AMI THEO TOURNE A L’ORAGE

Vous avez aimé Théo version N-VA ? Vous adorerez Théo version Soudan.

Depuis que notre Brabançon cartonne dans les sondages, qu’il est devenu une star même chez les Wallons et les Bruxellois, il se sent pousser des ailes. Être le premier à Lubbeek ne lui suffit plus. Avec son bon sourire carnassier, Super-Théo a décidé de partir à la conquête du monde. Et comme les musulmans, c’est sa spécialité, il commence par les Soudanais.

Ce n’est évidemment pas difficile de faire copain-copain avec les dirigeants de Khartoum. Personne d’autre ne veut les fréquenter. Le président Omar Hassan el-Bechir, qui tient le pays entre ses crocs depuis vingt et un ans, fait l’objet d’un mandat d’arrêt international lancé par la Cour Pénale internationale pour crimes contre l’humanité et génocide. Le Darfour, le Sud-Soudan, il dégouline plus de sang au Soudan que d’eau et même de pétrole. Mais, qu’importe. Un ministre belge qui a eu le courage de faire la fiesta avec Bob Maes (en compagnie de son homologue flamand Ben Weyts) trois jours après avoir été nommé dans le gouvernement Michel, n’a pas peur de serrer la pince de l’Omar. Bob Maes, membre de la VNV pendant la guerre, condamné pour collaboration ensuite, puis co-fondateur de la VMO, a sans doute habitué l’ami Théo à affronter les tempêtes. C’est simple. D’abord on dérape, ça c’est pour les électeurs. Puis on présente ses excuses à la Chambre, ça c’est pour les collègues.

Des excuses en veux-tu, en voilà. Pour avoir parlé des « petits cons de Marocains » sur les réseaux sociaux. Ou avoir évoqué « le nettoyage » du parc Maximilien. Parfois, il nuance. Avec Médecins Sans Frontières, il reconnaît « avoir été trop loin » quand il a accusé l’ONG  de contribuer à la traite des êtres humains et pratiquement de pousser les réfugiés à la mort.

Voilà donc un ministre belge se mettant en cheville officiellement, donc au nom du gouvernement, avec le ministère soudanais de l’Intérieur. Et qui invite des agents soudanais à Bruxelles, pour examiner un à un les réfugiés qui ont fui leur pays, regarder leurs dents comme sur un marché aux esclaves, relever leurs identités. Ainsi, rentrés à Khartoum, ils pourront rassurer le reste de la famille qui n’a pas suivi le chemin de l’exil.

De là à représenter Francken en soldat nazi ? C’est une erreur. En effet, aucun ministre belge n’avait pas imaginé à la fin des années trente inviter des flics allemands à visiter les centres d’accueil des réfugiés qui avaient fui le régime nazi…

Y a-t-il quelqu’un dans la salle pour apaiser la fièvre de l’ami Théo ? Le docteur Charles Michel est occupé ailleurs. A donner des leçons d’éthique internationale au conseil de sécurité. Dommage que le CDH ne soit pas au gouvernement. Peut-être, aurait-il soudan débranché la prise ?

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LE BAISER DE LA MORT

Le verdict des médecins est clair : Benoit Lutgen a été atteint d’une affection macronite aigüe, sans doute transmise par un virus venu du sud, aggravée par un redoutable coup de chaleur dû à la canicule. Elle provoque chez le patient une sensation d’étouffement avec des effets secondaires violents: pris de convulsions, le malade s’en prend aux meubles, particulièrement les fauteuils de ministres et tables de négociation. L’entourage reste muet de stupeur. Jadis, il cachait ses malades à l’abri des hauts murs du château. Aujourd’hui, il organise à grand frais des conférences de presse.

Le Larousse médical, d’où est extraite cette description clinique, relève que la macronite est une maladie récente apparue comme d’autres nouveaux virus en ce début chaotique du vingt et unième siècle, tels le trumpisme, la daeshisme, le poutisme ou l’erdoganisme.

A la différence des autres affections caractérisées par la destruction de tous les corps étrangers qui ne lui ressemblent pas, le macronisme est un virus dit avaleur qui absorbe tout ce qui l’entoure, le digère et l’efface. Ses effets rappellent le comportement de la mante religieuse, qui s’approche du mâle, l’apprivoise, l’allure avenante et le regard séducteur, avant de l’étouffer dans une étreinte passionnée mais mortelle. On voit en France, le pays le plus atteint à ce jour, les dégâts considérables de ce mal.

Après avoir frappé la droite et l’extrême droite et la gauche et le centre, Macron, faute d’adversaires à se mettre sous la dent, est obligé de s’en prendre à ses propres troupes, Ferrand, Bayrou. Cette réaction est absurde, elle l’affaiblit, il le sait, mais il ne peut s’empêcher de mordre. C’est dans sa nature.

Et voilà Lutgen contaminé à son tour. Ses réactions vous étonnent ? Pardonnez-lui car ils ne savent ce qu’ils font (Luc 23 :34).

Comment Elio se serait-il douté que Benoît, son cher et fidèle Benoît, qui lui cirait les pompes depuis tant d’années, s’approchant comme toujours, sombre et taciturne, nonchalant, presqu’indolent, se jetterait brusquement sur lui pour lui donner, crac ! le baiser de la mort ?

Il n’avait rien vu venir, Elio, un peu distrait ces derniers temps, à tenter de maintenir debout une baraque qui craque de tous les côtés. Il ne s’était pas intéressé aux récentes infos médicales qui auraient dû l’alerter.

Plus prudents, dès l’apparition des premiers symptômes, Charles Michel s’est enfui en Pologne,  et Olivier Maingain dans les terres lointaines du Canada. Z’ont eu tort d’en revenir, se croyant peut-être immunisés. De s’approcher de la bête malade, de tenter de l’apprivoiser et de se croire capables de la ramener dans sa cage. Oubliant La Fontaine : « Ils ne mouraient pas tous mais tous étaient frappés ».

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A TABLE !

Quelle sera la grande affaire de ce week-end ? Pour les uns, les festivals de jazz de Liège et de Liberchies. Pour les autres, la composition du premier gouvernement Macron. Tout Paris bruisse de rumeurs contradictoires. Et le café du commerce fait le plein. Dès qu’un homme ou une femme politique annonce ces jours-ci qu’il envisage un nouveau plan de carrière, paf !, on lui colle un ministère. Le maire de Nice, Christian Estrosi n’a pas eu le temps de démissionner de la présidence de sa région qu’il est bombardé par les medias ministre d’état. Et Marion Maréchal-Le Pen, très en froid avec la Marine française, pourquoi lâche-t-elle le FN ? Pour un secrétariat d’état ? Aux Anciens combattants, peut-être ?

Le président Macron, qui n’a pas fini de nous étonner, a bien d’autres idées explosives dans son sac à malices. Plus audacieuses que le reclassement de quelques politiciens en déshérence.

Pour former son équipe, au lieu de picorer comme d’habitude parmi les vieux birbes socialistes et Républicains, il voit large, bien au-delà des étroites frontières hexagonales : il envisage de nommer ministres français quelques-uns des plus charismatiques dirigeants des autres pays européens. De quoi mettre d’avance ses partenaires dans la poche et prendre à revers une opinion publique française d’avance indocile.

D’après ce qu’on sait, son casting pourrait rassembler Mario Renzi aux relations avec le parlement, un spécialiste pour déclencher une zizanie permanente entre tous les partis représentés à l’assemblée nationale. Angela Merkel à la Coopération au Développement gérera la question des réfugiés en conservant la confiance de l’opinion publique. Et Jarosław Kaczyński sera aux Affaires étrangères pour être certain de se fâcher avec le reste de la planète.

Jean-Claude Juncker, pressenti aux Finances, a promis d’apporter au nouveau président tous les secrets et ficelles permettant à la France de devenir un paradis fiscal aussi intouchable que le Luxembourg. Et le Hongrois Orban, le mode d’emploi pour fabriquer un état fort où opposition et institutions seront muselées pendant des années avec l’appui enthousiaste des citoyens.

Reste le casse-tête belge. Qui choisir parmi l’élite de notre nation ? Car il n’y a qu’une place pour notre pays. Charles Michel, Bart De Wever, Paul Magnette, Stéphane Moreau ?

De Wever l’intéresse. Il a réussi comme lui à s’emparer en deux coups de cuillère à pot de l’appareil d’état mais il met comme condition à sa participation, le rattachement de Lille à la Flandre. Charles Michel hésite. Il ne peut décider qu’avec l’approbation unanime des sept parlements du pays. Finalement, Macron a choisi Raoul Hedebouw. Il aura ainsi son mini-Mélenchon.

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