TROUBLANT TROU NOIR

Quelle histoire pour un trou noir de quatre milliards et des poussières alors qu’en Arabie saoudite, le gouvernement cherche près de nonante milliards au fond des sables sans susciter la moindre protestation des chameaux. Evidemment, dans ce royaume, il suffit d’augmenter de quelques dollars le prix du baril de pétrole pour que ses habitants puissent à nouveau faire leur marché chez les joailliers de Genève après un petit détour par la F.N. de Herstal.

L’augmentation du prix du tonneau de bière ne risque pas d’entraîner les mêmes effets sur notre budget fédéral. Surtout que notre gouvernement n’a aucune prise sur le cours de la bière belge vu qu’elle est devenue brésilienne ni sur aucun de nos autres bijoux de famille qui, un à un, ont été dispersés aux quatre coins du monde.

La vraie différence entre l’Arabie et la Belgique tient à la qualité de la communication. Qui a jamais entendu un discours du premier wahhabite ? La moindre promesse de sa part ?

Nos dirigeants, eux, se croient obligés de jouer sans cesse les Matamore, de promettre le retour du printemps alors que l’automne vient de commencer. Lors de la mise en orbite du gouvernement kamikaze, pourquoi avoir annoncé que l’équilibre des finances publiques, c’était pour demain ? Que la droite faisait des économies là où les socialistes ne sont capables que de dépenser ? Blablabla. Ca a peut-être permis à Charles Michel de caracoler pendant quelques mois en tête du hit parade en Flandre, entre deux présentatrices de la télé flamande. Mais plus dure sera la chute.

Notre Micheleke ressemble soudain au pauvre président Hollande qui avait promis aux Français la diminution du chômage, la main sur le cœur (à gauche). Il avait même ajouté : si le chômage ne baisse pas, juré-craché, je ne me représenterai pas. L’a l’air malin maintenant.

Charles Michel a un peu plus de temps que lui pour sortir de ce pétrin mais pas beaucoup.

Conscient des prochaines échéances, il s’est mis en chasse. Lors de son voyage à New York, il s’est littéralement jeté sur George Clooney. Vous avez vu cette photo où la star essaye à toute force de s’arracher à l’étreinte de cet étrange barbu qu’il n’a jamais vu et qu’il prend pour un mendiant un peu collant ?

Quand il a appris le montant de la fortune de Brad Pitt, on comprend que notre Premier ait eu l’idée de taper son copain George. Mais était-ce vraiment le bon interlocuteur ?

On peut adorer l’acteur, peut-être le meilleur de sa génération (who else ?), et considérer qu’il est nettement moins doué en politique. L’indépendance du Sud-Soudan, c’était son œuvre. A côté de la guerre civile qui se déroule dans ce pays à peine né et déjà en état de mort clinique, les querelles entre Flamands et francophones sont d’aimables ketjesspel.

On ne vit peut-être pas si mal avec une petite ardoise…

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BIJOUX DE FAMILLE

Cette fois, annonce le gouvernement d’une voix spectrale, on n’a vraiment plus de sous. On doit vendre les « bijoux de famille ».

Bon sang ! Les bijoux de famille ! On en a encore ? Mais, à quoi ressemblent-ils ? Et qui en voudra ?

Dans un de ses romans, Diderot désignait ainsi des anneaux magiques possédant le pouvoir de faire parler la partie la plus intime des femmes (« Les Bijoux indiscrets »).

La proposition de les vendre laisse donc un peu perplexe même si on ne doute pas de la bonne volonté des dames de notre gouvernement de se sacrifier corps et biens pour sauver le pays. Laurette, Joëlle et Maggie ne le répètent-elles pas à l’envi ? Mais, si notre nouveau ministre des finances n’a rien trouvé de mieux pour boucler le budget, on comprend mieux la lenteur et la difficulté du dernier conclave gouvernemental.

L’égalité entre hommes et femmes voudrait que, dans ce cas, les mâles du gouvernement fassent à leur tour un effort. Et abandonnent eux aussi aux caisses de l’état leurs précieux bijoux de famille. Sans entrer dans le détail, est-ce que ça rapporte gros ? On en doute.

Sacrifice pour sacrifice, vaudrait mieux qu’ils prennent exemple sur leurs collègues français. Ne viennent-ils pas de demander à leur ministre du budget, M. Cahuzac, de renflouer le déficit en transférant le montant de ses comptes exotiques vers ceux du ministère des finances ? Voilà une bonne idée ! Ne pourrait-on s’en inspirer en décidant de ne nommer ministres que ceux qui acceptent d’abandonner un montant substantiel de leur capital pour le bien commun ?

Bien sûr, cela obligera à créer des ministères nombreux et variés. Mais notre pays a toujours fait preuve d’une grande imagination. Rien qu’en fabriquant des ministres fédéraux chargés des relations avec les ministres régionaux et communautaires pour chacune de leurs compétences (le ministre des affaires étrangères n’a-t-il pas ouvert la voie en nommant des représentants fédéraux économiques chargés de dédoubler leurs collègues régionaux ?), on pourra facilement fabriquer une vingtaine de portefeuilles. Des ministères des réformes, on peut aussi en créer autant qu’on en a besoin : chargé des réformes structurelles, des questions endémiques, de la réforme des réformes, de la révision des réformes précédentes. En échange de ces fonctions de haut niveau, ces nouvelles excellences offriront au pays des dons généreux qui permettront de préserver les bijoux de famille de leurs collègues.

De plus, cette rentrée d’argent est « structurelle » comme dit M. Di Rupo, tout fier d’avoir appris un nouveau mot et qui le répète sans cesse de peur de l’oublier. Un bâtiment, des participations dans une banque ou une entreprise, une fois que l’état les a vendus, c’est fini. En revanche, des postes, on peut en créer jusqu’à la fin de la crise – ou de la Belgique.

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