LE BON, LA BRUTE, ET LE TRUAND

 

Vous vous souvenez d’Eli Wallach ? C’était lui le Truand dans le célèbre film de Sergio Leone. A 98 ans, il vient de quitter Hollywood pour Dieu sait où, nous laissant seuls avec le Bon, Clint Eastwood, lonesome cowboy, toujours vaillant. La Brute (Lee Van Cleef) avait déjà disparu.

Des trois, c’était évidemment le Truand le plus intéressant. Le bon et la brute, faits d’une pièce, étaient plutôt ennuyeux. Faux derche, pervers malsain, burlesque, attachant et effrayant à la fois, Eli Wallach avait composé un de ces personnages hénaurme, à la Falstaff, qui illuminent l’imaginaire.

Juste le genre de type que le shérif Philippe devrait sortir de son chapeau. Le démineur idéal dans le paysage ravagé de la politique belge, ce village western où des deux côtés de la rue, chacun tire plus vite que son ombre. Mais trouver un acteur de cette trempe, un tel tempérament, c’est rare, très rare.

Dans le rôle du bon et de la brute, le choix est facile. Bart De Wever et Benoît Lutgen sont tout désignés. D’autant qu’ils peuvent jouer indifféremment l’un ou l’autre rôle, et même les deux à la fois. En Bébé Cadum ou en Joë Dalton, Bart et Benoît n’ont guère de rivaux. Mais pour tenir le premier rôle, les prétendants ne se bousculent pas. Il faut bien plus de caractère, de folie, de sournoiserie graveleuse. Être capable de jouer le roi et son fou en même temps. Seul le Truand est fait pour l’emploi de Premier, personne d’autre. Il n’y a que lui pour tenir la baraque ensemble alors que la tempête arrache toit et châssis, pour empêcher la diligence de verser pendant l’attaque des Indiens tandis que les chevaux foncent, le mors aux dents. Pour présider tranquillement le saloon au milieu des bagarres, faire le coup de feu final et enlever la belle serveuse. Qui d’autre peut promettre aux uns et aux autres la même chose et son contraire ? S’enivrer à mort tout en jurant sur les cendres de sa mère qu’il n’a jamais touché une goutte d’alcool ? Le tout sous les applaudissements du public.

Pour incarner un tel personnage, Benoît n’a pas le coffre et Bart pas assez de folie.

Elio alors ou Charles Michel ? Le problème de ce casting c’est qu’on ne voit Elio que dans le rôle du roi et Charles dans celui du fou. Ni l’un ni l’autre ne sont capables d’interpréter les deux rôles en même temps, condition essentielle pour incarner un parfait Truand. Wouter Beke est assez lisse pour se glisser dans la peau du bon, Kriss Peeters assez faux derche pour être une brute tout à fait crédible. Peter De Crem parfait dans le rôle du cadavre, tombé par hasard sous le tir croisé des deux autres. Mais un truand, non. Aucun d’eux n’a le coffre.

Une femme alors dans le rôle de Calamity Jane ? Pourquoi pas ? Saloon Belgium recherche femme désespérément.

 

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