ZERO EST ARRIVE

  « Le Soir » du 2 octobre 1998 annonçait en bandeau « Deux Belges sur trois veulent régulariser les sans-papiers ». Que sont devenus tous ces Belges qui voulaient que la Belgique revoie complètement sa politique d’asile ? 

  Désormais, les politiques se battent partout en Europe comme aux Etats-Unis pour diaboliser les étrangers, les expulser, fermer les yeux sur les camps atroces où nous chargeons Libyens, Tunisiens, Turcs de nous en débarrasser. 

  Il y a quelques jours, le président Macron faisait entrer au Panthéon les époux Manouchian, héros étrangers qui se sont battus jusqu’à la mort avec la résistance française et contre ces « bons Français » qui pactisaient avec les nazis. 

  Salutaire mise en garde alors que tous ceux qui bavent pour monter au pouvoir ont fait de l’immigration l’explication de tous nos maux. 

Avec pour image choc, le fantasme du grand remplacement. Le Vlaams Belang en a fait son cheval de bataille lors de ses congrès où la haine de l’étranger sert à galvaniser les militants (« une vermine importée qui verse dans la délinquance » évolue dans « des ghettos où règne la charia » pour citer quelques propos qui ont servi de zakouskis aux débats). 

Peu à peu, les partis démocratiques se laissent gangrener par ce type de discours. On l’a vu lors du vote de la loi immigration en France il y a quelques semaines. Ou en entendant les déclarations de la N-VA qui s’essouffle à courir derrière l’extrême droite flamande en refusant désormais d’accepter tout nouveau demandeur d‘asile. « Notre objectif, c’est zéro » a clamé Théo Francken. Zéro est arrivé ? C’est ainsi que le parti conservateur veut rattraper ses électeurs tentés vers encore plus à droite que lui. Pauvre Bart De Wever obligé de faire le grand écart, en tentant de tenir un discours de chef d’état pour ne pas se couper de ses futurs partenaires d’un gouvernement qu’il veut diriger tout en laissant les grandes gueules de son parti plagier les slogans de son redoutable concurrent. 

Béni soient les immigrés, se disent en secret tous ces grands tacticiens. C’est grâce à eux qu’ils espèrent décrocher la timbale. Pourvu qu’ils continuent d’affluer d’ici le dimanche des élections !

Il faudrait parfois rappeler à Théo Francken, Tom Van Grieken ou Filip Dewinter que leurs ancêtres sont venus eux aussi d’Afrique chasser les populations locales qui vivaient à l’époque en Flandre. Et à Trump que, sans les dizaines de millions d’immigrés qui ont envahi l’Amérique et massacré ceux qui y habitaient, il ne serait pas aujourd’hui à vitupérer contre ses voisins pour revenir hanter la Maison Blanche. 

On est toujours l’immigré de quelqu’un. Mais les homo sapiens plus que les autres animaux de la planète…

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VOTER UTILE

    Pourquoi pas voter N-VA en Wallonie lors des prochaines élections législatives comme vient de le proposer Bart De Wever ? Certains s’en sont étonné et même moqué. Or, on peut relever plusieurs bonnes raisons pour voter N-VA lorsqu’on est électeur wallon.

   Pour un Flamand qui vit en Wallonie, c’est une façon de faire sauter le corset qui limite la Flandre au petit territoire que lui attribue la Constitution. La Flandre indépendante pourra ainsi s’étendre sur tout le territoire du royaume. Bien sûr, la nouvelle Flandre n’ira pas de l’Atlantique à l’Oural mais de Knokke jusqu’à Arlon, c’est un bon début. Qui lui permettra d’être (un peu) plus grande sur la carte du monde et surtout d’être identifiée par les voyageurs de l’espace – ce qui était devenu impossible depuis la décision d’éteindre l’éclairage des autoroutes. Une décision suicidaire pour tous ceux qui voulaient que l’univers entier puisse contempler la partie la plus noble de la planète Terre. 

   L’extension de la Flandre entraînera aussi des facilités administratives et de nombreuses économies. Ainsi, on pourra supprimer les gouvernements et parlements wallons et bruxellois, le gouvernement flamand gérant désormais tout le territoire. Rendant aussi inutiles les institutions fédérales. Fini les gabegies, huit ministres de la santé, trois de l’enseignement, trois de la culture, quatre de l’environnement et leurs administrations. 

Bien sûr, avoir un Jambon à la tête de l’état fera quelques mécontents mais au moins voilà un Flamand qui a fait l’effort de porter un nom français, symbolisant la volonté de son parti d’unifier le pays.    

   Cette initiative obligera enfin Wallons et Bruxellois à parler néerlandais, alors qu’ils s’en montrent incapables malgré de longues années de cours.  

  Il y aura sans doute quelques casse-têtes, comme le choix d’une seule fête nationale. La Flandre imposera certainement la sienne, la célébration de la Bataille des Eperons d’Or. Ce qui permettra au passage de rétablir la vérité historique. Si la Bataille de Courtrai a vu la victoire du comte de Flandre sur les troupes du roi de France, on cessera d’occulter le fait qu’il y avait autant de troupes wallonnes à son côté qu’il y avait de Flamands combattant avec les Français…  

  Bien sûr, il y a aussi des ombres au tableau. Si l’initiative de Bart De Wever suscite l’enthousiasme des Wallons, on peut craindre que le Vlaams Belang prenne le train en marche. Et qu’un certain nombre de Wallons, en manque cruel de partis d’extrême droite, adopte ces chenapans propres sur eux mais pas dans leurs têtes. 

  Restera alors aux Wallons à créer un parti facho en Flandre pour siphonner dans le dos du Vlaams belang ses électeurs flamands…      

  Voilà comment voter utile en Absurdie…

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LE JEU DES 7 ERREURS

Lors de sa réapparition, qui marque l’arrivée de l’automne et des feuilles mortes, Bart De Wever s’est adressé aux francophones, entendez aux Wallons, porteur d’une grande annonce. Pour la résumer simplement, sa proposition est de séparer le pays en deux à l’occasion de la prochaine législature. Vous avez intérêt, nous dit-il, à accepter ma main tendue. Sinon, malheur à nous, nous devrons affronter le grand méchant Vlaams Belang. Cette séparation du pays, il l’appelle le confédéralisme (tout son programme est dans la première syllabe, on l’aura compris). 

Or que veut le Vlaams Belang ? Séparer le pays en deux…  

Attendez, attendez, où est alors la différence entre la N-VA et le Vlaams Belang ? C’est comme dans le jeu des sept erreurs où on vous montre deux images semblables au premier coup d’œil mais qui contiennent de légères discordances après un examen attentif. 

Première différence, le Belang est une bande de fachos alors que la N-VA c’est un club de démocrates – très à droite. Ce qui rappelle le contraste entre Marine Le Pen et son Rassemblement National et le parti Reconquête d’Éric Zemmour et de sa nièce Marion Maréchal-Le Pen. Marine expulse les étrangers avec le sourire et un petit cadeau, Marion avec colère et sans boîte de chocolats. 

Autre différence, le Vlaams Belang danse le tango avec le répugnant leader de Schild en Vrienden, Dries Van Langenhove, alors que la N-VA n’est composée que de braves gens comme Théo Francken (qui, lorsqu’il dérape, s’empresse de s’excuser) ou Liesbeth Homans (pour qui le racisme est « un concept relatif »). 

La N-VA a souvent accusé le Belang d’être un parti « révolutionnaire », décidé à scinder unilatéralement le pays. Mais voilà qu’à son dernier congrès, en juin dernier, le VB a présenté un plan pour une indépendance progressive qui passerait par une négociation avec les Wallons. Seule façon, soi-dit en passant de ne pas se retrouver à la porte de l’Union européenne et des autres organisations internationales dont la république de Flandre aurait absolument besoin si elle larguait les amarres. De son côté, Bart De Wever avait, quelques mois plus tôt, affirmé que « l’occasion de réformer dans le légalisme est passé ». 

Pardon, mais on s’y perd avec cette rafale de déclarations contradictoires. Quand l’un des deux compères de la droite flamande veut rompre brutalement, l’autre préfère le faire avec des fleurs et quand l’autre se montre prêt à discuter, le premier se moque des lois. 

Pendant que les deux frères jumeaux mais ennemis tentent d’arracher le leadership de leur communauté, le citoyen flamand continue de se déclarer majoritairement contre l’explosion du pays, selon les sondages. 

On comprend qu’aucun des deux compères n’a choisi de poser la question par référendum.   

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CHEF, UN P’TIT VERRE, ON A SOIF !

  A l’approche des élections, Bart De Wever oublie enfin les affaires angoissantes du moment pour se détendre un peu avec son joujou préféré, le Lego institutionnel. 

Avec d’abord un jeu de cartes. Chaque électeur flamand disposera de deux bulletins pour élire les parlementaires flamands. Une pour choisir un député de son patelin, l’autre pour élire un castar sur une liste de « grands noms » qui représentera toute la région flamande. 

Mais qui choisira la liste des « grands noms » ? Une main innocente (genre Miss Limburg) par tirage au sort ? Le résultat d’un jeu télévisé ? Ou est-ce Bart De Wever lui-même qui désignera ces bekende Vlamingen ? Dans ce cas, sachant que le maître d’Anvers considère qu’il y a peu de collègues aussi fûtés et intelligents que lui, la liste des « grands noms » soumise aux électeurs risque d’être assez courte :  ils pourront choisir entre Bart et De Wever…

On suppose que ces super-députés auront le pouvoir de voter enfin des lois intelligentes. 

Il serait temps. Quand on voit la politique de la secrétaire d’état à l’Asile qui n’a rien trouvé de mieux pour se débarrasser des migrants, souvent venus en bateau au risque de leur vie, que de les enfermer sur un ponton flottant… 

Autre proposition du maître de la N-VA, supprimer l’élection des membres de la Chambre, qui serait composée désormais de parlementaires régionaux. A quoi bon en effet un parlement fédéral ? Dans son projet, l’état central n’aurait plus de compétences, sauf celles dont la région flamande ne veut pas. Par exemple, empêcher les trafiquants de drogue de passer par le port d’Anvers et se mitrailler entre eux dans les rues de la métropole. 

Autre idée, Bart De Wever suggère d’ouvrir un droit d’appel contre les arrêts de la cour constitutionnelle devant le parlement. 

Il a raison de déplorer la jurisprudence erratique de notre cour constitutionnelle, de ses décisions parfois contestables, contradictoires voire incompréhensibles. Mais elle est le résultat de sa composition absurde, formée pour partie de politiciens généralement en fin de carrière recasés par leurs partis plutôt que de juristes éminents. C’est ce qui explique ces gribouillages plus politiques que juridiques.  

Ce sont donc les politiciens qu’il faut éliminer de la cour au lieu de proposer que les décisions de la cour soient revues et corrigées par d’autres politiciens. 

Dire qu’un projet identique jette depuis des semaines des dizaines de milliers d’Israéliens dans les rues contre le gouvernement de droite-droite-droite en l’accusant de bafouer l’une des règles de base de la démocratie, la séparation des pouvoirs. 

On savait le premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou copain avec Poutine. Le voilà donc aussi inspirateur de Bart De Wever… 

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DECONFINE ! DISENT-ILS

Déconfiner, donc. Pour les uns, un mot menaçant, qui sonne comme décaféiné, désemparé ou déprimé. Pour d’autres, une promesse qui rime avec déconner, dénuder ou démasquer. 

   On a beaucoup discuté de la manière de nous déconfiner – le débat n’est pas clos. On a parlé de libérer d’abord les jeunes, les femmes, les enfants, moins ciblés par la vilaine petite Covid. On comprend que pareilles discriminations seraient injustes et inappropriées. Aussi, penche-t-on à présent vers une hiérarchie selon les professions.  

D’abord on libérera ceux qui travaillent dans les airs. Le père Noël puisqu’il passe au dessus des toits est invité à revenir dans les prochains jours distribuer ses cadeaux. Ce n’est pas la saison ? Peu importe, les enfants ont besoin d’être consolés. 

Les nettoyeurs des boules de l’Atomium ainsi que les peintres en bâtiment travaillent eux aussi à une hauteur qui garantit le maintien de la distance sociale (à condition de ne pas vous pencher pendant qu’ils chantonnent à tue-tête devant vos fenêtres). 

On songe aussi à rouvrir l’antre des voyantes. Elles constituent un service essentiel en ces temps de brouillard. Selon le Dr Raoult, qui traite avec beaucoup de sérieux le virus de la galéjade qui sévit actuellement dans les hôpitaux de Marseille, la boule de cristal, placée sur le guéridon, constitue une barrière efficace contre la propagation de l’épidémie. D’après ses observations, les esprits qui la hantent absorbent les virus avec le même appétit que les pangolins. 

Madame Wilmès s’est déjà empressée de prendre rendez-vous avec Madame Irma avant même la réouverture de la Foire du Midi. Elle attend beaucoup plus de ses prévisions que de celles de Bart De Wever, un rabat-joie qui n’a manifestement pas acquis le don de double vue malgré une grande consommation de gel hydro-alcoolique. La Grande Sophie aimerait savoir à quelle date elle peut prendre rendez-vous avec sa coiffeuse. Deviner aussi de manière précise le jour où Madame De Block lui claquera enfin sa démission. Et connaître le nom de son successeur. A moins que Madame Irma, elle-même, n’accepte de prendre le relais, ce qui serait certainement la solution idéale. Car la Première en a assez d’entendre les scientifiques avouer qu’ils ne savent rien ni sur ce qu’il faut faire ni sur ce qui se passera demain. 

Architectes et urbanistes sont aussi sollicités pour réorganiser bâtiments et rues. On pense à construire à la hâte des trottoirs superposés sur plusieurs étages, tels des lasagnes, qui permettraient aux passants d’avancer chacun à une hauteur différente. De même dans les immeubles de bureaux, on percerait des couloirs parallèles pour que les employés ne se croisent jamais. 

L’imagination au pouvoir ! Merci au corona-virus qui donne l’occasion de booster notre civilisation qui s’était un peu endormie…

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SEARCH AND DESTROY

   Le problème avec la Saint Valentin c’est que cette sacrée fête ne se célèbre jamais dans la discrétion. Ce jour-là, les amoureux se sentent obligés de s’afficher, de se faire des mamours au resto qu’ils étalent immédiatement sur Facebook, façon que tous les amis et assimilés sachent bien que le couple est solide, uni jusqu’à la fonte des glaces. 

Mais que font les couples discrets ce jour-là ? Ces duos qui se tournent autour sans être certains de s’aimer mais qui sentent monter les affinités entre eux ? Et ceux qui préfèrent ne pas se mettre sous les spots pour ne pas croiser le regard d’un autre partenaire, pas très heureux de les surprendre ?  

Exemples au hasard ? Bart De Wever et Paul Magnette doivent s’enfoncer dans les épaisses fumées du sauna du Calypso pour se rencontrer et se tâter à tâtons. 

Koen Geens et son président Daniël Coens sont obligés de danser le tango dans le parloir de la prison de Forest le vendredi, jour de grève des gardiens. 

Le problème de beaucoup de couples amoureux, c’est la famille. On s’aime mais quel boulet de supporter les parents, cousins et tontons qui se collent à vous justement les jours de fête. Bart et Paul, entre eux ça baigne. Jusqu’à ce que survienne le cousin Théo Francken avec ses grands pieds et sa grande gueule. Et la soirée est fichue. Et que faire du vieil oncle Siegfried ? Ce pauvre Bracke, qui n’a plus tout à fait sa tête, dont il faut supporter les grognements et les grands discours alors que les deux soupirants veulent juste se tenir la main en silence en regardant Philippe les bénir à la télé.  

   « Famille, je vous hais ! » écrivait André Gide, qui connaissait décidément bien la Belgique. Chez nous, inutile de brandir une composition de famille. On ne connait que la décomposition de famille. Pas une qui ne se déchire. Les sociaux chrétiens du Nord ne parlent plus à ceux du Sud (lesquels ont préféré changer de nom pour éviter toute confusion), les libéraux itou qui se font des mamours avant de se répandre en propos venimeux. Quant aux socialistes flamands, ils sont honteux quand on leur rappelle les affinités qu’ils ont osé entretenir jadis avec les socialistes wallons – avec le diable ! Reste les écolos qui sont encore trop verts pour se disputer. Mais attendez quelques années. Ils feront comme leurs vieux et glorieux aînés. 

  Dire que quelques audacieux ont imaginé de marier cinq, six, voire sept partis, en accompagnant la nouba par la musique des Quatre Saisons et en plaidant que plus on est de fous, plus on s’amuse. Je peux vous prédire comment se terminera ce genre de fête. Sur l’air de « Search and destroy » d’Iggy Pop. Un bon qualificatif, tiens, pour notre prochain gouvernement. La coalition Search and Destroy. Autrement plus sexy que la Vivaldi !   

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AND THE WINNER IS…

  Nous sommes en mesure de vous révéler quelques-uns des prix qui ne seront pas attribués ce samedi soir à la cérémonie des Magritte. 

   Le prix de la plus belle séparation est attribué à Boris Johnson pour son film « Nous ne vieillirons pas ensemble ». Sans doute s’en réjouira-t-il mais qu’il fasse gaffe ! Le cinéma anglais a fait écho à la tentation des Britanniques pour l’éclatement du Royaume-Uni. Dans « Passeport pour Pimlico », ce quartier de Londres déclare son indépendance et son rattachement au duché de Bourgogne. Dans « La Souris qui rugissait », un mini duché au bord de la faillite déclare la guerre aux Etats-Unis (en pariant sur l’habitude des vainqueurs de renflouer les caisses vides du vaincu). 

Le divorce du Royaume de Sa Gracieuse Majesté avec l’Europe continentale pourrait être la première pièce qui s’envole d’un château de cartes. L’annonce d’une implosion du vénérable empire en une multitude de royaumes, comtés ou duchés indépendants. Celui du Sussex est justement disponible à qui veut. A signaler à Bart De Wever qui trouve notre royaume trop grand pour lui. Encore faut-il pour que l’orgueilleux Anversois succède au prince Harry que les autorités du Sussex estiment que Bartje remplit les qualités nécessaires pour être admis à y séjourner. 

 Donald Trump se voit récompensé pour son rôle de décomposition dans « Certains l’aiment chaud ». Son « fantastique » plan de paix entre Israéliens et Palestiniens s’appelait initialement « Noces en Galilée ». Le titre prometteur est rapidement passé à la trappe. Trump a  réussi une fois de plus à jeter des pétards dans des terres déjà ravagées par les incendies. Après l’Ukraine, la Turquie, la Corée, on ne compte plus les conflits où il a emmené la planète au bord du gouffre. Une fois l’apocalypse venue, il restera à envoyer la star diriger « La Guerre des Etoiles ». Reprenant le rôle de Dark Vador, c’est l’univers tout entier qui sera assuré de basculer du côté obscur de la Force. 

  Avec les informateurs royaux, je suis désolé de le reconnaître, on tombe dans une catégorie de films infiniment plus modestes.   

   Le fait que les deux comiques belges soient toujours à l’affiche ne répond pas à la demande des spectateurs. Pour preuve, leur numéro a changé plusieurs fois de titre, ce qui est inquiétant. Appelé d’abord « La Promesse », puis « On purge bébé », il est devenu « La Grande Illusion » même si de prolongation en prolongation, il se soit aussi rebaptisé « Huit et demi » (un film dont le réalisateur avait perdu le scénario) avant de couler. E la nave va…

  Avant d’acter bêtement qu’aucun gouvernement fédéral n’est possible dans notre pays, rappelons-nous que le plus beau film en compétition s’appelle « Nous nous sommes tant aimés »…      

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LES HABITS NEUFS DE L’ORDRE NOUVEAU

  Malgré leur grande imagination, on a l’impression que nos hommes et femmes politiques, sonnés par le dimanche électoral noir de noir, peinent cette fois à trouver leur inspiration dans les trésors du surréalisme. 

 Alors, aidons-les un peu. 

  Le plus épineux obstacle à une réconciliation des deux communautés du pays vient de ce que de part et d’autre de la frontière linguistique, chacun regarde son voisin comme un territoire ennemi. Et ses habitants comme des péquenots. Faut donc faire bouger les lignes, obliger ceux qui se regardent en chiens de faïence à quitter leurs positions. En les attirant les uns vers les autres avec des cadeaux imprévus. 

  Ainsi, pourquoi ne pas offrir la présidence de la région wallonne à Bart De Wever ou même à Dries Van Langenhove, le petit canaillou qui anime les sympathiques sauteries du mouvement facho « Schild & Vrienden » ? 

  Bart ou Dries, dans leur nouvel habit, obligé de réorganiser les intercommunales wallonnes, à mettre de l’ordre dans les TEC (l’ordre, ils connaissent ça, non ?), réparer les routes du sud du pays, à assister aux matchs du Standard en hurlant avec les supporters rouches chaque fois que les Liégeois marqueront contre l’Antwerp, la Gantoise et Bruges, à vanter lors de l’inauguration de la Foire de Libramont les vaches blanc, bleues, belges (belges !!), voilà autant d’idées audacieuses susceptibles d’apporter un souffle frais dans le sud du pays et à décoincer ce qui paralyse le développement de la Wallonie. 

Pendant ce temps, Paul Magnette, nommé à la tête du gouvernement flamand mobilisera ses concitoyens pour défier l’Oncle Sam. Et l’on rêve déjà du prochain sommet Magnette-Trump arbitré par le président nord-coréen. A l’emploi flamand, on appellera Raoul Hedebouw pour gérer l’arrivée des milliers de nouveaux immigrés destinés à pallier le manque de main d’œuvre dans la partie plate du pays. 

Seul risque de ce projet : on ne peut exclure que, comme tant de nouveaux convertis, certaines de ces personnalités « déplacées » prennent leur mandat trop à cœur. 

Ses nouvelles fonctions lui tournant la tête, on ne peut exclure que Bart De Wever demande le rattachement de la Wallonie à la France en hurlant depuis le perron de Liège « Vive la Wallonie libre ! » Et Frédéric Daerden, nommé aux Finances, organiser fiévreusement le décrochage de la Flandre de l’euro au profit d’une nouvelle monnaie noire et jaune, le « goedendag ». 

Reste le plus difficile : aérer aussi l’esprit d’un certain nombre de jeunes qui ont manifestement forcé sur les jeux vidéos et pas assez sur les cours d’histoire. Peut-être la VRT pourrait-elle repasser sa passionnante série « L’Ordre Nouveau » de Maurice De Wilde, dont le contenu a manifestement échappé à quelques jeunes votants distraits dimanche dernier.  

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VALLS A MILLE TEMPS

A un horticulteur au chômage, le président Macron a signalé qu’il lui suffisait de traverser la rue pour décrocher un job.

Manuel Valls a entendu la leçon. Montrant sa fidélité au parti qui l’avait (très mollement) investi aux dernières législatives et aux instructions éclairées de son chef, Valls (lui aussi désœuvré) s’est retrouvé de l’autre côté des Ramblas. Proclamant à qui voulait l’entendre qu’il ferait un parfait maire de Barcelone. La proximité du Musée Picasso semble avoir beaucoup inspiré sa première déclaration officielle en catalan.

Mais, ce n’est pas l’ex-président indépendantiste Carles Puidgemont qui va lui lancer la première pierre, lui qui n’en est qu’au cinquième cours de néerlandais pour nuls et futurs mandataires N-VA.

Valls peut se revendiquer de prestigieux mais trop rares prédécesseurs. Tel Tom Paine, l’un des pères de la révolution américaine, qui rejoignit la France lors de la Révolution où il devint député à l’assemblée nationale. Un des premiers à défendre l’idée de revenu universel, qui, on le voit, met vraiment longtemps à être prise en considération ! (Lisez sa belle bio par le grand écrivain américain Howard Fast).

Autre internationaliste magnifique, Garibaldi, le maître d’œuvre de l’unification italienne, qui fut un court temps député à l’Assemblée nationale français représentant les circonscriptions de Paris et d’Alger ! (On maniait déjà le grand écart à l’époque). Avant d’être obligé d’abandonner son mandat sur la pression de la droite sous prétexte qu’il n’était pas français. Ah ! Cette sacrée nationalité qu’on oppose toujours aux migrants ! (Alexandre Dumas a décrit ce personnage extravagant qui semble sortir de son imagination dans « Viva Garibaldi ! »)

L’initiative de Valls devrait donner des idées à d’autres grands formats de la politique européenne qui (pourquoi pas ?) pourraient cumuler des mandats transfrontaliers. A l’instar de l’ancien maïeur d’Ixelles, Yves de Jonghe d’Ardoye qui s’était aussi présenté comme  maire d’une petite ville du Périgord. Ou de Paul Magnette sollicité par les débris du PS français pour conduire leur pauvre liste aux élections européennes.

Puidgemont étant en délicatesse avec les juges locaux, pourquoi Bart De Wever n’affronterait-il pas Valls à la mairie de Barcelone ? Et Matteo Salvini chez nous où il remplacerait avantageusement ce mollasson de Théo Francken, si complaisant avec les immigrés délinquants.

Même si en Belgique, cette simplification semble impossible : personne n’imagine réunir sur une seule tête les compétences en matière de politique scientifique, de santé, de sports, d’enseignement ou d’emploi émiettées entre des chapelles, autorités, communautés, multiples, toutes jalouses de leurs misérables pouvoirs.

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ATOMIC-MAC

La bonne nouvelle de la semaine : le Luxembourg déversera ses déchets nucléaires chez nous mais il gardera ses banques et les économies de nos épargnants. C’est ce que l’on appelle un accord gagnant-gagnant.

Reste à décider ce que nous allons faire des déchets nucléaires de nos amis grand-ducaux, de simples zakouskis, il est vrai, comparés à ceux de nos « propres » productions locales.

Alors secrétaire d’état, l’écolo Olivier Deleuze annonçait en 2003 le début de la fin du nucléaire pour 2015, promesse que les partis libéraux et le PS se sont empressés d’oublier dès la fonte des verts aux élections suivantes.

En 2012, le ministre Wathelet l’annonçait pour 2025, ce qu’a confirmé l’actuel gouvernement il y a quelques mois. Sauf que la N-VA ne l’entend pas de cette oreille. Et laisse la question ouverte pour en discuter après les élections de l’an prochain. Promesse d’un sérieux court-circuit autour de la prochaine déclaration gouvernementale sinon d’un Fukushima si l’un des futurs partenaires s’entête à mettre l’agenda de la mort du nucléaire sur la table. Autrement dit, on en reparlera après la fin des banquises, la hausse des océans et la disparition de la Flandre.

Pour une fois, l’électrique Bart De Wever pourra invoquer la France (à la tête du lobby nucléaire chez nous) plutôt que l’Allemagne (qui s’en est débarrassé calmement). Avec l’entrée en fonction du nouveau ministre de l’écologie, le président Macron s’est assuré un collaborateur peinard question centrale nucléaire, le totem intouchable des Français avec l’industrie de l’armement et celle du foie gras.

Quand il s’opposait au candidat Macron, François de Rugy, s’est engagé à la fin des centrales françaises pour 2040. Depuis qu’il est ministre, il s’est engagé à la fermer sur la question.

Personne ne connaît la durée pendant laquelle les matières resteront radioactives : des siècles ou des centaines de milliers d’années, comme le disent certains ? Bref, on ne sait rien, on n’a aucune solution, celles qui ont été expérimentées ont fait eau de toute part (comme le déversement de déchets en mer principalement par les Anglais dans les années 50 qui prétendaient qu’ils allaient se dissoudre comme du savon ou par les Italiens au large de la Somalie avec l’aide des Maffias).

Que ces crasses mettent cinquante mille ou trois cent mille ans à cesser d’être nocives n’a pas beaucoup d’importance puisque les mammifères intelligents auront disparu de la surface de la planète depuis longtemps, tués par d’autres crasses.

Resté seul, Bart De Wever pourra lancer aux êtres survivants : « Abyssus abyssum invocat » (« l’abîme appelle l’abîme »).

« Acta est fabula ! » (« La pièce est finie ! ») répondront ses auditeurs en suçant une glace au plutonium.

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