CECI N’EST PAS UNE LECON DE MORALE

Cela valait-il la peine de passer la nuit à faire la queue pour inscrire son enfant, de pleurer de joie parce qu’il a enfin décroché son billet d’entrée pour que, une fois en classe, on lui enseigne que le génocide nazi n’était pas si terrible que ça et que l’holocauste est une affaire bien exagérée ?
Il y a quelque chose de pourri dans le domaine enchanté de l’école. Mais, contrairement à ce qui se dit souvent, pas tellement du côté des élèves. D’après ce que j’ai lu, ce sont eux qui ont interpellé leur prof de religion après l’avoir entendu contester le récit d’un rescapé des camps: « C’est vrai ce que dit ce type ? Mais alors, pourquoi nous raconter le contraire ? »
Que les enfants (et la plupart de leurs profs) soient assez lucides pour dénoncer le discours dévoyé d’un de leurs enseignants prouve sans doute qu’on leur a appris à réfléchir et à réagir. Mais que ce discours ait pu être tenu en public, sans honte, est aussi la preuve que l’école est décidément bien chahutée ces temps-ci, et pas seulement à cause des extravagances et des caprices de ses ministres de tutelle. Quoique, de ce côté-là, on n’a jamais été très gâté. Il y a quelques années déjà une ministre de l’enseignement n’avait rien trouvé de mieux que d’inaugurer son règne en renvoyant une partie des profs au chômage, pour devoir, dès la rentrée suivante, supplier les retraités de bien vouloir reprendre du service, vu l’affluence dans les classes…
On voit tous les jours des exemples formidables d’initiatives personnelles de profs et d’étudiants pour dynamiser la pédagogie, faire aimer les sciences ou la culture, donner les clés d’accès à la littérature ou au théâtre. Ou tout simplement pour apprendre à des enfants venus d’ailleurs notre langue et leur en faire miroiter les merveilles. Mais, avec si peu de moyens que l’on comprend pourquoi, malgré leur dévouement et leur dynamisme, l’enseignement de la communauté française ne cesse de dégringoler dans le hit-parade européen (quelles que soient les réserves qu’on peut émettre à propos de ce type de classement).
A voir la façon dont nos gouvernants dotent l’école, l’organisent et entretiennent ses locaux, à la manière dont ils traitent les parents, on peut avoir quelque doute sur l’intérêt qu’ils portent au département dont ils ont la charge. Jusque là, on a mis toutes ces négligences sur le compte de la pauvreté générale des budgets. Mais, devant la capacité soudaine à mobiliser des moyens extravagants dès que les banques privées crient au secours, on s’interroge.
Qui fera la Belgique de demain ? Quelques banquiers ou les têtes multicolores qui peuplent nos écoles ?

Alain Berenboom
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LIBRAIRIE CHAPITRE XII

Alain BERENBOOM présente « Le Roi du Congo » en compagnie de Colette Braeckman (journaliste au Soir, auteur de « Vers la deuxième Indépendance du Congo »)

à la Librairie Chapitre XII,

avenue des Klauwaerts
le jeudi 2 avril

à 18 h 30

LE PROCES-VERBAL (EXTRAITS)

Didjé – Je jure que je n’ai jamais téléphoné à un juge de ma vie. Vous me confondez avec Anne-Marie Lizin.
Juge 1 – J’ai pas dit que Didjé m’a téléphoné. J’ai dit que des indices sérieux de présomption me font suspecter que quelqu’un a peut-être…
Yveke – En tout cas, c’est pas moi !
Jo- Moi, j’ai reçu un coup de fil de Yveke qui me disait comme ça que Didjé avait reçu un appel de son collaborateur qui a été informé par l’avocat qui avait parlé au procureur, lequel a signalé que le juge s’était levé de mauvaise humeur et que c’était peut-être pas le jour qu’il prononce son jugement. Mais que le bâtonnier lui a interdit de le confirmer.
Didjé – Mon collaborateur s’est juste contenté de prendre des nouvelles. Dans notre métier, on passe son temps à prendre des nouvelles des gens. Vous n’imaginez pas le nombre de fois qu’on dit « et vous, ça va ? » dans une journée.
Yveke : ça, c’est vrai. Quand j’étais à l’hôpital, ils sont tous venus proposer de me remplacer. Tant d’attention, ça m’a vite remis sur pied.
Juge 2. – Mes collègues sont aussi venus me rendre visite quand je suis tombée malade juste pendant la délibération sur le jugement. Il y en a même un qui est entré par la cheminée, déguisé en père Noël et qui m’a dit : tiens signe ici, c’est juste une carte de vœux pour le président de la cour.
Juge 1 – Elle n’était même pas malade. Juste un peu de dépression.
Juge 2 – Si vous travailliez au palais, vous feriez aussi de la dépression ; et pas un peu !
Didjé – On voit que vous n’avez jamais pointé le nez dans le milieu politique. Moi qui n’ai qu’un plaisir dans la vie, passer la soirée avec un bon livre au fond de mon canapé, je suis obligé de souper avec mes « amis », Gérard et Olivier, pour préparer le petit déjeuner avec mes « alliés », Elio, Joëlleke, Herman et les autres avant d’aller me geler au football puis serrer la main des ouvriers d’usines dont je sais qu’elles vont fermer à la fin du mois, en leur disant avec un beau sourire « tout va bien » ! En rentrant au cabinet, je me fais engueuler par mes collègues étrangers parce que les banques belges entraînent celles de leurs pays dans la déroute et que l’euro s’enfonce à cause de notre dette publique.
L’huissier : – Monsieur le président, la planète vient de basculer sur son axe, les Etats-Unis ont fait aveu de faillite et la Chine a envahi la Russie.
Le Président (en rage) : – Tout est donc prétexte ici pour tenter de freiner le vrai débat, le seul qui intéresse nos citoyens: avez-vous ou non téléphoné au juge qui… ?

Alain Berenboom
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FOIRE DU LIVRE BRUXELLES – SALON DU LIVRE PARIS

Alain BERENBOOM A LA FOIRE DU LIVRE DE BRUXELLES

Conférences:

jeudi 5 mars à 12 h. Littérature et Cinéma
à l’Espace BD
en compagnie de Benoit Peeters
présentation: Thierry Horguelin et Daniel Arnault

jeudi à 19 h.
spécial Polar
au Café Europa
Alain Berenboom parle de ses romans Le Roi Du Congo
et Périls en ce Royaume
interrogé par Hubert Artus
avec Naïri Nahapetian et Caryl Ferey

samedi 7 mars à 14 h.
au Forum Le Soir,
présentation du livre « Ces fleuves qui nous unissent » de
Luc Devoldere, Luc Vandermaelen et Marie-Christine Duprez
animation/ A. Berenboom

Alain BERENBOOM DEDICACE SES LIVRES:
jeudi 5 mars à 18 h. jusqu’à 19 H; au stand Gallimard
samedi 7 mars et dimanche 8 mars
au stand Gallimard et au stand Filigranes

ALAIN BERENBOOM AU SALON DE PARIS

dédicace le dimanche 15 mars de 15h. à 17 h. au stand de la Communauté française

SMALL IS BEAUTIFUL

Une information importante est passée un peu inaperçue cette semaine au milieu du tohu-bohu général, la rencontre entre le nouveau ministre de l’intérieur, Guido De Padt, et les quatre syndicats représentatifs de la police. A l’issue de leurs conversations, ces charmants jeunes gens ont décidé de maintenir le règlement qui fixe à 1 m 52 la taille minimale pour entrer dans la police.
Après tous les ratés de ces derniers mois (accord boiteux à Fortis, échec des négociations communautaires, naufrage du budget et autres joyeusetés), voilà enfin une décision qui réconciliera les citoyens avec le gouvernement fédéral. Il faut dire que monsieur Reynders n’y est pour rien.
Face à une population qui grandit à chaque génération, surtout les brutes, les affrontements entre manifestants et forces de l’ordre (que la crise sociale et économique va multiplier) risquent en effet de tourner à la déroute de nos pauvres agents. Sauf, justement, si les grandes gueules se trouvent soudain face à des mini-flics, mobiles, imprévisibles, capables de leur casser les pattes, mordre leurs mollets et leur péter la rotule. S’ils s’enduisent en plus le corps d’huile, ces super flics seront insaisissables.
Autre idée pour déconcerter des manifestants un peu nerveux : placer deux mini flics l’un sur l’autre, pour en faire un géant, comme ceux qu’on promène ces jours-ci dans les villes de Wallonie. Quatre poings jaillissant de la pèlerine prouveront qu’un flic peut en cacher un autre.
L’idée pourrait être étendue à d’autres professions. Permettant de sauver des emplois. Car un grand professionnel peut être remplacé par trois, voire quatre petits. Pour conduire un camion, un chauffeur se chargera des pédales et un autre du volant, pendant que le troisième actionnera les vitesses et le dernier s’occupera du café.
En politique, cette idée fera des heureux : si la taille des députés est limitée, leur nombre pourra être multiplié par deux sans modifier la grandeur de l’hémicycle. Cela permettra aussi aux ministres, soumis à un calendrier d’enfer de se faire remplacer : s’il y avait trois petit Reynders au lieu d’un grand, chacun d’eux aurait pu se partager les terribles chantiers qu’un seul a dû affronter. La règle a ses limites : imaginer quatre mini-Lizin au lieu d’une a de quoi donner le frisson…
La nature n’a-t-elle pas montré l’exemple, en faisant disparaître les grands monstres qui jadis peuplaient la planète ? Si les dinosaures se sont transformés en oiseaux, l’homme peut devenir fourmi. Une solution ingénieuse pour sauver la planète, soit dit en passant.

Alain Berenboom
www.berenboom.com

RADIO TELE EN FEVRIER

LE ROI DU CONGO EN RADIO

Samedi 21 février sur Musiq’3 dans Hamlet à 9 h 15 et 10 h 30

Lundi 23 février de 9 h 10 à 10 h. dans « Bonjour quand même » Alain Berenboom en direct sur la Première de la RTBF avec Corinne Boulangier

LE ROI DU CONGO EN TELE

Mardi 24 février à 22 h 45 sur la DEUX, RTBF,
dans « Mille Feuilles » avec Thierry Bellefroid

SAINT VALENTIN

A l’heure des familles recomposées, on ne fête plus tout à fait la Saint Valentin comme jadis.
Maintenant, les couples, se font, se défont et se refont selon des ordres et dans des désordres parfois byzantins. Un exemple au hasard, chez les Fortis, tenez, nos voisins qui tenaient jadis le haut du pavé.
Quelle aventure ! Après avoir largué monsieur Maurice, madame F. s’était donnée à monsieur Didier, un homme chic mais qui n’a pas beaucoup de temps et qui l’a jetée dans les bras de monsieur Baudouin, un homme bien, genre beaux quartiers de Paris, avec des crolles grises, un prénom rassurant et un sourire économe.
L’amour, l’amour, c’est très beau mais il ne faut pas oublier les enfants dans le placard, sinon ils ruent dans les brancards !
A l’époque où ils étaient petits, je me souviens comme les Fortis étaient fiers de leurs lardons! Et puis, ils ne le disaient pas, mais leurs enfants leur rapportaient beaucoup d’allocations familiales. Sans oublier le petit Chinois que le couple a adopté il n’y a pas très longtemps, vu qu’il y avait une prime à la clé et que les allocations ne suffisaient plus à assurer leur train de vie. Les vieux couples, ça s’habitue au luxe. Et ça n’oublie pas que le code civil impose aux enfants de prendre en charge leurs chers parents dans le besoin.
Mais voilà, les enfants, au fond, n’aiment pas la saint Valentin. En tout cas, celle de leurs parents.
Chez les Fortis, ils avaient organisé une grande party pour célébrer les nouvelles amours de madame F. et de monsieur Baudouin. Même que monsieur Didier, pas bégueule, avait accepté de venir à la fin de la réception pour lever son verre de champagne français en l’honneur du couple. C’est qu’il doit montrer sa tête dans les fancy fairs vu qu’il est en campagne. Mais les enfants, une fois encore, ont gâché la fête. Alors que le duo d’amoureux s’échangeaient des mots doux, des lingots d’or et des baisers ardents, voilà que les enfants se sont mis à les bousculer, les invectiver et, comme s’ils n’avaient pas fait assez de dégâts, à révéler leurs secrets de famille les plus honteux. On se serait vraiment cru dans « Festen », le film de Thomas Vinterberg.
Bref, la cassure bête et brutale. Monsieur Baudouin est rentré à Paris avec ses crolles de plus en plus grises et son sourire de plus en plus économe, monsieur Didier s’est esquivé sur la pointe des pieds. Et madame F, la pauvre, a fini la Saint Valentin à ramasser, toute seule, les serpentins, les cotillons, et à essuyer la colère qui avait dégouliné sur la moquette. Mais elle continue de croire à l’amour. Sauf que la prochaine fois, elle le vivra caché. Loin des marmots.

Alain Berenboom

EN FEVRIER-MARS

Chez Filigranes, le 14 février à 16 h.
A la FNAC, le 28 mars à 15h.
A la Bibliothèque de Boitsfort, dans le Centre Delvaux, place Keym à Boitsfort, le 28 mars à 10 h. présenté par Anne-Michèle Hamesse, en compagnie de Michel Joiret

Ces rencontres sont organisées autour du roman « Le Roi du Congo » qui vient de paraître.

A quoi ressemblait le Congo belge en 1948 ? Je n’en sais rien. Je n’étais qu’un bébé à l’époque et mes parents, venus à Bruxelles de leur lointaine Pologne, n’avaient pas fait le détour par l’Afrique. J’ai donc inventé un décor exotique fondé sur les images, les films et les chansons de mon enfance, « Tintin au Congo », « Bwana Kitoko » (le voyage du roi Baudouin dans la colonie) ou « Bouboule 1er, roi des nègres » (avec Georges Milton), sans oublier les boîtes de Banania qui trônaient sur la table du petit déjeuner. Des images soi-disant innocentes mais qui en disent long sur un passé qui ne passe pas, comme le montre une cruelle actualité.
Après avoir lancé mon détective privé explorer le Bruxelles trouble de 1947, j’ai eu un plaisir pervers à envoyer Michel Van Loo, faux limier plutôt couard, dans la colonie en pleine guerre souterraine de l’uranium, où personne n’est tout à fait blanc, ni tout à fait noir. En compagnie de trois pygmées hilares et débrouillards, les véritables héros de l’aventure.

Alain BERENBOOM