KISS & CRY

Le 20, premier jour du printemps, la nuit et le jour sont exactement pareils.

Le 20, au coin de ma rue, premier cerisier en fleurs ; une jolie jeune fille aux cheveux longs s’est assise sur un banc, tellement surprise par le soleil piquant qu’elle ferme les yeux et sourit en refermant mollement son livre.

Le 20, massacre à Toulouse. Nos cœurs s’arrêtent.

Le 21, soleil sur les terrasses et fraises dans les assiettes, Lommel pleure, se recueille. La gorge serrée, on se demande si la vie continue, comment, pourquoi.

Le 21, l’incendiaire présumé de la mosquée d’Anderlecht et assassin présumé de l’imam se dit « concerné par les événements de Syrie ». On se sent si impuissant devant cette accumulation de folies incompréhensibles qu’on reste bêtement figé.

Le 22, le printemps s’accroche ; Heverlee, soleil noir, douleur ;

Le 22, l’assassin présumé des enfants de Toulouse et des soldats de Montauban se dit « concerné par les enfants de Palestine ». Facile, obscène.

Comment résister à une semaine irrationnelle de rage, de barbarie et de chagrin ?

En se rappelant qu’il y a un an, c’était le printemps arabe et tout l’espoir d’un continent ?

Ou mais c’était aussi Fukushima et la vision de la fin de notre monde.

Tout va trop vite, sur une planche savonnée, emportant le chroniqueur dont les mots s’évaporent dans un chaos infernal.

« Le temps d’apprendre à vivre, il est déjà trop tard »

Aragon disait aussi :

« Cœur léger, cœur changeant, cœur lourd
Le temps de rêver est bien court (…)

Est-ce ainsi que les hommes vivent 

Et leurs baisers au loin les suivent. »

Faut-il s’enfermer dans sa bulle, éteindre la radio et laisser la souris du PC danser seulement sur les sites de films et de jeux ? N’ouvrir la télé qu’à l’heure de rediffusion des vieux de Funès ?

L’idée est moins sotte qu’il n’y paraît tant la peur monte. A l’heure où les sociétés s’écrabouillent, où les hommes politiques pédalent dans la choucroute, où plus personne ne peut arrêter les massacres proches et lointains, les écrivains, les peintres, les cinéastes, les musiciens ont peut-être encore quelque chose à nous dire. Même s’ils ne peuvent nous consoler. La voix d’Aragon, piètre politique mais sublime poète, marque le tempo qui nous réveille. Comme aujourd’hui Abel et Gordon dans La Fée ou Anne-Michèle Demey, Jaco Van Dormael et Thomas Gunzig dans Kiss and Cry  ou encore Joyce Carol Oates dans Je me tiens devant toi nue (mise en scène de C. Delmotte au théâtre des Martyrs) nous montrent que la vie banale et le quotidien tragique peuvent s’enchanter. Humains et fragiles, voilà ce que nous sommes. La nuit tombe sans que nous n’y pouvons rien. Fragiles d’accord mais combatifs, il le faudra, gonflés par une énergie mystérieuse, dès que le soleil se lève.

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SARKO’S CIRCUS

Il était temps ! Sarkozy ayant maudit Bruxelles, le voilà enfin propulsé au sommet des sondages. La crise, le chômage, les immigrés, l’euro qui monte ou qui descend, les parachutes dorés ou pas assez, Allah lui-même, tout est la faute à l’Europe ! Quelques imprécations, et hop ! Il passe en tête au premier tour ! Encore quelques diatribes anti bruxelloises, la poupée en cire de Van Rompuy transpercée de coups d’épingle devant les militants en délire et il sera président.

Au cirque, chaque artiste a sa spécialité. Nicolas Sarkozy, lui, est capable de jouer tous les rôles. Acrobate, dompteur, prestidigitateur, clown et Mr Loyal à la fois. Un président capable de remplir tout seul tous les jobs, quelle économie pour les finances de l’état!

En parfait équilibriste, il nous a offert cette semaine un joli numéro sans filet. Tous les malheurs de la France lui ont été imposés par l’Europe, dit-il à ses électeurs à qui il annonçait depuis cinq ans que l’Europe, c’est lui. Et la mère Merkel ? Ne l’embêtez pas avec cette dame. Elle joue aussi un – petit – rôle dans le Sarko’s circus. A la fois l’assistante qui passe les accessoires et le lion dans la gueule duquel le super-président met la tête. Et à l’entracte, c’est elle encore qui vend les chocos glacés qu’elle garde au froid d’un seul regard. Mais la vedette, c’est Sarko et personne d’autre. C’est lui et lui seul qui a sauvé la Grèce et l’Italie, la Géorgie et la Lybie. Lui qui a régulé le flot d’immigrés fuyant la fièvre des révolutions arabes, lui encore qui a inspiré les rues de Tripoli, de Tunis et du Caire. La France n’a-t-elle pas l’exclusivité de l’exploitation mondiale de l’appellation « droits de l’homme » (marque déposée) ?

Et si les électeurs arabes votent en faveur des barbus ? Sarko respectera la liberté de vote, bien entendu. Mais, «quelles sont les limites que nous mettons à l’islam ? Notre formation politique, puis le Parlement doivent s’occuper de ces sujets» » déclarait-il, jouant à la fois le clown blanc et l’auguste. Si la Tunisie ou la Lybie deviennent des états démocratiques, c’est à Nicolas S. qu’ils le doivent. S’ils se choisissent des chefs radicaux, gare à N. Sarko !

«Lorsqu’on a la chance pendant six mois de connaître et d’avoir à trancher des problèmes de 27 pays, on gagne en tolérance, on gagne en ouverture d’esprit» avait-il déclaré dans le discours qui clôturait sa présidence du conseil des ministres il y a trois ans. Il suffit d’entendre ses propos récents sur la viande hallal ou l’interdiction du regroupement familial pour en juger. Ou alors, il existe une conception de la tolérance dans le quartier de l’Elysée (et du FN) différente de celle du reste du monde.

 

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LA FEMME DESCEND-ELLE DU SINGE ?

Le titre de cette chronique vous choque ?

Pourtant, vous ne trouvez rien de mal, monsieur, à ce que je dise de vous que vous êtes malin comme un singe. Ni que c’est à un vieux singe comme vous qu’on apprend à faire des grimaces. Vous en êtes plutôt fier. Vous vous réjouissez aussi que les scientifiques nous racontent que les ADN de l’homme et du chimpanzé sont si proches que nous sommes cousins, presque frères. Notre arrière-arrière-arrière-arrière-grand-père était le même brave gras, musclé, plein de poils. Et celui de la femme, non ?

Vous chantez en chœur avec moi, et en riant très fort,

« C’est à travers de larges grilles,
Que les femelles du canton,
Contemplaient un puissant gorille,
Sans souci du qu’en-dira-t-on.
Avec impudeur, ces commères
Lorgnaient même un endroit précis
Que, rigoureusement ma mère
M’a défendu de nommer ici… »

Une seule association féministe a-t-elle jamais demandé l’interdiction de ce « Gorille » très gaulois de Brassens ?

S’il avait chanté la même chose –ou à peu près- de la femelle du grand singe, quel scandale c’eût été ! Quel mauvais goût !

Il y a quelques jours, des habitants de Pékin se sont mis à chasser un singe errant dans le parc de Dongdan. Ils voulaient le tuer pour manger sa cervelle (un plat très raffiné en Chine). C’est vrai que la cervelle d’un singe remplacerait avantageusement le cerveau de quelques hommes politiques que, rigoureusement mon rédacteur en chef m’a défendu de nommer ici… Mais si je disais que la cervelle d’un singe vaut mieux que celui d’une femme ? Oh ! Ce serait totalement incorrect.

L’homme et la femme sont égaux, proclame-t-on – une fois par an. Egaux, peut-être. Mais la preuve est faite : ils n’ont pas le même ancêtre commun. Si l’homme descend du singe, de qui descend la femme ?

De l’oiseau ? Quoi de plus agréable que de comparer la grâce d’une femme, son allure, sa démarche, à celle d’un beau volatile. Une poule ? Disons, une colombe ou un flamant rose. « Mon bel amour, mon cher amour, ma déchirure, je te porte en moi comme un oiseau blessé (Aragon).

La femme descendrait-elle du flamant ?

Mais le flamant, de qui descend-il ? Du singe ? Non. Comme tous les oiseaux, son aïeul était dinosaure. La femme descend donc de cette bête magnifique (« deinos » en grec) qu’on a longtemps considéré comme un reptile. Ceci explique pourquoi Eve a été plus sensible au serpent, sa sœur, qu’à son pauvre vieil Adam de mari. Et pourquoi King Kong est tombé amoureux de la belle Fay Wray (ou de la sublime Jessica Lange dans une version plus récente de l’histoire). La femme et le gorille, on n’en sortira donc jamais…

 

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LE BOSS DU BAAS DE DAMAS

Il paraît que la Tunisie s’est déclarée prête à accueillir le président Assad dès que le boss du Baas aura réussi à boucler ses valises.

La nouvelle rassurera tous ceux qui voyaient avec inquiétude la plus européenne des républiques arabes se tourner vers l’islam politique dès qu’on a eu l’idée candide de donner aux citoyens tunisiens un vrai droit de vote. Quelle calamité tout de même que la démocratie ! Avec Ben Ali, vu de loin, le pays ressemblait plus ou moins au nôtre. En tout cas, il ne semblait pas plus mal géré que la ville de Charleroi, avant qu’une bête presse dite libre n’y mette le bordel. Mais, depuis les résultats des premières élections, c’est l’angoisse. Que vont faire les partis islamistes dont le triomphe a surpris tous les stratèges européens, qui croyaient que la Tunisie allait ressembler au Luxembourg ou au Danemark ? Les femmes voilées, confinées à la maison, la charia, la bière belge interdite de séjour, même les hommes savent burqa ?

L’arrivée du président syrien rassurera les capitales occidentales : quel soulagement ! Assad est un véritable laïc, un défenseur des femmes (en tout cas de la sienne, une avocate d’affaires, cheveux au vent, habillée à Paris et non dans les souks d’Arabie saoudite), qui a compris comment ne pas mélanger démocratie et désordre. On peut compter sur lui pour remettre un peu de bon sens républicain dans la patrie d’Hannibal.

Surtout qu’Assad s’est converti, lui aussi, aux valeurs de chez nous. Il vient de faire approuver par référendum une nouvelle constitution, dont le texte célèbre les vertus des élections et annonce la fin du parti unique, le Baas.

 « Nous pensons très certainement qu’une nouvelle Constitution qui va mettre un terme à la domination d’un seul parti en Syrie est un pas en avant », a souligné le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, un spécialiste des élections libres.

Seuls seront exclus, les partis fondés sur des bases religieuses, confessionnelles ou raciales : quel exemple pour l’Egypte ou les autres pays arabes qui ont eux aussi l’idée saugrenue d’organiser des élections pour emmener les barbus au pouvoir.

La nouvelle constitution déclare aussi (sans rire) : « La liberté est un droit sacré » et « l’Etat garantit aux citoyens, qui sont égaux, leur liberté personnelle et préserve leur dignité et sécurité ».

Ce texte interpelle. La liberté, la dignité, la sécurité. N’est-ce pas ce que demandent les habitants de Homs ?

Au lieu de tirer à l’aveugle sur les vaillantes forces de l’ordre, venues installer les isoloirs, n’auraient-ils pas mieux fait de demander aux juges syriens de faire respecter la nouvelle loi ?

Les juges… Quels juges ?

 

 

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RUINES FLAMBANT NEUVES

Ah ! Les Grecs…

L’Europe leur apporte  237 milliards d’euros et, en guise de remerciement,  ils mettent le feu à leur capitale. On se dit, quelle ingratitude ! Pas du tout ! Vous n’avez rien compris !

Le feu, c’est une façon de montrer aux Allemands et aux autres qu’après un moment de spleen bien compréhensible, les Grecs se sont remis au travail.

Les manifestations violentes,  un signe de redémarrage de l’économie ?

Mais oui ! De quoi vit la Grèce, pensez-vous ?

De son église ? Elle ne rapporte rien et refuse obstinément de payer même le denier des pauvres.

De ses militaires ? Ils coûtent les yeux de la tête (plus de 3 % du PIB et le plus important effectif de tous les pays membres de l’OTAN) mais pas question d’y toucher car ils défendent le territoire contre les risques d’une invasion turque sans doute imminente puisque la dernière guerre entre les deux pays remonte à 1922.

De ses armateurs ? Ils ont transféré depuis longtemps leur flotte sous pavillon libérien ou panaméen et leurs économies dans une bonne banque suisse.

Non, les Grecs ne doivent compter ni sur le sabre, ni sur la mer, ni sur le goupillon.             Depuis des siècles, les Grecs ne vivent que de leurs ruines.

Or, celles que l’on connaît datent de plusieurs siècles avant notre ère. Elles sont vieilles, poussiéreuses et en très mauvais état. Et surtout, tout le monde les a déjà visitées. Alors, pour redresser le tourisme, les Grecs ont eu la bonne idée de fabriquer de nouvelles ruines, flambant neuves ! Et bien plus intéressantes que les anciennes pour les nouvelles générations.

Nous savons tous quels efforts il faut faire pour convaincre nos enfants de nous accompagner dans la visite de l’Acropole, d’un amphithéâtre ou des restes d’un cirque à Athènes ou à Epidaure – et la concurrence est rude pour les Hellènes face aux Siciliens, Chypriotes ou Turcs qui prétendent avoir conservé les plus beaux. Les enfants tirent la tête. Ils ne fréquentent ni l’église, ni le théâtre, ni le cirque en Belgique même quand la salle est chauffée. Alors, pourquoi s’aventureraient-ils au milieu de morceaux disparates de temples de religions disparues, de théâtres antiques qui n’ont même plus de rideaux ni de buvettes et de cirques sans clowns ?

D’où l’idée ingénieuse de proposer aux jeunes visiteurs des ruines d’aujourd’hui, des vestiges du vingt et unième siècle, des restes à moitié calcinés de banques, de Mac Donald ou de magasins de téléphones.

Saluons ces efforts remarquables et, au lieu une nouvelle fois de maudire les Grecs, aidons-les à démolir ce qui reste de leur capitale. La FN qui a perdu son meilleur client, le regretté M. Kadhafi, pourrait trouver là un nouveau marché pour ses pétards invendus.

 

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ANONYMOUS CONTRE MICKEY MOUSE

Internet a de nouveaux héros, les Anonymous, des hackers déguisés en clowns qui manient le clavier d’ordinateur comme Robin des Bois jadis l’arc et les flèches. Comme ils prétendent défendre les braves internautes contre les méchants auteurs, acteurs, chanteurs, producteurs de films et de musique, bref tous ceux dont les œuvres sont pillées par de gentils pirates, il est mal vu de les qualifier de terroristes.

Les dernières cibles des Anonymous ? Le FBI et la commission européenne.

Le FBI car les G-Men ont osé arrêter le boss d’un des plus populaires site de téléchargement illégal, Magaupload, un certain Kim Dotcom, qui a l’allure invraisemblable du vilain gros Allemand tel qu’on n’a plus osé le représenter dans le rôle du méchant depuis les BD et les films des années cinquante.

Et la Commission européenne ? Si elle se retrouve dans le collimateur, c’est pour avoir signé le mois dernier un accord de coopération internationale, l’ACTA. Ce traité a pour ambition d’harmoniser les outils de lutte contre la contrefaçon sur le web et de rendre plus efficace une coopération internationale permettant de débusquer les sites pirates. Notamment en confiant aux fournisseurs d’accès la responsabilité de contrôler le contenu des sites.

Alors quoi ? Il y a d’un côté les gentils internautes, ivres de liberté, qui exigent de consommer films et musique sans entraves. Et de l’autre, Disney et autres affreuses multinationales, avides de dollars, et assises sur des films et des groupes dont ils interdisent l’accès ?

La vérité est moins binaire.

Ainsi, le vilain pirate allemand n’était pas un poétique hippie vivant d’amour du cinéma et de schnaps fraîche. Il avait amassé un immense trésor de guerre, des voitures de luxe en veux-tu en voilà, grâce au pognon des pauvres cloches qui payaient pour visionner des films que M. Dotcom allait piquer chez les titulaires de droits.

Mais alors, pourquoi ces Anonymous agitent-ils en grognant leurs masques de mardi gras ? Décider, comme ils le font, dans la plus parfaite opacité ce qui est bien et ce qui est mal sur Internet, non, mais pour qui ils prennent ?

Détail piquant, les autorités européennes se comportent exactement comme les Anonymous dans l’élaboration de l’ACTA. Discussion des textes de ce traité dans la plus parfaite opacité par on ne sait qui, abandon du contrôle public de la piraterie au profit d’entreprises privées, transformées en douaniers. Pardon mais les eurocrates ont une fois de plus tout faux, eux aussi.

Vraiment, il est temps que les élus reprennent la gestion des affaires publiques en mains ! Que ce soit dans la notation des états, le contrôle des banques ou de la protection des droits des créateurs !

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ALMA MATER OU AUBERGE ESPAGNOLE ?

Alma mater, c’est ainsi que nous appelions notre université. Mais la « mère nourricière », qui vient de fêter ses cent septante-cinq ans, semble avoir perdu son latin et sa mémoire. Hey, mamy ! Le libre examen, ça te dit encore quelque chose ?

« La pensée ne doit jamais se soumettre …parce que, pour elle, se soumettre, ce serait cesser d’être » disait Henri Poincaré (en 1909), un des pères du libre-examen mais aussi de la théorie du chaos. Ceci explique peut-être cela.

L’autre soir, à l’ULB, grand chahut organisé par une bande d’hooligans, courageusement dissimulés derrière des burqas. Le chahut, c’est une tradition, d’accord. La contestation aussi. Mais elle avait autrefois pour but de réclamer plus de liberté pas de l’étouffer.

Or voilà qu’un « chercheur », M. Chichah, a, une nouvelle fois, emmené un quarteron de gueulards pour empêcher la tenue d’un débat sur l’extrême droite.

Une nouvelle fois car le bonhomme est coutumier du fait. Il y a quelques mois, il a déjà mené un débat à l’ULB pour légitimer un partisan de l’extrême droite, Dieudonné, un comédien qui a abandonné depuis longtemps l’humour pour l’amour de l’extrême droite depuis qu’il a entendu des voix (celles de Jean-Marie Le Pen). Cette fois, c’est la plus pugnace adversaire de la fifille Le Pen, l’écrivain et journaliste, Caroline Fourest qu’il a fait taire. On reconnaîtra à Chichah, une fidélité. A la famille F.N.

Car en matière de liberté d’expression, ce chercheur en économie de la discrimination vogue à géométrie variable.

Après le déroulement chaotique de la conférence publicitaire en faveur de Dieudonné, son fan club avait lancé une pétition « contre l’intimidation intellectuelle » à l’ULB. On serait étonné de le voir répéter ce geste après que le héros ait exactement utilisé le procédé qu’il dénonçait pour faire taire une parole insupportable : le lien entre extrême droite et islamophobie.

Mais les autorités universitaires portent aussi une responsabilité dans ces événements annoncés et dont elles n’ont pas voulu prendre la mesure. A plusieurs reprises, les recteurs successifs (et le conseil d’administration) ont préféré mettre la tête dans le sable devant des dérapages antisémites  (vite qualifiés de blagues de potaches) ou en classant vite fait des plaintes contre le susdit « chercheur ». Transformant de plus en plus la maison des valeurs en une auberge espagnole.

Les contributions scientifiques ont toujours fait la renommée de l’ULB. L’université s’est à présent concentrée vers la zoologie, spécialité l’autruche…

 

 

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CHAUD EFFROI

D’où vient ce coup de froid soudain et glaçant ? De Sibérie, prétend monsieur météo. Encore un coup de la guerre froide ? Allons ! Même à la grande époque du petit père des peuples, rien n’est jamais sorti du goulag. Même pas les fantômes de ceux qui y ont péri.

La dégelée de l’euro alors ? Est-ce l’effroi des citoyens devant la crise économique et financière qui fait claquer des dents et qui a eu raison du mystérieux réchauffement climatique que tout le monde ou presque appelle de ses vœux ces jours–ci – mais en silence car c’est politiquement incorrect ?

Les politiciens ne doivent pas s’étonner que nous restions de glace devant leurs quelques rares envolées ou leurs timides tentatives de plaisanter. Le glacial constat que nous sommes bons pour passer les prochaines années au fond du frigo fiscal n’incite pas à faire monter le mercure dans les thermomètres…

On a l’impression que, à force de raconter que tout va de plus en plus mal, le temps lui-même s’est mis au diapason. Le doux hiver n’a pas résisté au froid glacé des discours politiques.

Mais, n’y a-t-il vraiment plus d’argent ? Le ministre de la défense, notre Crambo national, a beau prétendre avoir les doigts gelés. Il a trouvé quarante quatre millions pour participer au concours de châteaux de sable en Libye dont le grand prix consistait à remplacer un dictateur dingo par une anarchie islamiste.

Et, lundi passé encore, on a réussi à dépenser plusieurs millions pour amener vingt-sept chefs d’état européens par avion et par 4×4 dans un bunker bruxellois. Et tout ça pourquoi ? Pour enregistrer l’engagement de chacun, la main sur le cœur, de ne pas laisser le déficit de leurs budgets dépasser un montant déjà fixé à Maastricht il y a exactement vingt ans. Tous ont ressigné ce qu’ils avaient déjà signé en février 1992 juste pour figurer sur la photo (ce qui fait cher le pixel). Même les Grecs qui savent ce que vaut ce genre de promesses. Mais, à l’exception des Anglais et du dirigeant praguois qui a refusé un Tchèque en blanc. Est-ce depuis que l’on organise à Bruxelles tous les sommets que l’histoire européenne patine sur le verglas ?

Et, si au lieu d’avoir les yeux désespérément fixé sur le thermomètre des marchés, le PIB et la notation des états, aussi zigzagante qu’une feuille de température, on cherchait plutôt le moyen de se réchauffer ?

Ca tombe bien ! Dans dix jours, c’est la saint Valentin ! Excellent pour le commerce et les transports en commun. Ce qui est bien meilleur pour la planète que les limousines des excellences qui nous dirigent droit sur l’iceberg.

 

 

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LA PETITE REINE DE BRUXELLES

Vélocipédistes, méfiez-vous ! Madame Grouwels veut votre mort !

On s’explique : le projet funeste de supprimer tous les cyclistes de Bruxelles est l’œuvre du prédécesseur de la petite reine de Brussel, le très fourbe mais socialiste Pascal Smets. C’est lui qui a imaginé de faucher les deux roues comme on attrape les souris. Son piège : dessiner des petits vélos sur le macadam des pires rues de la capitale, les plus étroites, de préférence à contre-sens, pour que les cyclistes, leurrés, se croient en sécurité et filent droit sur le capot des automobilistes lancés dans une rue qu’ils pensaient à sens unique.

Mais les efforts de Pascal Smets n’ont pas été totalement couronnés de succès. Le nombre de blessés graves à vélo n’a augmenté que de 100 % en trois ans (de 2008 à 2010) alors qu’il y a de plus en plus de cyclistes au milieu du trafic.

Un esprit simple dira que pour favoriser la circulation sans risque des deux roues, il suffit de créer des pistes cyclables isolées de la route. C’est d’ailleurs ce que prétend avoir fait M. Smets : « j’ai fait construire 82 km de pistes cyclables », a annoncé l’ancien secrétaire d’état bruxellois. « Vilain menteur ! » s’est écrié sa blonde successeur. Pascal Pinocchio Smets n’a créé que 9 km de parcours protégé ! Tout le reste de ses flatteuses statistiques comptabilise les fameux pièges à vélos, rues peintes ou passages de bus, de vrais couloirs de la mort !

Brigitte Grouwels n’a pas renoncé à poursuivre les ambitions de son prédécesseur. Avec la complicité de son collègue, Bruno de Lille, le Groen de la mobilité. Bonne façon en passant d’éliminer le trop plein de francophones de la capitale flamande.

Profitant d’une modification surréaliste du code de la route, elle se propose d’autoriser les amateurs de petite reine à foncer allégrement vers le crash : désormais, les cyclistes ne devront respecter ni feux rouges, ni sens uniques. Pour le vélo, fini le code de la route -ce qu’avaient déjà compris quelques casse-cous sans attendre la nouvelle loi.

Grâce à cette mesure, les desseins de P. Smets seront enfin accomplis : on doute qu’un seul cycliste survive à l’aventure.

Dans la foulée, on se débarrassera aussi des piétons, ces mammifères candides mais un peu encombrants, qui pensent avoir le droit de traverser quand le feu est vert alors qu’ils ont tout juste le droit de se faire faucher par les cyclistes. Ce n’est que justice : Alfred Jarry, grand vélocipédiste devant l’Eternel, écrivait il y a un siècle déjà : « Les piétons sont de véritables dangers publics car on les autorise à circuler librement sans permis, ni frein, ni grelot. »

 

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WALLONMAN EST ARRIVE, HE, HE

Jusqu’ici, les Flamands avaient leurs BV et les francophones leur Fédération BW. C’était trop simple. D’où cette nouveauté, sortie d’une nuit d’insomnie de J. C. Marcourt, le plan W.

Pourquoi l’idée que des B.V. wallons réfléchissent à l’avenir de leur région provoque-t-elle une telle tempête dans un verre de pekèt ou plutôt de faro ? Ca fait longtemps qu’ils auraient dû y penser ! De là, à mettre les Bruxellois à la porte de leur toute fraîche Fédération, voilà qui ne plaît pas vraiment dans les chaumières de la capitale.

« Si c’est comme ça, je vais devenir flamand ! » a menacé Philippe Moureaux, jamais en retard d’une réflexion politique longuement mûrie. Mais l’ancien boss socialiste bruxellois est tellement tordu que, s’il faut croire certaines rumeurs, cette annonce n’est qu’un prétexte pour changer de sexe linguistique. Atteint par la limite d’âge, il envisagerait de recommencer à zéro une carrière dans le Nord. Nul doute qu’il y sera à l’aise. Son goût du sarcasme grinçant, de préférence méchant et injuste, n’a rien à envier à celui de Bart De Wever. Et, comme tous deux sont historiens, on se réjouit déjà de les voir s’affronter au jeu à la mode à la télé flamande « De Slimste Mens Ter Wereld ».

« Qui a gagné la bataille des éperons d’or ? M. De Wever lève la main ? » 

« Et la seconde guerre mondiale ? Tiens ? M. De Wever reste muet. M. Moureaux peut-être? »

Depuis qu’Elio Di Rupo ne s’exprime plus que dans un néerlandais compréhensible seulement à Amsterdam, ça grenouille dans le marigot wallon. Tout le monde se bat pour devenir calife à la place du calife.

Privé de l’ombre de son président de parti que le rendait tellement plus grand, Rudy Demotte semble avoir fondu comme neige au soleil. Les deux belles casquettes qui trônaient sur sa tête lui tombent sur le nez. Tandis que son cher camarade, J.C. Marcourt se découvre une vocation de flambeur wallon, lui dont on ne connaissait que les qualités et la prudence de technicien de l’économie. Marcourt en réincarnation d’André Renard ? En clone de Kriss Peeters namurois ? Yes ! Wallonman est arrivé !

Comme les hommes politiques n’ont rien à nous offrir, vu l’état des finances publiques, on peut s’attendre à une surenchère dans la gesticulation autour du W vu que ça ne coûte pas cher. Sauf au Scrabble où décrocher cette lettre magique est une véritable mine d’or.

Creuse, Marcourt, creuse !

 

PS : dans notre série « le bon plan cinoche du week-end », courez voir « Miss Mouche » de Bernard Halut, une tragédie qui a les apparences d’une comédie, le film le plus inventif tourné en Fédération WB depuis « La Fée » !

 

 

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