TOUT JEU, TOUT FLAMME

  Si on me demande de but en blanc de quelles olympiades je me souviens, je me trouve un peu désemparé. Spontanément, je citerais Munich (et l’assassinat d’athlètes israéliens par des terroristes palestiniens), Atlanta (et l’attentat à la bombe commis par un religieux extrémiste pendant que défilait en boucle l’air officiel des jeux, Imagine de John Lennon) ou Mexico (marqué par la répression sanglante des manifestations estudiantines puis par le poing levé contre la ségrégation raciale, le geste spectaculaire et courageux de Tommie Smith et de John Carlos pendant que retentissait l’hymne américain). Et, oublions Nuremberg.

Je me rappellerais aussi d’Athènes dont l’organisation des jeux a définitivement plombé ce qui restait de pièces d’or dans le coffre au trésor grec, passées on n’a jamais su dans quels poches. On le voit, rien dans l’histoire des Jeux n’est comparable avec ceux de Sotchi.

Car les Jeux à Poutine sont des jeux d’hiver. Pas de ces jeux d’été qui brûlent le cerveau des égarés. Les jeux d’hiver n’ont jamais fait de mal à une mouche (et pour cause, vu le froid).

Après quelques essais en Suède et à Londres, le comité olympique a décidé d’organiser officiellement les compétitions d’hiver à Berlin… en 1916. Vu les problèmes de transport (les taxis refusaient de rouler au-delà de la Marne), ils ont été déplacés à Verdun mais, devant le nombre de spectateurs décédés, on ne sait plus très bien s’il faut parler de vainqueurs, mis à part le soldat inconnu.

Vingt ans plus tard, rebelote cette fois à Garmisch-Partenkirchen en Bavière en présence du chancelier Hitler. Le président du CIO (un Belge, le comte de Baillet-Latour) prit alors une décision courageuse : il demanda de voiler tous les panneaux qui indiquaient « Chiens et Juifs non autorisés », sauvant ainsi les épreuves de luges tirées et permettant la présence des magnifiques chiens eskimos. Avec un flair remarquable, le CIO (toujours brillamment présidé par notre compatriote) avait ensuite décidé d’attribuer les Jeux d’hiver au Japon en 1940 et les suivants à l’Italie fasciste !

En 1984, c’est – à la surprise générale- Sarajevo qui est choisie. Résultat. Les magnifiques et surtout très solides installations construites pour l’occasion sur les hauteurs de la ville ont permis aux snippers serbes de terroriser la ville pendant tout le conflit de Bosnie-Herzégovine.

Vous avez raison. Décidément, rien de tous cela n’a à voir avec Sotchi.

PS : l’Italie vient de décider que chaque contribuable peut déduire de ses revenus 19 % de ses achats de livres alors que, dans d’autre pays, on rogne les budgets culturels et où on prétend ne pas avoir les moyens d’une politique du livre pendant qu’éditeurs et libraires disparaissent. Allez, madame Laanan ! A vous aussi, la mode italienne irait très bien !

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LE CASSE DU SIECLE

  J’ai trop souvent accueilli par un haussement d’épaule les grognons chroniques qui dénoncent l’augmentation de l’insécurité et la multiplication des bandes d’ados qui sèmeraient la terreur au cœur de nos villes. En relisant les écrivains et feuilletonistes français du dix-neuvième siècle ou du début du vingtième, on s’aperçoit que la vie à Paris était alors autrement plus dangereuse qu’à Bruxelles ou à Charleroi aujourd’hui.

Or, voilà qu’un grave fait de cet hiver ébranle mes condescendantes certitudes.

Bravant les systèmes de sécurité sophistiqués, le code pénal, les règles de morale et les principes élémentaires de notre civilisation, de redoutables monte-en-l’air se sont subrepticement introduits il y a quelques jours dans le très respecté Jardin Botanique de Londres, se sont dirigés d’un pas sûr vers la serre Prince de Galles (inviolée depuis le départ de la regrettée Lady Diana) avant de se précipiter sur l’objet de l’effraction : un mini-nénuphar dont la mignonne et innocente petite fleur jaune, toute menue, se mit à sourire, en les voyant approcher, tel un nouveau-né qui vient de téter sa mère.

D’un mouvement adroit, l’un des malandrins s’empara de la plante et de ses racines (un jardinier professionnel, c’est évident) tandis que l’autre ouvrait la boîte métallique spécialement équipée (chauffage et aération) pour l’opération pendant que leur complice, posté à la porte de la serre, juste sous un buste du prince Charles, l’air boudeur, grognait entre ses dents « Hurry up, guys ! Hurry up! » (il parlait anglais pour passer inaperçu).

Au moment où le petit nénuphar comprit ce qui était en train de se passer, il voulut pousser un cri mais, trop tard, déjà le couvercle se refermait sur sa mignonne petite frimousse.
D’ailleurs, en quelle langue aurait-il protesté ? Et qui l’aurait compris alors qu’il ne s’exprimait qu’en kinyarwanda ?

Car, ce que les cambrioleurs venaient de dérober, c’était la plante la plus précieuse, la plus extraordinaire du Jardin Botanique de Londres (et même du monde), le seul des deux exemplaires connus du nénuphar nain du Rwanda.

L’attaque du train postal Glasgow-Londres, le cambriolage de la Générale à Nice, du pipeau ! Beaucoup de fric mais rien d’autre. Tandis que le vol du nénuphar nain, c’est autre chose. Un des derniers morceaux de notre civilisation en train de disparaître. Le kidnappeur à la main verte est devenu l’un des plus audacieux aigrefin de l’histoire bien lourde du crime contre l’humanité.

Alors, pardonnez-moi, à celui qui maudira devant moi le car jacking de sa Porsche Cayenne ou le remplissage des urnes lors de l’élection primaire pour la désignation du président de son parti, je répondrai : Taisez-vous en songeant au sort du nénuphar-nain du Rwanda !

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EMBRASSONS-NOUS, FOLLEVILLE !

La galette des rois à peine avalée, voilà déjà la Saint Valentin. La crise est finie, les amis ! Wouter et Charles se sont embrassés sur la bouche et en public. Charles et Wouter, mon Dieu, qu’ils sont mignons ! A croquer, comme murmure mon pâtissier qui se frotte les mains, en glissant dans son four une série de gâteaux en forme de cœur, les yeux tournés vers les tourtereaux-modèles. A la Saint Valentin, jadis, on s’offrait un dessin de Peynet. Cette année, on s’arrachera la photo de Charles et Wouter.

A-t-on assez parlé du divorce belge, usé jusqu’à la corde l’image des vieux époux qui se séparent et laissé Bart dépecer notre pauvre pays ? Retournement complet ! Se présentant sous le signe de la jeunesse, Wouter et Charles nous font le coup des fiançailles surprise. En chantant (refrain 🙂 Je viens du Nord et toi du Sud mais on s’aime ! On sème surtout de belles promesses en espérant récolter en mai prochain.

A Hollywood, ce genre de merveilleux rebondissement donne lieu à des scènes sentimentales où coulent abondamment les larmes de bonheur de toute la famille. Il y a même le frère maudit qui revient pour l’occasion et retombe, en pleurant, dans les bras de ceux qu’il a quittés.

Mais la vraie vie ne ressemble pas à celle des films américains. Avec le couple Wouter-Charles, on est plutôt dans le cinéma des frères Dardenne que dans une comédie familiale.

A voir la tête que tire oncle Elio, on sent déjà que si les jeunes gens comptaient sur son héritage, c’est tintin ! Tonton Elio préférerait brûler ses billets dans la cheminée du cousin ostendais Johan que d’en laisser un seul au jeune duo.

En apprenant la nouvelle, beau-frère Didier a lui aussi eu l’air d’avoir mordu dans une pomme plus pourrie que d’habitude. Lui qui rêvait en secret d’être le premier à annoncer qu’il filait le parfait amour avec un gars du nord (il avait même posté son profil sur un réseau social d’Anvers), voilà que ce jeune blanc-bec lui a brûlé la politesse.

Ce n’est pas chez sa sœur Joëlle que Wouter peut espérer faire la fête. Ohlala ! Qu’est-ce qu’il a pris comme rammeling quand elle a découvert le cliché dans Le Soir samedi passé! Il en a encore les joues couleur prune ! C’est qu’elle est possessive, sœur Joëlle ! Pas question qu’il regarde un autre qu’elle sans son autorisation expresse, formelle et écrite. Une vraie mama sicilienne.

Si Charles de son côté pensait trouver un réconfort du côté de la branche flamande de la famille, c’est rapé ! Tata Maggie n’est pas aussi pétroleuse que Joëlle mais, avec elle, la vengeance est un plat qui se mange froid, ce qui n’est pas terrible pour un repas de fiançailles.

Bref, contrairement à ce qu’on prétend à nos amis français, le mariage pour tous n’est pas encore tout à fait entré dans les mœurs chez nous…

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LA POSITION DU PRESIDENT MOU

Mou, lui ?

Qui n’hésite pas à parcourir les rues de Paris en Vespa tel Gregory Peck dévalait jadis les escaliers de la place d’Espagne, Audrey Hepburn en croupe, dans « Vacances romaines ».

Mou, lui ?

Qui se promène la nuit avec un casque emprunté sans doute à l’un de ces CRS qui matraquait naguère ses camarades pendant les manifs.

Mou, lui ?

Qui promet de rendre aux riches d’une main 100 % des 75% qu’il leur a pris dans la poche de l’autre.

Mou, lui ?

Qui annonçait quinze jours auparavant comme cadeau de nouvel an la diminution des impôts et qui s’offusque maintenant qu’on ait pu le prendre au mot. Faut-il que la connaissance de la langue française se soit vraiment dégradée pour que les journalistes en soient à confondre vœu et promesse ?

Mou, lui ?

Qui exige des entreprises qu’elles embauchent en masse les seniors, débarrassant ainsi les hôpitaux de tous ces patients coûteux pour faire place aux fiancées délaissées.

Mou, lui ?

Qui pique en quelques heures l’essentiel du programme de la droite et s’engage solennellement à réaliser d’ici les prochaines élections présidentielles tout ce pourquoi Sarkozy a été battu aux précédentes.

Mou, lui ?

Qui n’hésite pas à donner à la chancelière allemande une belle leçon de politique: pour pratiquer une politique de droite, pas besoin de s’encombrer d’un gouvernement de droite. Pourquoi madame Merkel tient-elle à s’entourer inutilement de ministres chrétiens-démocrates alors que, pour appliquer son programme, une équipe socialiste homogène fait parfaitement l’affaire ? Avec l’avantage qu’un socialiste a beaucoup plus de respect de l’autorité et du chef qu’un type de droite et, surtout, qu’il ne risque pas de lui piquer sa place à la tête de son parti (quoique..).

Mou, lui ?

Qui s’inspire d’un autre modèle allemand qui a fait ses preuves, celui de Gerhard Schröder, devenu, après avoir été battu aux élections, l’un des principaux collaborateurs et laudateurs de Vladimir Poutine, moyennant une dotation garantie par deux de ses groupes énergétiques les plus cossus.

Mou, lui ?

Qui croyait fréquenter sans danger l’interprète d’un film intitulé « Sans laisser de traces » mais qui découvre ensuite que le titre l’a bêtement abusé. Au lieu de se laisser abattre, il a montré un vrai talent de chef en faisant face à la tempête. Poussant son amie à jouer dans « Quai d’Orsay », message subliminal qui lui indique son intention de l’envoyer le plus loin possible sur la planète le jour où Valérie reviendra à la maison.

Mou, moi ?

Qu’on accuse d’être raide dans mes fonctions publiques et dont on s’étonne que je le sois aussi dans ma vie personnelle ?

Non, attendez ! Ca, c’est ma vie privée, effacez, svp !

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ACTUALITES DE JANVIER 2014

  • Mardi 14 janvier à 19h30 à Louvain-la-Neuve au Cercle du Lac
  • Mercredi 15 janvier à 18h à l’AEB, chaussée de Wavre,150  à 1050 Bruxelles
  • Mercredi 29 janvier à 19h30 à la Librairie Calligrames à Wavre
  • Vendredi 31 janvier à 12h30 à la Bibliothèque de Bruxelles, rue des Riches Claires 24 en compagnie de Jacques De Decker
  • Samedi 8 février à Metz à  partir de 14h00 à la librairie Hisler. Elle sera suivie à 16h30 d’une présentation avec Paul Couturiau.

SOLDES HIVER 2014

  Est-ce vraiment une bonne idée de commencer l’an nouveau par une période de soldes ? 2014 n’a pas encore ouvert les yeux, que, déjà, on liquide tout !

Place nette aux nouveautés, direz-vous ? L’histoire l’a prouvé, « du passé faisons table rase » n’a jamais été un bon truc. Même chez les marxistes –sauf Groucho.

Voyez la Russie. Après la chute du mur de Berlin, ce qui reste de l’URSS est liquidée. Tout doit partir ! Le parti communiste, la propriété d’état, les kolkhozes. A leur place, business, bling-bling et Rolls Royce tandis que le prolétariat a enfin droit de faire la file chez Mac Donald et pas seulement pour acheter du papier de toilettes. Or, à quoi ressemble cette nouvelle Russie de Poutine et de Depardieu sinon à cette bonne vieille rata soviétique ? Demandez donc aux Pussy Riots comme elles ont apprécié leur séjour trois chapkas dans les camps de travail en soldes que Poutine avait rachetés à Brejnev ?

Tenez, puisqu’on parle de soldes. Le lourd volume de la sixième réforme de l’état est désormais disponible chez nous à prix cassé. Profitez-en ! Dans quelques mois, il aura disparu des étagères – et des mémoires.

Ce précieux document devait balayer le vieil état belge et le remplacer par une tuyauterie toute neuve pour donner au C.D. &V. l’illusion de rester à la tête des affaires sinon du pays, du moins de sa région. Or, à quoi a-t-elle servi ? Jusqu’ici, les seuls effets de la Réforme semblent empruntés à Marcel Proust : c’est gros et c’est beaucoup de temps perdu.

Remarquez, à la recherche du temps perdu n’est pas non plus la recette magique. Prenez Dieudonné qui a perdu toute inspiration depuis longtemps (toute expiration aussi d’ailleurs, d’où cette impression d’étouffement autour de lui). Pour tenter d’exister, il essaye misérablement de recycler quelques sketches périmés depuis plus de septante ans, qu’il a volés dans l’armoire de son copain Jean-Marie Le Pen. Et il essaye de faire un peu de pognon avec ce matériel moisi sur lequel plus personne n’ose réclamer de droits d’auteur.

Du côté de l’Elysée, à quelques kilomètres de là, ce sont déjà les deuxièmes démarques. L’an dernier, le président l’avait promis, la courbe du chômage obéirait à sa volonté –regardez-moi dans les yeux et baissez, je vous l’ordonne ! Mais ses pouvoirs semblent avoir été noyés tels les polders de Hollande un jour où on a oublié de fermer les écluses. Et voilà le mage français aussi impuissant face à la débâcle sociale que le secrétaire général du parti communiste. Il ne lui reste qu’à bazarder son cahier d’engagements à l’encan. Mais les enchères seront tristes hélas.

Les soldes ? Décidément, non ! Ce n’est pas avec du vieux qu’on fera du neuf ! Allez ! Hop !

L’imagination au pouvoir !

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COMME EN 14 !

    2014, une année sombre ? Allons ! Une année d’élections, c’est toujours une année de fiesta ! Malgré la crise, cette bonne vieille crise avec laquelle on vit depuis si longtemps comme avec des rhumatismes, la plomberie bruyante des voisins ou une increvable belle-mère auxquels on a fini par s’habituer. Pendant quelques mois, on ne nous parlera plus d’assainissement, de rigueur et d’austérité. On va recommencer à s’amuser. Car, les candidats le savent, ils doivent nous charmer par des promesses et nous faire rêver en jurant, croix de bois, croix de fer, que demain sera tellement mieux qu’avant, quand ils n’étaient pas aux affaires.

Vous me direz, éternels grognons, que ceux qui se présentent à nos suffrages étaient justement ceux que nous avons déjà élus et qui nous avaient forcés à nous serrer la ceinture. A payer plus pour recevoir moins. A travailler plus pour gagner moins. A s’énerver plus pour rêver moins. Certes. Mais c’est ça, la magie du système démocratique. Les meilleurs d’entre eux ont la faculté de se multiplier, de se contorsionner, de se couper en deux, avec un art si souverain qu’ils sont capables de dénoncer la politique qu’ils menaient et les personnages qu’ils jouaient lorsqu’ils étaient au pouvoir tout en nous faisant croire qu’ils seront différents quand ils y reviendront.

Dans une année électorale, l’appétit du pouvoir monte chez certains comme les hormones dans l’équipe Festina. Angela Merckel vient d’expliquer pourquoi, elle s’accroche : « Le pouvoir, c’est un peu comme le jeu de combat naval, avoue-t-elle. Quand je fais un touché-coulé, je jubile ! » Ach ! Comme l’amiral Canaris aurait été fier d’elle !

Hélas, le combat naval cent ans après la der’ des der’ est devenu impayable. Avec l’état de nos budgets, qui peut encore s’offrir des destroyers, des cuirassés, même un bête sous-marin ? Il n’y a plus de Marine qu’en France – et, celle-là, c’est vrai, on a vraiment envie de la couler ! Même une course en taxi Paris-la Marne est hors de prix !

Elections législatives ici, municipales là-bas, européennes, partout. Qu’est-ce qu’on va s’amuser l’an prochain après une année de disette où on n’avait rien à se mettre sous la dent sinon quelques consultations bidon dans des pays où l’on fait semblant de voter pour rassurer la communauté internationale. Il faut être sorti des urnes, même bourrées, pour avoir le droit de parader entre Obama et Poutine.

Heureusement que le vote est resté obligatoire en Belgique. Sinon, avec le taux d’abstention, de désillusion et d’hésitation des citoyens, on risquerait de ne pas voir passer le dimanche d’élections. Et ce serait dommage qu’une aussi belle fête nous passe sous le nez !

Meilleurs vœux !

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SAINT NICOLAS EXISTE. JE L’AI RENCONTRE.

Ne me dites pas que vous ne croyez plus à Saint Nicolas. J’ai eu cette semaine la preuve de son existence, lui qui a glissé dans ma petite chaussure le cadeau que j’avais placé en tête de ma liste, le prix Rossel, accompagné d’un gros ballotin de pralines. Preuve aussi que, contrairement à la rumeur persistante, le service de la poste fonctionne toujours en Belgique.

Ce cadeau magique me donne l’idée d’un prochain livre. Pourquoi pas « Saint Nicolas existe. Je l’ai rencontré » ? La seule chose qui m’arrête, c’est que Michel Delpech vient de publier un bouquin qui raconte que Dieu existe, lui aussi. Si, si. Il est tombé dessus, paraît-il, en visitant Jérusalem un jour où le soleil tapait vraiment fort. L’aurait mieux fait de continuer à vider ses canettes chez Lorette. A cause de lui, mon sujet risque de sentir un peu le réchauffé.

Un ami, à qui je me plaignais de la concurrence déloyale de l’ex-flâve des sixties m’a suggéré d’écrire : « Le père Fouettard existe. Je l’ai rencontré. » Mais je refuse de raconter ma vie privée.

A ce sujet, je remarque qu’il circule beaucoup de légendes sur les lendemains du prix Rossel. Désolé, les amis. Vous, je ne sais pas. Mais moi, je n’ai pas reçu de demande en mariage, pas la moindre invitation à dîner aux chandelles. Même pas, comme je l’espérais secrètement, deux places VIP pour assister au prochain match de catch féminin dans la boue ni à la conférence d’Exploration du Monde sur les pas de Michel Delpech.

Comme le prix est tombé mardi, je me suis cru obligé d’aller remercier le grand saint de sa bonté. Je l’ai trouvé dans une galerie commerciale du nord de Bruxelles. Il a paru visiblement surpris de me voir dans la file derrière une dizaine de kets dont le plus âgé avait cinq ans. J’ai aussi senti la méfiance de quelques parents, tentés d’appeler les flics. On vit dans une société de plus en plus politiquement correcte. Mais j’ai tenu bon. Et quand je me suis approché de Saint Nicolas (pas trop près vu son haleine Jupiler, les saints savent pourquoi) et que j’ai commencé à lui parler de mon livre, il m’a repoussé en me disant qu’il n’avait pas le temps d’entendre mes boniments et qu’il n’était pas question de m’acheter quoi que ce soit, surtout pas un bouquin. Il en avait déjà un. J’ai trouvé un de ses collègues non loin de là dans le parking d’un grand magasin mais il semblait avoir lui-même besoin de quelques cadeaux pour survivre. Alors je me suis contenté de lui glisser une pièce sans rien dire.

Ne croyez surtout pas que cette quête m’a découragé. C’est pas demain la veille que je cesserai de me comporter comme Monsieur Optimiste.

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