CHACUN CHERCHE SON CHAT

Avec le recul, je regrette d’avoir, comme étudiant, tant négligé physique et chimie. Depuis, je ne cesse d’être fasciné par les théories scientifiques qui me paraissent d’autant plus fantastiques (et fantaisistes) que je ne les comprends pas. Le big bang, la théorie des cordes, et ma préférée, la théorie des quanta. A laquelle je voue un culte tout particulier grâce au célèbre paradoxe du chat.

Pour ceux qui ne s’en souviennent pas, cette belle histoire a été imaginée en 1935 par le physicien Erwin Schrödinger pour expliquer mais aussi interroger la physique quantique toute jeune à l’époque (elle servait aussi à amuser ses étudiants car essayez de faire comprendre cette fichue théorie à une bande de gamins plus intéressés par leur hormones que par les mystères des échanges d’énergie non sexuelles et le rayonnement électromagnétique du corps noir).

Schrödinger proposait d’enfermer un chat dans une pièce dans laquelle un interrupteur provoquait, au-delà d’un certain seuil de radiations atomiques, la chute d’un marteau qui cassait une fiole contenant un gaz mortel. (Ce n’est pas un hasard qu’un savant autrichien mais anti-nazi utilise, peut-être inconsciemment,  quelques obsessions de l’époque…)

Pour un esprit rationnel, le pauvre chat se retrouvera vite dans le même état que les victimes des nazis six ans plus tard. Mais, la logique de la théorie quantique n’est pas la même que celle d’un quidam sans imagination. D’après Schrödinger, tant que l’observateur n’a pas ouvert la porte, le chat se trouve entre deux états, vivant et mort à la fois. Idée qui a suscité de nombreux commentaires. Certains soutiennent que le chat est mort dans un monde mais toujours vivant dans une dimension parallèle. D’autres que l’état du chat dépend de l’opinion de l’observateur qui le verra vivant ou mort, selon ce qu’il croit.

Ce long détour pour mieux comprendre les déclarations  politiques contradictoires à propos des conséquences des accords conclus sous la houlette d’Elio Di Rupo.

A entendre les francophones, Wallons et Bruxellois ont obtenu de très sérieux avantages. Alors que les Flamands prétendent que la plupart de leurs revendications ont été satisfaites et qu’ils ont réussi à arracher au forceps ce que De Wever réclamait à corps et à cri. Faut-il s’écrier, comme jadis le président de la commission Dutroux : l’un de vous ment ?

Pas du tout. Le paradoxe du chat explique que tout le monde a raison : politiciens du nord comme du sud disent la vérité mais dans des dimensions différentes. Et à des observateurs qui entendent ce qu’ils veulent bien. Magie ? Non. Simple application de la théorie quantique. N’oublions pas que M. Di Rupo est docteur en sciences…

 

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