DROIT DEVANT SOI

Après le trou noir de 2012, l’année nouvelle annonce des lendemains qui chantent, venus des étoiles. 2013 sera un bon cru s’il faut se baser sur les dernières nouvelles de la semaine : après l’appel du roi à plus de solidarité entre les Belges, le Standard a décidé de s’exiler en France. La glorieuse équipe liégeoise n’écrasera plus de sa mâle autorité la division 1. Débarrassés des Sclessinois, Anderlecht ou Zult peuvent espérer prendre enfin la tête du championnat belge. Tandis que le PSG a intérêt à s’acheter quelques champions s’il veut résister à la terrible squadra roûche. Seul le Trésor français se montre satisfait. Il pourra compenser les départs des Depardieu et autres Arnault en se vengeant sur les joueurs ex-Belges, obligés de s’établir Outre-quiévrain et d’y payer leurs impôts.

Une idée pour LVMH : sponsorisez le Standard bleu-blanc-roûche ! Façon intelligente de démontrer et de consolider le lien indéfectible entre les deux pays, un groupe français et son chef, futur Belge.

Libéré de ses bêtes festivités footballistiques, le stade de Sclessin pourrait devenir enfin le centre du monde en se reconvertissant en spatiodrome. Lieu idéal, vu sa forme audacieuse, pour accueillir les premières machines d’extra-terrestres annoncées pour très bientôt. Pas de raison de laisser ça aussi aux Flamands. Déjà qu’ils nous ont pris le jardin botanique !

On trouvera bien un peu d’argent au fond des poches du plan Marshall 2.0 afin de réaliser les quelques travaux nécessaires pour convertir le stade et surtout pour organiser la somptueuse réception de nos amis lointains, un super-cocktail comme seuls les Wallons savent le faire.

L’arrivée de nos cousins des étoiles n’aura pas seulement un effet bénéfique sur le sud de notre pays. S’ils survivent au pèkèt et au boulet sauce chasseur, les petits hommes verts (un bon signe, ça pour le sauvetage de la planète à moins que cela ne soit l’indice inquiétant d’une mauvaise digestion) vont nous aider à résoudre toutes ces misérables crises dont nous sommes manifestement incapables de nous dépatouiller.

Un Martien à la tête de la Chine, cela ne nous changera sans doute pas beaucoup. Mais une jolie et séduisante Vénusienne au Kremlin, une sorte de Pussy Riot des étoiles, peut bouleverser notre vision de l’empire de l’est. Autant qu’un solide et jovial Jupitérien à la place des Saturniens qui pilotent actuellement le triste attelage européen.

Vu la façon dont tous ces braves gens ont géré l’année qui se meurt, il faut bien le renfort des habitants des autres planètes pour cesser enfin de foncer droit dans le mur. C’était déjà un de leur prédécesseur, le Petit Prince de Saint-Exupéry qui disait : « Droit devant soi on ne peut pas aller bien loin. »

Meilleurs vœux !

www.berenboom.com

CHACUN POUR SOI ET DEPARDIEU POUR TOUS

Quelle affaire cette arrivée de Depardieu en Hainaut ! D’accord, ce n’est pas seulement la beauté des femmes qui l’attire en Belgique. C’est le fric. Le sien. Comme des milliers d’autres Français qui ont choisi de voyager pour payer (légalement) moins d’impôt. Ce n’est pas bien. C’est un vilain pied-de-nez à tous ceux qui ne peuvent pas ou ne veulent pas s’expatrier. Mais de là à provoquer pareille crise de nerfs chez intellectuels et politiques de gauche… Qu’auraient-ils dit si l’homme à la Mammuth était devenu le bras droit des Le Penn ? Dieudonné et Depardieu, c’est tout de même deux dieux différents…

Il y a quelques jours, Edwy Plenel parlait dans ces colonnes de « barbarie ». Barbarie ? Eh, Edwy ! Il ne part pas en Syrie, votre Depardieu, ni à l’est du Congo ni dans le nord du Mali. Même pas en Suisse ou dans les îles exotiques comme quelques-uns des plus grands musiciens anglo-saxons. Ou à Monaco comme beaucoup des meilleurs sportifs belges. Il pose sa moto juste à quelques kilomètres de Mons où les impôts, je vous assure, sont pas piqués des vers…

Barbarie ? Faut faire attention à l’usage des mots. A force d’être banalisée, l’indignation, pour reprendre un autre mot galvaudé, devient une activité aussi révolutionnaire que faire ses courses le samedi avant Noël.

Le problème de Depardieu, c’est qu’à l’instar des grandes gueules qu’il incarne à l’écran, il n’est pas du genre discret. A la différence des autres voyageurs fiscaux. Il aime marquer son territoire quand le besoin pressant s’en fait sentir. Remarquez. On va peut-être y gagner un vrai Belge dans un pays où d’autres, à force de marquer leur territoire de plus en plus petit, vont finir par le faire disparaître. Faudrait peut-être pousser l’ami Gérard en politique. Depardieu contre De Wever. On pourrait s’amuser…

Certes, son attitude est égoïste, un mauvais exemple dans une période terrible où la solidarité devrait être plus que jamais érigée en vertu. Mais l’époque n’est-elle pas à l’égoïsme généralisé ? Chacun veut préserver le bout de son nez pour éviter qu’il ne tombe par grand froid. Il ne faut pas aller loin de chez nous pour déplorer le manque de solidarité. C’est le programme de la N-VA qui veut garder « l’argent flamand en Flandre ». Ou notre pratique quotidienne quand nous téléchargeons des films de Depardieu illégalement parce que, comme lui, on n’a pas envie de payer si on peut l’éviter. Sans nous soucier nous non plus des conséquences.

Qui renoncera cette année au foie gras, à la dinde farcie, au homard à l’Armoriquaine pour nourrir les petits Chinois qui meurent tous de faim ? Quoi ? Les Chinois ne meurent plus tous de faim ? Décidément, tout fout le camp…

www.berenboom.com

LE PERE NOEL EST UNE BISCOTTE

Les fêtes de fin d’année ne sont pas synonymes de festin pour tous. Pour qui ne peut pas ou n’aime pas ripailles et bombance, décembre est mois de souffrance.

La bûche devient bûcher et la dinde amer.

Imaginez le repas de fête chez les De Wever. Pendant que les enfants s’empiffrent de chocolat autrichien et que sa femme boit la sauce du plat à la petite cuillère, le nouveau maïeur de la métropole du Nord croque ses biscottes au jambon maigre. Même pas une côte de porc, juste son jambon. Vraiment, le porc d’Anvers n’a pas la pèche cette année.

Quelle misère ! Quand tout lui sourit en politique, Bart doit faire ceinture pour garder la peau sur les os. Mais, quelle idée stupide de faire de sa cure d’amaigrissement un cocktail électoral ! Ah ! Il a bonne mine maintenant ou plutôt mauvaise, en surgissant sec comme un hareng saur au milieu des pubs et des émissions télé où la bonne bouffe s’étale en couches appétissantes et joyeuses comme dans tous les étalages qui accompagnent son chemin de croix entre sa maison et l’hôtel communal.

A force de brandir sa maigreur comme preuve de sa force, s’il grossit, son corps électoral perdra aussitôt du poids. Alors qu’à l’époque où il jouait les victimes, il pouvait se consoler en enfilant tout ce qui passait de bon à sa portée, frites, saucisson, gaufres à la crème. Maintenant, cinq kilos en plus c’est cinq cents électeurs en moins.

Qu’il se méfie de ses fausses formes fluettes ! Dans une région qui a gardé pour modèle Breughel, Rubens et Lamme Goedzak, il va finir pas avoir l’air si calviniste que les Flamands vont l’envoyer en Hollande, c’est-à-dire au diable !

C’est une erreur de croire que la diète sied à la crise, qu’il serait indécent pour un dirigeant de se montrer gourmand parce que le PIB stagne. Au contraire, en pleine déprime, le bon vivant est rassurant. On se dit inconsciemment que s’il a trouvé les sous pour se remplir la panse, il nous filera la recette. C’est le secret de la longévité de Berlusconi d’avoir fait croire aux Italiens qu’en le mettant aux affaires, ils goûteront aux mêmes plaisirs que lui. Et la force de Dehaene d’abandonner une banque en déroute la tête haute parce qu’il a le ventre plein. Qui s’inquiète des petites affaires du rondouillard Albert Frère alors qu’on tremble devant les initiatives du trop squelettique Mittal ?

Dans une époque sans utopie, il faut inventer de nouvelles fables pour que l’on ait envie de survivre à la fin du calendrier maya. L’abondance comme nouvelle f’oie ?

Les dirigeants européens devraient y songer, eux qui se montrent si incapables de nous faire rêver. A condition qu’Herman Van Rompuy, songe à se rempailler sérieusement sinon personne ne le croira capable de réussir la multiplication des pains.

www.berenboom.com

LES CAHIERS AU FEU ET ELIO AU MILIEU !

   Pourquoi la popularité du Premier ministre est-elle en chute libre dans les sondages, se lamentent ses amis, après seulement un an de pouvoir ? N’a-t-il pas réussi à sortir le pays de sa pire crise politique depuis la question royale ? A boucler l’impossible scission de BHV qui empoisonnait les relations entre les communautés depuis cinquante sans que personne ne descende dans les rues ? A réformer le chômage, les pensions ? A serrer la ceinture du budget fédéral c’est-à-dire à piquer dans notre portefeuille un montant inédit de près de vingt milliards sans trop de grogne ? Et même à mieux parler flamand que Michel Daerden ? Est-ce ainsi qu’on accueille Hercule au retour de ses grands travaux ?

Ben oui. En ces temps de banqueroute de la Grèce, mieux vaut ne pas invoquer ses héros même antiques. Vu ce que les Grecs ont fait du pognon européen, les autres membres de l’union en ont marre de se laisser manger l’Hellène sur le dos.

Mais surtout, Elio souffre d’un mal qui frappe tout le personnel politique, de François Hollande à Sarkozy et Berlusconi, et qui a même failli emporter Obama. Quoi qu’ils fassent, les gens ne croient plus à leurs dirigeants. Ils ont trop dit et pas agi. Et même s’ils tentent de mettre maintenant la main à la pâte, c’est trop tard. On a l’impression qu’ils font du sur place, qu’ils remuent du vent, pédalent dans la choucroute. Tout juste bons à fêter la centenaire de la commune. Mais pas à donner du travail à ses petits-enfants. Ni de l’espoir à leurs enfants.

Que les hommes et femmes politiques ne nous prennent pas pour des ingrats. Ils sont les premiers responsables de leur désamour. Depuis le début de la crise, ils ont tant répété qu’ils ne sont responsables de rien, qu’on a fini par les croire. C’est la faute à l’Europe, aux banques, aux Chinois, aux multinationales, à M. Mittal, à l’euro, aux Wallons, aux Flamands, au père Fouettard, à saint Nicolas, aux Incas et à leur fichu calendrier !

En présentant il y a quelques jours leur manifeste pour l’Europe, Guy Verhofstadt et Daniel Cohn-Bendit (duo improbable sinon absurde) ont suscité un enthousiasme insolite pour un show politique. Qu’ont donc soutenu de si sensationnel les deux compères bleu-vert au point de chauffer la salle comme une baraque à frites? Qu’il est temps que les hommes politiques reprennent la barre, abandonnent leur tentation de ne plus gérer que leur région, leur village, pour s’atteler à un projet qui réunisse tout le continent et le transforme.

Au moment même où Maurice Lippens confessait qu’il n’a jamais eu les compétences pour gérer une banque, il était rafraîchissant d’en entendre d’autres qui veulent enfin bousculer les imposteurs, les ternes, les timides et les médiocres. L’imagination au pouvoir…

www.berenboom.com

LA POLITIQUE DU PIS

Il paraît que jadis un ministre dirigeait en même temps la culture et l’agriculture. On ricanait à ce sujet mais, à voir l’état de la paysannerie aujourd’hui, ce ministère des deux misères était moins absurde qu’on ne le disait : artistes et agriculteurs sont aussi mal lotis en cette période de crise et de désertion des autorités publiques. Même si ce qui pend aux cimaises de certains vendeurs d’art contemporain peut donner l’impression que le prix du laid n’a pas autant baissé dans les galeries que dans les campagnes.

Avec un lait payé 27 centimes, comment les agriculteurs vont-ils sauver leurs vaches ? Qu’ils ne comptent plus sur les autorités européennes. La politique agricole commune représente plus du tiers du budget européen mais, depuis que les dirigeants des états membres ont décidé qu’il fallait moins d’Europe pour avoir plus d’électeurs, la survie des vaches ne viendra pas du Berlaymont. Le caprice des Dieux (surnom du parlement européen) n’est plus un bon fromage pour les paysans…

Plutôt que d’essayer de traire la vache à lait européenne, définitivement à sec, on conseille aux agriculteurs d’imiter le monde culturel, lui aussi abandonné, pour se lancer dans la chasse aux sponsors.

Les cibles ne manquent pas. On pourrait par exemple suggérer à la SNCB d’acheter et d’entretenir des troupeaux entiers le long des voies ferrées. Ainsi, les voyageurs, fort déboussolés ces temps-ci par la disparition progressive de tous les repères et les signes qui ont bercé notre vie sociale, seraient rassurés par la stabilité des sociétés de chemins de fer en contemplant des milliers de vaches qui comme par le passé regardent passer les trains.

La Fondation Magritte pourrait aussi parrainer quelques vaches en hommage à la « période vache », l’une des plus créatives et impertinentes du peintre. Elle ferait défiler les bêtes, portant une belle robe peinte du slogan « ceci n’est pas un agriculteur ».

Et la police ? Puisqu’elle s’efforce sans grand succès jusqu’ici de soigner un peu son image, elle serait bien inspirée de verser les contraventions pour outrage à agent à un fonds de soutien aux paysans, chaque fois qu’un quidam est verbalisé pour avoir crié « mort aux vaches ! »

Le cinéma belge enfin peut être appelé à contribution. Le western revenant à la mode, on imagine combien pourrait rapporter à nos pauvres paysans la location de milliers d’animaux que de nouveaux cow-boys bien de chez nous mèneraient en cinémascope de Wallonie en Flandre, échappant de peu aux attaques des Indiens perchés à leur passage sur les hauteurs de Bruxelles. Grâce à la présence de nos stars dans les convois, quelques superbes bleu, blanc, belge, on peut parier que l’on parlera bientôt d’une école du western waterzooi. Réconciliant à nouveau culture et agriculture.

 www.berenboom.com

SALAUD DE PAUVRES

Contrairement à ce que de méchants artistes affirment haut et fort, la ministre de la culture, Fadila Laanan a des lettres.

En se moquant dans un tweet du « combat de pauvres » auquel se livrent les artistes de théâtre, n’a-t-elle pas fait référence à l’une des plus belles nouvelles de Marcel Aymé, « La Traversée de Paris » ? « Salauds de pauvres ! » lance un des personnages (incarné à l’écran par Jean Gabin) aux clients d’un bistrot où il s’est réfugié pour échapper à une patrouille allemande dans le Paris de l’Occupation.

D’accord, madame Laanan ignorait sans doute la réplique fameuse de Marcel Aymé. Mais n’est-ce pas encore plus beau qu’une ministre connaisse l’œuvre d’un grand écrivain sans le savoir et même sans l’avoir lu ? Quel exemple pour la jeunesse, qui a tant de mal avec les classiques de la littérature. Ne vous fatiguez plus, jeunes gens, les grands écrivains parviennent désormais à faire entendre leur voix via vos tweets sans que vous soyez obligés d’ouvrir leurs livres.

Les pauvres ont la cote décidément dans notre pays. Mais tous ne sont pas tous traités de la même façon. Il y a les pauvres riches et les pauvres pauvres.

La banque Dexia, dont le déficit est plus grand que toutes les taxes que le père Fouettard nous apporte cette année dans son panier, doit paraît-il garder belle allure parce qu’elle représente ce que la Belgique fait de mieux. Cadeau : quelques milliards.

Les artistes en revanche dont la ministre de la culture n’a jamais très bien compris à quoi ils servent sont bons pour se serrer la ceinture : les fonctionnaires sont tellement plus utiles pour représenter la culture de la communauté française et tellement plus simples à mettre en scène : il ne faut ni les maquiller ni les habiller. Et ils répètent parfaitement les textes qu’on leur donne sans discuter les répliques.

Les poivrots aussi ont des soucis à se faire. Quand le gouvernement ne se met pas d’accord sur les recettes nouvelles, c’est toujours eux qui trinquent…

Imaginez alors la situation d’un artiste poivrot. Sa vie est devenue impossible. D’autant que,  pour se consoler, il n’aura même plus de quoi se payer un paquet de cigarettes. Vu leur prix, il n’y a plus que les ministres qui pourront en acheter, les exilés fiscaux français. Et les dirigeants de Dexia.

Ajoutons à la liste des pauvres pauvres les chômeurs, condamnés à devenir mendiants s’ils refusant les nombreuses offres de boulot que leur proposent les  entreprises de leur région, Ford, Mittal, Duferco, Philips, etc.

S’ils veulent éviter de faire la manche, on ne peut que leur conseiller de devenir artiste. C’est plus chic d’être insulté par une ministre que par un bête passant.

 

www.berenboom.com

DE VAMPIRE EN PIRE

La sortie sur tous les écrans du dernier épisode de Twilight, annoncé comme le blockbuster de cette fin d’année, confirme l’étonnant retour en force des vampires sur la terre.

Coïncidence ? Le retour des vampires est aussi étrangement cyclique que celui des grandes crises du siècle.

Après son apparition à la fin du XIXème siècle sous la plume de l’écrivain irlandais Bram Stoker, le comte Dracula a connu la gloire au cinéma au début des années trente en pleine crise économique avant de disparaître dès que l’Amérique a été remise sur les rails. Avec l’entrée en guerre des Etats-Unis, les vampires, dégoûtés de ce déluge d’hémoglobine, sont retournés à la poussière.

L’aventure reprend à la fin des années cinquante. Le comte transylvanien ressort de son tombeau dans les studios de la Hammer Films à Londres sous les traits du magnifiquement inquiétant Christopher Lee. Le succès de sa réapparition coïncide avec une nouvelle crise qui secoue la Grande-Bretagne, impuissante face à l’effondrement définitif de son empire et de sa puissance économique et militaire.

Malgré quelques tentatives peu convaincantes, il faut attendre 2005 et le début de la publication de la saga de Stephenie Meyer (plus de cent millions de lecteurs) pour assister à une nouvelle résurrection du plus mordant des héros. Son adaptation triomphale au cinéma suit de peu la faillite de la banque Lehman Brothers et le tsunami qui a ébranlé l’ensemble du monde bancaire. Ce n’est pas un hasard.

Une fois encore, alors que le monde s’enfonce dans la crise, les vampires agitent triomphalement leurs dents.

Même le prince Charles leur donne un titre de noblesse. Selon une étude attentive de son arbre généalogique, il descendrait du voïvode roumain Vlad III, dit l’Empaleur, prince de Valachie en 1448, qui inspira à Bram Stoker le personnage de Dracula. Les rois déments mis en scène par Shakespeare ne suffisant plus au descendant de la couronne britannique, voilà qu’il essaye de s’approprier les autres déments des pays de l’Union européenne ! S’il est preneur (et qu’il paye bien), les quelques fous sanglants de l’histoire de Belgique sont à lui, comme Godefroid de Bouillon. Nous avons aussi quelques politiciens toujours en activité qui adorent mordre et que nous lui cédons volontiers.

Dans une époque qui a perdu tout repère idéologique, toute espérance, le vampire vient à point nommé pour nous redonner une nouvelle jeunesse. Rien n’est perdu. Stimulés par une bonne pinte de sang frais, les plus mordants d’entre nous sont prêts à reprendre les galipettes bancaires et financières. Quant aux mordus, ils défilent dans les rues en criant leur désespoir. Mais, qu’ils ne s’en fassent pas. Mordu aujourd’hui ; vampire demain.

 

 

www.berenboom.com

COMMENT DIT-ON « YES WE CAN » EN CHINOIS ?

  Pour le nouveau président chinois, la victoire ric-rac de Barack Obama sur son fade adversaire est un signal d’alarme. En politique, l’état de grâce est aussi éphémère que la mode des présidents normaux.

On conseille donc à M. Xi Jinping de se garder de commettre les erreurs qui ont failli renvoyer dans les rues de Chicago en plein hiver le plus charismatique président américain des cinquante dernières années.

Qu’il évite d’abord toute note d’espoir. Le premier mandat d’Obama a commencé sur l’air de « Yes, we can ! » Ce qu’en Belgique on traduit par : Demain, on rasera gratis. Heureusement, voilà un slogan qui n’a pas d’équivalent en chinois. Certes, les enfants de Mao sont capables d’exploits : construire un building en une nuit, un barrage en un week-end et même une route asphaltée au Congo en moins de dix ans. Mais que Xi Jinping ne s’avise surtout pas de promettre la liberté de la presse, des élections libres ou une loi pour combattre l’enrichissement débridé de ses collègues. Sinon, il sera balayé avant même les fêtes du nouvel an.

Qu’il ne s’aventure pas non plus dans un projet d’assurance obligatoire pour les soins de santé. Les gens n’ont pas envie d’entendre parler de maladies, d’hôpitaux, de docteurs. Qu’il autorise plutôt la vente libre des armes comme le garantit la Constitution américaine. C’est autrement plus radical et plus efficace que les soins médicaux, beaucoup moins coûteux pour le budget public. Et plus conforme à la tradition. Le feu d’artifices n’a-t-il pas été inventé en Chine il y a près de quinze siècles ? Ce qui ne nous rajeunit pas. A ce sujet, la politique de limitation des naissances risque d’obliger bientôt les Chinois à importer de la main d’œuvre européenne.

J’en profite pour signaler au nouveau boss de l’empire du milieu quelques spécialités de chez nous immédiatement disponibles. Des ouvriers qualifiés, des gardiens de prison haut de gamme et même des camps de détention pour sans-papiers donnés en prime à l’achat d’une aciérie wallonne ou d’une chaîne de montage automobile flamande, le tout livrable clé en mains. Nous vendons aussi quelques secrets très recherchés comme le « pot belge » bien connu des véritables amateurs (et aussi des professionnels), autrement plus efficace que sa contrefaçon américaine, trop facile à détecter. Un champion chinois ramenant le maillot jaune à Pékin, quelle image pour assurer dans cinq ans la réélection de M. Xi !

Enfin, pour le renouvellement du comité central, nous tenons à la disposition du PCC un certain nombre de politiciens inoccupés à qui il suffit de préciser dans quel sens voter pour qu’ils s’exécutent puisqu’ils ne parlent de toute façon pas un mot de mandarin. Et pas toujours une autre langue.

www.berenboom.com

LE VRAI HEROS DES COMMUNALES

  On peut raconter les élections communales de dimanche dernier de bien des manières. Parler de victoires surprise, de défaites déchirantes. S’intéresser aux nouveaux maïeurs plébiscités par l’électeur. Faire le portrait de ceux qui ont obtenu leur trône par traîtrise ou par diplomatie. Mais, comment distinguer un traître d’un diplomate ? Un vainqueur (je suis le champion des voix de préférence !) d’un autre (moi, j’ai réussi à fédérer mes « amis » et à décrocher la majorité absolue !) Un démocrate (ma liste est largement en tête) d’un autre (mon équipe représente la majorité des électeurs !) Tout dépend du point de vue où l’on se place.

Comme dans toute bonne histoire, il n’y a autant de vérités que d’acteurs sur la scène.

Bart De Wever, par exemple. Héros ? Il est le premier homme politique à mettre l’extrême droite K.O. à Anvers. Ou danger mortel ? Il s’est nourri des voix du Vlaams Belang qui risquent d’orienter sa politique.

On pourrait poursuivre l’exercice avec la valse des majorités constituées au gré des amitiés apparentes et des haines secrètes, des intérêts à moitié avoués, alimentés par quelques tenaces rancunes, avec au dernier acte de la pièce, son lot de vedettes défaites ou abandonnées.

Mais une vedette n’est jamais défaite qu’un soir. Joëlle Milquet, Laurette Onkelinx, Patrick Janssens, Stefaan De Clerck et même Philippe Moureaux sont assurés de rester des stars, toujours sous les spots.

En revanche, que va devenir Renaud Carlot ? Carlot, 0 voix de préférence sur la liste CH à Hélécine.

Zéro voix ! Même pas la sienne ! Ni celle de sa famille ! Alors que Joëlle Milquet, avec ses cinq mille voix en sa faveur, sait que ses enfants ont voté pour elle.

La modestie sublime de R. Carlot n’est-elle pas un modèle pour toutes ces grandes gueules qui nous gouvernent ? Carlot ne règnera pas sur la Belgique – peut-être tant mieux- ni sur sa commune. Pourtant, n’a-t-il pas passé autant de temps que Rudi Cloots (champion des voix de préférence du coin avec ses 1008 fans) à coller ses affiches, à distribuer ses tracts, à serrer des mains en souriant bêtement le jour de la kermesse aux boudins au lieu de regarder « Belgium’s got Talent » sur RTL ? Sans le moindre résultat.

Sans doute, n’a-t-il pu s’empêcher pendant les nuits qui précédaient le scrutin de se voir en costume trois pièces, ceint de l’écharpe tricolore, début d’une irrésistible ascension. Bourgmestre de Hélécine d’abord, premier ministre demain, président des Etats-Unis d’Europe dans la foulée. Mais avec zéro voix ?

Allez, Renaud, une petite consolation pour finir. Calogero Vinciguerra a fait une voix sur la liste Vinci à Tubize. Veni, vidi, vici

www.berenboom.com

POURQUOI VOTER ?

  Je sais pourquoi vous n’irez pas voter. Les communales, ça ne sert à rien, les jeux sont faits, le programme des candidats, c’est du vent, ils ont déjà promis tout ça la dernière fois et la fois d’avant et leurs pères ou mères qui dirigeaient jadis la commune s’y étaient engagés avant eux. Sur les affiches, toujours les mêmes têtes. Même les nouveaux sont des clones des anciens, le sourire sournois y compris. Et surtout, pas un, pas un, qui soit un peu sexy. Ah ! Si George Clooney se présentait chez nous, à Jehay-Bodegnée… Mais non, il s’attarde bêtement sur les bords du lac de Côme alors qu’il lui suffirait d’apparaître dans n’importe quelle commune belge, le plus petit trou perdu de Wallonie ou de Flandrepour que la campagne électorale en soit bouleversée. Clooney, dix-septième sur la liste Samen ou Hollywood op Schelde dans l’arrondissement de Steenokkerzeelet tout le monde aura oublié la N-VA ! Mais non ! Il préfère sa maison battue par les vents près de Laglio à un bon feu de bois dans une maison communale cosy de chez nous…

Malgré l’absence de Clooney, laissez-moi vous prouver que vous avez tort de jeter votre convocation à la poubelle (attention ! uniquement en sac jaune !) Voici, au hasard, quelques bonnes raisons de vous déplacer dimanche.

  • Désormais, la loi électorale en Wallonie se base sur le taux de pénétration pour appliquer ou non le cumul des mandats. Et vous voudriez rater ça, le grand frisson de la pénétration ?

  • Votre commune a adopté le vote électronique et la machine contient certainement quelques jeux vidéo sanglants que vous ne connaissez pas. L’imagination des politiques en la matière est imbattable.

  • Sans votre voix, Obama risque d’être battu par le sinistre Romney.

  • Allez voter pour éviter un nouveau coup de Trafalgar de Bart De Wever. Si le redoutable Bart échoue à Anvers, il a déjà prévu en secret une position de repli à Jehay-Bodegnée. Une fois élu bourgmestre par ses quelques amis, parce que vous et vos voisins avez préféré vous abstenir, il proclamera aussitôt l’indépendance de sa commune, prélude à celle de la Wallonie, ce qui rendra automatiquement la Flandre indépendante. Vous me suivez ? Ca s’appelle prendre à revers.

  • Pour permettre aux bourgmestres empêchés de ne pas devenir bourgmestres. De quoi aurait l’air par exemple le premier ministre s’il ne recueille que sa seule voix à Mons ? Un tel camouflet l’obligera à démissionner du gouvernement. Il n’aura plus alors que le maïorat pour assurer ses fins de mois alors que le point essentiel de son programme, c’était d’être élu justement pour qu’on l’empêche de devoir gérer Mons.

  • Vous pouvez enfin aller voter pour dire non aux grandes gueules qui vous agacent depuis six ans…

www.berenboom.com