LES APPARITIONS

vendredi 16 octobre à 18 h
à la librairie oxfam de xl-bruxelles
chaussée d’ixelles, 254 (entre les places flagey et fernand cocq)
dialogue avec Maddy Tiembe
autour du « Roi du Congo »

dimanche 18 octobre à paris
à partir de 14 h. jusqu’à 18 h 30
Salon du livre de la Wizo
au Centre Elysée Saint Honoré
21, rue Balzac

LE HOLLANDAIS VOLANT

La crise bancaire, un an après. G20, F.M.I., tous ceux qui ont une responsabilité dans la gestion des affaires publiques s’attellent au redressement économique et financier. Oubliant les dégâts que laissera la crise sur les gens, leurs comportements, leur imaginaire, leur conception du monde.
Même si l’époque que nous vivons ne peut être comparée aux années d’apocalypse qui ont suivi 1929 (raccourci facile dont certains media ont abusé), elles ont en commun de remettre en cause certains fondements de la société. De bousculer les valeurs. Et de laisser le citoyen moralement désemparé. Les dégâts touchent nos institutions les plus stables qui ressemblent de plus en plus au Hollandais volant, ce vaisseau fantôme qui errait sur les océans avant de disparaître dans les profondeurs mystérieuses de la mer des Sargasses. La justice belge, par exemple, balayée par les hoquets du procès Fortis. Les yeux bandés, Thémis, descendue du sommet du temple babylonien où l’avait collée Léopold II, fauche aveuglément de son épée tout ce qui l’entoure : hauts magistrats, avocats, jusqu’au président de la chambre flamande de la cour de cassation, dont on a toujours salué la rigueur et l’intégrité.
Ne dirait-on pas que ce climat d’égarement pèse même sur des querelles éthiques comme celles du port du voile ?
L’opposition des uns de voir notre société « submergée » par des valeurs qu’ils ne partagent pas. L’affirmation des autres de leur différence, de leurs « racines ». L’attachement des uns à l’importance des acquis de la société occidentale laïque. Et des autres à des emblèmes religieux qui les rassurent. Dans ces échanges d’arguments, on lit surtout la peur des uns et des autres. Encore un signe de la crise.
Quant aux responsables de ce chaos, qu’en pensent-ils ?
Le retour de l’ancien patron de Fortis, Maurice Lippens, fait plaisir à voir. Après avoir quitté le navire dès que la tempête s’est levée, il est parti se reposer sur la terre ferme abandonnant son navire, le Belgo-Hollandais volant, qui aurait coulé à pic sans les efforts du gouvernement pour en reprendre le gouvernail (pour une fois que l’on peut lancer une bouée à nos ministres, ne faisons pas la fine bouche !) Et lui de proclamer quel bon capitaine il a été, mille millions de mille sabords ! A part une petite faute de communication », reconnaît-il du bout des lèvres : lorsque le bateau a commencé à sombrer, il a oublié de crier : « Sauve qui peut ! Le vin et le pastis d’abord ! » Préférant laisser l’orchestre jouer pendant qu’il filait à l’anglaise.
Le G20 proclame des règles vertueuses, Mr Lippens défend sa propre vertu dans les journaux. Mais les marins le savent : c’et la solidarité entre les hommes qui fait avancer le bateau ; pas le chacun pour soi.

Alain Berenboom
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LE TEMPS DE L’INNOCENCE

Le lancement d’une (nouvelle) intégrale des Beatles en C.D. provoque un engouement que l’admirable orchestration de la campagne de pub ne suffit pas à expliquer. Ni la nostalgie de ceux qui ont aujourd’hui soixante-quatre ans, comme le chantait il y a peu un Paul Mc Cartney sexagénaire mi-pathétique, mi-ironique.
Bien sûr, les babas devenus papas cools écoutent une dernière fois leurs cheveux pousser au rythme de paroles qu’ils sont seuls à comprendre (« You don’t know how lucky you are boy/Back in the U.S. Back in the U.S. Back in U.S.S.R.”). Et les Bobos, se battent pour exhiber dans leur 4×4 la série limitée en mono. Bon, voilà pour les amateurs de collectors.
Mais, les filles et les gars de quinze, de vingt ans, pourquoi se passionnent-ils autant pour des mélodies d’un groupe dissous depuis quarante ans ? Plus que la plupart de leurs parents, à vrai dire.
Les figures de cire qui entourent les Beatles et qu’ils ont choisies, ne signifient plus rien non plus : qui se souvient de leurs idoles, W.C. Fields, Marlène Dietrich, Tony Curtis, Tyrone Power, Diana Dors ou la sculpturale mangeuse d’hommes Mae West (qui avait d’abord refusé la présence de son effigie car, disait-elle, « What would I be doing in a lonely hearts club ? » ) ? A chaque génération, ses idoles. Les figures de cire sont maintenant celles de John Lennon, Paul Mc Cartney, George Harrison et Ringo Starr, figées une fois pour toute dans leur uniforme militaire du Sgt Pepper Club Band. Images d’une époque de rêve, du temps de l’innocence. Celui où Eddy Merckx gagnait le Tour, pas encore hanté par la suspicion permanente de l’E.P.O., où Amstrong mettait le pied sur la Lune sans qu’on se demande si la scène a été tournée en studio pour tromper la planète, où le printemps de Prague faisait penser que le communisme pouvait fonder une autre forme de démocratie. Mai 68 promettait avec autant de naïveté la fin de l’autorité, du pouvoir, des patrons. Dans une époque sans chômage, sans crise économique, sans préoccupation écologique, sans plombier polonais, on se lançait allégrement à la conquête du monde, sans contrôler à chaque tour de roue l’empreinte de CO2 que laissait la belle Américaine qu’on s’était offerte, puisque le pétrole coulerait à flots pour l’éternité des temps et que l’on finirait par s’installer sur la Lune et sur Mars.
Imaginer aujourd’hui Piet De Crem en sergent Pepper, Yves Leterme chanter « I’m so tired », Bart De Wever et Olivier Maingain « I want to hold your hand », di Rupo hurler « Revolution 9». Non, il ne reste rien de tout cela. Rien qu’un titre, vraiment prémonitoire, qui annonce si bien notre époque : « Help » !

Alain Berenboom
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DES NOUVELLES POUR LA RENTREE

Alain Berenboom publie en ce mois de septembre 2009 un recueil de nouvelles intitulé
LE MAÎTRE DU SAVON
 
aux éditions Le Cri (Bruxelles)
 
Ce recueil contient les nouvelles suivantes:
 
– Ecrivain belge
– Pharmacie Hubert B.
– le Mystère de la femme coupée en morceaux reste entier
– Le Rendez vous d’Anna
– Vera à vélo
– Escale
– Nouvel an
– Tram 90
– Le maître du savon
– La petite grande évasion
– Le centre du monde
– Jours de campagne
– Un bon Belge
– Une Flamande
– Jalousie
– Refus d’Editer
 
 
Certaines de ses nouvelles avaient été publiées initialement dans un recueil intitulé « L’Auberge espagnole et autres histoires belges »

MODESTE CONTRIBUTION AU CASSE-TÊTE SCOLAIRE

La rentrée scolaire s’est passée aussi mal que prévu. Des centaines, peut-être un millier d’enfants, sur le carreau – la ministre n’a pas réussi à les compter. Avez-vous vu cette image terrible à la télé ? Une mère et son fils, le regard effaré, attendant devant l’école que le nom du petit soit appelé. Puis, rentrant chez elle, avec son garçon, la tête basse parce que, non, excusez-nous, madame, pas de place. Après neuf mois d’attente anxieuse.
D’un côté donc, des écoles trop pleines. De l’autre, des prisons hollandaises à moitié vides. Où le ministre de la justice se proposait d’envoyer notre surplus de détenus. Mais dont le prix de location est apparu exagérément élevé pour loger des droits communs.
Trop cher pour des délinquants, d’accord. Mais pour nos chères têtes blondes, rien n’est trop beau. Alors, avec un peu avec un peu de souplesse, voilà comment régler en une fois deux problèmes qui paraissaient insolubles : transformer les cellules vides des prisons hollandaises en écoles de la communauté française.
Présenté ainsi, ça peut choquer. Mais, remplacez le mot « prison » par « centre d’éducation belgo-néerlandais » ou mieux encore par « école européenne », ça prend tout de suite une autre allure. Bien sûr, comme tout projet novateur, il entraîne de légers inconvénients : la distance, notamment. Difficile d’obliger les écoliers à se taper tous les jours Uccle-Nimègue et retour. Mais les enfants qui le souhaitent pourraient loger sur place. Les lieux sont déjà conçus pour assurer gîte et couvert. Et ils sont gardés.
Le système présente surtout des avantages : il règle, par exemple, le problème de la violence. Nos éducateurs avouent leur impuissance devant l’agressivité de petites frappes de plus en plus jeunes. Et l’Union belge de football a rendu le problème quasi insoluble en multipliant le nombre de rencontres entre Anderlecht et le Standard. Où est le bon temps où les enfants jouaient à cow-boys et Indiens ? John Wayne, reviens ! Le football les a rendus fous ! Grâce aux prisons hollandaises, fini de tous ces petits mâles aux hormones en folie. Les Wasil et les Witsel, au cachot ! Dès la première bêtise !
Autre avantage du projet: l’immersion linguistique. Assurée dès la première année. Lorsqu’ils sortiront des prisons hollandaises, nos enfants seront des bilingues parfaits, prêts à devenir ministres fédéraux, voire même politiciens flamands. Ce qui annonce à terme la fin des conflits communautaires. Lorsqu’un enfant wallon, sorti du système cellulaire batave, deviendra président de la NvA, la question de BHV sera enfin résolue – si la Belgique tient jusque là, évidemment…

Alain Berenboom
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J’IRAI CRACHER SUR VOS TOMBES

Tous les media célèbrent en chœur cette semaine le génie de Boris Vian. N’en jetez plus ! De son vivant, il n’était connu que d’un cercle d’amateurs et son seul succès de librairie, « J’irai cracher sur vos tombes », était un canular pastichant la série noire, publié par un éditeur confidentiel qui l’avait lancé comme un roman américain. Et le voilà bientôt dans la Pléiade, où Gallimard publiera, cinquante ans après sa mort, les romans refusés de son vivant…
Paraphrasant le général Custer, un bon auteur est un auteur mort. Pour beaucoup de folliculaires, il faut un anniversaire pour découvrir le talent. Françoise Sagan, si contestée jadis par les critiques littéraires sérieux, est devenue « la » grande dame des lettres françaises depuis qu’elle a passé la larme à gauche. Simenon, traité de « romancier de gare », a dû lui aussi attendre la mort pour entrer dans la Pléiade et le programme scolaire.
Dire que le mois dernier le plus grand auteur britannique vivant, Jonathan Coe était à Bruxelles à l’invitation de la Maison des Littératures Passa Porta et de la Cinémathèque. A part Focus-Le Vif, les medias francophones n’ont pas trouvé utile de le rencontrer (à la différence de leurs confrères flamands) et la RTBF qui, en d’autres temps, aurait enregistré un entretien, préfère désormais se flatter de produire les travaux de Justine Hennin.
Ce culte des auteurs morts prend parfois des allures franchement glauques, telles ces célébrations rituelles de Céline et de Drieu La Rochelle, ces salauds qui fascinent tant la presse de gauche.
Pour les vacances, fuyez les snobs qui vous annoncent une fois de plus qu’ils vont « relire Proust et Chateaubriand ». Remplissez vos valises d’auteurs vivants ! Au hasard des parutions récentes, « Ici et maintenant » de Robert Cohen (Ed. Joëlle Losfeld) ou la fascination hilarante et désespérée d’un demi-juif athée pour un couple de juifs orthodoxes. « Océan de Vérités » de Andrea de Carlo (Grasset) évoque l’état de détresse et de danger de la démocratie italienne à travers un récit prenant et poétique qui flirte avec le thriller façon P. Highsmith. Pour ceux qui pratiqueront l’art d’être grand-père sur les plages, un roman minuscule qui troue le cœur, Le remplaçant d’Agnès Desarthe (L’Olivier), hommage éperdu à un grand-père anti-héros venu de Moldavie. Les lecteurs de polars adopteront « La Dame noire » de S. Carter (R.Laffont) qui entraîne ses lecteurs sur les campus américains où une prof noire doit affronter le meurtre d’un de ses collègues dans une ambiance pré-Obama. Et ceux qui, comme moi, choisissent les Pouilles emporteront le dernier V. Engel «La Peur du paradis »(Lattès) dans leur petit baluchon.

Alain Berenboom
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LE PRESIDENT PERSE

… Et personne pour plaindre le président Mahmoud Ahmadinejad ?
Adversaires politiques, étudiants, femmes, tous, se prétendant victimes de son élection, crient et défilent. Et lui, alors ? N’est-il pas la première, la seule victime de ce tsunami qui balaye Téhéran, ébranle son pouvoir, son autorité, sa réputation ? Faut reconnaître qu’il était un peu naïf ce pauvre Mahmoud. Pourquoi organiser des élections ? Son principal concurrent, Hussein Mussavi aurait pu lui souffler que ça n’apporte que des ennuis. Premier ministre pendant près de neuf ans sous la présidence du boss, Ali Khamenei (devenu depuis guide suprême), il sait mieux que tout le monde que la démocratie iranienne ne fonctionne que quand on ne s’en sert pas. C’est sans doute ce qui surprend le plus Ahmadinejad : dans le scénario, il était écrit : Mussavi se couche dès la première reprise. Une fois les urnes dépouillées (on veut dire : dépouillées des bulletins qui portent son nom), il reconnaît la victoire du président en place et crie : vive Mahmoud ! Au lieu de quoi, le traître proteste !
Décidément, tout part en eau de boudin. D’abord cette mauvaise querelle qu’on lui fait sur l’holocauste. Sur son ignorance des détails de la seconde guerre mondiale. Avec son diplôme en ingenerie des transports publics, il sait tout ou presque sur les trams. Qu’on l’interroge sur la STIB, soit. Mais comment pourrait-il savoir ce que les Allemands ont fait aux Juifs le siècle passé ?
Son autre dada, ce sont les femmes. Toutes des perverses, des impudentes qu’il faut mettre au pas car, comme le dit le prophète, quand le tchador, les souris dansent. Dans sa grande générosité, il leur a pourtant laissé le droit de vote (auquel s’était opposé sagement son héros, l’imam Khomeyni). Résultat, elles le narguent et réclament sa tête.
Et la bombe atomique ? Encore un reproche incompréhensible. Combien de fois doit-il jurer sur le Coran et tous les prophètes que l’énergie nucléaire iranienne ne servira qu’à faire tourner les carrousels et les machines à fabriquer la barbe à papa ? Rien d’autre. Mahmoud est le protecteur de la jeunesse. Mais personne ne le croit. On lui cherche des poux. On lui promet l’apocalypse. Pendant ce temps, Coréens, Israéliens, Indiens, Pakistanais peuvent jouer tranquilles avec leurs bombes. Même les Américains ne protestent que mollement. Preuve que tout est seulement prétexte pour le discréditer.
Seule solution, élargir sa majorité. Mais, avec les Ecolos, sa bombinette est à l’eau. Les socialistes alors ? Il a assez de problèmes comme ça sans José Happart, les amis de l’aéroport de Charleroi et les autres. Reste le MR. Mais mouvement réformateur, ça ne fait pas seulement peur en Wallonie. A Téhéran aussi.

Alain Berenboom
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MENUS PLAISIRS

MENUS PLAISIRS

Trente-cinq secondes : c’est la durée moyenne que l’électeur flamand a passé dimanche dernier dans l’isoloir (selon Het Laatste Nieuws). Quel gâchis ! Voter à la sauvette au lieu de profiter de ce moment exceptionnel où, tel l’empereur romain, le citoyen a le droit de lever ou de baisser le pouce, de sauver le joueur ou l’envoyer aux lions. Les femmes ont mieux saisi l’importance de ce fugace instant de bonheur. Elles sont restées en moyenne cinquante-six secondes devant leur bulletin, douze secondes de plus que leurs mâles. Et une habitante de Serskamp, plus de quatorze minutes. En voilà une qui connaît la signification du mot plezier.
Ce qui rappelle que l’essentiel de l’amour, ce sont les préliminaires. Ah ! Le bon temps de l’introuvable orange bleue. Le temps béni où la Belgique a connu le bonheur de vivre sans gouvernement pendant plusieurs mois. Grâce en soit rendue à des négociateurs, grands spécialistes de la question, qui, pour prolonger notre jouissance, se sont livrés à d’interminables danses du ventre et caresses préalables sans jamais consommer, au point de sucrer de leur agenda le moment fatal de la noce.
Supplication à nos dirigeants actuels : faites comme eux, et pour ceux qui étaient de l’aventure, remettez le couvert ! Tout pour rendre à nouveau le mariage impossible. Réveille-toi, madame Non !
Bart, reviens ! Essaye à nouveau de les rendre fous !
Quelques conseils pour rendre l’affaire inextricable.
Aux socialistes : proposer la présidence de la Wallonie à Michel Daerden ou à José Happart.
Aux libéraux : annoncer d’emblée la construction d’une nouvelle centrale nucléaire.
Aux verts, légaliser le cannabis et la coke et établir des accises sur les téléphones portables.
Si ces arguments sont insuffisants pour bloquer les négociations, abordez la question du voile. La pagaille est déjà annoncée depuis qu’une représentante du parti humaniste a décidé de siéger voilée à l’assemblée régionale bruxelloise. Comment refuser l’entrée du voile dans les écoles si l’exemple vient d’en haut ? Bonne chance avec les ailes laïques des partenaires et les syndicats d’enseignants.
Enfin, pour savonner la planche, n’oubliez pas de vous entourer d’ « experts » tous plus aptes les uns que les autres à rendre les choses catastrophiques : quelques noms circulent. Lippens et Frédéric Daerden pour aider les négociateurs à dépatouiller les comptes de la région et organiser les flux bancaires des organismes régionaux. Donfut pour fournir des rapports savants sur le fonctionnement des intercommunales et leur dépolitisation.
Et si, par malheur, les partis finissent par se marier, restera à dissoudre les chambres et à remettre ça aux fédérales.

Alain Berenboom
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TENUE DE SOIREE

Depuis deux ans que je l’attendais. Enfin, le revoilà, ce grand moment d’émotion et de plaisir, d’intelligence et de civilisation : la soirée électorale.
De civilisation ? oui. Car, dans une soirée électorale, on ne s’insulte pas, on ne se dispute pas, on se respecte. Philippe Moureaux est prié de remballer ses démons s’il veut passer devant les caméras; il lui est même interdit d’insulter ses propres troupes. Didier Reynders fréquente soudain les infréquentables. Les ecolos la jouent pepsodent avec qui leur fait des mamours. Et Joëlle Milquet insiste qu’on la maquille avec le sourire du Joker pour éviter que la caméra ne saisisse à son insu le moment où elle lira les résultats.
Pour un soir, on est co-pains !
Tout le monde est heu-reux !
Ils ont tous gagné !
Celui qui n’est pas le premier parti de Wallonie est néanmoins le premier si l’on ajoute à ses résultats ceux qu’il aurait eus dans le cas où.. et si on avait comptabilisé…
Celui qui est premier est triomphant : ne lui avait-on pas promis l’apocalypse ? Bien sûr, ses résultats sont en chute libre par rapport aux précédentes élections régionales et européennes. Mais qui compte ainsi ? Pour une comparaison sérieuse, il faut faire la moyenne entre les dernières élections fédérales, les élections communales et l’âge moyen de la population. Ce qui permet de conclure que le parti a sérieusement augmenté son taux de pénétration.
Bien sûr, pour gâcher la fête de nos stars, la télé nous sort ses spécialistes, des coupeurs de cheveux en quatre, qui relèvent qu’à cause de la séparation de la commune de Jehay-Bodegnée en deux entités, rattachées respectivement à Amay et à Verlaine, arrondissement de Huy, province de Liège, dix bureaux dépouillés sur soixante, les sondages à la sortie des urnes indiquent l’effondrement de … Tout le monde s’en moque de vos analyses. Ce qu’on veut, c’est du sang ! Joëlle foudroyant Didjé qui vient d’assassiner Elio, sous le regard bon enfant de Jean-mi. Au lieu de quoi, que nous offrent les radios et les télés ? Leurs visages souriants, leurs remerciements à leurs cher-z électeurs qui nous ont apporté leurs…, leur triomphe modeste. Et leurs déclarations, prononcées d’une voix mécanique, comme si la machine déjà les lâchait.
« Alors, président, comme vous l’aviez promis, pas d’impôts ?
– Je ne parle pas avec des slogans. Moi, j’agis. Nous aurons un comportement responsable.
« Pendant la campagne, vous avez jeté des exclusives contre certains partis. Toujours d’actualité ce soir ?
– Nous devons rester humbles devant l’ampleur de la tâche qui nous attend. En période de crise, on sauve d’abord les meubles, pas les présidents de parti.
Vivement la suite, avec les fédérales. Je m’en lèche déjà les babines !

Alain Berenboom
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LES TOILES MYSTERIEUSES

– Mille millions de mille sabords ! Où se trouve ce scrogneugneu de musée ?
– D’après mon pendule, un peu plus à gauche, capitaine !
– A gauche ? Mais… ce sont ces cornichons des Dupondt ! Que faites-vous ici ?
– On songe à changer d’air. Il paraît que le musée Magritte a besoin de deux gardiens et que nous ferions parfaitement l’affaire.
– Je dirais même plus. Il paraît que Magritte a besoin de deux musées et que…
– Sacrés bougres d’emplâtres sur une jambe de bois ! Magritte, c’était à Bruxelles la semaine dernière. Cette semaine, c’est le musée Hergé !
– Regardez, capitaine, derrière ce bosquet d’arbres, ce magnifique vaisseau blanc au milieu de cette épouvantable tempête médiatique !
– Une tempête, cette jolie petite brise ? Mais non, moussaillon. Un simple coup de tabac. Oh ! Alerte ! Aux abris ! Voilà Séraphin Lampion ! Trop tard, mille sabords !
– Tu tombes bien, vieux flibustier ! Je suis certain que tu connais les propriétaires de cette baraque. Dis-leur la chance qu’ils ont. Lampion est prêt à assurer tout leur bazar aux petits oignons.
– C’est que…
– Taratata ! C’est comme si c’était déjà signé.
– Vous ne nous accompagnez pas pour la visite ?
– C’est pas que je sois contre un peu de culture de temps en temps, galopin, mais franchement, dans la journée, je préfère un bon demi.
– Regardez, professeur, dans le hall, cette grande colonne qui rappelle votre fusée.
– Mon musée ?
– Repeinte en noir et blanc, quelle allure ! J’espère qu’elle portera chance à Frank Dewinne.
– Et là, cette passerelle qui serpente dans le ciel, elle est encore plus belle et plus folle que celle de l’Observatoire du professeur Calys.
– Sur le mur, moussaillon, les images des aventures où vous vous seriez épargné bien des plaies et des bosses si Hergé avait eu l’idée de me faire apparaître plus tôt !
– Et là, celles où je me suis trouvé dans des situations inextricables à cause de vous.
– Votre chien a l’air de grommeler, moussaillon ?
– Grommeler ? Alors que personne ne rappelle que, sans moi, vous ne seriez pas tous ici à vous admirer avec un air béat !
– Je suppose qu’il a trouvé un os à ronger.
– Et moi, une bouteille de Loch Lomond ! Il serait peut-être prudent que je vérifie si ce whisky est d’origine. Avec le nombre de contrefaçons qui circulent aujourd’hui…
– Que faites-vous capitaine ?
– Laissez boire un vrai spécialiste. Ah ! Dites donc, il a l’air authentique. Allez, encore une petite gorgée pour être sûr de ne pas me tromper. Mon Dieu, la Castafiore !
– Aaaaaaah ! Je ris de me voir si belle et si amusée !

Alain Berenboom
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